Nos corps étrangers

Nos corps étrangers de Carine Joaquim aux éditions de La Manufacture de livres

[…] l’impression de se trouver loin de Paris. C’était ce qu’Elisabeth aimait par-dessus tout : une fois poussée la porte vitrée, elle basculait dans un monde préservé, le monde de l’intime, protégé de l’environnement extérieur.

Élisabeth et Stéphane l’aimaient pourtant cet appartement Parisien où leur fille Maëva avait fait ses premiers pas, mais pour oublier ce corps étranger qui s’était immiscé dans leur couple, il était nécessaire de le quitter pour tenter de recoller les morceaux en prenant un nouveau départ dans cette grande maison à la campagne que Stéphane avait trouvé.

Prendre de la distance et pourquoi pas réaliser enfin certains rêves et tenter de réconcilier leurs corps devenus étrangers l’un à l’autre.

Elle avait doucement essuyé une larme, sans vraiment savoir ce qui, entre la douceur du souvenir et le déchirement du départ, l’avait fait couler. ”

Mais il n’est jamais simple de tourner la page, d’oublier la trahison, les mensonges, et l’adaptation à ce nouvel endroit est loin d’être aisée. De nouveaux corps étrangers s’invitent dans leur nouvelle vie, et risquent de perturber à nouveau le bonheur de leur famille.

Malgré les apparences, Élisabeth n’était pas là. Du haut de son donjon, elle voyait grand, elle voyait loin, devant elle s’étalait tout le champ des possibles, se dessinaient tous les rêves qui n’avaient pas encore pris forme et, elle le savait, cet horizon onirique lui serait accessible, si seulement elle faisait les quelques pas nécessaires pour s’éloigner de sa tour. ”

Et pourtant, c’est peut-être auprès de ces corps étrangers qu’il leur sera possible de retrouver enfin une raison de vivre…

Ce que j’en dis :

En apportant ce projet à Pierre Fourniaud, François Guérif, l’ancien directeur des éditions Rivages a eu du flair et on ne peut que le remercier au passage. Et personnellement ça me plaît ces transmissions entre passionnés qui permettent à de jeunes écrivains méritants de voir enfin leurs manuscrits sortir de l’ombre, et il aurait été bien dommage de ne pas découvrir celui-ci.

Dès les premières pages on tombe sous le charme de la magnifique plume de Carine Joaquim qui nous plonge dans l’intimité d’un couple désuni.

À travers les trois personnages qui composent cette famille, nous suivrons la tentative de reconstruction du couple, cherchant parfois un échappatoire auprès de corps étrangers. Que ce soit pour le couple ou pour Maëva en pleine crise d’adolescence qui découvre à son tour les prémisses de l’amour, rien ne sera simple.

L’auteur nous confronte à cette vie de couple, avec ses trahisons, ses non-dits, ses rêves, sa force mais aussi ses faiblesses, ses souffrances intimes, ses incompréhensions, ses regrets, tout ce qui rapproche ou au contraire détruit sans espoir de retour en arrière.

Un premier roman à limite du thriller psychologique qui cache bien son jeu, car c’est bien plus qu’une histoire de désamour, c’est une histoire qui rends bien justice à tous ces corps étrangers qui jalonnent ces pages.

Bouleversant, surprenant, porté par une plume pleine de sensibilité, Nos corps étrangers s’avère une très belle découverte, et j’espère qu’à mon tour je vous aurai donné envie de le découvrir.

Pour info :

Née en 1976 à Paris où elle grandit, Carine Joaquim vit aujourd’hui en région parisienne et y enseigne l’histoire-géographie. Si elle écrit depuis toujours, c’est depuis six ans qu’elle s’y consacre avec ardeur.Nos corps étrangers est son premier roman publié.

Je remercie la Manufacture de livres et l’agence Trames pour cette lecture intime qui ne manque pas caractère,

Manaus

Manaus de Dominique Forma aux Éditions de La Manufacture de livres

Si on me repère, m’arrête, ou m’exécute avant mon retour sur le territoire national, l’État niera toute responsabilité ; les services affirmeront sur ce qu’il y a de plus sacré, la Constitution par exemple, ne pas me compter parmi leurs employés. Il est entendu qu’on salira ma mémoire si nécessaire, qu’on dénaturera mon histoire afin de couper court à toute supposition reliant ma mission à la France. […] N’étant pas en Amérique du Sud, ma mission n’existe pas. ”

Les hommes de l’ombre, ils sont partout dans le monde, et pourtant on ignore tout d’eux, jusqu’à leurs existences. Pourtant chaque année, ils sont chargés de missions assez délicates, dangereuses, et surtout secrètes.

Dans l’ombre, ils protègent mais parfois assassinent des personnes devenus gênantes.

C’est en Argentine qu’à lieu la première mission de notre homme. Sous couvert de l’escorte qui accompagne le général de Gaulle, il devra trouver son contact, s’approcher de sa cible, puis l’éliminer, avec efficacité et sans poser de questions.

