» Génération Propaganda « 

Génération Propaganda de Benoît Marchiso aux Éditions Playlist Society




Quand on est cinéphile et mélomane, il est bon parfois de se pencher sur des livres que l’on voit passer sur les réseaux sociaux et qui nous interpellent étrangement.

Ma curiosité m’a amené à découvrir tout un pan d’histoire de la musique au cinéma qui m’était totalement inconnu grâce à ce récit très enrichissant 

GÉNÉRATION PROPAGANDA : L’histoire oubliée de ceux qui ont conquis Hollywood.


À l’époque où je regardais les clips, j’étais loin d’imaginer que se cachait derrière ces images cette société Propaganda constituée d’une belle équipe de six fondateurs totalement avant-gardiste. 

« À l’époque on s’amusait autant qu’on travaillait. C’est à dire énormément. » 

Ces génies réunis mettent en avant les futurs talents. 

« Propaganda bouleverse l’esthétique audiovisuelle et innove sans cesse et ça marche. « 

Responsable de la naissance des clips et de l’émission MTV.



Propaganda  va acquérir de la notoriété en même temps que les groupes qu’ils font connaître. Une belle ascension pour chacun. 
« ..dés que MTV a explosé, beaucoup de jeunes Américains ont commencé à s’intéresser aux clips, et le mouvement a été lancé. « 

Les clips permettent de découvrir des talents qui deviennent de véritables phénomènes. La consécration pour les groupes grâce au vidéo de Propaganda films. 



« La clef du succès de cette diversification réside dans sa fidélité au principe de départ de Propaganda Films: c’est une société fondée par Et pour les réalisateurs…
… Il n’a pas fallu longtemps avant que les agences de publicité de Madison Avenue et de la côte Ouest s’intéressent aux rois de la génération MTV. » 

Du clip à la pub jusqu’au cinéma  

 » Si l’industrie de la publicité s’intéresse rapidement à Propaganda Films, c’est parce que celle-ci a su imposer une esthétique inédite et expérimentale qui a marqué tout un pan de la culture de masse des années 1980 Et 1990. Forte de cela, l’entreprise va lentement contaminer le monde de la pub. Et s’approcher tranquillement de son objectif final : le cinéma.  » 


Même si les débuts au cinéma furent difficiles, Propaganda Films participa à la création des séries Twin Peaks et Beverly Hills 90210 Et révéla des metteurs en scène comme David Fisher, Michael Bay, Spike Jonze, Mark Romanek et Antoine Fuqua. 

En 15 ans d’expérience elle aura favorisé l’essor des plus grands tel que Gun N’ roses et Madonna entre autres… 

Pourtant inconnue du grand public cette société est responsable des plus belles images cultes des années 80 à 90. Avec ses clips, ses films, la société a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la télévision et du cinéma américain. 
 Une vraie bible, contée à la manière d’un récit légendaire à travers des témoignages des principaux acteurs de cette épopée. Une mine d’informations, une multitude de détails pour le plus grand bonheur des lecteurs avides de culture.  

 » Le souvenir de cette ascension fulgurante laissera un goût amer le jour où viendra la chute. »

Premier récit qui met en lumière cette société hélas disparue par une Maison d’édition à suivre indiscutablement. 

Une très belle découverte, très enrichissante et passionnante. 

Benoît Marchisio collabore régulièrement avec SoFilm et travaille pour France télévision. Polyglotte et curieux, Il a développé un fort intérêt pour l’écriture transmédia afin d’éclairer d’une nouvelle lumière le cinéma, la télévision et la radio.

Il a participé à l’écriture avec Paul Verhoeven de Total Spectacle en 2016 chez Playlist Society. 

Je remercie Benjamin Fogel pour cette belle découverte culturelle.



