» Équateur »

Équateur d’Antonin Varenne aux éditions Albin Michel 


« Tu fuis toujours et tu n’as pas encore trouvé à qui parler, dans ce monde où l’on meurt.  » 

Pete Ferguson est un homme en fuite. Après avoir été voleur, incendiaire dans le Nebraska, déserteur de l’armée et meurtrier dans le Nevada, le revoilà sur la route à la poursuite d’un autre rêve.

 

« On a droit à nos rêves tous autant qu’on est. Même si au bout d’un moment ils deviennent des regrets.  » 

Son périple démarre dans les grands espaces des États-Unis puis direction le Mexique et le Guatemala où il se retrouvera au cœur d’une aventure politique, Il prendra part au combat qui n’est pourtant pas le sien mais qui l’insurge  » une aventure sans destin et une indienne sans terre » qui l’accompagnera dorénavant.


 » À la veille d’une bataille, on écrit des lettres. On convoque un passé qui brille soudain de tous ses détails. On s’accroche à chaque particule du présent comme à de l’eau entre ses doigts, les yeux douloureusement écarquillés, les narines dilatées. Et la première chose que l’on sent est la peur des autres soldats. » 

Puis La Guyane , avant de rejoindre l’eldorado équatorial .

Tantôt cavalier, tantôt flibustier, Il parcourra la moitié du globe pour donner un sens à sa vie, trouver son destin. Une quête qu’il poursuivra jusqu’au bout du monde .

 » – Ce que j’ai appris à l’équateur, c’est que rien ne change, Mais que lutter est moins absurde que d’attendre. Qu’il faut changer même si on sait que ça ne fera aucune différence non plus. Tu comprends ce que je dis ? 

– Qu’un problème résolu a quand même existé. Que se souvenir ou oublier ce n’est pas si différent. C’est un arrangement avec nous-même.

– On sera toujours les mêmes, passé, présent et avenir ensemble. » 

Après  » Trois mille chevaux vapeur » qui m’avait conquise , je retrouve la plume d’Antonin Varenne avec grand plaisir et je poursuis le voyage  à travers ce nouveau roman d’Aventure. Une fois de plus sa plume nous envoûte et il nous offre de magnifiques passages épistolaires. On s’attache à Pete Ferguson dont il nous brosse le portrait, « l’histoire d’une mauvaise graine. » 


Que ce soit dans le polar avec   » Fakirs » le roman Noir avec  » Battues « ou le roman d’Aventure avec « Trois mille chevaux vapeur » , le talent est là. Équateur confirme sa virtuosité. Il renouvelle le Grand roman d’Aventure. Un roman d’errance et de quête qui vous fera voyager et redécouvrir le passé à travers de magnifiques galeries de personnages et des endroits improbables.

Une odyssée envoûtante et poétique qui devrait en ravir plus d’un.

Antonin Varenne au Quai du Polar 2017

Je remercie les éditions Albin Michel pour ce voyage fantastique.

 » Low Down « 

Low Down, jazz, came, et autres contes de la princesse be-bop de A.J. Albany aux éditions 10/18


« Tous les lieux où je me rendais avec lui brillaient de mille feux, comme une fête foraine. » 

Amy Jo, fille de Joe Albany, un pianiste blanc, nous conte à travers ce magnifique récit autobiographique leur histoire.


Grandir auprès de ce père fut parfois difficile malgré tout l’amour qu’elle lui portait.  Bercée depuis toujours par la musique qui les accompagnait en permanence, elle se passionna très tôt pour cet univers. Mais hélas confrontée à l’addiction de son père, l’héroïne rendra son enfance chaotique.

« J’étais persuadée que quelque chose proche d’un amour absolument purificateur existait vraiment dans un coin de cet univers déglingué. » 


Leur amour assez fusionnel n’empêchera pas la descente en enfer de son père. Sa musique et ses dépendances à l’héroïne se livrent une bataille infinie.

« Méfie-toi de cette Vieille Dame qu’est la Vie – elle peut être une sale garce. « 

Rien de tel que la musique comme échappatoire quand on veux oublier ou supporter sa vie. Amy Jo aquit une grande maturité très tôt et se protégea afin de ne pas trop souffrir .