Mais en cours de route, le Services l’envoient à Manaus.

Je devrais être dans un avion pour Cayenne, à préparer mon mémo de mission. Je suis seul, accompagné de deux autres solitudes, dans un monde où tout peut arriver ; le manque de lumière, la forêt si proche, épaisse, dans laquelle des centaines d’ennemis peuvent se terrer ; autant d’autres pièges sont imaginables, des chausse-trappes, des sous-bois minés, et aucune autre voie de fuite que la barque en bois de João. Et ce bateau rouillé, au loin, qui annonce le pire. ”

C’est dans la moiteur de cette jungle qu’il va se retrouver face à un homme, un témoin dérangeant de son passé qu’il désirerait tant oublier.

Ce que j’en dis :

Il fut un temps où lire une Novella était synonyme de frustration, trouvant toujours le texte trop court à mon goût surtout lorsque je connaissais déjà l’auteur. Puis j’ai apprivoisé le style jusqu’à grandement l’apprécier maintenant.

Malgré la brièveté de récit, l’auteur nous offre une histoire palpitante habitée de noirceur, où la nouvelle mission de notre homme révèle une vieille trahison.

En allant droit à l’essentiel, dans une ambiance poisseuse, on découvre un pan d’histoire de l’époque du Général de Gaulle où les secrets honteux étaient déjà de rigueur.

Chacun peut réécrire l’Histoire après avoir fait le ménage.

Brute, intense, idéal pour faire connaissance avec l’auteur.

Pour info :

Né en 1962, Dominique Forma a vécu plus de quinze ans aux États-Unis, où il a fait carrière comme scénariste et réalisateur.

De retour en France, il publie son premier roman, Skeud, suivi de quatre autres aux éditions Rivages et d’Albuquerque à La Manufacture de livres.

Depuis, il partage son temps entre Paris et Limoges, l’écriture et la photographie.

Je remercie la Manufacture de livres pour nous dénicher des pépites qui nous embarquent toujours vers d’autres horizons.

L’ange rouge

L’ange rouge de François Médéline aux Éditions de La Manufacture de livres

“ La croix était fixée à l’horizontale. Une croix en bois brut, clair. Les quartes flambeaux étaient cloués à la coque. La mort se mélangeait à l’air chargé de vase et de rivière. Je me suis agrippé à la croix. J’ai effleuré les tibias. J’ai fait deux pas chassés pour longer les fils verts. Les fils verts remontaient les cuisses jusqu’à l’abdomen. Ils étaient pâles, assortis à la peau rigide que j’ai devinée froide sous le latex. […] L’orchidée flottait. J’ai discerné son cœur qui pompait le sang des chevilles à vif grâce à des tiges aériennes aux couleurs de l’espérance. ”

À Lyon, à la tombée de la nuit surgit sur la Saône, un radeau tout illuminé par une croix où un corps mutilé y est crucifié.

Une orchidée orne le cadavre donnant à cette mise en scène un côté artistique assez macabre.

Le crucifié de la Saône devient le nouveau défi de commandant Alain Dubak et de son équipe de la police criminelle.

La ville n’a jamais été face à un crime aussi horrible et aussi spectaculaire.

“ Nous avions hérité de l’affaire du siècle. Mon affaire. Le tueur aux orchidées. Le crucifié de la Saône. ”

Pas de temps à perdre, ni le temps de s’attarder sur les problèmes avec la hiérarchie, si l’équipe des six enquêteurs veut mettre la main sur ce tueur fou. Certaines règles et même certaines convictions devront être mises de côtés s’ils veulent obtenir des résultats rapidement.

Une véritable course contre la montre est en route, à en perdre le souffle.

Un seul objectif : trouver ce tueur, si possible avant qu’il récidive.

Ce que j’en dis :

J’ai entendu dire que François Médéline serait le descendant français de l’américain James Ellroy qui m’attend patiemment dans ma bibliothèque. Du coup ça me donne très envie de le dépoussiérer maintenant que j’ai enfin découvert la plume extraordinaire de Médéline.

Lui qui a tué Jupiter (fallait oser quand même) dans un de ses romans (que j’ai très envie de lire maintenant) n’est autre que le scénariste de Pike de Benjamin Whitmer en cours d’adaptation cinématographique (un de mes chouchous américains qui rêvent de se débarrasser lui aussi de son clown peroxydé) c’est dingue ces coïncidences tout de même.

En attendant découvrons L’ange rouge …

D’entrée l’auteur t’amène dans le vif du sujet et te débarque sur cette scène mortelle. Te voilà piégée, menottée à ce flic écorché vif que tu ne pourras plus quitter avant le final.

Rien n’est laissé au hasard, et c’est sous une tension extrême et permanente que Lyon cette ville lumière profanée par cette sombre histoire va t’offrir une visite très particulière avec pour guide Dubak et son équipe de fin limier, prêts à tout pour mettre fin à cette barbarie, qui entache le décor.

