La route 117

La route 117 de James Anderson aux Éditions Belfond

Traduit de l’américain par Clément Baude

” Cecil Boone était le patron du relais routier Stop’n’Gone. Situé sur la route 191, à la sortie de Price, Utah, le Stop’n’Gone était un relais indépendant et médiocre, perdu sur une étendue de sable et de roche brisée, avec l’air minable de ces établissements obligés de pratiquer des prix bas faute d’avoir autre chose à proposer. Cecil, la cinquantaine passée, était un homme aussi trapu qu’aigri. Il se tenait la caisse du petit supermarché. Depuis huit ans que j’achetais mon diesel ici presque chaque jour de la semaine, je ne l’avais jamais vu sourire. Jusqu’à cette matinée enneigée d’octobre. (…) J’ai payé mon diesel.

« Quelqu’un a laissé quelque chose pour toi à la pompe n°8 », a-t-il dit. “

Comme chaque matin, avant de faire ses livraisons sur la route 117, Ben passe à la station faire le plein de son camion.

Une surprise l’attend à la pompe n°8 et pas des moindre. Un mot accompagne cet étrange colis.

” S’il te plaît, Ben, Grosse galère, Mon fils. Emmène-le aujourd’hui. Il s’appelle Juan. Confiance à toi seulement. Ne dis à personne. Pedro. “

Ce qui est surprenant, c’est qu’il connaît à peine Pedro. Alors pourquoi l’avoir choisi pour veiller sur son fils ?

Cette journée est à peine commencée, qu’elle lui réserve déjà son lot de surprises.

Il prend malgré tout la route pour honorer comme il se doit ses livraisons, ses clients comptent sur lui. Et rien ne l’empêchera de se renseigner pour retrouver Pedro sur le chemin.

” Ça secouait. La route ressemblait de moins en moins à une route et de plus en plus à une piste défoncée, semblable à celles que j’empruntais chaque jour pour livrer des biens de nécessité et de rares objets de luxe aux coyotes, aux ranchers miséreux étaux exilés de tout poil qui avaient choisi de vivre le long de la 117. Même si la neige et la pluie n’avaient pas ramolli la terre, j’étais prudent, à l’affût. “

Plus tard dans la journée, une terrible nouvelle va l’obliger à interrompre ses recherches. Son ami John, un prédicateur farfelu qui arpente la 117 avec sa croix, vient d’être grièvement blessé et abandonné au bord de la route.

Ben va tout mettre en œuvre pour le sauver, tout en cherchant le responsable de ce crime.

Il va se retrouver au cœur d’une enquête terrifiante des plus étranges.

Ce que j’en dis :

Je n’avais pas encore croisé sur ma route d’indien routier, maintenant c’est chose faite et j’aime autant vous dire que cette rencontre ne m’a pas laissé de marbre, bien au contraire.

En prenant la route 117 en compagnie de Ben, j’ai vécu une aventure extraordinaire sous haute tension, me retrouvant piégée pendant 350 pages avec beaucoup de mal pour m’en libérer, tellement le plaisir était intense et l’envie de poursuivre l’aventure sur cette route, immense.

Et puis il faut reconnaître que la présence de cet indien au grand cœur, à l’humour mordant m’a fait craquer. Je suis tombée sous son charme et suis devenue complètement accro à la plume de son créateur, James Anderson.

Bien évidemment je mériterais d’être mis au pilori, attachée et torturée par ses ancêtres (de Ben, je précise) pour ne pas avoir lu Desert Home, qui bien sûr se trouve dans ma bibliothèque. Mais bon, ça ne m’a pas pour autant empêché d’apprécier pleinement ce deuxième volet, et je suis bien décidée à remédier à cette lacune rapidement.

Je reprendrai la route 117 bordée d’un resto fermé depuis Mathusalem, vers cette ville fantôme, où les habitants surnommés les coyotes, résistent aux temps qui passent.

Une flopée d’âmes perdues qui vivent isolées du monde, fuyant peut-être on ne sait quoi ou même on ne sait qui ? Chacun portant son fardeau et même sa croix comme John, le pécheur repenti.

La route 117 pourrait être une succursale du fin fond de l’Alaska où les criminels se réfugient, mais elle est pourtant bien là, comme un mirage, coupant le désert de l’Utah.

Une route que Ben connaît par cœur, lui qui lui est fidèle à bord de son camion et la sillonne toute l’année pour ravitailler autant que possible ceux qui voudraient se faire oublier.

Alors il n’est plus à une tempête près…

Et je suis sûre qu’il n’aura rien contre un peu de compagnie, alors n’hésitez surtout pas à grimper dans sa cabine, vers Desert Home, sur la route 117 là où la folie des hommes ne meurt jamais.

Un formidable thriller, porté par une plume fascinante qui va vous hanter longtemps.

Un voyage américain d’exception.

