Lorsque le dernier arbre

Lorsque le dernier arbre de Michael Christie aux Éditions Albin Michel

Traduit de l’anglais (Canada) par Sarah Gurcel

“ 2038 […] le Grand Dépérissement. À mesure que succombent et disparaissent les forêts primaires partout sur le globe, le sol se dessèche faute d’arbres pour protéger la terre des rayons du soleil implacables, ce qui entraîne la formation de nuages de poussière assassins. Leurs particules extrafines étouffent la terre, comme les tempêtes de poussière des années 1930 qui dévastèrent les plaines du sud des États-Unis, mais cette fois-ci à une échelle bien supérieure : les plus grandes fermes industrielles se retrouvent ensevelies et des villes entières, étranglées. ”

S’aventurer entre ces pages, c’est comme s’aventurer dans la forêt de séquoias en Californie. On profite de l’instant, admirant ces arbres majestueux qui ont traversé plusieurs générations tout en ayant une pensée pour les années passées qui ont vu grandir cette forêt. Et lorsqu’une souche se présente, elle nous offre la possibilité de comptabiliser les années à chaque cerne, de sa naissance à sa chute.

En voyageant à travers le temps, tel l’arbre qui à chaque sillon nous offre une tranche de vie, Michael Christie tisse son histoire à travers des hommes et des femmes d’une génération à l’autre, enracinées à cette terre, liées à jamais à ces arbres, qu’ils les protègent ou les détruisent.

“ 1934 […] Le lendemain matin, ils traversent la partie incendiée pour rejoindre la zone où Harris sait que se dressent les géants de l’île. Feeney s’arrête au pieds du plus impressionnant de tous, un pin d’Oregon monumental de plus de soixante mètres de haut, enrobé dans une écorce de trente centimètres d’épaisseur. Main dans la main, la tête renversée, les deux hommes l’examinent quelques instants en silence.

« Magnifique, finit par dire Feeney. Je ne vois pas d’autre description possible. […] Ils regardent toujours vers le haut et Harris fait de son mieux pour imaginer l’entrelacs des branches. « C’est étrange, tu ne trouves pas, Liam, qu’il suffise d’acheter la terre où un arbre pareil est enraciné pour avoir le droit de le détruire à jamais ? Et le plus étrange, c’est qu’il n’y a personne pour nous en empêcher. » ”

Du Grand Dépérissement de 2038, en passant par Greenwood Island, un coin de paradis perdu en Colombie Britannique, puis revenant en 1974 où l’on fait connaissance d’une militante écologique qui tente de sauver les forêts, passant ensuite en 1930 au cœur de la grande dépression , puis découvrant 1908, là où tout à commencer…

“ 1908.De nos jours, on parle beaucoup d’arbres généalogiques, de racines, de liens du sang etc., comme si les familles existaient de toute éternité et que leur ramifications remontaient sans discontinuer jusqu’à des temps immémoriaux. Mais la vérité, c’est que toute la lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, commence un jour quelque part. Même les arbres les plus majestueux ont d’abord été de pauvres graines ballottées par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre.

Nous le savons avec certitude parce que, la nuit du 29 avril 1908, une famille a pris racine sous nos yeux. ”

1908. Suite à un accident de train, Harris et Everett, deux jeunes garçons de familles différentes, devenus orphelins deviendront frères. Livrés à eux-mêmes, ils grandiront dans les bois, Harris fera par la suite des études et deviendra un magnat du bois, tandis qu’ Everett moins chanceux, connaîtra un tout autre destin.

Le temps poursuivra son œuvre, 1934, 1974, 2008, 2038 et la destinée de Willow, de Jacinda, de Liam suivra…

1974. “ Pourquoi les gens sont-ils programmés pour vivre juste assez longtemps pour accumuler les erreurs, mais pas pour les réparer ? Si seulement nous étions comme les arbres, se dit-elle […] Si seulement nous avions des siècles devant nous. Peut-être alors pourrions-nous redresser tous les torts que nous avons causés. ”

Au milieu des arbres, quatre générations se succèdent sans jamais nous perdre à travers la formidable fresque familiale de Michael Christie qui voyage à travers le temps.

Dans un style unique et une construction remarquable , l’auteur nous offre une œuvre aussi écologique que sociale à travers des personnages incroyables et une trame extraordinaire.

Un roman passionnant, enrichissant qui nous fait réaliser à quel point les arbres sont précieux, l’arbre symbolisant la vie mais lorsque le dernier arbre tombera, un avenir sombre suivra.

Après un formidable recueil de nouvelles en 2012, Michael Christie s’impose avec ce roman de toute beauté, une plume canadienne talentueuse à ne pas rater.

Mon plus beau coup de foudre de la rentrée.

Pour info :

Originaire de Vancouver, en Colombie Britannique, Michael Christie avait fait une entrée remarquée sur la scène littéraire avec son premier recueil de nouvelles, Le Jardin du mendiant (Albin Michel, 2012).