Avec un style puissant, des personnages réalistes barrés juste comme il faut qui portent l’histoire à bout de bras en vrai héros, dans cette ville qui tient son rôle à merveille, François Médéline nous offre du noir dans toute sa splendeur.

Un polar de haut vol, puissant, brillant et ambitieux qui rejoint la grande famille des auteurs incontournables du noir.

L’ange rouge vous offre un voyage où les âmes perdues atteindront un jour l’au-delà après quelques détours dans cet abime emplit de noirceur.

C’est publié à la Manufacture et c’est vivement recommandé par Dealerdelignes…

Un bouquin pareil ça se refuse pas, ça se savoure…

Et pour ma part, j’ai hâte de de découvrir les précédents maintenant que je connais cette plume prodigieuse.

Pour info :

Né en 1977 dans la région lyonnaise, François Médéline émigre à Romans-sur-Isère à 11 ans pour y faire son apprentissage du rugby, du grec ancien et de l’amitié.

Durant son doctorat, il est chargé d’études et de recherches à Science Po Lyon, spécialisé en sociologie politique et en linguistique. Il vit et mange politique durant dix ans comme conseiller, plume, directeur de cabinet et directeur de la communication de divers élus. Il aime la belote coinchée, ramasser des champignons en Lozère, pêcher des perches au bord du lac Léman et sa famille.

Il n’écrirait pas s’il n’avait pas lu James Ellroy.

Il apprécie particulièrement les ambiances malsaines de David Lynch, le lyrisme parfois potache de Sergio Leone, La Naissance de Vénus de Boticelli et l’album Ssssh de Ten Years After.

Il est le scénariste de l’adaptation cinématographique du roman Pike de Benjamin Whitmer paru chez Gallmeister. Il a traversé l’océan Atlantique Nord à la voile, se consacre à l’écriture, s’occupe d’enfants dans une école de rugby et n’a pas vraiment de domicile fixe.

Je remercie l’agence Trames et les Éditions de la Manufacture de livres pour cette plongée fascinante où la noirceur nourrit ces pages avec un style hallucinant.

Ce qu’il faut de nuit

Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin aux Éditions de La Manufacture de livres

« Quelle merde. Quelle merde que cette vie. »

Après un long combat contre la maladie, la mère s’est éteinte laissant son homme et ses deux jeunes garçons seuls.

Le père doit faire face et même s’il lui serait facile de se laisser submerger par la douleur, il ne peut se le permettre, il doit s’occuper de ses fils, autant que faire se peut.

Une routine s’installe entre eux, les enfants grandissent et commencent à s’affirmer, surtout Fus, l’aîné.

” On se serait cru au théâtre : on gardait nos distances, on mesurait nos entrées et nos sorties, histoire de ne jamais nous retrouver coincés dans un même couloir. C’était fini le temps où on se serrait autour du petit lavabo de la salle de bains pour se laver les dents. (…) Désormais nos mouvements étaient empesés, pleins de précautions : il fallait laisser une bonne marge, si possible laisser l’autre dégager les lieux avant d’y entrer. Comme si on portait un scaphandre d’une tonne et qu’on marchait dans une putain de zone radioactive.

(…) Ce n’était pas le regard des autres, comme je l’avais cru d’abord : ceux qui savaient n’avaient pas l’air trop choqués. Rien de ce que je craignais n’était arrivé. J’avais un fils différent et les gens semblaient s’en accommoder. “

Le père n’accepte pas les fréquentations fachos de Fus, même si les deux frères restent proches, un fossé se creuse, jusqu’au jour où tout bascule…

Ce que j’en dis :

Décidément la Lorraine peut s’enorgueillir de cette nouvelle plume de l’enfant du pays. Et étant moi-même Lorraine, je peux vous dire que je suis plutôt fière moi aussi, c’est mon petit côté chauvine qui s’affole.

J’avais eu quelques très bons échos sur ce premier roman, sans trop m’y attarder pour garder la surprise et rester un maximum objective. Et je reconnais, on ne m’a pas menti.

C’est la gorge nouée, le cœur serré, sous tension extrême que j’ai lu cette histoire déchirante.

Car en tant que parents, nous pouvons tous être confrontés à cette terrible épreuve, qui remet en cause toute l’éducation que l’on a donné à nos enfants.

Face à une telle situation, les questions se bousculent, la déception s’installe, la culpabilité surgit et l’on ne peut pas s’empêcher de tout remettre en question. On a beau tenter de leur donner une bonne éducation, inculquée une bonne moralité, on ne peut pas gérer les divers fréquentations qui seront sur la route de nos enfants et les mèneront vers des chemins pas toujours honorables.

Avec ses mots qui dégagent une multitude d’émotions sans une once de pathos, son écriture âpre, son style qui nous happe, Laurent Petitmangin nous offre un premier roman fabuleux, où les multiples douleurs d’un père se révèlent avec pudeur nous laissant sans voix, le cœur brisé, en larmes mais heureuse d’avoir en main un tel roman absolument exceptionnel et inoubliable.