Pour info :

James Anderson est né à Seattle et a grandi dans le Nord-Ouest Pacifique. Il est diplômé de Reed College et d’un Master d’écriture de Pine Manor College.

Ses écrits ont été publiés par de nombreux magazines dont The Bloomsbury Review, New Letters, Northwest Review

Il a notamment été éditeur et rédacteur en chef chez Breitenbush Books.

Après Desert Home (2017), La route 117 est son deuxième roman à paraître en France. 

Je remercie les Éditions Belfond pour cette virée envoûtante et bouleversante sur la route 117.

Johannesburg

Johannesburg de Fiona Melrose aux Éditions La Table ronde

Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Cécile Arnaud

Le 6 décembre 2013, la ville de Johannesburg s’apprête à porter le deuil, le grand Nelson Mandela vient de s’éteindre.

Ce même jour, Gin de retour après une longue absence, prépare une fête d’anniversaire pour les quatre-vingt ans de sa mère. Mercy, l’employé de maison, l’aide à tout organiser, tout en surveillant l’agitation au-dehors.

A quelques rues de la demeure, le peuple commence à se rassembler pour rendre hommage à Madiba.

September, un jeune mendiant, récemment blessé par balle au cours d’une grève, fait comme chaque jour la manche à un carrefour avant d’aller manifester devant la mine qui l’employait.

” Johannesburg était la grande prêtresse de l’agitation permanente. Elle était bâtie sur l’or. Ce serait toujours une ville pionnière, une ville frontière, la ville des chercheurs et des négociants. Des conducteurs, des piétons, des coups frappés en permanence à la vitre de votre voiture, toc toc toc, par des vendeurs à la sauvette, des mendiants et des filous qui mimaient la faim, la misère et la déchéance, trahis par leurs baskets et les écouteurs, par les bosses en papiers qu’ils attachaient dans leur dos, parce qu’une bosse rapporte de l’argent, un dos voûté accompagné d’une boiterie encore plus. C’était toujours pareil. L’assaut d’exigences. “

Johannesburg bruisse de vie et de mort en ce jour de forte chaleur et de tension historique. En s’installant à New-York, Gin avait fuit l’Afrique du Sud et ses démons. En l’espace d’une journée elle n’a d’autre choix, que d’y replonger, tête la première…

” À l’instant où elle prononça ces mots, elle eut honte de son aigreur – le seul fait d’être ici, de retour parmi ces vieux tableaux, ces vieux sofas et bureaux, l’avait réveillée. Comme si son enfance était conservée dans un secrétaire et qu’il avait suffi de tourner la clé, comme elle l’avait fait la veille au soir en cherchant un stylo, pour libérer ce venin.

La porte de sa mère était fermée. “

Ce que j’en dis :

En novembre 2016, je découvrais la sublime plume de Fiona Melrose à travers son premier et magnifique roman Midwinter, (ma chronique ici), qui m’avait emporté dans le Sufflok auprès de Landyn Midwinter et de Vale, son fils.

Cette fois l’auteur rends à travers cette histoire, un bel hommage à Johannesburg, sa ville de naissance.

Autour de différents portraits, Johannesburg, personnage à part entière, nous charme par sa beauté et nous bouleverse par toute cette pauvreté omniprésente qui l’habite.

Alors que Midwinter nous offrait une histoire mettant en scène son père et son fils, Johannesburg nous emporte auprès d’une mère et de sa fille, chacune liées à cette ville où d’autres destins rejoignent ce duo en nous offrant une histoire extraordinaire.

Fiona Melrose possède une plume singulière, touchante, d’une grande maîtrise qui vous envoûtera, tel ce chant d’amour, véritable offrande à cette ville, sans oublier Virginia Woolf qui rôde avec bienveillance entre ces pages, appréciant très certainement le subtil hommage qui lui est rendu.

Un voyage livresque de toute beauté.

Pour info :

Née à Johannesburg, Fiona Melrose a eu plusieurs carrières, notamment dans l’analyse politique pour des O.N.G. et le secteur privé.

Elle vit aujourd’hui en Afrique du Sud. 

Midwinter a été sélectionné pour le Baileys Women’s Prize for Fiction 2017.

Je remercie les Éditions de La Table ronde pour ce voyage émouvant en Afrique du Sud.

Les rues bleues

Les rues bleues de Julien Thèves aux Éditions Buchet.Chastel

“ Cette ville, qu’on appellera Paris, il n’y aura pas d’ambiguïté, coulait lentement entre deux rives, depuis des siècles, depuis des années, elle coulait lentement de jour en jour, vers sa destruction prochaine. ”

Souhaitant quitter sa province, notre narrateur est “ monté “ à Paris, dont il tombe très vite amoureux. Un amour qui ne cesse de grandir de 1989 à 2019.