Traduit dans une quinzaine de langues, Lorsque le dernier arbre a été finaliste du prestigieux Giller Prize et récompensé par le Arthur Ellis Award for Best Novel.

Je remercie les Éditions Albin Michel pour ce roman terriblement majestueux.

Transparence

Transparence de Marc Dugain aux Éditions Folio

“ Cette façon de voyager dans l’espace aussi bien que dans le temps était d’autant plus pratique qu’elle évitait le contact avec les autres touristes à un moment où le dégel de la Sibérie libérait des bactéries inconnues, puissantes, contagieuses et parfois mortelles. Rester chez soi dans un monde virtuel a donné aux individus un sentiment de liberté totale qu’ils avaient complètement perdu dans le voyage, cette évasion factice, régulée au point que plus aucune spontanéité ne pouvait s’en dégager. Plus les années ont passé, plus le confinement a présenté des avantages. Chez soi, l’air était filtré, on pouvait y pulser de l’oxygène, ce qui n’était pas le cas à l’extérieur où la pureté de l’air avait disparu de la planète entière pour faire place à des compromis plus ou moins toxiques, où les alertes se succédaient, encourageant les gens à ne pas sortir de chez eux et à oxygéner leur habitat. ”

Chers lecteurs, en lisant cet extrait de Transparence de Marc Dugain, vous pourriez presque penser lire un article d’un journal publié récemment, tant ce passage résonne en nous actuellement depuis le début de la pandémie mondiale qui nous oblige à vivre presque cloîtrée en attendant les jours meilleurs.

Et pourtant ce roman est sortie en librairie en 2019, mais il prends un tout autre dimension lorsqu’on le découvre en 2021, comme ce fut le cas pour moi.

Évidemment nous sommes dans ce que le jargon littéraire nomme : roman d’anticipation. Et bien c’est justement là où le bas blesse.

Et si Marc Dugain était comme certains auteurs un visionnaire ?

Nous sommes ici en 2060, en pleine révolution numérique où une femme, Cassandre Namara est à la tête d’une entreprise appelée TRANSPARENCE, qui a pour but de récupérer les données personnelles.

Elle s’apprête à commercialiser un programme révolutionnaire baptisé « Endless ». Il serait capable de sauver l’humanité qui est déjà considérablement en danger. Les réserves naturelles s’épuisent, la population a atteint un seuil critique, le chômage ne cesse d’augmenter, sans parler du dérèglement climatique.

– Vous avez voulu faire croire à votre foi en Dieu alors que vous ne croyez qu’en l’argent et vous avez entrainé le monde derrière vous dans cette géante hypocrisie. L’hystérie dans laquelle nous a plongés la mondialisation a multiplié la production de produits chimiques par 300 entre 1970 et 2010 par 1000 depuis. Nous avons tellement modifié notre environnement que nous sommes contraints de nous modifier nous-mêmes pour survivre à ce nouvel environnement. ”

Cassandre Namara s’attaque dans un premier temps au géant Google, puis propose l’immortalité, jusqu’à l’arrivée de la police locale qui souhaite l’interroger, la suspectant d’un homicide selon certains témoins.

“ – Ne laissez pas votre imagination vous manger le cerveau, ne vous obstinez pas à savoir pour le moment, l’obsession est mauvaise conseillère, elle déforme volontiers la réalité de son sujet pour mieux s’en nourrir, non, dites-vous simplement que lundi tout vous paraîtra limpide. ”

Il est clair qu’à travers Cassandre Namara, Marc Dugain a de nombreux messages à faire passer, il n’est pas le premier et ne sera pas le dernier à nous offrir une image préoccupante de notre futur.

Et même si ce n’est qu’un roman, il a le mérite de réveiller notre conscience, de nous interroger à travers cette intrigue captivante, avec une fin à la hauteur du roman aussi explosive que surprenante.

Si comme moi vous aviez reporté ou raté sa sortie en grand format, le format poche est dorénavant disponible, et c’est justement maintenant qu’il est quasiment indispensable de le découvrir.

Ça se lit comme un thriller mais c’est bien plus intelligent, bien plus percutant, et c’est sous la plume d’un auteur qui nous embarque vers une histoire où la fiction rejoint la réalité dans un style vif presque terrifiant, une image tellement réaliste de notre monde.

Pour info :

Marc Dugain est né le 3 mai 1957 au Sénégal.
Après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l’Institut d’études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d’une compagnie d’aviation.
À 35 ans, il écrit son premier roman, La Chambre des officiers (1998), primé vingt fois (prix Nimier, prix des Libraires, prix des Deux-Magots…) et adapté au cinéma.
Il sort ensuite Campagne anglaise, Heureux comme dieu en France, La Malédiction d’Edgar, Une exécution ordinaire (2007), L’insomnie des étoiles (2010) et plus récemment L’Avenue des géants(2013), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle.
Friand d’horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001.
Le prix du Roman-News, qui récompense une oeuvre de fiction inspirée de l’actualité, vient couronner en 2014 L’Emprise de Marc Dugain. Il sortira L’Emprise 2 : Quinquennat en 2015 et L’Emprise 3 : Ultime partie en 2017. La même année, il publie le roman Ils vont tuer Robert Kennedy aux éditions Gallimard.