J’espère qu’il va continuer à dépoussiérer les manuscrits qui dorment dans ses tiroirs, car j’ai vraiment hâte de retrouver cette plume de caractère absolument bouleversante.

Pour info :

Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon où il se passionnera également pour le théâtre.

Après avoir vécu deux années au Bangladesh, premier de ses nombreux séjours longue durée à l’étranger, il rentre chez Air France, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui.

Grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années et entassé les manuscrits dans ses tiroirs.

Ce qu’il faut de nuit est son premier roman.

Je remercie l’agence Trames et les Éditions de la Manufacture de livres pour cette pépites Lorraine, un diamant brut à découvrir absolument.

Ennemi public N°1

Ennemi public N°1 d’Alvin Karpis aux Éditions de La Manufacture de livres

Traduit de l’anglais (USA) par Janine Hérisson

Profession ? Gangster, braqueur, kidnappeur. Et j’étais sacrément bon à ça, peut-être le meilleur d’Amérique du Nord. Et ça pendant cinq ans, de 1931 à 1936. Non, je n’essaie pas de flatter mon ego quand j’utilise le mot de « professionnel ». Ce business est vraiment devenu mon vrai métier parce que c’est comme ça que je l’ai abordé : en professionnel. “

Dans les années 30, il était bien plus simple de devenir un truand, et cela en faisait rêver plus d’un, rendant d’un coup plus accessible le rêve américain.

Les nouvelles technologies dont nous disposons désormais étaient inexistantes à l’époque et le FBI devait bien souvent jouer au chat et à la souris avec les hors-la-loi.

On peut dire qu’ Alvin Karpis leur a donner du fil à retordre, lui qui rêvait depuis tout gamin de liberté, d’argent facile, d’aventures, n’a pas boudé son plaisir. Une fois capable de tenir une arme, il fit ses premiers pas de criminel devenant braqueur, kidnappeur, en obtenant très vite le statut d’ennemi public N°1.

Un titre qu’il sera le premier à obtenir dans l’histoire de la criminalité et le seul qui n’y laissera pas sa peau.

Voici son histoire.

Ce que j’en dis :

Pour qui s’intéresse à toute l’Histoire criminelle des États-Unis ne pourra faire l’impasse sur ce récit autobiographique d’Alvin Karpis , l’un des plus grands truands de l’histoire, aux côtés d’Al Capone, Bonnie & Clyde, Baby Face Nelson…

Paru une première fois en 1972 à la Série Noire, et jusqu’à ce jour épuisé, cette nouvelle traduction entièrement révisée, nous offre l’occasion de nous replonger dans l’univers de ces bandits de grand chemin, une belle époque pour ces gangsters notoires.

Un récit où l’on se sentirait presque coupable d’admirer cette bande de criminels qui réussissaient à déjouer le FBI en s’en mettant au passage plein les poches, pour mener la grande vie.

Et comme tout est vrai, c’est plutôt épatant.

C’est à redécouvrir dès maintenant à La Manufacture de livres.

Pour info :

Né en 1907 au Canada, Alvin Karpis devînt dans les années 1930 aux États-Unis le tristement célèbre leader du Gang Barker-Karpis, l’une des plus redoutable association de gangsters de l’époque. Il sévit jusqu’à 1936, date de son arrestation et deviendra le prisonnier d’état ayant effectué le plus long séjour à Alcatraz. Relâché en 1969, il écrira son autobiographie avant de s’exiler en Espagne où il mourra dans des circonstances troubles en 1979.

Aux vagabonds l’immensité

Aux vagabonds l’immensité de Pierre Hanot aux Éditions de la manufacture de livres

– Je voulais juste dire qu’à l’ignominie répond l’ignominie, que c’est un engrenage, œil pour œil, dent pour dent: tu tues ton voisin pour venger la mort de ton frère et à son tour, le fils de ton voisin s’acharnera à venger son paternel ! Lorsque la violence s’impose, personne n’en sort indemne. “

À Metz, en Lorraine, la nuit du 23 au 24 juillet 1961 connue des heures sanglantes suite à une rixe qui a mal tourné. Cette expédition punitive,  » la ratonnade  » , va laisser dans son sillage quelques morts et de nombreux blessés.

On la nommera par la suite : « La nuit des paras ».

Ce drame historique, qui demeure pourtant assez méconnu, Pierre Hanot l’aborde à sa manière à travers son dernier roman ” Aux vagabonds l’immensité “.

En remontant le fil du temps, il nous offre les portraits de certaines personnes reliées à cette tragédie , à travers des instants de vie qui ont précédé cette fameuse nuit.

Des hommes et des femmes de différents horizons aux destins liés pour toujours.

Des vies simples qui seront bouleversées cette nuit là par les coups de l’Histoire.

Ce que j’en pense :

Pierre Hanot a le don pour m’embarquer loin des sentiers battus, vers des histoires du passé aux faits historiques pas toujours passionnant lorsqu’ils apparaissent dans les manuels d’Histoire. Mais voilà, il a l’art et la manière de déterrer certains sujets oubliés et de les rendre interessants grâce à ses personnages attachants, à une construction originale de son récit et à sa verve en parfait accord avec l’époque.