Loin du cocon familial étouffant, il va pouvoir s’affirmer et découvrir les joies de la vie parisienne et ses plaisirs nocturnes.

Je deviens petit à petit un gay, un pédé, c’est le nom qu’ils se donnent, qu’on nous donne, qu’on se donne.

Tout ça m’attire irrémédiablement.

Cette culture.

Ces corps, bien sûr, mais surtout ce monde.

L’appel de la nuit.

Tout réinventer. “

Il partage avec nous ses souvenirs et nous offre une radiographie de Paris du côté architectural, historique mais aussi du côté social.

Comment le corps change, insensiblement ? Comment les amitiés se forment, se défont ? Comment une ville ne change pas – et en même temps se transforme ?

Au fil des pages, ses souvenirs prennent vie et réveillent les nôtres.

Paris s’illumine, scintille, mais parfois Paris souffre, Paris brûle, tombe de douleur mais toujours se relève.

“ Paris est à nous, plus que jamais, cela valait le coup d’y vivre, d’attendre, de ne pas se décourager, elle nous a tant apporté, la ville. ”

C’est l’histoire d’un homme et de sa ville, une bien belle histoire d’amour…

Ce que j’en dis :

Voilà tout à fait le genre de récit qu’il me plaît de découvrir. À travers cette plume très musicale, qui slame tout en poésie, on découvre l’histoire d’un homme mais aussi celle de sa ville de cœur.

Immanquablement, ses pensées, ses souvenirs réveillent les nôtres enfouis parfois très profondément et s’illuminent avec un brin de nostalgie.

On découvre son passé, où s’invite le nôtre, son histoire, tous ces moments mis bout à bout et font de ces instants de vie une grande histoire, un peu comme si parfois l’auteur nous interpellait : « tu te souviens ? ».

Lui se souvient autant que possible, du bon comme du moins bon, du long chemin parcouru à travers les ans, de sa ville qui comme lui se métamorphose au rythme des saisons, des jours, des années.

Le passé se mêle au présent et nous transportent dans le tourbillon de la vie avec une douce mélancolie le temps de trois décennies.

Un magnifique roman qui m’a fait penser au roman de Richard Bohringer : “ C’est beau une ville la nuit ” mais aussi à “ Paris est une fête ” d’ Ernest Hemingway, de beaux souvenirs de lecture auxquels“ Les rue bleues ” de Julien Thèves se rajoutent.

Une belle balade avec notre narrateur dans le Paris d’hier et d’aujourd’hui, que je vous invite fortement à découvrir.

Pour info :


Julien Thèves est né en 1972 à Strasbourg.

Il travaille dans la communication, dans l’édition, à la radio. Ses textes sont lus au théâtre, adaptés au cinéma et diffusés sur France Culture.

Il a reçu le prix Marguerite Duras pour son roman, Le Pays d’où l’on ne revient jamais.

Je remercie les éditions Buchet Chastel pour cette belle virée parisienne pleine de charme.

Tout ce que nous n’avons pas fait

Tout ce que nous n’avons pas fait de Bruno Veyrès aux Éditions du Toucan

” Dans le ciel, les nuages clairs s’étiraient, s’effilochaient, capitulaient. C’était notre dernier après-midi. J’ai promis à Mme Barns de redonner vie à Clive. Elle a souri, indulgente pour ma fascination, comme je lui avouais ce que je devais à son fils et ce qu’il était pour moi. Je lui ai demandé de choisir la photo de couverture du livre que j’écrirai. Elle n’a pas retenu le visage aux cheveux rasés qui me poursuit depuis mon premier été à Galina. Elle a préféré un cliché de Clive et de Rose devant le drive-in de Galina. Un choix de mère. J’ai quitté Mme Barns à l’heure du dîner, un gratin de pommes de terre de l’Idaho. Elle m’a laissé partir avec les conseils de prudence qu’on réserve à ceux qu’on aime. J’ai promis. Il était temps pour moi de rentrer, j’en savais assez sur tout ce que je n’avais pas fait. “

Bruno Veyrès a été touché par la guerre du Vietnam, de ce fait il a choisi de rendre hommage à travers ce récit à un des enfants sacrifiés de l’Amerique, Clive, un jeune vétéran qui n’est jamais revenu auprès des siens.

En remontant le fil du temps, on fait connaissance avec ce jeune homme, sa famille, ses amis, et l’on suit le cours de sa vie qui le mène petit à petit vers un destin tragique.

Ce que j’en dis :

Si le thème du livre m’a énormément plu, tout comme sa construction et sa présentation, je n’ai pas réussi à adhérer au style très détaillé de l’auteur.

J’étais pourtant très emballée au départ, mais plus j’avançais dans l’histoire plus je me détachais malgré l’ensemble du récit plutôt touchant, mais qui manquait de style, de relief pour que je sois davantage conquise.

Clive est en plus poursuivi par la malchance ce qui n’aide pas à rendre cette lecture attrayante.