« L’astuce, c’était de garder, dés le départ, suffisamment de distance entre soi et toutes les planches pourries transitoires qui jalonnaient notre route. C’était la seule manière de supporter la déception éprouvée lorsque, à tous les coups ils décideraient de vous rejeter. » 


Un magnifique portrait d’un duo père/ fille, un style lyrique au swing époustouflant. Entre leçon de survie et amour fou, le jazz est là et nous emporte pour une longue balade aux notes virtuoses.


L’amour toujours plus fort que tout, que ce soit pour son père ou pour la musique. Un hommage bouleversant, vibrant, grisant, féroce. La mélodie d’une vie bouleversante.


Amy-Joe Albany passe un vieil album de son père pendant qu’elle travaille sur les décors d’un film : le réalisateur Jeff Preiss, spécialiste de Chet Baker, reconnaît l’interprète et se lie d’amitié avec sa fille – il est l’un des seuls en dehors du monde de la musique à se souvenir de Joe Albany. À sa demande, A.-J. rédige en 2002 des notes sur son enfance, qui deviennent un livre, puis un film, produit par deux musiciens des Red Hot Chili Peppers, avec Glenn Close et deux acteurs de Game of Thrones.

 » Cassandra « 

Cassandra de Todd Robinson aux Éditions Gallmeister 

 » On était moins des videurs que des baby-sitters avec nos poids combinés de deux cent quinze kilos ( surtout les miens) et nos dix mille dollars de tatouage ( surtout ceux de Junior). Le rêve de tous les parents. « 

Boo et Junior, deux gros bras, videurs en soirée dans un club de Boston, enquêteurs privés en journée. Deux gros durs au cœur tendre. Ils se connaissent depuis toujours. Grandir dans le même orphelinat, ça crée des liens indestructibles.

« À Saint-Gab, Il n’y avait que deux moyen d’assurer sa sécurité : être dangereux ou être utile. »

Ils ont bien retenu la leçon, ils sont utiles et dangereux. Faut pas trop les titiller, pas suceptibles mais assez nerveux les gars.

 » – Je vais te tuer et t’enculer après, tapette!

– Ouais, il est pas gay, c’est juste qu’il aime enculer les morts. »

Bon, leur langage est  assez fleuri, en même temps quand tu côtoies la racaille depuis toujours tu peux pas parler comme les grenouilles de bénitier. Et puis faut se faire respecter et c’est pas toujours facile. De plus quand tu te retrouves embarquer sur une enquête où la fille du procureur a disparu c’est pas une mince affaire.

 » – J’aurais sûrement dû fermer ma gueule. Malgré tout, je ne pense pas qu’il nous dénoncerait si ça tourne mal.

– Ouais. Moi aussi j’ai eu cette impression-là. Il n’a prononcé aucune menace, mais il était inquiet. 

-À quel sujet ?

– Il a peur qu’on soit sur le point de faire une énorme connerie. Un truc qui nous foutrait bien dans la merde. Genre, pour l’éternité. « 

Tu l’auras compris, tu vas t’eclater avec ce duo genre Terence Hill Et Bud Spencer. Ça castagne à tout va, ça tombe amoureux, ça bosse dur. Même si ça se casse la gueule parfois ça se relève toujours et ça ne laisse jamais tomber même quand les horreurs vues et vécues sont dures à encaisser. C’est costaud mais fragile aussi .

Todd Robinson frappe fort avec son premier polar, made in USA. D’entrée on s’attache à ces deux mecs pas banals qui vont nous embarquer dans leurs aventures sans une minute de répit. Ça déménage. Un polar de haut vol qui combine humour, action et suspense. Ces deux enquêteurs atypiques nous trimballent à travers Boston et vont nous prouver que l’on peut avoir des biceps, un grand cœur, un cerveau et même de l’esprit .

Un rythme de dingue agrémenté de dialogues pleins d’humour. Impossible à lâcher, triste de les quitter ces deux balezes mais hyper heureuse de les retrouver prochainement dans le second volet  » Une affaire d’hommes « 




Un polar incisif, mordant, corrosif et complètement barré. Que du bonheur. J’en veux encore.
Gallmeister a vraiment un don pour nous dénicher des auteurs de grand talent.

Jetez-vous sur Cassandra, une virée explosive dans Boston. De la dynamite.

