Que tombe le silence

Que tombe le silence de Christophe Guillaumot aux Éditions Liana Levi

 » Six n’écoute pas les droits qui lui sont récités. Il les connaît par cœur. Il beugle, il bave, il veut comprendre. Mais la machine judiciaire s’est mise en branle. Déjà des hommes en tenue blanche investissent les lieux, armés de coton tiges, de fioles et d’un matériel sophistiqué. Son minuscule appartement va être passé au peigne fin.

Mais que cherchent-ils ? “

Alors que Six, un ancien coéquipier de Renato Donatelli, dit le Kanak, s’apprêtait à démissionner avec l’intention de rejoindre sa compagne à New-York, des collègues débarquent et le menottent. Une perquisition dans les règles suie, et une trouvaille va le mettre en fâcheuse posture. Il se retrouve en un instant accusé de meurtre.

Est-ce un coup monté ou un règlement de compte, heureusement il peut compter sur le Kanak, son ami au grand cœur pour enquêter dans l’ombre.

” (…) pour l’heure, les histoires de casinos sont le dernier de ses soucis. Six est retenu dans sa cellule et il doit l’en faire sortir. “

Mais cette fois tout se complique, le sort s’acharne, et des événements tragiques s’enchaînent, personne n’en sortira indemne. Une véritable tornade se déchaîne dans leur vie, avant que tombe le silence…

Ce que j’en dis :

Quand on connaît le Kanak, on est forcément attaché à lui, et on prends grand plaisir à le retrouver.

Cette fois, on s’éloigne quelque peu de la police des jeux, et on s’approche davantage des difficultés rencontrées par les policiers dans leur travail. Un quotidien professionnel souvent difficile à concilier avec la vie privée et qui entraîne bien souvent des dépressions menant parfois au suicide.

L’auteur n’hésite pas également à travers ce polar, à montrer comme il est parfois difficile de ne pas franchir la ligne, de ne pas finir en ripoux, tant les tentations sont à portées de main.

Confrontant le Kanak à son passé, il nous permet de connaître davantage ce personnage inspiré d’un de ses amis trop tôt disparu.

Un bel hommage également à sa ville Toulouse, son fief, qu’il honore de sa plume en en faisant un personnage à part entière.

Un polar bien mené qui gagne en profondeur et confirme le talent de ce flic qui est passé du côté des écrivains à suivre.

Hâte de retrouver cette plume bien armée.

Pour info :

Christophe Guillaumot, né à Annecy en 1970, est commandant de police au SRPJ de Toulouse où il dirige la brigade des courses et jeux.

En 2009, il obtient le prix du Quai des orfèvres pour Chasses à l’homme (Fayard). Avec Abattez les grands arbres (Cairn, 2015 – Points 2018) et La Chance du perdant (Liana Levi 2017 – Points 2018), il impose une série mettant en scène le personnage de Renato Donatelli, dit le Kanak, librement inspiré d’un policier calédonien avec qui il a fait ses premières armes dans la police. 

Que tombe le silence (Liana Levi janvier 2020) confronte le Kanak à des policiers abîmés, à des vies brisées et souligne la dure et implacable réalité de ce métier.

Je remercie les Éditions Liana Levi pour cette plongée dans la tourmente policière.

“ Les mafieuses

Les mafieuses de Pascale Dietrich aux Éditions Liana Levi

” Lorsqu’elle aperçut le téléphone sur la commode au bout du couloir, elle eut tout à coup la certitude que la personne à l’autre bout du fil allait lui annoncer la mort de son mari. (…)

– J’ai pensé que vous voudriez être tenue au courant sans tarder. Votre mari est tombé dans le coma.

Le cœur de Michèle se serra dans sa poitrine. Pas mort, mais presque.