C’est dommage car cet hommage est louable, et non démuni d’empathie, il manque juste un petit quelque chose pour lui donner plus de pep’s.

Un premier roman inspiré de fait réel intéressant même si j’en ressort assez mitigée.

Pour info :

Bruno Veyrès est médecin. Tout ce que nous n’avons pas fait est son premier roman.

Je remercie les Éditions du Toucan et Masse Critique Babelio pour cette découverte.

Saisons en friche

Saisons en friche de Sonia Ristić aux Éditions Intervalles

” C’est une ancienne gare de marchandises, désaffectée depuis des années. Plus de dix mille mètres carrés, une immense cour avec un quai de chargement au milieu, sous une verrière en plutôt bon état, et des entrepôts, des bureaux, une quantité de couloirs et de petites pièces. Avant d’investir officiellement les lieux la semaine précédente, ils n’avaient pas réalisé à quel point l’endroit était vaste. Cela faisait déjà plusieurs mois que le collectif avait été expulsé de la vitrerie-miroiterie datant du XIX° siècle dans laquelle ils avaient passé les deux années précédentes. Éparpillés, ils avaient quadrillé Paris à la recherche d’un nouveau squat. “

Dans cette bande de squatteurs nous allons y croiser, Alice, Thomas, Lena, Alexandre, Malo, Douma, Vladimir, Clémence, Nieves, et beaucoup d’autres. Ils nous offrent à travers ce collectif d’artistes en herbe, une véritable galerie de portraits éclectiques à la vie en friche.

 » Il y avait dans le sillage de Malo et Alexandre tellement d’ombre, et en même temps ces deux fous portaient également en eux tant de facétie, de folie et de rires que l’ombre était tenue à distance. C’est avec Alexandre et Malo que Douma avait découlé squat, toute la foule bigarrée qui s’y côtoyait, et il avait rapidement compris, que chacun, chacune, traînait ses propres fantômes, qu’il s’agissait d’un lieu fait pour celles et ceux qui redessinaient des cartes, reconstruisaient des mondes.  »

Tous rêvent de briller sur scène, que ce soit à travers l’écriture, la peinture, la comédie, le cirque, tout en unissant leurs forces et leurs idées pour y parvenir.

En attendant, ils vivent l’instant présent aussi intensément et aussi solidaire que possible tout en restant lucide sur l’avenir.

” Il y a toujours des éclats de voix, des disputes, des prises de têtes. Untel a oublié de sortir les poubelles, une autre a laissé un bordel innommable dans la salle blanche. Truc s’est servi dans le stock des boissons du bar sans le recharger et Machine s’est retrouvée dans la merde le soir du vernissage avec le frigo vide ; Bidule débarque systématiquement à midi le dimanche quand tout est bien installé et après on le voit passer son après-midi à drague, il met rarement les mains dans la plonge. Parfois, ça s’emporte en débattant des différences cruciales entre l’anarchie libertaire et le communisme autogestionnaire. Il y’a des drames et des pleurnicheries. L’utopie n’est pas tout à fait au point non plus, mais malgré tout, c’est la joie qui domine. “

Ce que j’en dis:

En s’inspirant de son passé, Sonia Ristić nous offre un roman choral plutôt touchant.

Elle nous offre ces tranches de vies, que chacun croque de mille façons selon ses envies, ses besoins, ses rêves au cœur de ce squat d’artistes.

Tous ont un point commun, ils aspirent à une vie meilleure, une vie plus pétillante.

Malgré le style assez décousu, un peu déstabilisant, l’auteure a réussi à m’embarquer dans son univers grâce à ces personnages plutôt attachants, dans cette aventure humaine où la France d’aujourd’hui résonne étrangement.

Une belle découverte.

Pour info :

Née en 1972 à Belgrade, elle a grandi entre l’Ex-Yougoslavie et l’Afriqueet vit à Paris depuis 1991. Après des études de lettres et de théâtre, elle a travaillé comme comédienne, metteuse en scène, mais aussi avec des ONG sur les actions autour des guerres en ex-Yougoslavie et des questions de Droits de l’Homme. Dans les années 2000, elle a fait partie du collectif du Théâtre de Verre et a créé sa compagnie, Seulement pour les fous. Elle encadre régulièrement des ateliers d’écriture et de jeu en France et à l’étranger. La plupart de ses textes ont été publiés ou mis sur les ondes. Elle a bénéficié de nombreuses bourses et a reçu plusieurs prix pour ses textes.

Je remercie Aurélie de l’agence un livre à soi et la maison d’éditions Intervalles pour cette aventure parisienne étonnante.

