“ Les amis ”

Les amis d’Aja Gabel aux Éditions Rivages

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cyrielle Ayakatsikas

Évidemment que c’est une histoire d’amour, se disait Brit qui voyait de l’amour partout. Dans cette note-ci, et cette note-là, dans cette joyeuse contre-mélodie, l’harmonie qu’elle jouait au second violon, l’intangible collectif, la connivence audible. ”

Ils sont quatre, Brit, Jana, Henry et Daniel. Liés par leur passion commune, la musique. Ils sont amis, rivaux, et même parfois amants. Au milieu de la musique, ils jouent différentes partitions d’où s’échappent parfois, quelques fausses notes. La vie même en musique joue parfois de drôle de tour.

Ensemble ils forment un quatuor étonnant, où se mélangent douceur, talent et ambition, et rêvent de rencontrer le succès sur les scènes du monde entier.

Pendant une quinzaine d’années entre New-York, Los Angeles et le Canada, inséparables, entre accords et désaccords, au milieu de sentiments complexes, ils se donnent corps et âmes à la musique.

Ce que j’en dis :

J’ai toujours eu un faible pour les histoires d’amitié, et si la musique s’invite entre les pages, je suis en général sous le charme. Hélas cette fois, la magie n’a pas fonctionné.

N’étant pas musicienne, j’ai très vite été submergé par tous les termes musicaux et je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.

Et c’est là que ça devient difficile pour moi d’en parler, tant je me réjouissais de découvrir cette nouvelle plume américaine.

Un travail d’écriture pourtant intéressant où l’auteure tente de nous initier à sa passion pour la musique classique à travers ce quatuor qui résonnera sûrement davantage pour les amoureux de ce style musical.

Quelque peu contrarié par cette lecture que je n’ai sûrement pas su apprécié à sa juste valeur. Un peu comme lorsque j’écoute du classique, je suis très rarement extasiée, un bon rock me correspond mieux.

Je ne vous jouerai pas du violon, ni de la flûte cette fois encore, mais que cela ne vous empêche pas de vous faire votre propre idée.

Je remercie Léa du Picabo River Book Club et les Éditions Rivages pour ce partenariat qui m’a permis de voguer vers un nouveau rivage.

Pour info :

Aja Gabel a été musicienne pendant de nombreuses années avant d’écrire ce premier roman unanimement salué aux États-Unis. Les amis est en cours de traduction dans plusieurs pays.

“ Helena ”

Helena de Jérémy Fel aux Éditions Rivages

” Çe ne pouvait pas être être vrai. Ce n’était pas de cette façon que cela aurait du se passer. De n’importe quel cauchemar on se réveillait un jour. “

Lors d’un été caniculaire au Kansas, Hayley prends la route pour assister à un tournoi de golf, en hommage à sa mère trop tôt disparue. C’est sur le chemin qu’elle va faire connaissance avec Norma, une femme qui vit seule avec ses trois enfants dans une maison perdue au milieu des champs en tentant tant bien que mal de garder un équilibre familial. Tommy, dix-sept ans, un des fils de Norma semble assez perturbé, il ne parvient à apaiser sa propre souffrance qu’en l’infligeant à autrui.

Mais le démon n’en avait pas fini avec lui. Tommy n’avait pas tardé à le revoir en rêve. (…) Certaines nuits, il l’entendait lui parler alors qu’il était éveillé. Et dans les rêves qui suivaient, il lui montrait des choses qu’il ne voulait pas voir, des choses perverses, des choses sales, des choses dont il ne pouvait, au bout du compte, nier la beauté. “

Comment expliquer aux autres qu’une vie simple, sans histoires, abritait en son sein le plus inavouable des cauchemars. “

Tous les trois vont se retrouver piégés dans une spirale infernale où la violence règne en maîtresse absolue. Ils tenteront de s’en extraire au risque de tout perdre, y compris leur vie.

Morts, ils lui appartenaient totalement. Morts, ils lui appartenaient tous. “

Ce que j’en dis :

Après avoir fait la connaissance de l’auteur et de sa plume en 2015 à travers son premier roman noir : Les loups à leur porte publié également aux éditions Rivages, j’étais on ne peut plus impatiente de découvrir son nouveau récit.