Todd Robinson est né en 1972 et a créé une revue spécialisée dans la littérature noire et policière aux États-Unis qui a remporté nombre de prix. Il a été paysagiste, garde du corps, barman et videur – principalement au Roxy à New York et au fameux Rathskeller à Boston. Il vit aujourd’hui dans le Queens à New York avec sa femme, son fils et un chat qui a mauvais caractère.

 » La voix secrète « 

La voix secrète de Michaël Mention aux Éditions 10/18


« Paris, la royale, Paris l’animale, Paris, l’opulente capitale. » 

Avant d’être Paris ville lumière, Paris fût sombre et crasseuse. Dangereuse et mortelle. En cet hiver 1835, un tueur d’enfants sévit dans les quartiers miséreux.


Allard le chef de la sécurité se retrouve sur l’enquête. Certains indices le mènent dans une direction opposée à ce qu’il ressent. Il va tenter de se faire aider par Lacenaire, un poète assassin incarcéré à la conciergerie où il écrit ses mémoires.

 » La vie est si morne, Il faut bien s’amuser un peu. Sinon, c’est la mort. La véritable mort, pas celle de l’échafaud, mais celle qui tue l’esprit. « 

Paris, déjà rongée par la misère et les attentats, se retrouve plongée dans la torpeur. Le mal rôde et assassine des enfants innocents.


La plume incisive de l’auteur voyage miraculeusement du passé vers notre présent. Un éternel recommencement pour certains faits de société. 1835 pourrait très bien être 2017…une manière comme une autre pour piquer là où ça fait mal .

 » Je vis d’un côté une société de riches s’endormant dans ses jouissances et calfeutrant son âme contre la pitié ; d’autre part, une société de misérables qui demandaient le nécessaire à des gens qui regorgeaient de superflu. « 

Michaël Mention en s’inspirant de La Vie de Pierre-François Lacenaire, nous offre un magnifique roman historique noir en traitant l’intrigue sous un angle moderne.


Une histoire dans l’Histoire avec un style qui mérite les lauriers et La  » Mention «  trés bien.

Michaël Mention , un auteur de talent qui sait aisément se diversifier dans ses écrits avec brio et toujours avec un réalisme surprenant quelque soit l’époque où Il nous embarque.


Une fois de plus, je suis tombée sous le charme de sa plume, de son style, de ses descriptions majestueuses, de ses personnages toujours attachants et forts. À chaque écrit, il me fait chavirer par sa façon de sublimer le Noir.


Un auteur incontournable dans l’univers du Noir à lire absolument.
Né en 1979, Michaël Mention est romancier et scénariste. Passionné de rock et d’histoire, il accède à la reconnaissance avec Sale temps pour le pays (Grand Prix du roman noir français au Festival de Beaune en 2013), … Et Justice pour tous (Prix Transfuge du meilleur espoir polar en 2015), tous deux parus dans la collection Rivages/noir, ainsi que Jeudi Noir aux éditions Ombres Noires.

« G comme Gratitude « 

G comme Gratitude  de Lou Vernet aux Éditions BoD 

 » Il n’y a pas de hasard, Il n’y a que des rendez-vous. » Paul Eluard

Quand tu te perds en route , un peu aussi forcée par le destin qui t’a conduit aux urgences au lieu de te laisser gentiment rentrer chez toi rien de tel que de lire ces mots pour guérir tes maux et t’éviter de tomber dans la sinistrose à défaut de cirrhose, l’alcool étant proscrit dans l’établissement de rééducation.

Heureusement les mots ne me sont pas interdits dans ma prescription de convalescence et G Comme gratitude est tout à fait adapté à ma situation.


Entre ces lignes, tu auras droit tantôt à des coups de pied au cul pour avancer, tantôt à de la tendresse qui te mettra du baume au cœur, tantôt à quelques ingrédients pour bien réussir les recettes du bonheur. Tu apprendras la patience mais aussi à lâcher prise. Tu apprendras à dire  non, c’est difficile mais tellement gratifiant. Et tu verras qu’un grain de folie c’est aussi beau qu’un grain de beauté. Que la Vie peut être Belle.  Et tu pourras dire à Maé que le bonheur Il est là , partout autour de toi, dans un sourire, un regard, un moment de partage, dans tous ces petits riens qui font le plus grand bien.