Nous avons les mains rouges

Nous avons les mains rouges De Jean Meckert aux Éditions Joëlle Losfeld

Présenté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche

 » – L’homme est une espèce bizarre qui veut sa sécurité. Il tue son aujourd’hui pour asseoir son demain. Il prostitue sa semaine pour assurer son dimanche. Il peint sa vie en gris ardoise, il invite chacun à venir uriner dessus, pour peu qu’on lui promette une vieillesse à coupons de rente. En vérité, je me soucie peu de la race des fonctionnaires. Entre le cloporte et la punaise, la place qu’on lui fait est encore trop honorable. Qui pense à son demain ignore la liberté. Et c’est une gentillesse à lui faire que de lui écraser la tête à coup de talon. Le mieux est encore de s’asseoir dessus ! “

Lorsque Laurent sort de prison, il ne s’attendait pas à trouver si tôt un emploi, ni même un foyer.

M. D’Essartaut, chef d’un maquis et père de deux jeunes filles lui offre la possibilité de rejoindre sa scierie.

Très vite, il va s’apercevoir que son nouveau patron, aidé de quelques acolytes et du pasteur Bertod continuent depuis deux ans, malgré la Libération, une épuration qu’ils pensent juste. Lors d’opérations punitives, ils s’attaquent aux divers trafiquants et profiteurs de la région.

” – Nous avons les mains rouges ! dit-il. Il nous faudrait un bain de justice et de pureté pour les laver. À toi, Laurent, nouveau parmi nous, neuf aussi dans le monde nouveau d’après la tourmente, de nous dire si tu crois encore à la justice et à la pureté. “

Jusqu’à ce que la mort de l’un d’eux, divise le groupe, les amenant à pratiquer le terrorisme, à commettre des meurtres, remettant en cause tout ce pour quoi ils se battaient et les conduisant vers une nouvelle tragédie.

Ce que j’en dis :

Qu’il fut bon de découvrir enfin cette belle plume.

Quelle chance d’avoir entre les mains un texte si fort à l’écriture singulière.

On ne peut que remercier les Éditions Joëlle Losfeld pour la publication des introuvables et des inédits de Jean Meckert.

Présenté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche, Nous avons les mains rouges, nous entraîne dans l’après-guerre aux côtés de résistants rebelles qui continuent la lutte, n’acceptant pas la fatalité.

Tel un cri de rage, ce récit saisissant écrit en 1947, s’impose par sa force, son style et font de ce roman un incontournable à découvrir expressément.

À travers les yeux de Laurent, en alliant suspens, Histoire, à travers des personnages forts, nous conduisant vers une fin sombre et déchirante, Jean Meckert nous offre un roman noir, profondément humain, d’un réalisme surprenant.

Une œuvre remarquable à savourer comme il se doit.

Pour info :

Jean Meckert naît à Paris en 1910. Mobilisé en 1939, il est interné en Suisse en 1940 à la suite de la débâcle et y écrit son premier roman, Les coups, que Gallimard accepte immédiatement.

Suivront plusieurs autres titres, tous salués par des grands noms de la littérature française tels que Raymond Queneau, André Gide, Roger Martin du Gard, Maurice Nadeau, Jean-Jacques Pauvert… ou plus récemment Manchette et Annie Le Brun.

Dès 1950, Marcel Duhamel le fait venir à la Série Noire où il s’impose, sous le nom d’Amila, comme l’un des meilleurs auteurs de polar français. 

Je remercie les Éditions Joëlle Losfeld de m’avoir donné l’occasion de découvrir cette merveille.

Le répondeur

Le répondeur de Luc Blanvillain aux Éditions Quidam

” Était-ce une façon honorable de gagner sa vie ? Doublure vocale. Pas plus indigne que de nettoyer des bureaux ou de mener des enquêtes de satisfaction. Il avait fait les deux. Et bien d’autres choses épuisantes, matinales ou nocturnes, dominicales, répétitives. Au moins, il pouvait rester chez lui, perfectionner son répertoire et bosser au lit. Sans compter qu’endosser provisoirement la vie d’un glorieux quinquagénaire, à son âge, n’était pas donné à tout le monde.  »

À la base, Baptiste est imitateur. Il maîtrise l’art de la contrefaçon des voies qui se sont tues. Et même s’il est plutôt doué, il n’attire guère la foule dans le théâtre associatif où il se produit. Alors lorsqu’un grand écrivain lui propose un job dans ses cordes, aussi étrange soit-il, il n’hésite guère.

Il prends alors possession du portable du romancier, avec pour mission de répondre à sa place à tous les appels. Il devient la voie de celui-ci et prends jour après jour possession de sa vie.

” Pendant un temps donné, quelqu’un vous déchargeait de votre vie, de vos relations, explorait vos habitudes et inventait des chemins. C’était risqué, bien sûr, mais Chozène avait-il quelque chose à perdre ? Qu’espérer du destin, quand on avait passé la cinquantaine, sinon la triste série des catastrophes prévisibles ? Baptiste lui permettait de relancer les dés, de redonner sa chance au hasard. Pour un homme ordinaire, c’était une aventure. Pour un romancier, une manne. “

Chozène, enfin libérer de toutes contraintes téléphoniques peut se remettre à l’écriture de son prochain roman.

