Le cimetière des baleines

Le cimetière des baleines de Géraldine Ruiz aux Éditions le Nouveau Pont

Illustré par Lima Lima

 » J’essaye de me rappeler. Ma première rencontre avec le bateau et ses occupants. Une succession de sentiments remonte à la surface : l’enthousiasme, le doute puis la peur qui m’a tiraillée jusqu’au départ. La navigation n’était qu’un vague souvenir d’enfance. Surtout, je me demandais comment exercer en étant intégrée au sein d’une équipe composée de deux navigateurs, deux guides de haute montagne, un cadreur, un photographe et une artiste peintre. Il me semblait impossible de mettre de la distance. De me détacher du groupe alors que j’allais être impliquée dans son action. Le projet étant de mener le voilier jusqu’au Lofoten, un archipel montagneux au nord de la Norvège ; à terme, Thémis voyagera avec des adolescents en difficultés. “

Pendant un mois, des hommes et des femmes qui ne se connaissent pas vont voyager ensemble sur un voilier vers les îles Lofoten en Norvège.

Pendant cette traversée, ils vont vivre des moments extraordinaires, jusqu’à une rencontre improbable.

” Soudain, elle se dévoile.

Son souffle puissant attire nos regards dans sa direction. Dans une parade suggestive laissant deviner l’ampleur de sa masse noire d’une longueur équivalente à celle du bateau, elle découvre sa nageoire dorsale. Elle longe Thémis et quelques mètres nous séparent.

Hurlements de joie mêlée à la stupeur. “

Soudain le cœur s’apaise ; croiser sa première baleine peut changer une vie.

Ce que j’en dis :

Partir à la découverte de ce récit, c’est prémisse d’un voyage extraordinaire à bord du voilier le Thémis en direction de la Norvège, avec des hommes et des femmes de tout horizon, qui vont s’ouvrir les uns aux autres, vague après vague, en posant un regard vers la mer, véritable source de bien-être et d’apaisement. Un voyage qui va leur faire don d’une rencontre inoubliable, qui marquera à jamais les esprits, véritable cadeau comme seule dame nature est capable d’offrir, un instant magique, de toute beauté.

Qu’il fut bon de s’évader à travers ces pages, d’admirer les paysages, la mer, les flots à travers les magnifiques illustrations de Lima Lima, de se laisser emporter par la douce mélodie de la plume de Géraldine Ruiz.

Une véritable aventure humaine et marine qui procure la sérénité, la quiétude et donne une folle envie de prendre le large…

Pour info :

Géraldine Ruiz est journaliste itinérante et auteure. Elle vit là où elle écrit ; Paris, Manille, Bordeaux, Memphis. Ou sur un voilier, le temps d’un été.

La démarche de Lima Lima est triple ; l’art urbain, le travail personnel en atelier et la peinture en décor, l’un faisant écho à l’autre. Son travail est centré sur l’humain et le vivant. Elle accorde de l’importance à la poésie des détails dont la vie nous entoure.

Je remercie infiniment les Éditions du Nouveau Pont pour ce voyage de rêve empli de poésie.

 » La part des nuages  » 

La part des nuages de Thomas Vinau aux Éditions 10/18



 » les livres sont des magiciens qui peuvent faire disparaître les montres. « 


Voici l’histoire de Joseph, un homme de 37 ans qui va comme le monde, autant que faire se peut. Il avance dans sa vie, un jour après l’autre dans la limite de ses possibilités . Il est papa d’un petit garçon, Noé. Sa femme s’est fait la malle et c’est son tour de s’occuper de leur fils. Un moment que Joseph appréhende, son fils étant en quelque sorte sa bouée qui l’empêche de couler. En attendant son retour, il va se réfugier dans le cerisier et retrouver son âme d’enfant. La tête dans les nuages il va réapprendre à ranimer ses rêves. 



 » Il en Faut peu pour se sentir libre. Il y a des instants, des éclats, qui vous sauvent en un quart de seconde de la putréfaction spontanée. Allumer un feu. Atteindre le sommet d’une colline. Libérer un cerf-volant. Les dernières minutes d’un marathon. Le fruit cueilli en haut de l’arbre. La première clope. Toucher la main de celle qui. Une fuite effrénée dans les rues. Sécher les cours. Tenir tête a un gros bras. Esquiver la police. Galoper. Atteindre en apnée l’autre bout de la piscine. Frauder. Résister. Arriver en haut de l’arbre. L’aube après une nuit blanche. Pisser dans un jardin. Appuyer sur l’accélérateur en laissant dans son dos les lumières de la ville. Danser avec une fille. Lever le poing dans une manifestation. Sauter du pont de la rivière. Surprendre une bête sauvage. Explorer une maison abandonnée. Se perdre, drogué, dans la nuit. Marcher sur les mains. Aimer quelqu’un. Il en faut peu parfois pour se sentir libre.  » 


Se poser, fermer les yeux, penser à tout ce qui nous fait du bien et libérer la pression qui nous oppresse. C’est la sensation qui nous gagne en parcourant les pages de ce récit aérien . Une belle leçon de vie qui nous rappelle qu’il est essentiel d’apprécier les choses simples, les petits moments qui font les grands bonheurs et le plus important : qu’il ne faut jamais quitter notre âme d’enfant. Grandir mais pas trop. Aimer souvent. Rêver tout le temps…



 » Ce livre est une fenêtre qui pousse dans les terrains vagues, une petite fenêtre sauvage et mal peignée … »

Un moment de lecture fortement agréable. Une pause poétique en toute simplicité  qui transperce le cœur. Des mots pour guérir les maux, des rêves pour s’envoler toujours plus haut vers le bonheur.