– Vu sa maladie, c’est ce qui pouvait lui arriver de mieux, enchaîna le médecin. Il partira sans souffrir. “

Leone Acampora, un vieux mafioso grenoblois vient de sombrer dans le coma. Ses jours sont comptés. Mais ce n’est pas pour autant qu’il en a oublié ses dernières volontés et compte bien les faire respecter même après sa mort. Il a le bras long, surtout si c’est une question d’honneur.

Michèle sa femme et ses deux filles ont appris à composer avec les cadavres et les valises de cocaïne qui trainaient dans leur somptueuse demeure.

Et il est fort possible que Diane une des filles travaille dans l’humanitaire pour se racheter une conscience. Quant à Alessia, elle est pharmacienne et foisonne d’idées pour moderniser le business paternel.

Mais que feront ces trois femmes, face à un tueur à gage, engagé par l’homme actuellement dans le coma.

Qui sera éliminé avant l’heure du testament ?

Qui a brisé le code d’honneur ?

Ce que j’en dis :

Retrouver une auteure que l’on a précédemment apprécié est déjà au départ très réjouissant. Une île bien tranquille (ma chronique ici) était un petit bonbon très pétillant et plein de surprises. Les mafieuses nous plonge au cœur de la mafia Grenobloise en compagnie de Nanas qui n’ont pas froid aux eux, et seront prêtes à tout pour se protéger de ce tueur à gage, qui que se soit.

Le noir flirte avec l’humour, les sacs à main sont assez grands pour cacher un pétard et les nanas imposent leur loi dans ce milieu de machos.

Et même si le corps mourant est responsable de tous ces maux on est loin de sortir les mouchoirs. Non ici on dégaine les flingues, on s’organise pour ne pas finir dans le trou avec lui, ni à l’ombre. Il aurait tort de s’en faire le mafieux, la relève va assurer.

Pascale Dietrich réussit encore à réveiller mes zygomatiques. Elle m’a régalé avec ses mafieuses pleine de ressources. Un polar à la sauce italienne cent pour cent féminin qui remettra les mâles têtus à leur place.

Un récit savoureux, diaboliquement incorrect, bourrée d’adrénaline et d’une bonne dose d’humour. Une recette qu’elle affectionne, un régal pour les lecteurs qui désirent être agréablement surpris.

Alors faites moi confiance, Les mafieuses vous attendent et vous réservent de belles surprises.

Pour info :

Pascale Dietrich est née à Tours en 1980. Sociologue à l’Ined à Paris, ses travaux portent sur les populations précaires et les inégalités face aux logements et les conditions de vie des plus démunis.

Côté écriture, elle est l’auteur de nouvelles et de courts romans flirtant avec le polar, dont Le Homard (In8, 2013), Une île bien tranquille (Liana Levi, 2016) et Les mafieuses (Liana Levi, février 2019).

Je remercie les Éditions Liana Levi pour cette aventure pleine de piquants délicieusement surprenante.

“ Haine pour haine ”

Haine pour haine d’Eva Dolan aux Éditions Liana Levi

Traduit de l’anglais par Lise Garond

” Ce qui restait de la tête était impossible à identifier. Un mélange immonde de sang, d’os et de cervelle. Le visage était enfoncé, le crâne fracassé, difforme. Des dents blanches apparaissaient sous la joue déchirée, un petit point doré sur un bout de chair, le reste d’une oreille. ”

Dans la ville de Peterborough, un nouveau corps est découvert. Il a été assassiné à coups de pied avec une extrême violence. Encore une fois c’est le corps d’un étranger.

Des caméras ont filmé l’agresseur masqué.

La section des crimes de haine se retrouve sur cette affaire à laquelle s’ajoute celle des trois travailleurs immigrés renversés par un chauffard.

L’inspecteur Zigic et sa partenaire vont se retrouver confrontés à de nombreuses pressions de leur hiérarchie. Le racisme a beau être au centre de ces affaires, il est préférable de ne pas en faire cas, surtout auprès des médias, cela risquerait de déclencher des émeutes raciales au cœur de cette ville déjà sous tension.