Baptiste prends son job de répondeur aussi sérieusement que possible, prenant parfois quelques libertés. En quelques jours, il devient, père, ami, amant, écrivain, lui qui aime tant imiter les voix, va-t-il toujours y trouver autant de plaisir ?

À jouer avec la voix d’un autre ne risque t’il pas de perdre la sienne ?

Et Chozène, a-t-il encore voix au chapitre ?

” Baptiste souffla longuement et tenta de se tenir aux lisières des sentiments. Tâcha de se convaincre qu’au fond ce n’était pas sa vie. Pas tout à fait. “

Ce que j’en dis :

Imaginez un peu si vous pouviez vous décharger d’une corvée pesante, pénible et contraignante, quel bonheur ce serait au quotidien. Pour ma part j’ai toujours rêvé d’avoir un secrétaire pour gérer tous mes papiers, que ce soit le classement de ceux-ci ainsi que la correspondance administrative. Ce serait le pied, je pourrais lire encore plus, une fois libérée de cette contrainte.

Dans ce roman satirique, l’auteur nous offre une œuvre originale plutôt surprenante.

À travers trois personnages principaux, un écrivain, un imitateur et une jeune artiste peintre, on découvre le pouvoir de la voix, les dangers de la prêter au risque de perdre le fil de sa vie, ou au contraire la possibilité de lui donner une toute autre direction.

On pourrait croire à une farce, une idée farfelue d’un écrivain qui fait sa star, et pourtant ce roman mets également en avant les difficultés que peuvent rencontrer les artistes pour mener à bien un projet, tout en affrontant de vieilles blessures intimes qui font parfois barrage à la création.

Le répondeur risque d’en surprendre plus d’un c’est certain et risque de faire parler de nombreuses voix, alors si vous avez un message à lui transmettre, merci de parler après le bipppppppppppp…

Une belle découverte de cette rentrée littéraire 2020.

Pour info :

Professeur de lettres et passionné de lectures, Luc Blanvillain s’est rapidement spécialisé dans les romans jeunesse.

Il publie son premier roman chez Quespire en 2008, Olaf chez les Langre. Puis, il se tourne vers la littérature de jeunesse, désireux de retrouver le frisson que lui procuraient les grands raconteurs d’histoires qu’il dévorait dans son enfance, notamment Jules Verne et Alexandre Dumas.

Chacun de ses romans explore un genre, souvent très codifié, qu’il travaille et détourne : le policier avec Crimes et Jeans slim (Quespire 2010), le roman d’aventures, avec Une Histoire de fous (Milan, 2011) et Opération Gerfaut(Quespire 2012), la comédie sentimentale avec Un amour de Geek (Plon, 2011).

Il est également l’auteur de roman adulte qui se déroule à La Défense, au sein d’une grande entreprise informatique : Nos âmes seules (Plon, 2015)

Je remercie les Éditions Quidam pour cette lecture pleine de surprises.

Le cimetière des baleines

Le cimetière des baleines de Géraldine Ruiz aux Éditions le Nouveau Pont

Illustré par Lima Lima

 » J’essaye de me rappeler. Ma première rencontre avec le bateau et ses occupants. Une succession de sentiments remonte à la surface : l’enthousiasme, le doute puis la peur qui m’a tiraillée jusqu’au départ. La navigation n’était qu’un vague souvenir d’enfance. Surtout, je me demandais comment exercer en étant intégrée au sein d’une équipe composée de deux navigateurs, deux guides de haute montagne, un cadreur, un photographe et une artiste peintre. Il me semblait impossible de mettre de la distance. De me détacher du groupe alors que j’allais être impliquée dans son action. Le projet étant de mener le voilier jusqu’au Lofoten, un archipel montagneux au nord de la Norvège ; à terme, Thémis voyagera avec des adolescents en difficultés. “

Pendant un mois, des hommes et des femmes qui ne se connaissent pas vont voyager ensemble sur un voilier vers les îles Lofoten en Norvège.

Pendant cette traversée, ils vont vivre des moments extraordinaires, jusqu’à une rencontre improbable.

” Soudain, elle se dévoile.

Son souffle puissant attire nos regards dans sa direction. Dans une parade suggestive laissant deviner l’ampleur de sa masse noire d’une longueur équivalente à celle du bateau, elle découvre sa nageoire dorsale. Elle longe Thémis et quelques mètres nous séparent.

Hurlements de joie mêlée à la stupeur. “

Soudain le cœur s’apaise ; croiser sa première baleine peut changer une vie.