Après nous avoir embarqué en plein milieu de l’Indiana, direction le Kansas aux côtés de personnages guère plus sympathiques, même si de première abord ils cachent bien la part sombre qui sommeille en eux.

Une histoire située dans un endroit inventé de toute pièce mais bien ancré dans l’univers américain, là où, les coins reculés de l’Amérique regorgent d’espèces humaines bien souvent terrifiantes.

Jérémy Fel a l’art et la manière pour instaurer un climat de tension dans une ambiance étrange et sordide qui m’a fait penser à l’univers d’Alfred Hitchcock et de Stephen King.

Parfois, certains de ces sales volatiles le pistaient quand il vadrouillait à l’extérieur. Il avait commencé à lancer des pierres pour pouvoir les atteindre. L’ogre ne devait pas sortir de son antre en journée, c’était pour cela qu’il envoyait ces charognards à sa recherche.

Des espions dévoués qui eux, pouvaient le suivre n’importe où. “

Ce roman choral qui donne la voix aux protagonistes principaux se révèle angoissant à souhait, à peine le temps de reprendre son souffle que d’autres péripéties scabreuses se profilent à l’horizon. Et même si la violence est bien présente, on ne doit pas oublier l’élément déclencheur : c’est l’amour maternel ou son absence d’amour qui fera toute la différence.

Un grand roman noir psychologique qui distille son intrigue au fil des pages et garde de ce fait son lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Une fois de plus, je suis conquise.

À votre tour de découvrir les secrets d’Helena.

Moi-même et Jérémy Fel 2018 le livre sur la Place

Jérémy Fel a été scénariste de courts – métrages et libraire. Il travaille actuellement à l’adaptation de son premier roman, Les loup à leur porte (prix Polar en série 2016) Helena est son second roman.

je remercie Jérémy et les Éditions Rivages pour ce voyage terrifiant au Kansas.

 » Janvier noir « 

Janvier noir d’Alan Parks aux Éditions Rivages

Traduit de l’anglais (Écosse) par Olivier Deparis

Ce n’était pas un hasard si Nairn l’avait fait venir ici, l’avait prévenu pour Lorna Skirving. Il ne lui restait plus qu’à découvrir pourquoi. “

1er janvier 1973

McCoy, inspecteur de police de Glasgow se rend à la prison où l’attend un détenu qui désire lui parler. C’est lors de ce rendez-vous particulier qu’il apprend que le lendemain, une femme prénommée Lorna va se faire descendre. Nairn, le détenu, demande à l’inspecteur d’empêcher ce meurtre.

2 janvier 1973

Malgré son intervention, McCoy ne va pas pouvoir empêcher le pire moment de sa journée.

«  Le gamin lui sourit, comme pas tout à fait là. Son regard était vide, loin. Il tint le pistolet devant lui, le contempla. Des flocons qui s’étaient amassés dans ses cheveux fondaient et coulaient sur son visage. Il s’essuya les yeux et sourit à nouveau. McCoy comprit alors ce qu’il allait faire.

Il s’élança, ses semelles en quête d’adhérence sur le sol glissant. Il lui restait quelques foulées à parcourir lorsque le gamin mît le canon contre sa tempe. Il le suppliait d’arrêter, il l’avait presque rejoint lorsqu’il le vit fermer les yeux et presser la détente. “

McCoy se retrouve à présent avec un meurtre et un suicide sur les bras, sans oublier Wattie, un jeune adjoint qu’on lui a imposé. Il va tenter d’éclaircir cette sombre histoire.

Chaque jour de janvier va se teinter de noirceur à l’image de Glasgow.

” Plus tard, les flics ayant travaillé sur Janvier noir expliqueraient aux jeunes qu’ils n’imaginaient pas ce que cela avait été. Cinq victimes en une semaine. Au pub, désormais retraités et bedonnants, poussés à la boisson par le désœuvrement, ils évoquaient leurs souvenirs (…) Les jeunes hocheraient la tête en souriant (…) ils se diraient : « Ça n’a pas pu être aussi méchant. » Ils se trompaient. “

Ce que j’en dis :

La particularité des romans noirs c’est principalement leurs atmosphères, l’ambiance sinistre qui s’en dégage.

