L’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney aux Éditions Au Diable Vauvert
Illustrations de Fanny Etienne-Artur
” Les gens du clan ne s’occupent pas des enfants abandonnés, car selon leurs croyances il n’est pas sage de consacrer du temps à une descendance qui n’est pas du même sang. Si une lignée doit s’éteindre, c’est qu’une volonté qui échappe aux hommes est à l’œuvre et qu’il est donc futile de s’y opposer. Certains considèrent même qu’il peut être dangereux de changer ainsi le cours du monde. Ainsi, dans l’enfer hostile de la Forêt de Pierres et des Hautes-Terres, les orphelins tels que moi étaient abandonnés, et on les laissait périr de froid, de faims, ou entre les crocs des prédateurs. “
Syffe est orphelin des rues, il ignore tout de ses origines. Il loge avec Brindille, Merle et Cardou chez la mère Tarron dans une fermette à l’extérieur des murs de Corne- Brune, au pied de la colline du verger.
Il survit librement de rapines et de corvées, jusqu’au jour où il se retrouve contraint d’entrer au service du seigneur local. Il passe la moitié de son temps à apprendre la chirurgie auprès d’un maître d’apprentissage et l’autre moitié, il est le serviteur d’un affreux propriétaire.
” (…) je découvris réellement le sentiment d’injustice. Les vestiges, ce qu’il me restait de conceptions toutes faites sur le fonctionnement du monde, de notions un peu stupides qu’avaient nourries les contes brunides et claniques, les méritants récompensés et les méchants punis, se voyaient définitivement bouleversés. «
“ (…) Mes yeux se brouillèrent de larmes, parce que je ne comprenais pas, je ne comprenais rien du tout, et tout était allé si vite. Ma vie entière venait d’être réduite à néant. J’étais un fugitif dans ma propre ville et on me cherchait pour me pendre. ”
Son existence bascule, il se retrouve accusé de meurtre. Condamné à prendre la fuite malgré son innocence, il épouse le destin rude d’un enfant-soldat.
” Irrité par mon air absent, le Var s’arrêta tout à coup pour me transpercer du regard. « Je ne sais pas si tu es au courant », fit-il, en haussant le ton, « mais je vais faire de toi un guerrier. Chaque mot que je prononce, chaque geste que je fais vise à t’y préparer. Et tu as intérêt à m’écouter quand je te parle, Sleitling, parce qu’un jour cela fera peut-être la différence entre un Sleitling mort et un Sleitling vivant. »
Ce que j’en dis :
Il est bon de sortir des sentiers battus et de se retrouver au cœur de Corne-Brune pas loin de la forêt de Pierres au côté de Syffe naît sous la plume d’un véritable conteur.
L’auteur m’avait auparavant embarqué dans des romans noirs de toute beauté et c’est sans aucune appréhension que je me suis aventurée dans ce nouveau roman faisant absolument confiance à son talent. Et point de déception, bien au contraire.
Dès les premières pages, je suis captivée par le récit, le style, l’écriture et jamais je n’aurais cru qu’un tel monde imaginaire me réjouirait autant. Ce livre est magique, il a le pouvoir de rendre réel un monde irréel. D’emblée on s’attache à Syffe et à ses amis. D’aventure en aventure on va découvrir son histoire, les pages défilent sans temps morts, sans longueurs, c’est juste fantastique.
Je suis une novice dans le roman fantasy, mais une chose est sûre, j’y ai pris autant de plaisir qu’en lisant la mort de roi Tsongor de Laurent Gaudé.
Je suis vraiment admirative devant la puissance narrative de ce roman, et j’ai hâte de retrouver Syffe pour de nouveaux exploits.
Un roman surprenant, bluffant, passionnant et agréablement illustré, qui en font un magnifique objet de collection.
À lire pour se faire plaisir et vivre une aventure extraordinaire, à offrir pour faire vraiment plaisir à tous les amoureux du genre.

Né en Angleterre, Patrick K Dewdney vit dans le Limousin depuis l’enfance. Après avoir publié poésie et roman noir, il a reçu le prix Virilo pour Écume (ma chronique ici). Projet d’une vie, l’Enfant de poussière ouvre la saga de fantasy historique de Syffe.
Je remercie les éditions Au diable Vauvert pour cette histoire extraordinaire.