Ce que j’en dis :

Partir à la découverte de ce récit, c’est prémisse d’un voyage extraordinaire à bord du voilier le Thémis en direction de la Norvège, avec des hommes et des femmes de tout horizon, qui vont s’ouvrir les uns aux autres, vague après vague, en posant un regard vers la mer, véritable source de bien-être et d’apaisement. Un voyage qui va leur faire don d’une rencontre inoubliable, qui marquera à jamais les esprits, véritable cadeau comme seule dame nature est capable d’offrir, un instant magique, de toute beauté.

Qu’il fut bon de s’évader à travers ces pages, d’admirer les paysages, la mer, les flots à travers les magnifiques illustrations de Lima Lima, de se laisser emporter par la douce mélodie de la plume de Géraldine Ruiz.

Une véritable aventure humaine et marine qui procure la sérénité, la quiétude et donne une folle envie de prendre le large…

Pour info :

Géraldine Ruiz est journaliste itinérante et auteure. Elle vit là où elle écrit ; Paris, Manille, Bordeaux, Memphis. Ou sur un voilier, le temps d’un été.

La démarche de Lima Lima est triple ; l’art urbain, le travail personnel en atelier et la peinture en décor, l’un faisant écho à l’autre. Son travail est centré sur l’humain et le vivant. Elle accorde de l’importance à la poésie des détails dont la vie nous entoure.

Je remercie infiniment les Éditions du Nouveau Pont pour ce voyage de rêve empli de poésie.

La soustraction des possibles

La soustraction des possibles de Joseph Incardona aux Éditions Finitude

 » Le découragement plie sous le poids de l’orgueil. Elle refuse de pleurer, ou alors juste quelques larmes, par dépit. Des larmes de rage.

Elle comprend maintenant qu’il y aura de la souffrance. L’escroquerie des sentiments. Un territoire dont on ne connaît pas la frontière, un univers en expansion. La souffrance commence cette nuit, à 22 heures 30.

Odile l’ignore. Odile est un maillon de la chaîne de tout ce qui suivra, à la fois cause et conséquence de cette histoire.

Comédie et tragédie.

Le chat et la souris. “

Synopsis à ma façon :

Pour découvrir ce qui se cache derrière ce titre et cette couverture couleur lingot d’or, il convient de bien observer l’illustration et de faire travailler son imagination.

Pour vous aider un peu, je peux éventuellement donner un nom à chaque engrenage.

Il y Aldo, un professeur de tennis, qui joue aussi le gigolo pour joindre l’utile à l’agréable. Puis Odile, une femme mariée qui fait appel aux différents services d’Aldo. Rajoutons Svetlana, une jeune financière à l’avenir prometteur, son patron un banquier, un avocat, des petites frappes, mais également un mafieux Corse sans oublier sa sœur, et surtout de l’argent, beaucoup d’argent qui les relie les uns aux autres, et fait tourner l’engrenage.

” Certains lieux attirent la richesse. La richesse et la tragédie. “

Vous voilà parés, prêts pour vous lancer dans cette fresque ambitieuse qui vous fera voyager entre la Suisse et le Mexique en passant même par la Corse, avec du fric qui n’appartient qu’à eux, en compagnie de loups aux dents très longues.

 » L’argent, ça incite à péter plus haut que son cul.

Ouais.  »

Ce que j’en dis :

J’avais beau m’attendre à du grand art, je n’en ai pas moins été soufflé.

Comme tout artiste, il lui a suffit de quelques idées, finement liées les unes aux autres avec style, une bonne dose d’ironie, une pointe de causticité, du tragique mais également de l’humour, une bonne pincée de vérité, le tout arrosé d’amour, de sexe mais surtout de fric et vous obtiendrez un roman noir d’exception.

Si Joseph Incardona était une action, sa côte en bourse vaudrait de l’or.

Si Joseph Incardona était une œuvre d’art, il serait vendu chez Sotheby’s pour une somme terriblement indécente.

Si Joseph Incardona était lieutenant de police, il se prénommerait Columbo, malin comme un singe, toujours là on l’attend le moins.

Mais Joseph Incardona est écrivain, mais alors quel écrivain, il est suisse en plus, l’engrenage de qualité ils connaissent là-bas, de véritables experts et les secrets bancaires n’en parlons pas, tout s’explique.

La soustraction des possibles est un beau pavé audacieux à la mécanique impitoyable.

Mettez-vous à l’heure Suisse et ne le ratez surtout pas.

Pour info :

Joseph Incardona est né en 1969, de père sicilien et de mère suisse.

Écrivain, scénariste et réalisateur, il est l’auteur d’une quinzaine de livres. Personnalité atypique et auteur prolifique, ses références sont issues à la fois de cette culture de l’immigration ainsi que du roman noir et de la littérature nord-américaine du xx siècle.

Malgré la gravité des thèmes qu’il a pour habitude de traiter avec un style très noir et rythmé, on trouve aussi dans ses oeuvres un ton décalé souvent associé à une forme de pudeur.