” Il s’agissait d’un racisme invisible, quelque chose que les Anglais avaient du mal à concevoir. Les conflits sanglants d’Europe de l’Est continuaient de couver sous la surface et ils étaient au cœur d’un grand nombre des incidents qu’ils avaient à traiter aux crimes de haine. Les Polonais détestaient les Lituaniens, les Bulgares détestaient les Roumains, et tout le monde méprisaient les Rome. Un racisme Blans contre Blancs qui ne se basait que sur le nom des gens.

Une haine absurde qui ne montrait au signe d »essoufflement.

La police s’inquiète, tout comme Richard Shotton , un député local d’extrême droite en pleine campagne électorale, qui se serait bien passé de cette publicité fort malvenue.

Entre jeux de pouvoir, haine identitaire et crise économique, Eva Dolan dresse un portrait acerbe et visionnaire de l’Angleterre.

Ce que j’en dis :

Le roman noir étant ma lecture de prédilection préférée, je suis toujours ravie de découvrir une nouvelle plume. N’ayant pas encore lu son précédent, je n’avais aucune attente particulière en dehors de passer un bon moment de lecture.

La plume de l’auteur et son duo d’enquêteurs m’ont emporté illico au cœur de Peterborough qui se retrouve plongée en plein chaos en quelques jours.

Son second récit pose un regard noir sur les conséquences de la montée en puissance du néo-nazisme, du racisme et de la difficulté pour les immigrés de s’intégrer dans un contexte pareil, et quand en plus les difficultés économiques du pays et la politique s’en mêlent, rien n’est là pour arranger les conflits présents.

Un roman noir très réussi qui reflète avec précision et réalisme le climat actuel, les tensions raciales et les positions conflictuelles des Anglais face au pré- Brexit.

Une nouvelle voix de la fiction anglaise qui mérite toute notre attention.

En deux romans, elle s’impose directe dans les auteures à suivre.

Une belle découverte pour ma part.

Pour info :

Eva Dolan

Eva Dolan est originaire de l’Essex mais vit aujourd’hui près de Cambridge. Un temps critique de polar, elle est passée brillamment côté auteurs avec son premier roman, Les Chemins de la haine, qui remporte en 2018 le Grand Prix des lectrices de ELLE dans la catégorie «Policier», suivi de Haine pour haine (janvier 2019). Auteur de trois autres romans, Eva Dolan ne pose sa plume que pour jouer au poker, sa seconde passion.

“ Route 62 ”

Route 62 dIvy Pochoda aux Éditions Liana Levi

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon

” Le premier bulletin d’information est vague, noyé au milieu d’une liste croissante de ralentissement. Sur la 710, près d’ Artesia Boulevard, un véhicule est arrêté sur la voie de droite. Accident sur la 5, en direction du nord, au niveau de Colorado Boulevard. Dans le centre-ville, entre la 4éme Rue et Hill Street, la 110 est bloquée à cause d’un piéton qui court à contresens. (…) Aucun détail. Aucune explication. Un fait au milieu des faits. “

Un homme nu court au cœur de l’embouteillage matinal de Los Angeles. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il se retrouve être le chaînon manquant qui relie différentes personnes qu’il va croiser sur sa route.

” La ville qui observait n’observe plus. La fumée d’un incendie menace maintenant le Malibu State Park. Une chanteuse a été retrouvée morte dans sa chambre d’hôtel. Et l’attention de tout le monde se tourne vers l’ouest, loin du coureur nu de la 110. Mais il était là – Tony et Ren le savent. Et il est encore là, quelque part, en train de courir, nu. On finira par le retrouver. C’est obligé. Parce que personne ne disparaît à tout jamais. Pas à Los Angeles. Pas quand tant d’yeux observent. “

Cela aurait pu être vite oublié, un fait divers vite noyé au milieu des nouvelles qui se suivent, mais pour certains il est important d’éclaircir ce mystère.