Je remercie les Éditions Gallimard pour ce roman coup de poing.

Ultramarins

Ultramarins de Mariette Navarro aux Éditions Quidam

“ Elle a repris la mer il y a un mois, remplacé un collègue au bord de la retraite , content de lui céder les périodes les plus longues, les Noëls et les étés, les moments de repos scolaire. Elle accepte tout, récupère le cargo où qu’il soit, reprend l’inventaire, rattrape les retards. Elle a l’impression depuis quelques temps de naviguer sur du velours, d’avoir trouvé dans son métier la fluidité d’une danse parfaitement exécutée. Le cargo, quand elle ferme les yeux, c’est son corps à elle, stable et droit. À en oublier les vagues. ”

A bord d’un cargo de marchandises, une femme qui n’est autre que la commande de l’équipage.

Au cours d’une traversée de l’Atlantique, elle autorise une baignade en pleine mer, baignade où elle sera la seule à ne pas participer.

“ Ils glissent dans l’eau. […] Cages thoraciques compressées par l’immense océan : on dirait que la masse énorme, et par endroits grise, ne se laisse pas pénétrer facilement, il n’y a qu’à voir comment, depuis le départ, elle réfère systématiquement l’eau derrière le cargo, qui pourtant met toute sa force pour la fendre. On ne la déchire pas comme un tissu, on n’y laisse pas d’empreinte comme dans le sable. En y plongeant, on se condamne à l’invisibilité. ”

De cette baignade naît une sensation de vertige suivis d’étranges phénomènes qui se poursuivront pendant toute la traversée, comme si le bateau prenait son indépendance.

La plume de Mariette Navarro vous envoûte tel le chant des sirènes entendu par Ulysse et nous embarque pour un voyage maritime où la beauté des mots coule à flots.

La magie opère et cette fable où la poésie s’invite entre les vagues nous fait dériver hors de notre zone de confort, en pleine mer.

Ne résistez pas à l’appel du large, et tel ce clandestin, montez à bord pour une croisière on ne peut plus fantastique.

Pour info :

Mariette Navarro est née en 1980.

Elle est dramaturge et intervient dans les écoles supérieures d’art dramatique.

Depuis 2016, elle est directrice avec Emmanuel Echivard de la collection Grands Fonds des éditions Cheyne, où elle est l’auteure de deux textes de prose poétique, Alors Carcasse (2011, prix Robert Walser 2012), Les Chemins contraires (2016). Et chez Quartett de 2011 à 2020, des pièces Nous les vagues suivi de Célébrations, et de Prodiges, Les Feux de poitrine, Zone à Etendre, Les Hérétiques, Désordres imaginaires.

Ultramarins est son premier roman.

Je remercie les Éditions Quidam et l’agence Un livre à soi pour ce voyage maritime magique.

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Gibert

Serenata et Remington forment un couple de sexagénaires plutôt unis. Serenata a pourtant toujours été assez individualiste, réussissant malgré tout à fonder une famille, même si elle est loin de se considérer comme une mère parfaite, elle a trouvé un certain équilibre dans son couple. Seulement voilà, les douleurs liés à la vieillesse et aux mauvais états de ses genoux ne lui permettent plus la pratique de tous les sports qu’elle aimait tant. Fini la course à pieds et même pour le vélo ça devient compliqué.

“ La douleur est de façon déconcertante une chose intime. Il semble inconcevable qu’elle ait pu vivre pareille épreuve sans que les centaines de sportifs amateurs qui empruntaient cette voie s’en aperçoivent. La douleur vous isole, car si on ne la ressent pas, on n’y pense pas et si on la ressent, on ne peut penser à autre chose. Cet état vous sépare à ce point des autres qu’on peut l’assimiler à une sorte de confinement solitaire. Personne ne s’intéressait à ce qu’elle vivait et elle comprenait cette indifférence aussi, parce qu’elle était devenue une personne inutile, un fardeau plus lourd encore que Carlisle. ”

Là voilà donc, on ne peut plus surprise lorsque Remington qui n’a jamais pratiqué de sport lui annonce qu’il courra prochainement un marathon.

Elle, la grande sportive de la maison qui doit mettre son corps au repos, assiste avec un certain regard ironique aux entraînements de son époux, qui s’est en plus laissé embobiner par une coach sportive surnommée Bambi, en plus du matériel sportif exorbitant acquis au fil des jours.