Ici à Glasgow, il est difficile de dissimuler la pauvreté, la misère, la corruption et la faible espérance de vie face à la violence des gangs et à la drogue qui circule.

La beauté de cette ville cachait une prospérité qui s’appuyait sur la mort.

Alan Park dépeint à merveille toute la noirceur de Glasgow, avec des personnages qui ne manquent pas de profondeur.

On y fait la connaissance de McCoy, un écorché plutôt rebelle à la hiérarchie que l’on retrouvera prochainement pour de nouvelles enquêtes.

Janvier noir est un roman noir de bonne facture, limpide et fluide avec un personnage non démuni d’humanité, dans un univers glauque.

Une belle balade sordide et poisseuse dans le Glasgow des années 70.

Un auteur prometteur que je suivrai de près.

Alan Parks est né en Écosse et a fait ses études à l’université de Glasgow. Après avoir travaillé dans l’univers de la musique, il se tourne vers l’écriture. Janvier noir est son premier roman, publié en Écosse par le prestigieux éditeur Canongate. Il a prévu un cycle de 12 romans qui retraceront l’histoire criminelle récente de Glasgow. Son premier roman, Bloody January, est publié en France par Payot Rivages.

Je remercie les Éditions Rivages pour cette belle balade écossaise.

“ Les Pâques du commissaire Ricciardi ”

Les Pâques du commissaire Ricciardi de Maurizio De Giovanni

Traduit de l’italien par Odile Rousseau

” La vieille était arrivée au commissariat tout essoufflée. C’était la concierge du bordel, une célébrité, connue dans tout le quartier à cause de la force de ses bras qui contrastaient avec sa silhouette menue et lui permettaient d’assurer un service d’ordre efficace, jetant à la rue les clients ivres et importuns qui cherchaient toujours à en avoir plus pour leur argent. (…) Quand il s’était trouvé face à elle, il avait compris qu’elle était vraiment troublée : les joues rouges, le souffle court, l’air désespéré.

« Brigadier, venez tout de suite, tout de suite. Y s’est passé quelque chose de terrible. » “

À Naples, une semaine avant Pâques, une prostituée de luxe plus connue sous le nom de Vipera est retrouvée sans vie dans la chambre du bordel où elle officiait. L’oreiller, dernier témoin de ce crime odieux n’est hélas d’aucun secours.

” Malgré l’affront fait par la mort, le commissaire comprit que Vipera avait dû être très belle. “

Vipera était d’une beauté envoûtante qui ne laissait personne indiffèrent. Le commissaire Ricciardi devra démêler un sacré sac de nœud où se mêlent de l’avidité, de la jalousie et une rancune tenace, afin de résoudre l’énigme de la mort de cette femme.

” Pour le Jeudi saint, le printemps choisit un costume gris.

La matinée se présenta voilée, sous un soleil pâle et maladif qui ne se sentait pas la force d’exercer son métier. Une lumière laiteuse atténuait les contours, les noyant dans une brume incertaine. Les rares passants du petit matin se déplaçaient le long des murs, surpris par l’humidité de l’air : le printemps continuait à étonner et à décevoir, se trompant lui-même sur son propre compte. “

À travers une intrigue tout en finesse, je fais connaissance avec le commissaire Ricciardi et je découvre son don particulier. Un personnage d’emblée très attachant, que j’aurai plaisir à retrouver dans ses précédentes enquêtes pour le connaître davantage.

L’auteur dépeint le fascisme napolitain des années 30, à travers une plume raffinée, délicate. Un récit où l’amour voyage à travers la mort, la beauté à travers la haine.

Un roman imprégné de lyrisme qui ravira les lecteurs exigeants, comme quoi on peut écrire du polar et y apporter une écriture singulière.

Du suspens, de la poésie et des personnages particuliers pour un voyage en Italie absolument génial.

Une très belle découverte grâce aux concours des éditions rivages et je les remercie.

” Dans la pénombre du soir qui descendait, Ricciardi était à son bureau, assis dans un fauteuil, ses yeux clairs grands ouverts sur le vide.