De la Cité des anges au désert des Moraves, ce roman choral nous offre une galerie de personnages aux destins singuliers, parfois en rupture avec la société, en quête de rédemption.

Une véritable course poursuite à travers ces destins liés où il faudra creuser dans ce désert brûlant pour déterrer les secrets enfouis depuis 2006.

Un voyage dans le temps à la recherche de la sortie de route qui a brisé quelques rêves au passage, mais qui laisse toujours un peu d’espoir au hasard des nouveaux chemins empruntés.

 » Intérieurement, il encourageait James, lui souhaitait d’avancer, d’empêtrer tous ces gens, de foutre le bordel dans leurs trajets. Agrippés à leur volants, allant d’un point A à un point B, ils ne savaient pas ce que c’était que d’avoir besoin de s’échapper. “

Ce que j’en dis :

J’ai découvert la plume d’Ivy Pochoda avec son premier roman De l’autre côté des docks que j’avais adoré, une histoire extraordinaire qui explorait l’univers des laissés pour comptes avec beaucoup d’émotions, j’étais donc impatiente de la retrouver et de parcourir à travers ces lignes, la route 62.

L’auteure tisse son histoire autour de personnages atypiques, tous éloignés les uns des autres et pourtant liés entre eux.

Elle s’inspire des histoires glanées dans son quartier et nous offre une fois encore des portraits d’hommes et de femmes tourmentés mais qui débordent d’humanité. Elle nous transporte des coins sombres de Los Angeles aux grands espaces américains à travers des destinées bouleversantes.

Elle dépeint la misère sociale et les vies des êtres à la dérive toujours avec une immense empathie.

Un roman surprenant, brillant , où Ivy Pochoda en restant fidèle à son style de prédilection confirme son talent avec ce deuxième roman noir parfaitement maîtrisé qui tient en haleine le lecteur jusqu’au final.

Route 62 à parcourir sans hésitation à la vitesse qu’il vous plaira…

Pour info :

Ivy Pochoda au Festival America septembre 2018

Ivy Pochoda est née à Brooklyn où elle a vécu jusqu’en 2009. Elle vit actuellement à Los Angeles. Joueuse de squash professionnelle, elle abandonne vite sa carrière pour se consacrer à l’écriture. Son roman, L’autre côté des docks (2013), – dont l’action se déroule à Brooklyn, dans le quartier de Red Hook où elle a longtemps vécu –, a été unanimement salué par la critique et a reçu le Prix Page-America. Son déménagement à Los Angeles en 2009 lui a inspiré Wonder Valley (Route 62), « livre de l’année » du Los Angeles Times.

Je remercie les Éditions Liana Levi pour cette course poursuite infernale cruelle et haletante.

 » La chance du perdant « 

La chance du perdant de Christophe Guillaumot aux Éditions Liana Levi





 » Renato n’en fera qu’à sa tête. Il est comme ça, le Kanak. Il avance, franchit les embûches et règle les problèmes. Une bonne méthode pour obtenir des résultats, une mauvaise recette face à une hiérarchie tatillonne.  » 

À force d’agacer sa hiérarchie, Renato, simple flic a été muté à la brigade des courses et jeux, le plus beau placard du commissariat. 

 » La maison poulaga ne fait pas de cadeaux.  » 

Malgré sa taille de géant tout en muscle, il a le cœur sur la main. 

Loin de la Nouvelle-Calédonie qui lui manque énormément, il reste intègre face à la corruption qui circule aux alentours.

En s’intéressant à un tag sur une façade d’immeuble, il était loin de se douter qu’il était tombé sur le visage d’un homme désespéré qui venait de se suicider. Celui d’un joueur compulsif, interdit de casino qui a préféré en finir une fois pour toute. 