Il remporte en 2011 le Grand prix du roman noir français avec Lonely Betty et en 2015 le Grand prix de littérature policière pour Derrière les panneaux il y a des hommes, tous deux parus aux éditions Finitude.

On lui doit plus récemment Permis C (BSN Press, 2016) – repris chez Pocket sous le titre Une saison en enfance –, Chaleur (Finitude, 2017 ; Pocket, 2018, Prix du Polar Romand) et Les Poings (BSN Press, 2018).

Son nouvel ouvrage, La Soustraction des possibles, est son dernier roman paru en 2020 chez Finitude.

Je remercie les Éditions Finitude et Masse Critique Babelio pour ce roman noir extraordinaire.

Cinq cartes brûlées

Cinq cartes brûlées de Sophie Loubière aux Éditions Fleuve Noir

Sanglante agression dans un hôtel à Saint-Flour

Un premier témoignage glaçant

(…) Interrogée par la police, Caroline V. N’a pas été en mesure de dire si quelqu’un d’autre était entré ou sorti de la pièce où s’est déroulé le drame. Mais ce qu’elle a pu en voir témoigne d’une agression violente. « Il y’a du sang partout, même sur les murs. » Un évènement qui restera pour elle une expérience traumatisante. Les deux protagonistes du drame ont été hospitalisés. Si la femme semble présenter des blessures superficielles, l’homme retrouvé entièrement dévêtu au milieu d’une marre de sang est dans un état critique.

M. Rusa Cher – la montagne.fr – 21 octobre 2011 “

Pour comprendre cette fin de partie sanglante, il va falloir redistribuer les cartes, remonter le temps, se prendre au jeu tout en restant bon joueur, car l’auteure de ce thriller psychologique dispose de quelques jokers pour brouiller les pistes.

Parmi les joueurs, nous allons croiser Laurence Graissac, et son frère Thierry qui adore jouer les tyrans avec sa sœur. Sans oublier la mère qui gère comme elle peut son divorce et l’éducation de ses enfants. Puis le docteur Bashert s’invitera à la table et mise après mise, ce pigeon pourrait bien y laisser quelques plumes.

Laurence a perdu quelques parties au cours de sa vie, elle n’a pas toujours eu les bonnes cartes entre ses mains, elle n’a pas toujours misé sur le bon cheval et les blessures du passé sont difficiles à effacer et pourtant lorsqu’elle croise la route de Bashert, elle s’autorise à espérer une vie meilleure, encore faudra-t-il que cette fois, la nouvelle donne soit enfin la bonne.

Ce que j’en dis :

Comme d’habitude je fais le choix de rester vague, car quel intérêt de vous dévoiler toute la mise en scène de cette histoire divinement orchestrée.

Car des atouts, il en a ce roman, bien davantage que dans un jeu de tarot c’est certain.

Il possède déjà une belle plume, une plume qui roman après roman a gagné en maturité et en intensité.

À travers ce thriller psychologique qui flirte avec le roman noir, Sophie Loubière explore l’univers complexe de la famille , parfois destructeur pouvant occasionner dès l’enfance certains traumatismes qu’il faudra apprendre à gérer à l’âge adulte si c’est encore possible, tant parfois les dégâts sont irréversibles.

Tout comme l’univers du jeu, d’un abord attrayant, divertissant mais qui peut très vite entraîner le joueur vers le vice d’une addiction dangereuse.

Comme dans un jeu de cartes, chaque personnage joue un rôle important et plonge le lecteur dans une partie endiablée qui conduira vers un dénouement surprenant, complètement inattendu.

En s’inspirant d’un réel fait divers, l’auteure a réussi d’une main de maître à construire un véritable château de carte, une histoire aussi bouleversante que démoniaque, l’histoire d’une petite fille trop souvent brimée qui rêve d’être un jour une reine de cœur.

Vous pouvez d’ores et déjà miser sur Cinq cartes brûlées, c’est gagné d’avance.

Pour info :

Sophie Loubière s’est longtemps partagée entre l’écriture et le journalisme (« Parking de nuit » sur France Inter, « Info Polar » sur France Info) avant de se consacrer pleinement à la littérature.

Elle a publié une dizaine de romans et une centaine de nouvelles policières. En 2011, L’Enfant aux cailloux, plusieurs fois primé et traduit en langue anglaise, lui vaut une reconnaissance internationale. En 2015, À la mesure de nos silences revient sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale sous la forme d’un road-movie initiatique. En 2016, White Coffee prend ses quartiers du côté de la mythique Route 66, faisant suite à Black Coffee, avec ce même attachement porté à fouiller les abîmes de l’âme humaine au travers de décors fascinants.

Je remercie Sophie pour ses délicates attentions, et lui souhaite de rafler au passage quelques prix bien mérités.