 » Les années à rebours « 

Les années à rebours de Nadia Terranova aux Éditions Quai Voltaire



 » S’il y a une chose qui unissait Aurora et Giovanni, c’était la volonté d’enterrer leurs noms de famille. »

Aurora, une jeune fille effacée, timide, mais trés bonne éléve. Giovanni un jeune homme exalté, envoûtant, dernier de la classe qui rêve de révolution. Aurora est l’aînée de sa fratrie à l’inverse de Giovanni qui est de son côté le petit dernier. Deux êtres que tout oppose mais que les bancs de la FAC vont réunir.



 » Ses deux vies, à l’université et en dehors ne coïncidaient pas encore. » 

De nombreux ébats langoureux, après les débats révolutionnaires, où l’on refait le monde en compagnie d’utopistes pendant que les brigades Rouges commencent à faire parler d’elles. 

Aurora et Giovanni s’apprêtent à s’unir pour le meilleur et pour le pire et à devenir parents. 

 » Nous ne lui suffirons jamais pensa-t-elle. Il sait mais il essaie de me faire croire qu’il ne désire rien d’autre que devenir père. « 



Giovanni rêve de devenir un héros politique mais en s’adonnant aux vices de l’alcool et de la drogue il va mettre en péril son couple. Malgré tous les obstacles et le jugement de sa famille, Aurora élèvera seule leur enfant. 

 » Les adultes ne sont au fond que des enfants qui ont survécu. « 


Les années à rebours est un roman magnifique, l’histoire d’un couple ancrée dans la réalité d’une époque – les années de plomb, l’invasion de la drogue, la désillusion des années 1980, le fléau du sida. 

L’histoire d’une passion, de deux êtres qui se sont rencontrés très tôt, très jeunes et sont entrés ensemble dans la tourmente du monde adulte. Ils se sont aimés, perdus, retrouvés puis se sont détestés telle une valse à deux temps dans le tourbillon de la vie. 

Pour un premier roman c’est une belle réussite autant par la plume qui ne manque pas de panache et qui captive le lecteur jusqu’au dénouement final, que par l’ histoire, terrible, bouleversante , bien construite, et très stylée.

Une bien belle découverte, un joli coup de cœur. 

J’espère que vous lui ferez vous aussi un bel accueil tant mérité. 

Nadia Terranova


Nadia Terranova est née à Messine. Elle a suivi des études de philosophie et d’histoire. Elle vit à Rome depuis 2003. Les années à rebours est son premier roman, pour lequel elle a reçu, en Italie, le prix Bagutta Opera Prima, le prix Brancati, le prix Fiesole et le prix Grotte de la Gurfa. 

Je remercie les éditions Quai Voltaire La Table Ronde pour cette romance italienne pleine de charme. 



 

 » Fugitifs « 

Fugitifs de Christopher Sorrentino aux Éditions Sonatine 

 » Je ne souffrais pas du syndrome de la page blanche, je souffrais d’un excès de satiété et du besoin d’éprouver à nouveau le vide afin de pouvoir le combler. » 

Sandy Mulligan, romancier,  a quitté New-york et s’est mis au vert dans le  Michigan pour tenter de finir son dernier livre. 



« Et voilà qu’à présent j’étais au fin fond du Michigan où je ne faisais pas grand – chose à part écouter un homme raconter de vieilles histoires qui n’appartenaient à personne. « 

Il va y rencontrer Kat Danhoff, une jeune journaliste en allant écouter John Salteau, un conteur spécialiste des histoires et légendes indiennes. 

À eux trois, ils forment un sacré trio de raconteurs d’histoires. Mais loin de tout nous dévoiler, chacun semble nous cacher quelque chose. Et lorsqu’un crime est commis dans le coin en même temps que la disparition d’un indien, notre trio de conteurs, va se retrouver en mauvaise posture. 




 » Pourtant, quelqu’un ici était en train de tout perdre, mais pas tout de suite.  » 

À travers ce mélange d’intrigues s’installe un véritable jeu de dupes orchestré par nos trois conteurs maîtres dans l’art de manipuler la vérité. 

Entre fiction et réalité Il n’y a qu’un pas. Tout comme mon ressenti au final de cette lecture agréable mais qui traîne parfois en longueur. Malgré une plume de qualité et une histoire assez originale je reste partagée. Pas entièrement conquise même si au départ ce livre avait tout pour me plaire. 