“ L’acquisition était venue s’ajouter au nombre des dépenses exorbitantes, Remington étant désormais prôné de cette impulsion typiquement américaine qui consiste à dépenser beaucoup sans en avoir les moyens. ”

C’était déjà pas facile de raccrocher pour Serenata mais entourée dorénavant des amis sportifs de Remington, ça deviendrait presque une torture.

Le couple va-t-il réussir à surmonter cette compétition d’égo ? Un véritable marathon est en marche pour ces sexagénaires, une course contre la montre face au temps qui passe, à la vieillesse qui les rattrape, aux habitudes qu’il faut changer…

Lionel Shriver met à nue la vie d’un couple de sexagénaires avec une certaine ironie, explorant de nombreux thèmes tels que la vieillesse, la famille, le sport, le culte du corps, la dure acceptation du temps qui passe et des nouvelles règles de vie qu’imposent les douleurs des corps usés. Véritable marathon de mots pour décrire la place importante que le sport peut prendre au sein d’un couple qu’il soit pratiqué ou en passe de devenir un lointain souvenir.

Un regard juste sur ce couple qui doit accepter que la jeunesse s’en est allée, et qu’il faut mettre son corps au repos pour faire encore un bout de chemin ensemble.

Pour info

Née en 1957 en Caroline du Nord, Lionel Shriver a fait ses études à New York.

Diplômée de Columbia, elle a été professeur avant de partir parcourir le monde. Elle a notamment vécu en Israël, à Bangkok, à Nairobi et à Belfast.

Après Il faut qu’on parle de Kevin (Belfond, 2006 ; J’ai Lu, 2008), lauréat de l’Orange Prize en 2005, La Double Vie d’Irina (Belfond, 2009), Double faute (Belfond, 2010), Tout ça pour quoi ? (Belfond, 2012 ; J’ai Lu, 2014), Big Brother (Belfond, 2014 ; J’ai Lu, 2016) et Les Mandible, une famille (Belfond, 2017 ; Pocket, 2019), Propriétés privées ( Belfond 2020 ; Pocket 2021) Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes est son huitième roman traduit en français.

Lionel Shriver vit entre Londres et New York avec son mari, jazzman renommé.

Je remercie les Éditions Belfond pour ce marathon de mots aussi caustique que réaliste.

Confessions (ou les spams d’une âme en peine)

Confessions (ou les spams d’une âme en peine ) d’Alain Cadéo aux Éditions de La Trace

“ – Mais c’est quoi ce speech d’intello ? D’où ça sort ? À tous les coups, c’est un gag de Jimmy. Ce fumier s’est démerdé pour me pourrir la vie. Je vais le kicker vite fait bien fait…

– Ces mails, ça me flanque la trouille ! C’est comme. Un Zombie sorti de son cerveau. Quand je le lis, j’ai même l’impression de sentir un vieux souffle pourri. Soyez gentil Monsieur, ne m’envoyer plus ces messages. Je ne suis pas intéressée. Je n’aime pas la fiction. ”

Un beau jour apparaissent sur les boîtes e-mail de la population de singuliers messages de Staccato, qui ont la particularité de s’effacer qu’une fois lu. De quoi bien pourrir les messageries déjà surchargées de publicités divers.

Certains s’en amusent, mais pour d’autres cette intrusion forcée est scandaleuse.

Et pourtant cette âme errante qui hante les messageries en attendant de trouver la paix avant le repos éternel a encore des choses à écrire, et pour les internautes l’enfer ne fait que commencer.

“ J’ai blessé. J’ai tué. Les mots sont chiens en liberté qui ont tôt fait, si on lâche la bride, de devenir sauvages, enragés. ”

Alain Cadéo, grand maître des mots, illustre penseur pose un regard éclairé sur le monde virtuel en nous livrant un roman on ne plus original né pendant ce confinement interminable.

Privé de vrai contact humain, l’inspiration semble avoir été puisé à travers sa boîte e-mail, et cela donne une histoire savamment orchestrée, drôle et pertinente.

Totalement inclassable ce récit ravira évidemment tous les amoureux de la plume de l’auteur, tout en charmant au passage de nouveaux lecteurs avides de sortir des sentiers battus.

Une belle parenthèse littéraire assez surprenante et on ne peut plus divertissante à mettre entre toutes les mains.

Pour info :

Membre de la Société Académique des Arts Sciences Lettres, Alain Cadéo est l’auteur de plus de vingt ouvrages. Une vie d’écriture à la fois complexe et généreuse, celle d’un homme qui offre les mots en brassées comme un souffle du verbe. Ces textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable comme sa littérature.

