“ Anna – Belle ”

Anna – Belle de Lina Bengtsdotter aux Éditions Marabout

Traduit du suédois par Anna Gibson

” Maintenant, pensa Charlie. Maintenant, je lui dis. Challe, je ne peux pas aller là-bas. (…)

Elle aurait dû être au lit avec deux cachets d’aspirine et un comprimé d’oxazépam, en plus de laser traîne. Au lieu d’être là, nauséeuse et chamboulée, coincée dans cette bagnole, en route vers l’endroit du monde où elle s’était juré de ne plus jamais revenir.  »

Charlie avait quatorze ans lorsqu’elle quitta Gullspång et espérait sincèrement ne plus jamais y remettre les pieds. Mais aujourd’hui elle est devenue inspectrice à la brigade criminelle de Stockholm, et suite à la disparition suspecte d’une jeune fille, Chelle, son chef, a décidé de l’envoyer sur place avec un collègue.

” Le centre de Gullspång ressemblait à une ville fantôme. Magasins désertés, vitres brisées, visage d’Annabelle sur les unes de tabloïd placardées sur les réverbères, en plein vent. Sans la petite foule en gilet jaune fluo massée devant la supérette Ica, on aurait pu croire l’endroit. Sur le vieux banc devant le magasin, trois hommes alignés. Des hommes cassés, canette de bière à la main.

(…) Tout est quand même resté à peu près pareil, songea Charlie. Le temps a passé, mais rien n’a changé, au fond. “

Apparemment rien n’a changé. Le chômage et l’alcool ont un peu érodé tout espoir d’un monde meilleur, et cette disparition n’aide pas la population a retrouvé confiance.

Annabelle a disparu depuis quatre jours. Est-ce une fugue, un enlèvement, un suicide, un meurtre ? Toutes les hypothèses sont permises.

Et pour Charlie, l’affaire n’est pas simple. Confrontée à ses vieux démons et aux souvenirs qui resurgissent du passé, elle va devoir s’accrocher, quitte à déterrer au passage ce qu’elle a mis tant d’années à enfouir.

” Ce n’était peut-être pas tellement étonnant au fond si les gens en général, avaient tendance à confondre hasard et destin. “

Ce que j’en dis :

Il est écrit sur le bandeau qui accompagne ce roman : Révélation du polar scandinave, plus de 100 000 lecteurs conquis. Je ne peux que confirmer et me rajouter à cette longue liste de lectrices conquises par cette nouvelle plume.

Pour un premier roman, l’auteur nous offre une intrigue qui semble au départ assez banale mais qui se révèlera bien plus complexe au final, puisqu’elle servira également à introduire le personnage de Charlie Lager, une flic borderline qui se retrouvera mêlée à l’histoire sans le vouloir.

L’auteure y dépeint également le désespoir d’une population isolée où il y a peu de chance pour un brillant avenir.

À travers une construction captivante, l’histoire se profile alliant passé et présent, où s’immiscent au passage certains secrets jusqu’à maintenant bien cachés.

Son métier d’enseignante en psychologie lui permet d’apporter un soin particulier à ses personnages, et les rends forts attachants, c’est donc avec un plaisir non dissimulé que je retrouverai son prochain thriller  » For the missing “ où l’on retrouvera Charlie, qui sortira d’abord en VO en juin prochain.

Un premier thriller très addictif, très réussi, et une plume que je retrouverai avec joie.

Une bien belle découverte.

Pour info :

Lina Bengtsdotter est originaire de Gullspång, petite ville du centre de la Suède où chômage et pauvreté fragilisent la population.

Après avoir vécu en Angleterre et en Italie, elle est désormais installée à Stockholm où elle enseigne le Suédois et la psychologie.

Elle est l’auteure de nombreuses nouvelles publiées dans la presse.

Annabelle est son premier roman.

Je remercie les éditions Marabout pour cette intrigue scandinave très réussie.

“ Un homme parfait ”

Un homme parfait de Jo Jakeman aux Éditions Marabout

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Charlotte Faraday

À l’entrée du crématorium, de simples bouquets ont été déposés. Le Canon de Pachelbel s’échappe d’un haut-parleur invisible. Tout a été orchestré pour blanchir le spectre de la mort et couvrir les odeurs de décomposition. Une sorte de trou normand entre le décès et la veillée. Naomi a réservé une salle à Old Bell, mais je n’irai pas, craignant que l’alcool délie ma langue et me fasse sourire – réaction proscrite en la circonstance. (…) Un étranger pose sa main glacée sur mon coude. Je-ce-que-vous-ressentez, semble-t-il me dire. Comment pourrait-il savoir ? Seules Naomi, Ruby et moi sommes convaincues que Phillip Rochester a obtenu la mort qu’il méritait.  »

En général, assister à un enterrement n’est guère réjouissant, mais apparemment cet homme ne laisse pas derrière lui de veuve éplorée. Et pourtant on y croise la dernière petite amie et deux ex-épouses, et peu voir pas de larmes sur leurs visages. Qu’a-t-il pu faire à ces femmes pour qu’elles restent si insensibles ?