Combien de temps faudra-t-il attendre encore ? Et, surtout, comment cela allait-il se terminer ?

Il n’y avait qu’à attendre.

Seulement attendre. “

Maurizio De Giovanni est né à Naples, le cadre de tous ses romans. Auteur star, lauréats du prestigieux prix Scerbanenco, son œuvre a été traduite dans de nombreux pays et plusieurs fois adaptée à la télévision. Après les quartes volumes du cycle des Saisons, il entame le cycle des Fêtes avec Le Noël du commissaire Ricciardi.

“ La mort du petit cœur ”

La mort du petit cœur de Daniel Woodrell aux éditions Rivages

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frank Reichert

Préface de Dennis Lehanne

“ – Quand je dis « gros lard » ,gros père, c’est à toi que je cause, pigé ? T’as donc pas remarqué que t’étais qu’une grosse merde ? ”

C’est auprès de ce père que Shuggie Atkins un adolescent solitaire et obèse grandit. Bien loin du père idéal, ce mec l’initie à certaines magouilles pour voler les médicaments au domicile des grands malades afin d’assouvir son addiction.

Il n’a pas vraiment le choix, même si son éducation parentale laisse à désirer.

“ J’entendais des clapotements, chair contre chair, et une charretée de grognements. J’aurais préféré prendre une raclée. Il la besognait bruyamment, à la hussarde, et elle répondait en hoquetant de tendres roucoulades. (…) Mon cœur vociférait, mes j’ai réprimé mes hurlements ; je me suis retenu (…) Les cris que j’ai embouteillés cette fois-là et toutes les autres fois similaires ont patienté, jusqu’au jour où j’ai enfin pu les libérer. »

Shuggie accepte pour l’amour de sa mère, même si son attitude équivoque envers lui va le perturber davantage.

L’arrivée de Jim Vin Pearce, au volant d’une magnifique T-Bird dans le paysage ne va rien arranger.

„ Sa présence soudaine a modifié l’ambiance, un peu comme une allumette embrasée modifie l’ambiance d’une grange à fourrage.  »

Quand ça dérape chaque jour un peu plus, il est clair qu’au dernier virage, il sera déjà trop tard pour ne pas sortir de la route et éviter le choc final.

 » J’aimerais pouvoir dire que rien de tout ceci n’est jamais arrivé. ”

Daniel Woodrell décrit à travers son roman noir, la vie d’un adolescent qui grandit entre la haine de son père et l’amour de sa mère. Une vie tourmentée, malmenée, polluée par l’alcool et la drogue que consomment ses parents. Une vie solitaire, sordide, cabossée, qui offre peu d’espoir.

Tel Eskin Cadwell , il dépeint à merveille l’Amérique profonde, ses contrées misérables sans foi ni loi, où la misère sociale brille par sa noirceur dans une ambiance oppressante, brutale et malsaine.

Une histoire située dans les Monts Osark, sa région de prédilection, un univers noir, sa marque de fabrique, une plume sans concessions, vivante, puissante et touchante.

La mort du petit cœur mérite sa place au côté des classiques contemporains.

Un chef-d’œuvre littéraire, un roman culte qui s’inscrit dans la pure tradition du country noir américain.

Daniel Woodrell est né en 1953 dans le Missouri. Il est l’auteur de neuf romans dont la plupart se situent dans les monts Osark. Chevauchée avec le diable a été adapté au cinéma en 1999 par Ang Lee, puis Un hiver de glace en 2010 par Debra Granik (Winter’s Bone), avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal. Il a reçu le prix du Pen Club américain pour La fille aux cheveux rouge tomate et le prix Mystère de la Critique pour Un hiver de glace.

Je remercie les Éditions Rivages pour ce chef-d’œuvre de la littérature américaine.

 » Après la chute  » 

Après la chute de Dennis Lehane aux Éditions Rivages 


 » – J’aimerais pouvoir t’aider, Rachel. Surtout, j’aimerais pouvoir te convaincre de renoncer à ta quête. 

– Mais pourquoi ? S’écria-t-elle ( le sempiternel  » pourquoi ? « , comme elle en était arrivée à le considérer). Il était si odieux que ça ? 