Incontestablement, nos souvenirs resurgissent, les bons comme les moins bons, les seconds liés aux premières confrontations de haine raciale même si j’étais jeune à l’époque, je me souviens de ces mots, ces insultes que j’entendais ici et là, mais qui véhiculaient malgré tout, déjà une grande violence.

Pierre Hanot nous offre son regard d’écrivain, avec une certaine liberté tout en abordant avec émotion et réalisme les tensions raciales des années 60, qui résonnent malheureusement toujours actuellement dans le monde entier.

Et même si je regrette que ce roman soit court, j’ai une fois de plus apprécié cette belle plume qui m’a fait voyager dans le temps et fait découvrir un pan historique de ma région, peu reluisant. Pas étonnant qu’il demeure presque inconnu, mais heureusement on peut compter sur Pierre pour éclairer nos lacunes avec une certaine élégance.

Une beau moment de lecture à savourer sans modération.

À découvrir également sur mon blog (https://dealerdeligne.wordpress.com/2017/12/16/gueule-de-fer/) son précédent roman Gueule de fer.

Pour info :

Pierre Hanot est né en 1952 à Metz. Enfance heureuse malgré la polio qui lui laissera des séquelles à une jambe, adolescence plus tourmentée durant laquelle la découverte des surréalistes sera son Mai 68. 

Tour à tour poète, maçon, routard, professeur d’anglais, song-writer, chanteur et guitariste, il prend dans les années 70 la musique en otage, accompagné par son groupe, le Parano Band. Suivront trente-cinq années d’aventures rock’n’rollesques et de concerts dont plus de 200 dans la plupart des prisons françaises, démarche hors normes qui impacte son funk-blues et forge sa poésie urbaine.

Homme de convictions, il relate en 2005 cette expérience unique dans Rock’n taules, récit salué par la critique unanime. Se consacrant dès lors au roman, il rejoint le monde du polar et du noir, lauréat en 2009 du Prix Erckmann-Chatrian pour son opus Les clous du fakir paru chez Fayard. Autre univers, l’art du collage que Pierre pratique en toute liberté, scénarisant ses œuvres au sein d’expositions évènementielles et interactives.

Je remercie l’agence Trames et les Éditions de la manufacture de livres pour ce récit très touchant.

Tuer le fils

Tuer le fils de Benoit Séverac aux Éditions de La manufacture de livres

Le scénario de son existence avait été monté à l’envers dès le départ. C’est le père qu’on aurait dû mettre derrière les barreaux quand Mathieu n’était encore qu’un enfant, avant qu’il soit trop tard pour tout le monde. Ça aurait évité à Matthieu de souffrir, à son père de mourir assassiné ; ça aurait fait gagner du temps à la police et aux tribunaux, économiser de l’argent aux contribuables. Seulement voilà, il aurait fallu que quelqu’un ait le courage de signaler les agissements d’un voisin ou d’un ami à la police. Il aurait fallu se dire que ça tournerait vinaigre, un jour ou l’autre et qu’il était encore temps de faire quelque chose. “

Les relations père fils sont bien souvent difficiles, d’autant plus quand le père élève seul son garçon et semble garder envers lui, une rancune tenace.

Le petit gars devient un jeune homme, élevé à la dure, par un père loin d’être aimant.

Alors un jour, Matthieu cherchant à prouver à son paternel qu’il était devenu un homme, commet l’irréparable, un meurtre inutile qui va le conduire direct derrière les barreaux pour quinze ans.

Entre ces murs, il rejoint un atelier d’écriture où il commence à écrire son histoire, encouragé par l’intervenant du cours, un écrivain assez connu.

Le lendemain de sa libération, son père est assassiné et Matthieu fait le coupable idéal.

Mais pour l’inspecteur Cėrisol chargé de l’enquête, rien n’est moins sûr. Il s’interroge et décide de creuser davantage pour comprendre ce qui aurait pu pousser un fils à tuer son père, si vraiment c’est le cas.

” – Ils se sont battus.

– Ça en a tout l’air.

– Ça ne veut pas dire qu’il l’a tué.

-Non, mais ça veut dire qu’il nous a menti en affirmant que son père ne l’avait pas laissé entrer.

Pour la première fois depuis le début de l’enquête, Cérisol sentait qu’ils tenaient quelque chose de palpable, que les fils se tissaient pour se resserrer sur le tueur au lieu de se multiplier. “

Ce que j’en dis :

Connaissant déjà la plume de l’auteur et l’appréciant fortement, c’est confiante que j’ai commencé ce nouveau roman et je n’étais qu’au début d’agréables surprises.

Une chose est certaine, l’auteur ne s’est pas endormi sur ses lauriers et son nouveau polar a grimpé un échelon en intensité, avec des personnages d’une densité surprenante et une histoire on ne peut plus réaliste.

Amis scénaristes vous devriez vous penchez sur cet écrit, au lieu de nous pondre des remakes à n’en plus finir.