Un roman qui fait du bien.

Amateur de mots-miettes, de mots-poussières et de poèmes-allumettes, Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de poèmes, il publie en 2011 son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux , aux éditions Talma. Un road-movie d’inspiration autobiographique, à « l’écriture pudique et organique », qui fait le tour des blogs littéraires et fait sortir le jeune auteur de son microcosme littéraire. Influencé par les poètes américains (Richard Brautigan), et militant du minuscule, Thomas Vinau signe en 2012 un Bric à brac hopperien , portrait du peintre américain Edward Hopper « réalisé à partir de listes, de notes et de chutes autobiographiques » (Ed.Talma.).

Thomas Vinau vit aujourd’hui près du Lubéron, plante des radis et taille des lilas, écoute les insectes grouillants qui organisent le monde, non loin des chauve-souris qui s’endorment, la tête au pied des mots…



Bibliographie sélective :
2008: Le Trou , Editions du Cygne
2009: Hopper City , Nuit Myrtide.2010: Tenir tête à l’orage 2011: Nos cheveux blanchiront avec nos yeux , Alma-

2012: Les derniers seront les derniers , Le Pédalo Ivre.

2012: Ici ça va , Alma

2012: Bric à brac hopperien , Alma.

 » Zoé « 

Zoé d’ Alain Cadéo aux Éditions Mercvre de France


 » Nos vies sont toutes de sable, nos vies sont des fables et c’est seulement dans la manière de les conter que se dévoilent leurs lumineuses trames. » 

Chaque jour, nous croisons une multitude de personnes et certaines rencontres nous marquent plus que d’autres. Quelle soient visuelles ou virtuelles, ces rencontres peuvent bouleverser nos vies.


Zoé, une jeune et belle boulangère, n’est pas à l’abri d’une belle rencontre derrière son comptoir. Toujours le sourire aux lèvres, toujours pimpante, elle sert les clients jour aprés jour.
Durant quelques instants, elle partage un petit moment, et pour certains ces moments sont précieux et ils ne tardent pas à se confier, un peu plus chaque jour, furtivement.

 » J’avais arraché un bout de vie, quelques mots-clefs, un truc sorti du lourd secret des cœurs. »

Un doux réconfort s’installe dans la vie de ce vieil homme grâce à ses échanges avec Zoé. Les mots sont devenus des petits mots, qu’ils s’échangent discrètement.

  » Ma vie est-elle devenue vide au point que je puisse ainsi ruminer des heures autour d’une minute rêvée tous les deux jours ! « 

Chacun se livre et se délivre, même à travers les regards les messages passent. Et chacun s’encourage à libérer son cœur.
Alain Cadéo nous offre une fois de plus, un magnifique roman. Avec poésie et délicatesse il explore le sujet tabou de la solitude qui envahit la vie de nombreuses personnes, comme celle de ce loup solitaire et cette jeune brebis. Grâce à ce dialogue épistolaire, qu’ils vont entretenir clandestinement, les mots vont soulager leurs maux.

 » J’ai vu votre tristesse. Je n’en connais pas la cause et ne demande rien. Tout ce que je peux vous dire c’est de ne pas renoncer à ce que vous êtes profondément. Il y a en vous une sorte de lumière qui fait du bien au monde.Quoi qu’il arrive, n’oubliez pas : rien ni personne n’a le pouvoir de saccager l’innocence. Quoi qu’il arrive nous devons nous battre pour préserver notre aptitude à la joie. « 


Un roman qui fait du bien, un roman qui chasse la tristesse de notre vie, qui met des sourires sur nos lèvres, de la joie dans notre cœur, et nous conduit vers une fin inattendue, surprenante tout comme dans son dernier roman  » Chaque seconde est un murmure » ( Chronique ici ).

Un beau roman poétique, une histoire touchante, qui délivre une multitude de messages positifs, et nous encourage à toujours laisser une place au rêve.

« Je suis le clown de Dieu et tant mieux si je fais sourire les anges.  » 

Zoé, un roman plein de charme, de douceur, de tendresse.

Alain Cadéo, un formidable conteur, un poète, un véritable médecin de l’âme qui guérit nos maux avec ses mots. Une écriture qui mérite toute notre attention, un vèritable antidote contre la morosité. Une véritable madeleine de Proust, un joli coup de cœur.

Un écrivain qu’il me tarde de retrouver.

Alain Cadéo est né à Marmande dans le sud ouest de la france. Il a vécu toute son enfance entre Bordeaux et l’Italie. ( Il possède d’ailleurs la double nationalité.) Il a été professeur de Français et de littérature. Et Parallèlement antiquaire spécialiste d’objets de curiosités. Il est passionné d’art Premier – et d’objets haute époque. il est l’auteur de 14 romans et pièce de théâtre.
Il vit en Provence dans un petit hameau. Il consacre sa vie à l’écriture. Bénévolement, il est intervenant dans un hôpital aux soins palliatifs depuis de nombreuses années. Un homme au grand cœur, des romans qui reflètent toute sa générosité.
Je remercie Martine pour cette délicate attention, qui m’a comblée et m’a permis une seconde lecture de Zoé, aussi belle que la première.