Un bon moment de lecture mais pas inoubliable, je ne vais pas vous raconter d’histoire moi aussi, l’auteur s’en est déjà chargé. 

À vous de voir… 

Christopher Sorrentino
Christopher Sorrentino, fils de l’écrivain Gilbert Sorrentino, est né en 1963 et vit à New York. Après Transes (Sonatine Éditions, 2012), Fugitifs est son deuxième roman.



Cicatrice 

Cicatrice de Sara Mesa aux Éditions Rivages 

« Elle ne voulait tromper personne, pense-t-elle à présent. Seulement vivre d’autres vies. Sa curiosité était -est-trop grande pour se contenter d’une seule existence.  » 

À l’occasion d’un forum littéraire, Sonia fait la connaissance de Knut. Ce mec un peu trop sûr de lui, monsieur je sais tout, j’ai tout vu, tout lu, l’intrigue. S’en suit une relation à distance assez étrange. 

En un clic c’est le déclic…

Knut offre à Sonia des livres et autres babioles, le tout issu de ses larcins dont il ne se cache pas, bien au contraire.

« Pour acheter, il suffit d’avoir de l’argent. Voler dit- il, exige d’autres qualités. « 

 Ce qui au départ était un échange amical se transforme en véritable harcèlement. 

 » Alors voilà  je te persécute maintenant, à la limite du harcèlement ! C’est vraiment ce que tu crois ?  » 

Un jeu pervers, des échanges malsains, une culpabilité qui ronge, des fantasmes inavouables, de multiples manipulations, mais qui est coupable ? Qui manipule l’autre dans cette relation diabolique ? 

 » A quel moment tout a commencé à mal tourner ? « 

Sara Mesa disséque les travers de notre société. Le virtuel a pris une place phénomènale dans la vie de nos contemporains. Se croyant protéger par une barrière invisible, personne ne se méfie suffisamment. Et pourtant le virtuel peut laisser de bien pire Cicatrices, bien plus difficiles à soigner. 

Ce roman nous parle d’obsessions, de harcèlement, de rencontres et de relations virtuelles. Un récit qui dérange, interpelle. Une histoire troublante, diabolique, perverse qu’il serait bon de ne pas rencontrer dans la vraie vie. 

Une lecture un peu mitigée, pas complètement inintéressante de part l’écriture et le style qui m’a conquise mais pas complètement appréciée, une légère impression d’avoir joué les voyeuses sans pouvoir intervenir quand ça ne me plaisait pas…

Malgré tout, une lecture nécessaire pour mettre en garde contre le danger du harcèlement. 

Sara Mesa

Sara Mesa est née à Madrid. Elle a été finaliste du prix Herralde avec son premier roman Quatre par quatre ( paru chez rivages en 2015). 

Grand succès en Espagne, Cicatrice paraîtra bientôt en Amérique, en Hollande et en Italie. 

Je remercie les Éditions rivages pour cette lecture troublante. 

 » Novembre « 

Novembre de Joséphine Johnson aux Éditions Belfond collection vintage



 » Il n’y a rien de majestueux dans notre existence. La terre tourne en vastes rotations mais nous zigzaguons sur sa surface comme des moustiques, nos journées absorbées par la masse des petites tâches, cette confusion qui forme notre existence nous empêche d’être vraiment vivant. Nous nous fatiguons, nos jours sont brisés en mille morceaux, nos années hachées en jours et en nuits, puis interrompues. Les heures de notre vie volées à nos heures d’activités. Ce sont des intervalles et des éléments volés – parmi quoi ? Ce qui est nécessaire à rendre la vie supportable. « 



La famille Haldmarne, après avoir été ruinée par la Grande Dépression, est venue tenter sa chance dans le Midwest. Pendant une année nous allons partager leur vie faite de labeur sans fin. 

 » Si un homme a en tête de mettre de l’argent de côté pour l’avenir, Il garde le nez dans le sillon et la main à la charrue même en dormant. »


Rien ne leur sera épargné, ni la sécheresse, ni les tempêtes de sable, ni les incendies. Plongée dans la misère cette famille bascule jour après jour vers une terrible tragédie. 