Quand à vous, amis lecteurs, vous l’aurez compris, une fois plongée dans ce polar au suspens implacable, au cœur de cette relation père fils assez destructrice, aux côtés d’un flic épicurien et d’un écrivain manipulateur en manque d’inspiration, j’ai eu un mal fou à le lâcher. Mais hélas, chaque histoire a une fin, sans pour autant me laisser sur ma faim mais avec une certaine envie de retrouver l’inspecteur Cérisol pour un nouveau menu cinq étoiles au guide du polar. Je suis sûr que notre regretté Claude Mesplède aurait été d’accord avec moi.

Amoureux du noir c’est à votre tour de découvrir cette plume remarquable.

Pour info :

Benoît Séverac est auteur de romans et de nouvelles en littérature noire et policière adulte et jeunesse. Ses romans ont remporté de nombreux prix, certains ont été traduits aux États-Unis ou adaptés au théâtre.
Ils font la part belle à un réalisme psychologique et une observation sensible du genre humain. Chez Benoît Séverac, ni bains de sang ni situations malsaines. L’enquête policière n’est souvent qu’un prétexte à une littérature traversée par des thèmes profonds et touchants, et une étude quasi naturaliste de notre société.

Dès qu’il le peut, il collabore à divers projets mêlant arts plastiques (calligraphie contemporaine, photographie) et littérature.

Dans le domaine cinématographique, il a participé à l’écriture du scénario de Caravane, un court métrage de Xavier Franchomme, et présenté trois documentaires sur France 3 dans la série Territoires Polars.

Par ailleurs, il enseigne l’anglais à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse ainsi qu’aux étudiants du Diplôme National d’Œnologie de Toulouse.
Il est dégustateur agréé par le Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace, ex-Internal Assessor du Wine and Spirit Education Trust de Londres et membre du jury de dégustation Aval Qualité du Comité Interprofessionnel des Vins du Sud-Ouest.

Benoît Séverac est membre co-fondateur des Molars, association internationale des motards du polar qui compte plus de vingt membres représentants trois continents.

Benoît Séverac est curieux et touche-à-tout. Ainsi il a été tour à tour guitariste-chanteur dans un groupe punk, comédien amateur, travailleur agricole saisonnier, gardien de brebis sur le Larzac, restaurateur de monuments funéraires, vendeur de produits régionaux de luxe et de chambres « meublées » pour gros clients japonais, professeur de judo, photographe dans l’armée de l’air, serveur dans un restaurant italien en Angleterre, dégustateur de vins, conseiller municipal, président d’association périscolaire, clarinettiste dans un big band de jazz puis co-fondateur d’une fanfare rock-latino-jazz… Il compte bien que la liste ne s’arrêtera pas là.

Je remercie la Manufacture de livres et Camille de l’agence Trames pour cette enquête sucrée à la saveur amère, un vrai régal.

Maître des eaux

Maître des eaux de Patrick Coudreau aux Éditions de La manufacture de livres

Ce qu’ils avaient fait, c’était pas pardonnable, c’était même pas possible de l’envisager une seconde, fallait vraiment être un Grewicz pour ça. Une sale race, une engeance maudite, ni plus ni moins. Il y avait combien de temps de ça, au juste? Quinze ans, peut-être plus, vingt. Oui, c’est ça, les mémoires se sont remises en marche, vingt ans et une poignée de mois ; on est en avril, le mois idéal pour reprendre les choses en mains, sceller les sorts. “

Mathias Grewicz est de retour au village où il a perdu tous les siens dans un incendie criminelle. Il avait onze ans à l’époque et n’a rien pu faire, mais aujourd’hui il est bien décidé à régler ses comptes avec les assassins de sa famille.

Ses parents possédaient un don particulier ce qui ne plaisait guère aux villageois qui les accusaient d’être responsable de la moindre catastrophe. Ils devenaient gênant et leur réussite dans le domaine de l’élevage commençait sérieusement à déranger les autres éleveurs.

Ce don, il le possède aussi, et il n’hésitera pas à s’en servir. La traque à commencé, mais Matthias peut compter sur mère nature pour le protéger et puis il y a aussi cette gamine dont il a fait connaissance et qui est plutôt encline à l’aider.

” C’est une crevasse qui a la forme de la cicatrice de Mathias, dans le flanc de la falaise qui domine et boucle le paysage, et d’où l’on a vue sur Lalonde, son clocher doté de campanile couvert de pigeons et de faucons crécerelles. (…) La lumière y prend ses aises dès tôt le matin et jusqu’à cinq, six heures l’après-midi. Ensuite, elle décroît peu à peu, dessinant des reflets bleutés puis violets sur la pierre aux arêtes vives, encombrées de végétation, moussue par endroit. C’est dans cette caverne que Mathias a décidé de s’établir, à deux mètres du sol pierreux ; “

Il est grand temps d’en finir…

Ce que j’en dis :

Cette rentrée littéraire 2020 nous offre de belle découverte, et pour un premier roman celui-ci est vraiment réussi.