« La vie est trop courte, autant faire le voyage en première classe » Philippe Noiret

La plume de Lou est aussi pleine d’humour, mes pattes d’oies entretenues par tous mes sourires en ont bien profité. La Vie sans humour c’est juste pas possible, au diable les rides et vive le rire.


Un abécédaire, pertinent, drôle, insolite, agrémenté de citations qui relient admirablement bien chaque étape comme un pont entre deux rives .


Un livre à mettre entre toutes les mains, surtout de celles qui doutent, qui souffrent, qui s’impatientent, qui se cherchent, qui se retrouvent en mode pause, au ralenti…pour retrouver l’envie de se battre , pour se dire comme Marc Lavoine  » t’as qu’à t’en foutre ! » Pour retrouver l’énergie sans duracelle et les envies sans pour autant attendre un baby ( lol)

C’est pas du léchage de botte parce que l’auteur m’a envoyé son livre toutes façons c’est plus la saison des bottes. Le printemps arrive donc on enfile ses ballerines et on file danser sur une ritournelle sympathique, on fait la chenille on embarque tous les éclopés de la vie en cours de route on prends le chemin vers le sentier du bonheur. Et que la fête commence. Cessons de faire la gueule l’hiver est fini, le  printemps arrive alors dansons , rions, aimons.

 » Alors, remettons les pendules à l’heure et profitons de la Vie, elle a une date d’expiration. »

Une lecture qui tombe à point nommé, aussi intéressante que divertissante, bourrée d’humour sans alcool ( suis trop en manque ), de citations comme j’aime et que j’aimerais me rappeler et placer comme Luchini au hasard des conversations pour me la peter un peu.
un livre que je ne peut que vous encourager à lire et à offrir sans modérations.


Et n’oubliez pas : « PROFITEZ DE LA VIE: IL EST PLUS TARD QUE VOUS NE LE PENSEZ. »


Merci Lou pour ce cadeau magnifique aussi apaisant qu’énergisant.

 » Version officielle « 

 

Version Officielle de James Renner chez Super 8 Èditions


« Plus tard, Jack eut le temps de se demander comment tout avait commencé. Il comprenait comment ça s’était terminé. Par la trahison, la destruction, la mort. Mais comment cela avait-il commencé ? « 

Lorsque Jack Felter revient dans l’Idaho aider sa sœur à s’occuper de leur père atteint de démence et de perte de mémoire, il ne s’attendait pas à retrouver un amour de jeunesse qui de nouveau bousculera sa vie.


 » Il y a dans la vie de chacun, des jours qu’il voudrait oublier. Des jours qu’il voudrait reprendre à zéro, pour faire les choses différemment. Des jours suffisamment remplis de mauvaises décisions pour dévier le cours d’une vie à jamais. « 

Tony Sanders, son meilleur ami, psychiatre a disparu dans d’étranges conditions, depuis 3 ans. Après avoir rencontré un de ses anciens patients et sous la pression de Samantha, la femme de Tony, Il part à sa recherche avec Cole le jeune patient plus ou moins contraint.



 » Il avait l’impression d’être manipulé, …Poussé en direction de quelques fins secrètes. Manipulé par qui ? Par quoi ? « 

Démarre alors une quête pour découvrir la vérité, mais la vérité est- elle vraiment celle que l’on  croit ?

Et si la vérité était ailleurs ? Et si chacun avait été atteint de ‘cécité d’inattention ‘ , comment être sûre ?

« La mémoire fonctionne parfois bizarrement. Difficile de dire ce qui s’est vraiment passé. »

James Renner a l’art et la manière pour nous plonger dans une aventure hors du commun. Un zeste d’X-Files, une dose de Lost, une intrigue, un îles mystérieuse, des passages secrets, des personnages atypiques, tout est là pour vous rendre addict à cette lecture que vous n’êtes pas prêts d’oublier et qui risque même de soulever de nombreux doutes en vous.