Seraient-elles responsables de sa mort ?

Pour le savoir, il va falloir remonter le temps et creuser un peu pour découvrir ce que nous cachent ces trois femmes.

Ce que j’en dis :

L’homme parfait n’existe pas, il n’y a qu’à demander à ses ex pour obtenir des aveux complets. Et en ce qui concerne Phillip Rochester, véritable pervers narcissique, trois femmes ayant profité de ses largesses machiavéliques se sont rapprochées et ont saisi une opportunité pour mettre un point final à leur calvaire…

Mais chut, n’en disons pas plus sur ce thriller psychologique absolument démoniaque.

Du présent on retourne dans le passé de manière plutôt originale pour découvrir le fin mot de cette histoire. Ce qui est sûr, c’est que l’on ne s’ennuie pas. Une tension permanente accompagne ce récit, et on aimerait parfois briser les genoux de cet odieux connard.

Une écriture qui ne manque pas de piquant, un brin d’humour caustique, pas mal de suspense, et des personnages assez réalistes donnent à ce thriller toute la substance nécessaire pour vous faire passer un bon moment de lecture et pourrait même vous donner quelques idées pour vous débarrasser d’un ex encombrant…

Une lecture idéale pour tous ceux qui rêvent de voir brûler leur ex en enfer et pour tous les fans des thrillers psychologiques.

Pour info :

Jo Jakeman est née à Chypre. Elle a travaillé de nombreuses années à la City de Londres avant de s’installer dans le Derbyshire où elle vit avec son mari et ses enfants. Ce thriller est son premier roman.

Je remercie Nadia et les éditions Marabout pour ce thriller diabolique.

“ Moi, témoin ”

Moi, témoin de Niki Mackay aux Éditions Marabout

Traduit de l’anglais (Écosse) par Claire Allain

” – Je… J’aimerais vous embaucher, murmure-t-elle, les yeux rivés au sol.

À nouveau, son air grave me dissuade d’éclater de rire.

– Et pourquoi diable voudriez-vous m’embaucher ?

– Je pense que je suis innocente. ”

Il y a six ans, Kate Reynolds a été retrouvé le corps couvert de sang de sa meilleure amie. Celle-ci gisait dans ses bras, sans vie. Elle fut vite reconnue comme coupable idéale et gagna direct un ticket d’entrée pour un séjour de six années derrière les barreaux.

À sa sortie de prison, convaincue de son innocence, elle engage une ex flic convertie en détective privé pour l’aider à se blanchir. Cette femme, Madison Attallee n’est autre que l’officier de police qui l’avait découverte sur la scène de crime.

Convaincue de la culpabilité de Kate, Madison accepte néanmoins l’affaire. Se replongeant dans le dossier, avec frénésie, elle commence à douter.

Je ressens une petite poussée d’adrénaline en ouvrant le couvercle. Tordu ? Un peu rapace ? Non, pas vraiment. C’était ce que j’essayais d’expliquer à Rob : ce sont les énigmes qui m’attirent. La soif d’assembler les indices qui atterrissaient sur mon bureau, pour comprendre ce qui pousse les gens à commettre des crimes abominables. Ce qui motive leurs choix, et ceux que l’on a fait pour eux, à leur insu. Ce qui nous fait basculer, en somme. Neuf fois sur dix, les criminels sont des gens comme tout le monde avant leur passage à l’acte. Et puis, ils perdent un truc, ou quelque chose se brise, et ils font une sortie de route. Ils basculent. Deviennent malsains, dangereux. “

Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille et compte bien laisser le passé là où il est enterré quel qu’en soit le prix.

Enfin libérée de sa cage, Kate, elle aussi, est prête à tout pour que la vérité éclate.

” « – C’est du pur délire ! Elle n’a aucune idée du mal qu’elle nous a fait, merde. De ce qu’on a traversé. Elle a mis cette famille en pièce. »

J’acquiesce. À quoi bon lui dire qu’elle était déjà en pièce cette famille. Que son crime n’était rien de plus que la cerise sur un gâteau en état de décomposition. “

Ce que j’en dis :

Toujours agréable de découvrir une nouvelle plume et d’autant plus quand d’entrée le style est accrocheur, fluide, et t’embarque très vite dans une histoire plutôt bien menée qui réserve de belles surprises malgré un sujet déjà traité de nombreuses fois. C’est bien connu, les prisons sont pleine d’innocents.