Dès le début de ma lecture, je me suis retrouvée dans une ambiance qui m’a fait penser à  » La maison assassinée  » le film adapté du magnifique roman de Pierre Magnan.

Le monde rural, le retour d’un exilé, les habitants contrariés qui apparemment cachent de lourds secrets, et une bonne âme disposée à prêter main-forte dans une atmosphère sombre et inquiétante.

Mais la comparaison s’arrête là, laissons à César ce qui est à César.

Même si la plume de Patrick Coudreau est dans la lignée d’autres auteurs de cette maison d’éditions, l’auteur fait son entrée avec panache en nous offrant un roman noir surprenant, captivant, et magnifiquement écrit. Un déluge de bons mots et des passages de toutes beautés donnent à l’histoire une allure poétique comme seule la nature et certaine plume peuvent nous offrir.

La nature est depuis longtemps mise en péril par les mains de l’homme, mais il y a d’irréductibles protecteurs qui grâce à leur écriture aussi belle qu’un coucher de soleil l’ immortalise comme à travers ce récit.

Ici, il est question de vengeance suite au destin tragique d’une famille d’immigrés, installée dans cette campagne, qui souhaitaient juste vivre en paix, mais qui a subi la jalousie et son pouvoir destructeur. Une famille qui avait un don qui aurait pu tout détruire sur son passage mais qui savait s’en servir à bon escient. Mais hélas tous ne l’entendaient pas de cette oreille…

Même si j’aurais préféré au final sentir une odeur de pluie plutôt qu’une odeur de poudre (impossible d’être plus explicite…) cette lecture pleine de suspense, de poésie et de magie a été un pur ravissement.

J’attends le prochain avec impatience.

Pour info :

Né à Bourges, Patrick Coudreau devient journaliste, se spécialisant dans les questions d’écologie et de société, travaillant d’abord pour la presse écrite puis pour diverses institutions.

Il commence à écrire quand il a 14 ans et publie trois recueils de poésie qui lui vaudront de recevoir deux prix littéraires. Il s’intéresse par la suite à la prose, ne cessant jamais de travailler et d’aller d’un projet à l’autre. Au total, près de vingt-cinq manuscrits s’accumuleront dans les tiroirs de son bureau sans être publiés.

C’est en 2017 qu’il achève le projet de Maître des eaux et décide de l’envoyer à trois éditeurs.

Passionné d’ornithologie, Patrick Coudreau vit aujourd’hui dans les Yvelines.

Je remercie l’équipe Trames et les Éditions de la manufacture de livres pour cette lecture qui a eut le don de m’envoûter.

“ L’artiste ”

L’artiste d‘Antonin Varenne aux Éditions de La Manufacture de livres

” Il a recommencé. Le même. Les coups de couteau, les mains mutilées, un artiste, un atelier. Peut-être cette fois n’avait-il pas fait le ménage ; la maison tout entière semblait ordonnée et propre, mais il avait laissé derrière lui quelque chose d’essentiel : une idée fixe. Ce n’était plus une impasse, mais le début d’un merdier à tiroirs. “

En 2001 à Paris, les artistes peintres se retrouvent mis en pièces par un drôle de serial killer, un genre maniaque du ménage.

Lui-même véritable artiste, transforme ses scènes de crime en œuvre d’art y mêlant esthétisme et barbarie

C’est l’inspecteur Heckmann qui se retrouve sur cette affaire assez spéciale et il va vite comprendre que le tueur se joue de lui.

Une véritable traque est mise en place, pour arrêter ce tueur fou.

Ce que j’en dis :

Quand j’ai découvert la plume d’Antonin Varenne, il avait déjà quelques romans à son actif, mais comme on dit mieux vaut tard que jamais. Depuis je fais partie de ses fidèles lectrices car il faut bien le reconnaître, il a du talent, un véritable artiste.

Cette fois il nous entraîne à Paris, sur les traces d’un serial killer dans un intrigue captivante menée par des mains de maître, avec des personnages bien campés et très attachants.

C’est avec plaisir qu’on savoure sa verve singulière agrémentée d’une pointe d’humour toujours très appréciable.

Une fois de plus, je suis sous le charme de son écriture et de son style, Antonin Varenne est une valeur sûre, jamais déçue bien au contraire.

Il vient de recevoir le Prix rive gauche du roman français à Paris.

On ne peut que s’en réjouir.

Pour info :

Né à Paris en 1973, Antonin Varenne n’y restera que quelques mois avant d’être enlevé par ses parents pour vivre aux quatre coins de France, puis sur un voilier.

Il n’y reviendra qu’à vingt ans, pour poursuivre des études à Nanterre. Après une maîtrise de philosophie (Machiavel et l’illusion politique), il quitte l’Université, devient alpiniste du bâtiment, vit à Toulouse, travaille en Islande, au Mexique et, en 2005, s’arrime au pied des montagnes Appalaches où il décide de mettre sur papier une première histoire. 