Les garçons de la cité-jardin

Les garçons de la cité-jardin de Dan Nisand aux Éditions Les Avrils

“ Dire qu’un jour, quelqu’un a voulu ce quartier, ces rues, pour y implanter quelque chose comme une société idéale. Trois quarts de siècle plus tard, voici les fruits de cette belle ambition. Sous l’ombre tutélaire du père fondateur, les enfants bénis de la cité-jardin complotent à devenir des hommes. Sitôt qu’ils seront entre eux, leurs sacs déverseront leur contenu de malice, employé à quelque ingénieuse bassesse : menée contre le clan adverse, déprédation, attaque ou humiliation de l’élément faible de la meute, le Melvin de leur âge. […] « Élevés dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité. Fichtre ! »

C’est ici, à Hildenbrandt, dans un quartier de la cité-jardin que vit, Melvin Ischard, avec son père. Ses frères dont il est sans nouvelles, sont partis depuis quelques temps, il est donc seul à s’occuper de leur père. Mais un coup de fil annonce un retour et l’attente commence.

Les Ischard n’on pas bonne réputation, leurs absences ne manquent à personne mis à part la famille.

“ Après tout, ils ont toujours été des voyous, et connus pour tels, les chiens ne font pas des chats. […] Mais dans le fond, un Ischard reste un Ischard, se dit-il comme pour se consoler – se convaincre. La mauvaise graine, la vermine, la sale engeance. […] On ne se fie pas à un Ischard, même le dernier d’entre eux, le petit frère, le niquedouille. La seule promesse qu’ils aient jamais tenue, c’est de vous esquinter si votre chemin croisait le leur. À eux seuls, ils ont fait le triste renom d’Hildenbrandt. Dans toute la région, on savait qu’il ne fallait pas y mettre les pieds. Irresponsables, asociaux, meneurs et récidivistes. ”

Avec ce retour annoncé, la légende familiale est soudain réanimée.

Un quartier novateur qui était censé aspirer la paix, afin de donner à de jeunes ménages la possibilité d’élever des enfants dans de bonnes conditions est devenu au fil des ans, un lieu malfamé, malmené par les Ischard.

Voici leur histoire…

“ On avait cessé de les craindre, on ne craignait plus que ce qu’ils incarnaient. Ils étaient en quarantaine. Les fruits pourris de la cité-jardin. ”

L’auteur, Dan Nisand a grandi près d’une cité-jardin, à Strasbourg dans l’Est de la France, et c’est à travers la famille Ischard qu’il nous la fait découvrir. Une famille qui véhicule une certaine violence comme une malédiction qu’il semble difficile de quitter, poursuivie par sa destinée inévitable.

Dan Nisand est un formidable conteur, un véritable virtuose de la plume et nous offre un roman intemporel où les mauvais garçons se livrent un combat permanent pour tenter de devenir des hommes.

C’est brillant, parfois violent, difficile à quitter et impossible à oublier.

Un grand roman, une tragédie contemporaine à ne pas manquer.

Pour info :

Après avoir grandi près d’une cité-jardin, il vit aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, mais reste Mars par ce quart conçu comme une utopie. Il le réinvente avec une virtuosité implacable dans ce premier roman majestueux sur l’absurdité de la violence, l’amitié et la jeunesse.

Des milliers de lunes

Des milliers de lunes de Sebastian Barry aux Éditions Joëlle Losfeld

Traduit de l’anglais (Irlande) par Laëtitia Devaux

“ Toutes ces années s’écoulaient et filaient comme des poneys qui galopent dans l’herbe sans fin. ”

Des milliers de lunes se sont succédées depuis la rencontre de John Cole et Thomas McNully, compagnons d’armes pendant la guerre de Sécession, amis, puis amants, unissant leur destin à jamais, composant un couple on ne peut plus étrange et même une famille atypique et controversée après avoir adopté Winona, une sioux orpheline.

“ Il se pourrait que les événements que j’évoque se soient produits dans le comté de Henry, Tennessee, en 1873 ou 1874, à ce détail près que je n’ai jamais été très forte en dates. Et s’ils se sont vraiment produits, personne ne les a consignés à l’époque. ”

Winona a grandi, avec ce couple peu ordinaire, dans la ferme de Lige Magan à l’ouest du Tennessee où ils tentent de survivre. Entourée et protégée par ces trois hommes mais aussi par deux esclaves affranchis, Tennyson Bouguereau et sa sœur Rosalee qui vivent avec eux, elle fait ce qu’elle peut pour se fondre dans le décor lorsqu’elle doit s’aventurer dans la petite ville de Paris.

“ À part pour l’avocat Briscoe et peut-être quelques autres, dans l’esprit des habitants de la ville, je n’étais pas humaine mais une créature sauvage. Plus proche de la louve que de la femme. […] J’étais moins que les prostituées du bordel, pour eux, j’étais uniquement une prostituée en devenir. J’étais moins que les mouches noires qui suivent tout le monde en été. Moins que la merde qu’on balance à l’arrière des maisons.