« Quand tout serait mort enfin, je pensais que nous serions délivrés de l’espoir, mais l’espoir est une obsession qui ne meurt jamais. »


Comment se protéger d’un destin funeste avec une vie si difficile, un travail si ingrat, pas d’argent pour se soigner et encore moins pour se nourrir. À quoi bon tout ça! 

 » Mais ce n’était pas une vie ! Si les jours ne sont que des déserts à traverser entre une nuit et une autre… » 


Novembre est un véritable chef-d’œuvre. Un premier roman écrit par une jeune femme de vingt-quatre ans qui a été consacré par le prix Pulitzer en 1935. 

Rien d’étonnant à cela. En parcourant ces pages, j’ai été en totale admiration devant cette plume lyrique, magnifiquement ciselée qui m’a touchée en plein cœur. Ce récit dégage avec force une multitude d’émotions. Une plongée extraordinaire dans un fragment de vie d’une famille américaine d’une réalité bouleversante. Un récit aussi beau et puissant que les raisins de la colère de Steinbeck mais avec une voie unique. 

Une œuvre tout aussi magistrale qui mériterait d’être étudiée et de figurer dans les Grands Classiques de la littérature américaine. 

Un tableau poignant d’une famille de la middle class américaine dans un pays ravagé par la crise. 

On ne peut que remercier les Éditions Belfond d’avoir republié cette merveille dans leur collection Vintage. 

Un classique du genre à redécouvrir absolument.

Un énorme coup de cœur. 

Traduit de l’américain par Odette Micheli. 

Josephine Johnson est née en 1910 à Kirkwood, dans le Missouri. Après des études à l’université de Saint Louis, elle retourne dans la ferme de sa mère et entame la rédaction de Novembre.  

Dés sa parution en 1934, le roman est salué comme un chef-d’œuvre de la littérature de la Grande Dépression. Josephine Johnson remporte le prix Pulitzer l’année suivante à seulement vingt-quatre ans, ce qui fait d’elle la plus jeune lauréate du prestigieux prix. En France, le livre paraît chez Stock en 1938. En 1942, elle épouse l’éditeur d’une revue agricole avec lequel elle aura trois enfants. Elle devient professeur à l’université de l’Ohio, sans pour autant renoncer à sa carrière d’écrivain. Auteur prolifique, elle écrit deux recueils de  nouvelles, de la poésie, un livre pour enfants, des mémoires et trois autres romans, qui ne connaîtront pas le même succès que son extraordinaire premier roman. Josephine Johnson s’est éteinte en 1990 à Batavia, dans l’Ohio. 

Je remercie les Editions Belfond pour cette réédition qui m’a permis de découvrir une œuvre magistrale. 


Confidentiel défense 

Confidentiel défense de Matthew Quirk aux Éditions Le Cherche Midi 



«  Si vous voulez réaliser le casse du siècle, oubliez les banques. Allez directement à la source même de l’argent, la banque des banques, la Réserve fédérale. » 


La Réserve fédérale New-York


Mike est sur le point de se marier. Son futur beau-père est loin de s’en réjouir. Même si Mike a changé son costume d’escroc contre celui d’avocat, le brillant et richissime homme d’affaire ne lui souhaite pas la bienvenue. 

 » Si on rame assez fort et assez longtemps, on peut finir par s’acheter les oripeaux permettant de passer pour quelqu’un de bien, on peut même s’acheter les manières. » 

Voulant se réconcilier avec son frère Jack, il va se retrouver piéger par une organisation qui souhaite ses services pour mettre la main sur la « directive  »  qui permettra de dévaliser la Réserve fédérale, un des endroits le mieux gardé des Etats-Unis. 