 » Le jeu semble être une drogue à part entière, tout comme le cannabis, la cocaïne ou même l’alcool. Il y a des moments de grâce, de dépression, des rechutes, certains s’en sortent au prix de grands efforts, d’autres s’enfoncent jusqu’à toucher le fond. À croire que l’être humain aime à se faire mal, comme si les aléas de la vie ne suffisaient pas. « 




Au sommet, on souhaite classer l’affaire, mais suite à l’apparition d’autres suicidés, tous retrouvés avec une même carte de jeu sur eux, Renato décide de poursuivre l’enquête aidé par Six, son coéquipier. 

 » Depuis qu’il a rencontré son coéquipier, qu’ils ont bossé ensemble en dehors de toutes règles hiérarchique, sa carrière est partie en vrille. Il a suffi d’une seule affaire, une enquête hors norme aux répercussions désastreuses. Dans ce genre de salade, lorsque les ennuis et les coups bas pleuvent, ils n’est pas nécessaire de se connaître depuis longtemps pour tisser des liens étroits.  » 

En unissant leurs forces et leurs déterminations, ils vont tout mettre en œuvre pour éclaircir cette affaire qui va les conduire dans les méandres des tripots clandestins. 

Restera-t-il un peu de temps au kanak pour s’occuper de sa grand-mère et découvrir pourquoi celle que l’on surnommait Diamant Noir, à une époque, a quitté son grand-père et l’île des Pins.

Pour Six rien ne va plus, mais rien à voir avec le jeu, même s’il s’agit d’une dame de cœur… 

Les dés sont jetés, ma lecture terminée et mon cœur de lectrice comblé. 

Christophe Guillaumot a gagné une nouvelle fan, et ce n’est pas dû à la chance du débutant car ce n’est pas son coup d’essai, mais à son talent d’écriture. Cette fois ce n’est pas son arme qu’il dégaine, il n’est pas en service recommandé au sein de la police des jeux mais au service des lecteurs et leur offre une histoire qui risque bien de les bluffer aussi sournoisement qu’une partie de poker. 

Voilà un flic qui écrit avec ses tripes et avec son cœur. Une histoire où résonne la réalité de son quotidien, je serais prête à le parier. 

Le reflet de notre société mise à mal par le pouvoir de l’argent qui pourrit l’âme humaine.  

En attendant, je ne peux que vous conseiller de miser quelques euros sur «  La chance du perdant  » et vous verrez vous y gagnerez un sacré bon moment de lecture et suis prête à parier là aussi que vous en redemanderez. 

Ah l’addiction quand elle nous tient ! 

Et puis que dire de ses personnages, à part que l’on a qu’une hâte celle de les retrouver. 

Une chance pour moi il m’en reste à découvrir de l’auteur. J’aurai plaisir à retrouver  » Le Kanak, ce colosse désarmant.  » 

Il rejoint le cercle :



Christophe Guillaumot


Christophe Guillaumot est né à Annecy. Il est capitaine de police au SRPJ de Toulouse, responsable de la section  »  courses et jeux « . En 2009, il obtient le prix du Quai des orfèvres pour Chasses à l’homme. Avec Abattez les grands arbres (2015)  et La chance du perdant, il impose une série mettant en scène le personnage de Renato Donatelli, dit le kanak, librement inspiré d’un collègue aujourd’hui décédé. Depuis 2010, Christophe Guillaumot est membre de l’organisation du festival Toulouse Polars du Sud.


« Gabacho »

« Faut pas grand chose pour survivre. Pour vivre par contre, je sais pas. »


Liberio, jeune garçon des rues a fui son pays, le Mexique pour les Etats-Unis. Il débarque des rêves plein la tête. À peine arrivé, Il trouve un petit boulot chez un libraire hispanique. Même s’il est fort occupé par ses nombreuses lectures, ce petit nerveux se bagarre plutôt facilement surtout si on ennuit l’élue de son cœur.


« Mon cœur je le sais déjà, à cesse de m’appartenir depuis longtemps, depuis le premier instant où je l’ai vu. »

Liberio est amoureux ou pense l’être. À travers ce récit, Il nous raconte son histoire avec une langue assez fleurie et originale. À travers une belle galerie de portraits, on suit son parcours, ses galères, ses rencontres qui vont changer sa vie. Même son penchant pour la bagarre le mènera sur une voie inattendue.