J’étais tellement moins que tout ça qu’on pouvait faire tout ce qu’on voulait de moi, m’abîmer, me frapper, me tuer, m’écorcher. ”

La guerre de Sécession est pourtant terminée et la plupart des indiens ont été tué, et néanmoins on continue à s’acharner sur ceux qui ont survécu aux massacres à la moindre occasion, tout comme perdure la haine envers les noirs. Alors lorsque Winona et Tennyson sont tour à tour attaqués par des inconnus, il ne faut guère compter sur la population pour obtenir justice.

“ Les hommes qui l’avaient blessé ne se souciaient pas de tout ça. La plupart des Blancs ne voient que l’esclave ou l’Indien. Ils ne voient pas une âme. Ils ne voient pas que ce sont des empereurs pour qui les aime. ”

Après : Des jours sans fin, Sebastian Barry poursuit l’histoire de Winona à travers : Des milliers de lunes, nous bouleversant une fois de plus au plus profond de notre âme.

C’est au tour de Winona de prendre la parole pour évoquer à son tour, ce qu’elle vit, entourée d’amour à la ferme et de haine à la ville.

Je suis issue de la plus triste histoire sur terre. […] Rien qu’une apparition de l’homme blanc, rien que son approche, c’était le sceau de la mort. Nous accordons tous une grande valeur à la vie. Mais les Blancs avaient leur propre échelle de valeurs. Comme nous n’étions rien, nous tuer, c’était tuer rien, donc ça ne signifiait rien. Ça n’était pas un crime de tuer un Indien parce qu’un Indien, ça n’était rien.

Je sais toutes ces choses, c’est pour ça que je les écris. ”

Une plume magnifique pour une histoire déchirante qui nous confronte une fois encore au triste destin des Indiens à travers la voix toute en poésie d’une des leurs.

Pendant que certains tentent de se racheter, d’autres persistent et poursuivent l’extermination des Indiens et des esclaves affranchis.

Des milliers de lunes fait écho à Des jours sans fin que je vous invite fortement à découvrir également, vos lectures n’en seront que plus belles, il serait dommage de se priver de si belles histoires d’amour, même si ces pages d’Histoire qui hantent ces récits réveillent un passé douloureux que l’on aurait préféré ne jamais connaître même s’il est à des milliers de lunes de nous.

Petite Winona, je ne suis pas prête de t’oublier.

Pour info :

Sebastian Barry, né à Dublin en 1955, est considéré comme l’un des principaux auteurs irlandais contemporains. Récompensé par de nombreux prix, il est aussi le seul auteur à avoir remporté deux fois le Costa Book of the Year pour Le testament secret en 2008 et pour Des jours sans fin en 2018.

Je re les Éditions Joëlle Losfeld pour ce magnifique roman inoubliable absolument bouleversant.

Grande couronne

Grande couronne de Salomé Kiner aux Éditions Christian Bourgois

Ça n’a jamais été facile de franchir le cap de l’adolescence. Cet âge ingrat, en a perturbé plus d’un.e. Toujours à vouloir être un.e autre, mais surtout pas ce qu’on est. On a tous connu ça. Et ceux qui diront le contraire seront des putains de menteurs, un peu comme tous ces parents qui s’obstinent à faire l’éloge de leurs enfants imparfaits alors qu’ils rêvent de les enfermer à la cave, avec juste un peu de pain sec et un verre d’eau, ou de les noyer dans la baignoire.

Notre adolescente, ici présente, en plein chaos émotionnel et familial en est la preuve vivante, et son portrait qui se dessine page après page en fera rougir certains et risque même d’en offusquer beaucoup.

Mais voilà, c’est pas facile de grandir, même dans les années 1990, elle a beau rêver de devenir hôtesse de l’air, pour l’instant elle est habillée comme une clocharde et va falloir trouver une solution pour que ça change et que les vêtements de marque de la garde-robe de ses copines, se retrouvent aussi dans la sienne, non d’une pipe…

“ La moitié de la classe portait des faux Lacoste, l’autre moitié du vrai Chipie, la prof voulait nous faire parler de l’apparence, jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour pouvoir ressembler aux autres ? Mon inquiétude monta d’un cran. Maupassant était venu sur terre pour me mettre un coup de pression. Il avait écrit La Parure pour me dire que j’avais eu tort de me lancer dans la prostitution dans le seul but de m’acheter des baskets, du maquillage et des CD. ”

Ça craint, c’est clair, d’autant plus qu’elle doit supporter la séparation de ses parents, et jouer à la maman pour ses deux frangins puisque sa mère est à ramasser à la petite cuillère. Et ça rajoute une couche d’emmerdements à son statut d’adolescente rebelle mal dans sa peau.

“ Le principe d’une famille c’est d’avoir deux parents qui se partagent les plaisirs et les responsabilités, mais chez nous ça ne fonctionnait pas comme ça. Ma mère faisait tous les rôles à la fois et pourtant c’est mon père qui lourdait le costume. ”

Va pourtant falloir faire avec tout ça, c’est bien connu, la vie n’a jamais été un long fleuve tranquille, c’est clair. Notre adolescente en sait quelque chose. Et quelques soient ses nouvelles expériences, ça finira bien par payer un jour. En attendant ça payent ses fringues, et parfois même les courses.