 » Il fallait que je trouve un moyen de m’en sortir. Je ne me faisais guère d’illusion sur ce qui m’arriverait s’il apprenait que je tentais de le doubler. Mais peut-être y avait- il un moyen de m’approcher au plus près du feu sans me brûler. Peut-être pouvais-je m’en sortir sans y laisser de plumes. » 


La Réserve fédérale by nigth


L’horloge tourne et sa vie et celle de ses proches sont en danger. Ils doit impérativement réussir à satisfaire les commanditaires pour les sauver. Mais rien ne sera fait pour lui faciliter la tâche. Au cœur même du complot, ça sent les traitres à plein nez. 

 » Qu’est-ce qui vous fait bander à ce point là dans le fait de vous en prendre  à moi ? De foutre ma Vie en l’air ?

– Aucune idée très cher. Peut-être que vous avez sérieusement emmerder quelqu’un qu’il aurait mieux valu éviter. »

Il vont finir par avoir sa peau, à moins d’être plus malin et de réussir  ce coup de maître. Une chose est certaine :  » Ne jamais miser sur le jeu d’un autre. »  alors que la partie commence et que le meilleur gagne. 

Le but du jeu : piquer du fric 

Les règles : être malin pour ne pas se faire prendre 

Les risques : perdre sa liberté, au pire sa vie. 

On y gagne quoi ?  Le plaisir de réussir l’impossible et de garder sa dame de cœur.

Matthew Quirk  avec un talent hors du commun a réussi à me kidnapper quelques heures de mon temps libre  pour dévorer son dernier thriller. 

En même temps, piquer du fric à la réserve de New-York, ça m’intéresse. Je serais pas contre, histoire de renflouer mon compte, mais hélas c’était pas pour moi . En attendant j’adore l’idée, mais faut vraiment que je trouve l’escroc capable de m’aider. Comme l’on fait ces commanditaires mystérieux. Ils ne se sont pas adressés à un branque. Du coup ça fonctionne, on se prend au jeu et on espère que ça va le faire. Pas de temps mort, juste quelques balles à éviter au passage, et une tension permanente qui te fait oublier le temps qui passe. Je verrais bien Matthew McConaughey pour l’adaptation au cinéma en cas où un scénariste se pencherait dessus. Ça pourrait faire un super film, l’action ne manque pas et l’idée est bonne même si c’est un peu gros parfois, c’est américain donc logique. 

Je ne peux  que vous conseiller de vous plonger dans ce Thriller où comme moi vous aurez un coup de foudre pour Mike, le gentleman cambrioleur. 

Encore un auteur qui a volé mon cœur.

Matthew Quirk est journaliste spécialisé en criminologie.Il a étudié l’histoire et la littérature à Harvard.

Matthew Quirk
Après avoir obtenu ses diplômes, il a travaillé pendant cinq ans comme reporter spécialisé dans les affaires criminelles et le grand banditisme pour le journal The Atlantic. 
Il vit aujourd’hui à Washington. 


Les 500 est son premier roman, les droits cinématographiques ont été achetés par la 20th Century Fox. 

Je remercie Catherine et les Éditions Le Cherche Midi pour cet hold-up renversant. 

« Les jumelles d’Arrowood « 

Les jumelles d’Arrowood de Laura McHugh au Éditions Calmann Lévy 

«  Le mimosa continuait d’étirer ses branches à n’en plus finir au- dessus de la pelouse à l’avant où je revoyais encore les jumelles gambader avant qu’une voiture dorée s’éloigne de plus en plus vite. J’inspirai un bon coup et la sentis de nouveau – la douleur fantôme lancinante d’une lointaine blessure. « 


Arden Arrowood revient après 17 ans dans la maison de son enfance sur les bords du Mississippi. Cette vieille demeure semble hantée depuis la disparition de ses sœurs jumelles, Violet et Tabitha. Arden était présente ce jour-là et culpabilise de n’avoir pu protéger ses petites sœurs de l’enlèvement. 

«  Le film se rejouait dans mes pensées à n’en plus finir. » 


Arden s’accroche au passé, persuadée qu’elles sont toujours en vie. Ses soupçons se mélangent à son chagrin et ne lui laissent aucun répit. 