– je ne crois pas.  » 


Rachel Childs est journaliste. En pleine ascension, elle se grille dans le métier en s’effondrant en direct sur un plateau de télévision. Des millions de téléspectateurs assistent au désastre de cette femme pourtant promue à une belle carrière. 

« Et avec la douleur resurgit l’intuition déjà ancienne que la vie telle qu’elle en avait fait l’expérience jusque-là était une succession de détachements. Des personnages traversaient la scène et certains s’attardaient plus longtemps que d’autres, Mais tous finissaient par s’en aller. »


Après la chute, sa vie va prendre un tournant étrange. Une phobie la paralyse et ses crises de panique l’isolent du monde qui l’entoure, jusqu’à sa rencontre avec Brian Delacroix qui va faire tout basculer. 

« Les morts ont leur nom gravé sur une pierre tombale ; des effacés, il ne reste rien, comme s’ils n’avaient jamais existé.  » 

 » Nous ne sommes pas préparés à la plupart des formes de survie. Du moins, pas en l’absence de tout confort. » 


Voilà un Thriller qui m’a donné du fil à retordre. Je reconnais même avoir fini la deuxième partie rapidement tellement je perdais tout intérêt à cette histoire. Décidément les Thrillers psychologiques ce n’est pas ce que je préfère, j’en attendais pourtant beaucoup. C’est d’ailleurs pour cela que lorsque Masse Critique de Babelio me l’a proposé en lecture je n’ai pas hésité longtemps car j’adore la plume et les thrillers de Dennis Lehane. Que ce soit avec Shutter Island, Mystic River ou la série Kenzie et Gennaro je m’étais régalée mais pas cette fois. Un exercice très difficile que de parler d’un livre que l’on a si peu apprécié. Est-ce l’apitoiement récurent de Rachel qui m’a lassé ou les  autres personnages qui n’arrivaient pas à me convaincre, je ne saurais dire. En attendant l’ennui m’a vite gagné. Néanmoins je sais qu’il plaira à un certain lectorat plus fans des thrillers psychologiquements tortueux. 

 » Ce matin-là, elle s’était réveillée de bonne humeur et elle n’avait qu’une envie : rester dans cette disposition d’esprit toute la journée. « 

Je n’abandonnerai pas pour autant mon intérêt pour cet écrivain. Ce n’est pas cette petite déception qui va changer mon regard sur ce talentueux auteur. 



Dennis Lehane est une star incontestée du roman noir américain. Natif de Boston, il y a situé les enquêtes de ses héros fétiches Kenzie et Gennaro. Primés et traduit dans de nombreuses langues, ses romans ont été adaptés par les plus grands réalisateurs. Il vit aujourd’hui à Los Angeles. Il signe avec Après la chute, un roman de suspense psychologique. 


Je remercie Babelio et les Éditions rivages pour cette lecture on ne peut plus déroutante. 


Vera

 Vera de Karl Geary aux Éditions Rivages 

Traduit de l’anglais ( Irlande ) par Céline Leroy




 » Elle leva la tête et sans vouloir être effronté, tu t’autorisas à la regarder.

  Elle n’était pas du tout vieille, pas comme tu l’avais imaginé – cela te surprit – mais elle n’était pas jeune non plus. Elle était belle.  » 

 Sonny, un jeune irlandais de seize ans ne s’attendait pas à faire une telle rencontre en donnant un coup de main à son père. Un seul regard suffit pour qu’il tombe amoureux. 

 » Tu rêvais d’être le héros qui la sauverait , même avec tout ce que tu ignorais d’elle.  » 

Elle vit dans les beaux quartiers de Dublin. Une femme chic, pleine de charme, comme son prénom Vera. Sonny qui tente d’échapper à son destin sans horizon rêve de partager l’univers de Vera. 

 » Tu menais une vie ordinaire et sans envergure tu le savais très bien. 


Malgré le peu d’éloquence dont elle faisait preuve, Sonny est sous le charme. 