Ce que j’ai apprécié dans ce roman choral, c’est d’une part l’alternance dans la narration entre les deux personnages principaux et les trois autres protagonistes. Puis ensuite viens l’attachement à la détective, elle-même poursuivie par ses propres démons, au caractère bien trempé, et d’un naturel assez caustique.

Une histoire qui aborde de nombreux thèmes fidèles aux codes du thriller psychologique , tels que la manipulation mentale, l’abus de pouvoir, les erreurs judiciaires, le mensonge, la trahison, les secrets de famille, les pervers narcissiques, avec des personnages en parfaite harmonie.

Une intrigue bien campée en compagnie d’une nouvelle héroïne audacieuse et surprenante qui gardera son suspense jusqu’au final.

Même si je ne suis pas une fan inconditionnelle de ce style de lecture, j’ai passé un agréable moment et je le recommande vivement aux amoureux du genre. Il devrait faire des heureux.

Je remercie Masse Critique de Babelio de m’avoir permis de découvrir cette nouvelle plume pleine de surprises.

Après un diplôme de journalisme et un début de carrière à temps partiel dans la presse professionnelle pour le bâtiment, Niki Mackay décide de donner la priorité au personnage auquel elle a donné vie dans plusieurs début de romans jamais achevé. C’est ainsi que débute la carrière de la détective Maddison Attallee, et celle d’une auteure à l’indéniable talent.

 » La perfection du crime « 

La perfection du crime d’Helen Fields aux Éditions Marabout

Traduit de l’anglais par Luce Michel

” Ce lieu de repos convenait à la femme. Elle avait de la chance. Peu de gens quittaient le monde depuis un tel point de vue. (…) Quand les premières gouttes tomberaient, la fournaise serait telle que seule une inondation serait capable de mettre un terme à une puissance destructrice. ”

Dans un coin perdu des Highlands, un corps se consume. Après l’incendie il ne reste que les os, quelques dents et un morceau de tissu pour aider à son identification.

L’enquête pour homicide est confiée à l’inspecteur Luc Callanach, qui vient juste de prendre ses fonctions. Il devra faire ses preuves et se faire accepter par l’équipe sous ses ordres. Accompagné de sa coéquipière, Ava Turner qui se démène déjà sur une autre affaire concernant des nourrissons, il va tenter de mettre un terme à ce meurtrier aussi méticuleux soit-il.

Ensemble ils vont mener de front ces deux enquêtes et entamer une véritable course contre la montre pour tenter d’éviter de nouvelles victimes.

Ça ne va pas être simple d’arrêter un tel psychopathe.

” Il brûlait d’une soif de connaissance comme d’autres étaient follement attirés par l’argent. Dans ses conditions, se trouver une égale était compliqué. Raison pour laquelle il avait été contraint de tuer. Si elle n’avait pas été sacrifiée, il aurait été à tout jamais entouré de femmes incapables de satisfaire son intellect. (…) Il débarrasserait le monde d’un fléau. ”

Ce que j’en dis :

Pas toujours simple de résumer un thriller sans trop en dire pour ne surtout pas dévoiler l’histoire, mais suffisamment pour donner envie de le lire.

Ce thriller psychologique est surprenant. Il est en plus doté d’une écriture plutôt agréable. Sans style, la lecture devient pesante et perds tout intérêt, en tout cas pour moi, ce qui n’est pas le cas ici.

Avec des chapitres courts qui vont à l’essentiel tout en étant suffisamment argumentés et intrigants pour accrocher le lecteur, l’auteur réussit en quelques pages à planter le décor, donner le ton de l’histoire et présenter ses personnages principaux. Mais surtout, il captive et donne envie de poursuivre pour découvrir comment ces enquêteurs vont s’en sortir pour boucler ces deux affaires avec si peu voir pas d’indices.

La perfection du crime est la première enquête de l’inspecteur Callanach, que j’ai vraiment bien apprécié. Il réunit tous ce qu’on peut attendre d’un bon thriller, du style, du suspense, un tueur assez barge, des flics intéressants et de caractères dans une atmosphère plutôt glauque. J’attends donc patiemment la prochaine sortie en espérant y retrouver autant de plaisir. Pour un premier écrit c’est plutôt réussi.

Une lecture idéale pour la période estivale qui devrait ravir tous les adeptes du genre. Certains vont se délecter de certaines scènes plutôt horribles. Âmes sensibles vous voilà prévenues.

Ancienne avocate, Helen Sarah Fields se consacre désormais à l’écriture. Ce volume est le premier de la série des enquêtes de l’inspecteur Callanach qui rencontre un énorme succès outre-Manche avec près de 200 000 exemplaires vendus. Elle est pour la première fois traduite en France.

Souhaitons lui autant de succès dans notre pays.

Je remercie les Éditions Marabout pour cette première enquête très addictive et pleine de surprises.