 » Mon chagrin m’avait transformée, il avait fait de moi quelqu’un que je n’aurais pas forcément voulu devenir mais que je pouvais plus éviter d’être. Celle en laquelle je devais à priori me transformer avait disparu avec les jumelles, conduite dans quelque sombre recoin où je ne la retrouverais jamais. » 

Les souvenirs affluent, mais auront-ils l’audace de mettre à jour toute la vérité ? Ou vont- ils la travestir ? 

Table ouija


 » Qui se soucie de l’histoire ? Ce n’est pas comme si elle se répétait ! « 




Toujours attirée par les histoires qui m’embarquent aux États-Unis, j’ai fais connaissance avec la plume de Laura McCugh. Accrochée dés le départ par le style plutôt lyrique et par l’histoire pleine de mystères. 

L’auteure a réussi à me captiver et même à me piéger en m’emmenant sur de fausses pistes. Toujours se méfier de la vérité, ou de ses propres soupçons, tout comme Arden, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. 

Une ambiance inquiètante, un suspens omniprésent, une plume romanesque, une belle combinaison qui nous donne roman psychologique palpitant qui plaira à tous les amoureux de Thriller. 

Laura McHugh

Laura McHugh vit dans le Missouri. Du même sang, son premier roman, a été désigné comme l’un des meilleurs thrillers psychologiques par Bookpage et sera prochainement adapté en série télévisée avec la comédienne Jennifer Garner. 


Je remercie les Éditions Calmann Lèvy pour cette histoire mystérieuse et envoûtante. 


 » Deux sœurs « 

Deux sœurs d‘Elizabeth Harrover  aux Éditions Rivages



 » Sur le quai ensoleillé et venteux, à côté du gros navire camouflé, tout juste mariée et faisant ses adieux à sa mère, Laura se sentit chavirer. Quai, navire, guerre, mariage, adieux- elle n’avait rien planifié de tout cela. Qui l’avait donc contrainte ? Elle avait l’impression d’être réduite à l’état d’objet. « 

Clare et sa sœur Laura s’apprête à vivre loin de leur mère. Une mère qui n’a jamais tenu son rôle et qui se prépare pour un départ apparemment définitif. À la mort de leur père, elles étaient déjà quasiment orphelines, livrées à elles-mêmes.

Deux sœurs ( Toile de Renoir)

    »  Misérable, Clare considérait d’un air mauvais les larmes qui, jaillies de quelques part dans sa poitrine, ruisselaient de ses yeux. Elles avaient été dupées. Laura et elle n’avaient jamais été aimées, en tout cas pas par cette femme. Pas une seule fois, pendant toutes ces années. Clare n’avait senti la moindre affection de sa part. Mais n’accorder aucune importance à la séparation ! S’en moquer ! Son cœur saignait à la pensée de tout ce dont elles avaient été privées. « 


Mais cette fois les sœurs Vaisey vont se retrouver sous le toit de Félix.

Félix qui est désormais le mari de Laura, l’aînée, pour le meilleur ou peut-être pour le pire…

« Il était à la fois, sérieux, taquin, réprobateur, tolérant, vantard, vindicatif et amusé. »

De face, tout pour plaire, de dos, tout pour déplaire. Derrière ce prétendu bienfaiteur ce cache un être narcissique des plus épouvantable.

Décidément la vie des sœurs Vaisey était prédestinée à un dur labeur sans amour.

À travers ce récit, qui pose un regard sans concession sur la condition des femmes dans les années 40, Elizabeth Harrover nous offre un roman psychologique tortueux. Une terrible colère m’envahissait au  fur et à mesure du récit, étant célibattante, ce genre d’histoire à tendance à me mettre en rogne. Les pervers narcissiques m’insupportent. Et je n’avais qu’une envie : réveiller ces deux écervelées endormies par l’argent, le paraître, mais à quel prix ?

Un roman machiavélique,  publié 1966, traduit pour la première fois en Français, Deux sœurs est un classique dans la lignée de Rebecca de Daphné du Maurier.

Traduit de l’anglais ( Australie) par Paule Guivarch.