 » Tu n’avais jamais compris comment faisait les gens qui te disaient tout un tas de choses sans ouvrir la bouche.  » 

En dépit de tout ce qui les sépare, ils vont vivre une passion vertigineuse, intense, ravageuse, fascinante, splendide…




 » Tout en elle était triste surtout quand elle souriait.  » 

À travers ce magnifique premier roman, l’auteur nous offre une œuvre sensible, touchante , à fleur de peau. Une histoire émotionnellement très forte avec un pouvoir de séduction extraordinaire. Une plume qui nous transporte aussi intensément que cette belle histoire d’amour interdit par la morale. 

Des mots qui touchent, électrisent, bouleversent, jusqu’à vous faire chavirer. 

Un roman aussi séduisant que la beauté de Vera sous le regard de Sonny. 

 » Vera et toi, à la dérive, ni absents ni présents.  » 

À souligner également le magnifique travail de la traductrice, Celine Leroy qui a réussi à faire passer l’état de grâce qui habite ce roman. 

Une lecture qui m’a captivée, une histoire qui m’a envoûtée et une plume qui m’a conquise. Pour un premier roman c’est remarquable. 

«  Nous sommes des serre- livres, toi et moi, tu vois ce que je veux dire ? Ton esprit se projette, il va de l’avant, tu penses à l’avenir. Moi, je pense au passé, je pense… »

Coup de cœur de rentrée littéraire. 


 

Karl Geary est nè à Dublin en 1972. Très jeune Il quitte l’Irlande pour l’Amerique. Repéré par un agent, Il devient acteur, jouant dans de nombreux films et séries. Aujourd’hui scénariste, il vit entre Brooklyn et l’Écosse. Publié il y a quelques mois au Royaume-Uni, Vera, son premier roman, a été un triomphe. Le livre est en cours de traduction dans une dizaine de pays. 

Je remercie les Éditions Rivages pour cette lecture aussi sublime qu’inoubliable. 


 » Les ailes du rocher « 

Le rocher avec des ailes deAnne Hillerman aux Éditions Rivages




 » Depuis qu’il était policier, il avait passé plus de mois à patrouiller qu’il ne pouvait en garder le compte. Sa grand-mère n’avait pas eu tort quand elle l’avait mis en garde contre les chindis, ces esprits tourmentés et malfaisants qui surgissent après le crépuscule. La plupart des crimes dont Chee avait dû s’occuper s’étaient produits dans les heures sombres qui suivent minuit. Les ténèbres de l’extérieur semblent convoquer celles qui hantent les individus. « 





Jim Chee est un policier Navajo, tout comme sa compagne Bernie Manuelito. Ils s’apprêtent à prendre leurs premières vraies vacances et partir à Monument Valley. À peine arrivée, Bernie doit retourner d’urgence à Shiprock s’occuper de sa mère, tandis que Jim se joint à la police locale suite à une disparition inquiétante sur un plateau de tournage à Monument Valley.

« Il lui expliqua que cet établissement historique portait le nom du couple qui avait permis à Monument Valley de figurer sur la carte grâce à leur vision prémonitoire de ce que pouvaient rapporter les structures massives de grès rouge qui s’élèvent au-dessus du sol de la vallée et la main-d’œuvre potentielle que représentent les Navajos. Ils avaient incités John Ford à utiliser ces paysages dans des films devenus des classiques du cinéma comme La chevauchée fantastique, La Charge héroïque et La Prisonnière du désert. Ces structures rocheuses avaient fini par incarner le paysage auquel on associe le western.  » 




Ce site naturel des État-Unis situé à la frontiére entre l’ Arizona et l’Utah, fait parti d’une réserve des Navajos et du plateau du Colorado. Un endroit très prisé par les cinéastes mais aussi très protégé. Alors quand une équipe de film se permet certaines actions pour leur film de zombies, c’est plutôt mal perçu. On ne bafoue pas les croyances ancestrales des Navajos.
Jim Chee oubliera ses vacances et mènera son enquête de front tout en aidant son cousin qui tente de créer des excursions touristiques.