Revenu en France accompagné d’une femme américaine, d’un enfant bilingue et d’un chien mexicain, il s’installe dans la Creuse et consacre désormais son temps à l’écriture.

Je remercie la manufacture de livres, toujours très avisée dans le choix de ses publications.

“ Le dernier thriller norvégien ”

Le dernier thriller norvégien de Luc Chomarat aux Éditions de La Manufacture de livres

” – Sacré Delafeuille, il n’a pas changé. ( Murnau donna un coup de coude à son compagnon, un jeune homme élégant au visage pâle et aux yeux étrangement exorbités, qui semblait manquer d’humour.) Vous savez que c’est un phénomène, ce bon Delafeuille. Il trimballe partout des bouquins avec lui. Des trucs en papier.

– Je ne savais pas que ça existait encore, avoua l’autre avec une incrédibilité surjouée. “

Delafeuille est éditeur à Paris. Il est à Copenhague pour y rencontrer le maître du polar nordique et apparemment il n’est pas le seul sur le coup.

” – Vous êtes là pour Olaf Grundozwkzson, n’est-ce pas ? “

Ces derniers temps, il n’y a pas que dans les livres que l’on trouve des serials killers. La police locale est sur les traces de l’un d’entre eux bien réel, surnommé l’Esquimau.

Mais Delafeuille a bien d’autres préoccupations depuis qu’on lui a livré un exemplaire flambant neuf du nouvel Olaf Gründozwkzson dans sa chambre.

Au cours de sa lecture, il découvre que la réalité et la fiction sont curieusement imbriquées, et il pourrait bien se retrouver piégé au cœur de ce polar nordique en incarnant sans le savoir un des personnages…

Et ce n’est pas l’apparition de Sherlock Holmes dans cette histoire à tiroirs qui va éviter au livre de lui tomber des mains.

” Il n’osa pas aller jusqu’à la fin. Cette histoire ne pouvait que mal finir. Le livre lui tomba des mains. Il n’en croyait pas ses yeux. À la panique succéda la colère. Encore ? Il croyait en avoir fini avec cette histoire. Il n’y avait pas de doute possible. Il était dans le livre, à nouveau “

(…)

– Absolument, répondis Holmes en souriant. Je ne sais pas comment nous allons nous en sortir.

– Oui nous sommes piégés.

– Nous pourrions aller aux putes.

– En effet.

– Ou même nous mettre tout nus et courir dans le froid en faisant coin-coin.

– C’est atroce.

– Mais vrai.

– Tenez bon, la fin du chapitre n’est plus très loin.

– Qui vous dit que ce ne sera pas pire dans le suivant ?

– Il est obligé de reprendre le cours de l’intrigue. “

À travers cette épopée littéraire, Luc Chomarat a très certainement pris son pied pour nous offrir une histoire délirante qui ne manque pas d’humour en pointant du doigt certaines dérives du monde de l’édition, sans en avoir l’air, mais une chose et sûre il connaît bien la chanson.

Ce que j’en dis :

Les auteurs sont des grands manipulateurs, tout le monde le sait. Et quand il se tape un délire littéraire ça donne une histoire hilarante. L’auteur s’est éclaté c’est certain.

En bousculant les codes du polar, à travers des clins d’œil à la littérature nordique et en incluant quelques invités surprises tel que Sherlock Holmes ou encore la petite sirène, il crée une œuvre atypique et n’hésite pas à balancer ironiquement sur la face cachée du monde de l’édition, sur les écrivains et même sur la crédulité de certains lecteurs parfois prêts à lire n’importe quel livre placé en tête de gondole sous prétexte qu’ils ont un bandeau prometteur.

Ça balance, ça balance et on ne peut s’empêcher de sourire, et de penser inévitablement à quelques personnes de sa connaissance, forcément.

Vous l’aurez compris, enfin je l’espère, ce dernier thriller norvégien va vous faire passer un moment de lecture extraordinaire plein de surprises. Vous y trouverez des personnages surprenants, un serial killer, du sang, du sexe, des bombasses et même de l’alcool, une lecture très Rock’n Roll qui risque d’en faire sourire plus d’un j’en suis sûre.

N’hésitez pas, ça vaut le détour.

Pour info :

Luc Chomarat est né à Tizi-Ouzou (Algérie) en 1959.
Quand il n’écrit pas pour les gens qui lisent des livres,
il travaille dans la communication.


Il pratique le vélo urbain, la restauration de petits meubles,
la guitare électrique, et la cuisine à l’huile d’olive.

Il a publié à vingt-deux ans son premier roman qui lui a valu de figurer sur la liste du Magazine littéraire des meilleurs auteurs vivants de roman policier. Également traducteur de Jim Thompson, il a reçu le Grand Prix de littérature policière pour son roman, Un trou dans la toile en 2016 (Rivages)et a publié Le Polar de l’été (La Manufacture de livres, 2017) et Un petit chef-d’œuvre de litter (Marest, 2018)

Il vit à Paris.

Je remercie les Éditions de la Manufacture de livres pour ce polar délicieusement délirant.