Une lecture agréable, intéressante pour le côté découverte de l’écriture de l’auteure plutôt réussie mais pas assez passionnante pour ma part pour le côté femme soumise qui a tendance à m’énerver.

Elizabeth Harrower

Née en 1928 en Australie, Elizabeth Harrover a connu un succès fulgurant dans sa jeunesse avant de tomber dans l’oubli. En 2016, la France découvre enfin cette fabuleuse romancière, avec Un autre monde, plébiscité par la critique et les libraires.

Je remercie Thierry des Éditions Rivages pour cette découverte Australienne qui m’a fait sortir de mes gonds une paire de fois. 


 » La rue  » 

La rue d’ Ann Petry aux Éditions Belfond collection Vintage Noir 




 » L’univers où nous vivons présente de grands contrastes. Mais puisqu’une barrière si haute La séparait du monde de la richesse, elle aurait préféré naître aveugle pour ne pas voir sa beauté, sourde pour ne pas entendre ses rumeurs, insensible pour ne pas être effleurée par sa douceur. Mieux encore, elle aurait préféré naître idiote et incapable de comprendre quoi que ce soit, même de soupçonner l’existence du soleil, du confort des enfants heureux.  » 


Lutie est une belle femme, plutôt bien instruite, mais voilà elle est noire, et ce n’est pas la façon dont on la traite qui lui fera oublier cet état. Nous sommes dans les années 1940, la condition des femmes n’est guère reluisante mais si en plus votre couleur de peau est différente, le paradis sur terre n’est pas pour vous. 

Lutie a fui son mariage avec son fils Bub. Après avoir tout tenté pour préserver sa famille et leurs biens, elle se retrouve dans un appartement lugubre, petit, sombre, du quartier de Harlem. 



« – Non, décida -t- elle, pas cet appartement. Alors elle pensa à Bub qui avait huit ans et apprenait à aimer le gin.  » 

 La survie est à ce prix. Tout mettre en œuvre pour donner une bonne éducation à son fils et le préserver au maximum. 

 » Toutes ces rues débordent de violence, pensa- t- elle. On tourne un coin, on longe un pâté de maisons, et la crise éclate tout à coup, sans prévenir. » 


Jour après jour s’ensuit un combat permanent pour garder sa dignité et bien élever son fils. Une lutte sans relâche contre le chemin qu’on tente de lui faire prendre. 

 » Si une jeune femme était de race noire et suffisamment attirante, c’était de toute évidence une catin. »

 » Bien sûr, pensait Lutie en marchant, si vous vivez dans cette rue, vous êtes censée vous faire de petits extras de temps en temps. En couchant un peu partout. Avec des blancs tout à fait charmants.  » 


Lutie aime son fils par dessus tout, tout comme Bub aime et respecte sa mère. Mais cet immense amour réussira – t- il à les préserver du mal qui les entoure. Du mâle en la personne du concierge de l’immeuble complètement obsédé par la beauté de Lutie. 

 » Je suis jeune, je suis forte, Il n’y a rien que je ne puisse faire.  » 


À travers ce premier roman absolument poignant par une auteure injustement oubliée, Ann Petry nous offre le portrait d’une femme, mère célibataire noire pleine de bravoure. Une femme qui tente de sortir de cette rue où siègent le bordel de Mrs Hedges et la cruauté du concierge de son immeuble. Un quartier où règne en maître la corruption, la misère sociale, la saleté et le froid.. 

Un magnifique roman noir qui met en lumière avec une grande lucidité l’injustice raciale. 


Une œuvre majeure de la littérature américaine, un très très grand roman. 

Publié aux États- Unis en 1946, La Rue a paru en France en 1948 à l’instigation de Philippe Soupault Et n’avait jamais été réédité depuis. Un beau cadeau que nous font les Éditions Belfond. Ce livre avait été vendu à plus d’un million d’exemplaires, souhaitons-lui autant de succès de nos jours. 