De son coté, Bernie persiste à penser que l’homme qu’elle avait arrêté avant ses congés, un soir sur une route désertique, cache un truc pas net. Tout en s’occupant de sa famille, elle reprend l’enquête avec l’aide du lieutenant Leaphorn en arrêt depuis ses blessures récoltées dans leur précédente affaire. Une aide inespérée qui va se révéler trés précieuse.
À travers ces deux enquêtes, nous découvrons également l’univers du cinéma qui donna naissance au western, mais aussi l’implantation touristique dans ces lieux mythiques, la pauvreté et l’alcoolisme qui touchent les Navajos, ainsi que les problèmes pour préserver l’environnement, qui touchent la terre entière actuellement. Une auteure qui s’implique à sa manière dans son récit. Tout comme son père dont elle a repris les personnages qu’il a créés , elle défend et protège la nature et les traditions Navajos.

Après avoir lu la plume de Tony Hillerman, j’ai pris grand plaisir à découvrir celle de sa fille, sans comparaison je les apprécie toutes les deux. Passionnée par tout ce qui touche aux indiens, j’ai adoré me retrouver à Monument Valley que j’ai eu la chance de voir lors de mon voyage en terre indienne en 2012, souvenirs inoubliables.

Écrire des enquêtes policières Navajos en y mélant le souvenir de leurs traditions, de leurs croyances est à mon sens une belle façon de leur rendre hommage.

La reléve est assurée, et les aventures de Jim et Bernie continuent pour ma plus grande joie. Alors si comme moi vous aimez les grands espaces américains, la culture indienne, n’hésitez pas à découvrir Anne Hillerman avec pour seul conseil de commencer par le premier La fille de la femme-araignée.

Depaysement garantie et culture enrichie, que demander de plus sinon le prochain roman ?

Anne Hillerman

Anne Hillerman est née en octobre 1949 aux États-unis à Lawton dans l’Oklahoma. Elle est la fille du grand romancier Tony Hillerman dont elle a reprit les personnages de ses fictions policières.

Craig Johnson, auteur de la série Walt Longmire en pense le plus grand bien :
 » Digne fille de son père qui lui a notamment appris comment raconter une bonne histoire. La Fille de la Femme-araignée est une heureuse reprise de l’héritage, qui saisit le souffle et la beauté du Sud-Ouest américain comme seule un(e) Hillerman peut le faire. »  
Alors n’hésitez plus, foncez à toute allure et vivez une belle aventure américaine chez les Navajos. 
 

 » Sucre noir « 

Sucre noir  de Miguel Bonnefoyaux Éditions Rivages 

 » Partout, les planches se brisaient. Les arbres ne supportaient plus la coque. Le marin qui se tenait près du lit, regarda le coffre que serrait Henry Morgan dans ses bras. 

    – Capitaine, l’or est lourd. Permettez que je vous aide.

Il tendit la main quand Henry Morgan lui cracha des grumeaux de sang au visage. Un rire de malice lui déforma les lèvres. 

   – Je l’emporte avec moi, dit-il. La mort doit bien avoir un prix. « 

Un navire échoué au milieu des arbres, à bord le capitaine Henry Morgan  et ce qu’il reste de son équipage, sans oublier l’immense trésor réuni par ses pirates. Ils s’apprêtent à vivre leurs derniers instants dignement sans quitter le bateau.

Environ trois cent ans plus tard, au même endroit dans les Caraïbes, une légende s’est construite autour de ce fameux trésor. Il  continue de hanter de nombreux explorateurs et ira jusqu’à bouleverser l’existence de la famille Otero.



 » – Moi,  je ne veux tromper personne, Serena. À force de creuser, je finirai bien par trouver le trésor de Henry Morgan. Je n’ai pas traversé tout le pays pour déterrer une légende.  » 

Une famille qui découvrira bien plus que ce trésor et créera sa propre légende à travers la fabrication du rhum caribéen. Ce rhum restera le plus emblématique de tous et le plus chargé en histoire de l’âge d’or de la piraterie.



 » L’avantage d’être pauvre, sourit-il, c’est qu’on peut toujours s’enrichir. » 

La famille Otero prospère et chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie, tout en étant toujours attiré par les horizons lointains. Mais sur cette terre indomptée, la destinée bouleverse la convoitise et les rêves se consument en un instant.