“ Ma mère était désespérée de nous voir partir, mon père était désespéré de nous voir arriver et j’étais là bonne pâte qui assurait la liaison. Ils ne s’adressaient plus la parole que par leurs avocats interposés, sauf que leurs avocats facturaient chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, et qu’avec moi c’était gratuit. ”

C’est là qu’on repense à son adolescence et qu’on trouve qu’on s’en sortait pas trop mal en fin de compte, même fringuer comme l’as de pique.

À travers grande couronne, Salomé Kiner aborde l’adolescence et ses tourments en brossant le portrait de l’une d’elle, une véritable héroïne des années 1990, qui garde malgré ses tours de passes passes, une certaine lucidité sur le monde des adultes, et son univers impitoyable.

Véritable uppercut littéraire, où se côtoient l’humour, le trash, la tendresse, l’amitié, l’amour et même du X…

C’est osé, étonnant, violent, acide, ça te fracasse et ça te touche comme toutes les belles histoires.

Tu penses à Despentes, à Djian mais c’est du Kiner. Une auteure quia du cran et qui va très vite se faire remarquer à la rentrée, et vite devenir populaire n’en déplaise à certains.

La belle claque de la promo 2021, vous voilà prévenus.

Pour info :

Salomé Kiner est née en1986.

Journaliste, elle collabore avec de nombreux médias, dont le journal Le Temps, et la revue Mouvement.

Grande Couronne est son premier roman.

Je remercie les Éditions Christian Bourgois pour cet uppercut littéraire extraordinaire.

Le fils du professeur

Le fils du professeur de Luc Chomarat aux Éditions de La Manufacture de livres

“ Avec mes parents d’à côté, je me sens en sécurité. Mais en même temps, ils me laissent tranquille. C’est toute la différence. Quand j’en ai assez de me faire gronder, je m’enferme dans ma chambre et je vais les voir. Ils me regardent jouer. Mais ils n’interviennent pas, ils ne disent rien. Ils me regardent simplement en souriant, ils sont contents. Parfois je pousse un bateau sur le tapis comme si c’était la mer.

Mes parents doute de leur existence. Je le vois bien, ça les fait rigoler. À leur place, je la ramènerais un peu moins. Un de ces jours, je pourrais bien décider de rester chez mes parents d’à côté pour de bon. Des fois j’y pense sérieusement. ”

À force de lire, les petits mots partagés de mes auteurs préférés, j’ai beaucoup pensé au fils de Nicolas M. en lisant ce roman emplis de nostalgie, d’humour et de tendresse car cet enfant venu d’un autre temps, a de la graine d’écrivain en lui c’est certain. L’auteur le dit lui-même, il a puisé dans ses souvenirs, les couchant parfois sur le papier en les laissant aller au gré de leur fantaisie, tout comme l’enfant fait, lorsqu’on daigne lui lâcher la main et fermer un peu les yeux pour le laisser découvrir le monde selon ses envies.

À travers ce petit garçon plein d’esprit dont on s’attache forcément, on se souvient comme il est parfois difficile de grandir, et du besoin de se créer un monde imaginaire pour affronter la dure réalité de la vie, parfois même la nostalgie perdure et ce besoin demeure, comme disait une célébrité : « On reste tous de grands enfants, seul le prix des jouets changent. »

C’était le bon temps comme disent les anciens, à cette époque on séparait encore les filles et les garçons, ça évitait bien des tracas et ça donnait des airs de grand aventurier à qui réussissait à franchir la ligne de démarcation.

“ – Madame, Madame…

– Madame, y’a un garçon !

Au bout d’un moment la maîtresse a compris qu’il se passait un truc pas normal et elle a arrêté d’écrire. Elle s’est avancée vers moi et moi je suis entré dans la classe et j’ai avancé vers elle au milieu des filles qui me regardaient passer, elles n’avaient jamais vu un truc pareil. Un garçon au milieu de l’après-midi. Moi je faisais exprès de pas les regarder. C’était comme d’avancer tout seul dans le camps des indiens. […] Je sentais leur excitation autour de moi, je les entendais chuchoter des phrases emplies de folie, dans une langue à moitié compréhensible. Une foule de créatures sauvages, prêtes à tout. […] Je savais que personne ne me croirait quand je raconterais ça, mais c’était bel et bien arrivé. ”

Mais cet enfant a beau avoir des parents et un frère imaginaires pour les jours difficiles, il n’en demeure pas moins lucide sur le monde qui l’entoure, que ce soit face au racisme :

“ Mes parents étaient des gens curieux quand on y pense, ils s’arrangeaient toujours pour ne pas être d’accord avec les gens qui étaient comme eux. En Algérie ça se passait déjà comme ça. Ma mère préférait faire ses courses chez les Kabyles et mon père avait des idées qu’il ne fallait pas avoir. ”

Ou au stéréotype lié à sa condition de garçon :

“ Le foot n’est pas une option. Le latin, le grec sont des options. Le foot, c’est obligé. Si tu es un garçon. ”

La valse du monde continue de tourner, certains luttent et rêvent de liberté tandis que la lune s’apprête à être foulée par les premiers pas de l’homme pendant ce temps là, cet enfant poursuit sa course folle vers le monde pas toujours très attirant des adultes.