« J’ai plus aucun mot dans mon vocabulaire, ils sont tous périmés, et y’a plus la moindre lettre qui se balade autour de ma langue. »

L’histoire d’un migrant pas ordinaire, très attachant, courageux, aussi doué avec ses poings qu’avec ses mots. Un récit drôle, touchant à la langue aussi ébouriffante que Liberio. Un premier roman plutôt réussi.

Photo issue du film « Rêve d’or  » Magnifique œuvre coup de poing sur de jeunes migrants méxicains

Aura Xilonen est née au Mexique. Après une enfance marquée par la mort de son père, elle passe beaucoup de temps avec ses grands-parents, s’imprégnant de leur langage imagé et de leurs expressions désuètes. Elle a seulement dix-neuf ans lorsqu’elle reçoit le prestigieux prix Mauricio Achar pour ce premier roman  » Gabacho ».

Aura Xilonen

Aura Xilonen , une belle révélation des lettres mexicaines.

Je remercie les Éditions Liana Levi pour cette belle découverte .

« Désorientales « 

Désorientales de Négar Djavadi aux éditions Liana Levi



 » Je suis devenue, comme sans doute tous ceux qui ont quitté leur pays, une autre. Un être qui s’est traduit dans d’autres codes culturels. D’abord pour survivre, puis pour dépasser la survie et se forger un avenir. »


Kimiâ est née à Téhéran mais depuis ses dix ans, sa famille s’est exilée en France. Elle y grandit et se tient éloignée de sa culture d’origine ce qui lui procure une certaine indépendance. À travers les expériences qui jalonneront sa vie, son identité sexuelle s’affirmera et la mènera vers cette salle d’attente de l’hôpital Cochin, dans l’attente d’une insémination artificielle où commence cette histoire. L’attente engendre des pensées qui la mèneront vers ses souvenirs.

« Sauf que la liberté est un leurre, ce qui change c’est la taille de la prison . « 


Sa mémoire va nous faire voyager entre l’Iran et la France entre passé et présent, et nous faire découvrir l’histoire de sa famille, compliquée, sur trois générations et celle de son pays de naissance .
Désorientales m’a désorienté, et même si habituellement le passé et présent qui s’entremêlent ne me gêne pas du tout, cette fois ça n’a pas fonctionné comme espéré . Je me suis souvent perdue dans le passé, trop de politique à mon gout. De même que les numéros qui remplacent les noms des personnes de sa famille m’ont dérangé. Découvrir l’Iran de cette façon ne m’a pas emballé et je cherche encore de quel « évènement  » l’auteur nous parle tout au long du récit. Le suspens et l’interrogation demeurent.
J’aime voyager à travers mes lectures et découvrir de nouvelles plumes. Mais ce voyage malgré le diaporama de l’Iran, et les nombreux portraits de famille que nous offre Négar Djavadi ne restera pas inoubliable mais me laissera quelques traces pour certains passages .

 » Nous portons en nous un mécanisme qui permet de prendre part au quotidien malgré l’horreur qui nous entoure. Il suffit se le mettre en marche et d’y croire. « 

Un récit qui plait à de nombreux lecteurs, assez remarqué dans cette importante rentrée littéraire, il ne tient qu’à vous de vous faire votre idée et de m’éclairer sur « L’évènement « si le voyage vous tente.


Négar Djavadi est née en Iran en 1969 dans une famille d’intellectuels opposants aux régimes du Shah puis de Khomeiny. Elle arrive en France à onze ans après avoir traversé les montagnes du Kurdistan à cheval avec sa mère et sa sœur. Elle est aujourd’hui scénariste et vit à Paris . Désorientales est son premier roman.
 

Merci aux édition Liana Levi pour cette découverte.