Ann Petry
Née en 1908 à Old Saybrook, dans le Connecticut, Ann Petry est une auteure afro-américaine issue d’une famille de classe moyenne. Elle s’installe à New-York en 1938, dans le quartier d’ Harlem, où elle écrit pour divers journaux puis publie ses nouvelles dans la presse. Très impliquée dans la vie de son quartier – elle développe notamment différents programmes éducatifs -, elle est témoin des conditions de vie des habitants noirs de Harlem et s’inspire de son expérience pour écrire, en 1946, La Rue, son premier roman. Best-seller immédiatement, il remporte le Houghton Mifflin Liberaty Fellowship Award. Malheureusement, aucune de ses œuvres ultérieures ne renouvellera le succès de son précédent coup de maître. Ann Petry est décédée à Old Saybrook en 1997.  

La rue traduit de l’américain par Martine Monod, Nicole et Philippe Soupault. 

Je remercie Brigitte et les Éditions Belfond pour m’avoir permis la découverte de ce chef-d’œuvre de la littérature afro-américaine. 


La pension de la via Saffi 

La pension de la via Saffi de Valerio Varesi aux Éditions Agullo


« …aujourd’hui, son métier le ramenait sur un lieu de sa jeunesse. Il savait qu’il ne fallait jamais revenir là où l’on avait été heureux. »


À quelques jours de Noël, le commissaire Soneri se retrouve sur l’enquête du meurtre de Ghitta Tagliavini qui a été assassiné dans son appartement situé dans la pension via Saffi. Elle en était la propriétaire. Soneri connaît cet endroit pour l’avoir fréquenté dans sa jeunesse, c’est là qu’il avait rencontré sa femme Ada qui a depuis tragiquement disparue. Les souvenirs refont surface et le perturbent quelque peu. 



« Pour Soneri, il ne s’agissait pas d’une affaire comme les autres, ce n’était pas seulement une enquête sur la mort de Ghitta. Plus il s’y enfonçait, plus il se rendait compte qu’il s’agissait, en définitive, d’une enquête sur lui-même. Et tout ce qui en ressortait jour après jour n’avait rien d’agréable. « 


La ville de Parme sous son épais brouillard n’a pas encore révélé tous ses secrets à Soneri, un commissaire solitaire, épicurien qui n’hésitera pas à mettre les pieds dans le plat, sans se soucier d’éclabousser les hauts dignitaires. 

«  L’expérience lui avait appris qu’il y a toujours quelque- chose de pourri qui émerge quand on gratte sous la surface. »
Pour mener à bien son enquête, il devra affronter ses souvenirs et lever le voile sur une bien étrange photographie qui va lui révéler des vérités sur la vie et la mort d’Ada. 

« Mais la nostalgie ne sert qu’à sublimer la peur que nous fait le temps qui passe. »


C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongée dans cette nouvelle enquête italienne auprès de Soneri. J’ai retrouvé l’atmosphère particulière de Parme que j’avais découverte dans le premier polar de Valerio Varesi  » le Fleuve des brumes«  ( ma chronique ICI ).

Une plume poétique reconnaissable et vraiment appréciable. Une excellente intrigue et un personnage plus profond. Une douce complicité s’installe entre le lecteur et Soneri. Ses souvenirs mis à jour nous rapprochent davantage jusqu’à le rendre touchant. 

Un auteur qui confirme son talent de part sa plume lyrique tout en finesse et la maîtrise de ses enquêtes  à travers un détective vraiment attachant et exceptionnel. 

Pour tous les amoureux des grands polars, à suivre absolument. 

J’ai hâte de retrouver Soneri, Parme et la divine écriture de Varesi pour une nouvelle enquête. 

Valerio Varesi

Valerio Varesi est née à Turin de parents parmesans. Diplômé en philosophie de l’université de Bologne, Il est aujourd’hui journaliste et auteur de onze romans récurrent, dont le Fleuve des brumes, nominé au prestigieux Gold Dagger Award en Angleterre et au Prix Stregga en Italie. 



Je remercie Sébastien des Éditions Agullo pour cette enquête Italienne BELLISSIMA.