Luc Chomarat nous fait cadeau pour cette rentrée, d’un formidable roman, une belle recréation littéraire pleine de nostalgie, d’esprit convoquant au passage nos propres souvenirs, nous rappelant que ce n’est pas toujours facile de grandir, que l’on soit fils de professeur ou pas.

Un roman qui mérite sa place au tableau d’honneur, et un auteur qui mérite un paquet de bons points.

Alors, ouvrez vos agendas, et notez bien ce titre, à lire à cette rentrée. Ce n’est point un devoir et encore moins une punition mais plutôt une invitation qui ne se refuse pas.

Le fils du professeur fait sa rentrée, accueillez le comme il le mérite, vous auriez tort de le laissez prendre racine au fond de la librairie , croyez-moi, vous allez tous succomber à son charme, tout comme moi.

On s’en reparle bientôt…

Pour info :

Luc Chomarat a publié à vingt-deux ans son premier roman qui lui a valu de figurer sur la liste du Magazine littéraire des auteurs les plus prometteurs. Également traducteur de Jim Thompson, il s’illustre d’abord dans la littérature noire et reçoit le Grand Prix de la littérature policière pour son roman Un trou dans la toile en 2016 (Rivages). Il a publié Le Polar de l’été (2017) puis Le Dernier thriller norvégien (2019) à La Manufacture de livres.

Je remercie La Manufacture de livres et l’agence Trames pour cette magnifique récréation littéraire nostalgique.

La femme au manteau bleu

La femme au manteau bleu de Deon Meyer à la série noire de Gallimard.

Traduit de l’Afrikaans par Georges Lory

Elle est étendue tout en haut du panorama au col de Sir Lowry, la tête vers le nord, les pieds vers le sud. Entièrement nue, le corps d’une pâleur de cire. Au loin en bas, arrière-fond envoûtant, scintillent des lumières urbaines – Gordon Bay, Strand, Somerset West et même Kayelitsha. Au premier coup d’œil, elle semble alanguie, comme si elle posait pour une photo, pour un tableau ! Mais en regardant de plus près en cette nuit finissante, le tableau devient vite déconcertant : une femme nue dans le froid saisissant du mois de mai. Son bras gauche pend le long du mur dans un angle curieux, ses phalanges effleurent le sommet des herbes vertes. D’étranges taches et morsures se lisent dans ses cheveux courts et fins, ainsi que sur son pubis. ”

Découvert avec son précédent roman : La proie, (Ma chronique ici), je retrouve avec plaisir la plume de Deon Meyer et son tandem de choc de la brigade criminelle des Hawks : Benny Griessel et Vaughn Cupido qui se retrouvent à enquêter sur la mystérieuse découverte d’une femme nue sur le col de Sir Lowry.

“ Duba est plutôt ravi d’avoir en face de lui Benny Griessel et Vaughn Cupido. Quand on est enquêteur dans la province de Western Cape, on sait qu’il s’agit de deux flics légendaires, le doux et l’amer. ”

En apprenant l’identité de cette femme, ils vont se retrouver sur les traces d’un tableau valant une fortune.

Alors que Benny rêve d’offrir une bague de fiançailles à l’amour de sa vie, dont il n’a hélas pas les moyens, cette enquête lui permettra peut-être d’y parvenir. Avec un peu de chance, la résolution de cette affaire leur permettra peut-être de s’illustrer et de devenir enfin célèbres et reconnus comme tel, autant que ce peintre qui réalisa également : Le chardonneret.

En explorant cette fois le monde de l’art, Deon Meyer nous offre un nouveau polar passionnant, mettant en lumière les liens qui unissent l’Afrique de Sud et la Hollande, la langue, mais aussi un lien culturel historique.

Plutôt court mais efficace, la femme au manteau bleu s’ajoute au palmarès de l’auteur avec élégance.

À découvrir dès maintenant.

Pour info :

Né en 1958 à Paarl, en Afrique du Sud, Deon Meyer est l’auteur de treize best-sellers publiés dans trente pays et traduits en vingt-huit langues.

Il a été journaliste et rédacteur publicitaire avant de se lancer dans le polar, après la fin de l’apartheid.

Il aime la moto, Mozart, le rugby et la France, qu’il visite souvent et dont il commence à parler la langue.

Il vit à Stellenbosch, dans la région viticole des environs du Cap.

Je remercie la série noire de Gallimard pour cette enquête très culturelle.