 » Libre, elle n’était fidèle qu’à la liberté. » 

Dés que vous parcourerez ce roman, vos yeux vont s’écarquiller et votre cœur va s’emballer. Attendez-vous à vivre une grande aventure, à faire un beau voyage sur cette terre sauvage pleine de trésors inestimables. Vous serez envoutés, page après page par la richesse de l’écriture. Vous serez possédés par ces hommes et ces femmes en quête d’amour. Vous jouerez aux aventuriers à la recherche du trésor du capitaine Morgan en vous enivrant de Rhum. Et vous constaterez qu’il est inutile d’aller aux caraïbes pour vous enrichir, pour trouver un trésor. Il suffisait juste de vous rendre chez votre libraire et pour quelques euros vous aurez une pépite entre les mains. Un trésor de la littérature, écrit de sa plus belle plume par un pirate des mots qui désormais navigue dans mon cœur pour toujours et à jamais.


Sucre noir, une perle, un bijou, un diamant, qui mérite une place de choix dans les coffres de pirates, dans votre cœur et dans votre bibliothéque.

Un sublime voyage livresque.

Né en 1986, Miguel Bonnefoy est un écrivain français et vénézuélien. Il est l’auteur du très remarqué Voyage d’Octavio ( Rivages 2015), qui a remporté de nombreuses distinctions ( dont le Prix de la vocation, le Prix des cinq continents de la francophonie  » mention spéciale « ) et a été traduit dans plusieurs langues.

Un Livre qu’il me tarde de découvrir

Je remercie Thierry et les Éditions Rivages pour ce fabuleux voyage qui a conquis mon cœur de lectrice.

Cicatrice 

Cicatrice de Sara Mesa aux Éditions Rivages 

« Elle ne voulait tromper personne, pense-t-elle à présent. Seulement vivre d’autres vies. Sa curiosité était -est-trop grande pour se contenter d’une seule existence.  » 

À l’occasion d’un forum littéraire, Sonia fait la connaissance de Knut. Ce mec un peu trop sûr de lui, monsieur je sais tout, j’ai tout vu, tout lu, l’intrigue. S’en suit une relation à distance assez étrange. 

En un clic c’est le déclic…

Knut offre à Sonia des livres et autres babioles, le tout issu de ses larcins dont il ne se cache pas, bien au contraire.

« Pour acheter, il suffit d’avoir de l’argent. Voler dit- il, exige d’autres qualités. « 

 Ce qui au départ était un échange amical se transforme en véritable harcèlement. 

 » Alors voilà  je te persécute maintenant, à la limite du harcèlement ! C’est vraiment ce que tu crois ?  » 

Un jeu pervers, des échanges malsains, une culpabilité qui ronge, des fantasmes inavouables, de multiples manipulations, mais qui est coupable ? Qui manipule l’autre dans cette relation diabolique ? 

 » A quel moment tout a commencé à mal tourner ? « 

Sara Mesa disséque les travers de notre société. Le virtuel a pris une place phénomènale dans la vie de nos contemporains. Se croyant protéger par une barrière invisible, personne ne se méfie suffisamment. Et pourtant le virtuel peut laisser de bien pire Cicatrices, bien plus difficiles à soigner. 

Ce roman nous parle d’obsessions, de harcèlement, de rencontres et de relations virtuelles. Un récit qui dérange, interpelle. Une histoire troublante, diabolique, perverse qu’il serait bon de ne pas rencontrer dans la vraie vie. 

Une lecture un peu mitigée, pas complètement inintéressante de part l’écriture et le style qui m’a conquise mais pas complètement appréciée, une légère impression d’avoir joué les voyeuses sans pouvoir intervenir quand ça ne me plaisait pas…

Malgré tout, une lecture nécessaire pour mettre en garde contre le danger du harcèlement. 

Sara Mesa

Sara Mesa est née à Madrid. Elle a été finaliste du prix Herralde avec son premier roman Quatre par quatre ( paru chez rivages en 2015). 

Grand succès en Espagne, Cicatrice paraîtra bientôt en Amérique, en Hollande et en Italie. 

Je remercie les Éditions rivages pour cette lecture troublante.