« Nous ne sommes que des histoires, tous autant que nous sommes. Des personnages dans les contes racontés deux fois. Et nous sommes aussi, nous mêmes, des conteurs. C’est une spirale sans fin. On tourne, on tourne encore. Garde un petit espoir qu’avec le temps, nous apprenions à raconter de meilleures histoires. » 

C’est la  » Version Officielle « ,  celle dont on doit se rappeler, celle dont on peut parler, et même si notre mémoire est envahie par des mensonges, on peut toujours « oublier le passé pour créer un avenir meilleur  » 

Une chose est sûre, ce livre est formidable, et je ne vous mens pas, je ne vous manipule pas, je n’en ai pas le pouvoir. Je n’ai que ces quelques mots pour vous convaincre de vous jeter sur ce livre où se mêlent à merveille le genre thriller et SF. Un conte pour adulte que vous ne pourrez quitter, même après l’avoir terminé. Je vous conseille d’ailleurs la Version Papier, car il paraît qu’un jour  » Tout vos E-book disparaîtront, vos Kindles Et vos Kobos ne seront plus que des presse-papiers sans valeur. » 

Vous ne me croyez pas ?

Lisez ce livre vous verrez que je ne mens pas …


Né en 1978, James Renner est écrivain et journaliste. Obsédé depuis l’âge de onze ans par un crime irrésolu dans l’Ohio en 1989, il y a consacré un livre et de nombreux articles. Après Obsession, Version officielle est son deuxième roman publié par les éditions Super 8. 

James Renner

En attendant je remercie les Éditions super 8 pour cette Lecture futuriste magistrale. 

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 » Chat sauvage en chute libre  » 

Chat sauvage en chute libre aux éditions Asphalte


 » la moindre ombre fugace prenait des allures effrayantes d’ailes noires et d’yeux affolés de chat sauvage… en train de tomber dans le vide, en chute libre. »

Mudrooroo nous livre l’histoire d’un jeune métis aborigène tout juste sorti de prison, à sa manière sans jamais le nommer. On découvre, entre passé et présent l’errance d’un homme qui ne trouve pas sa place face au racisme de la société australienne- occidentale. Il séjourne bien davantage en prison et connait peu la liberté. Échec après échec Il s’enlise dans  » la laideur et la désolation de l’enfer . » 


 » La prison, un refuge d’une certaine manière, où je me sentais chez moi bien plus que partout ailleurs.  » 

Habité par une révolte permanente, Il ne fait aucun effort pour s’en sortir, à croire qu’il se plaît  dans cette noirceur.

 » Moi je ne me laisserai plus avoir. Je me fous de tout. Je me suis endurci afin qu’aucune émotion bidon ne puisse jamais plus m’effleurer. J’agis dans la vie comme dans un rêve. Acteur et spectateur en même temps. Limite schiso. « 

Un roman puissant mais fataliste, le premier roman écrit dans les années 60 par un aborigène. Un roman qui est devenu un classique, sans cesse réédité depuis 1965, d’une importance capitale dans la littérature australienne.


Un roman qui respire la colère, la haine,le désespoir.

Lecture faite dans le cadre de masse critique, pour Babelio.

Malgré que ce soit devenu un grand classique de la littérature, ce roman autobiographique m’a quelque peu exaspéré, je suis plus admirative des personnes qui luttent pour se sortir d’une condition difficile quel qu’elle soit que pour un mec qui se détruit et se complaît dans la perfidie.

Même si je reconnais un talent indéniable pour l’écriture à l’auteur, cette lecture fut assez difficile, peut-être lu à un autre moment de ma vie je l’aurais davantage apprécié.

Pas déçue mais pas conquise, mais je vous laisse le soin de vous faire votre idée sur Murdrooroo ce chat sauvage .


Mudrooroo est née en 1938 en Australie-Occidentale. Son enfance tumultueuse le mène très tôt en maison de correction. Il publie en 1965 son premier roman, chat sauvage en chute libre. Suivront des années de voyage, d’écriture et d’engagement pour les droits des Aborigènes. À la fin des années 1990, Il est mis à l’écart des lettres australien suite à une controverse sur ses origines aborigènes. C’est alors qu’il part s’installer au Népal pour travailler à son autobiographie. 
Je remercie Babelio Et les éditions Asphalte pour cette lecture aborigène.

« Gabacho »

« Faut pas grand chose pour survivre. Pour vivre par contre, je sais pas. »


Liberio, jeune garçon des rues a fui son pays, le Mexique pour les Etats-Unis. Il débarque des rêves plein la tête. À peine arrivé, Il trouve un petit boulot chez un libraire hispanique. Même s’il est fort occupé par ses nombreuses lectures, ce petit nerveux se bagarre plutôt facilement surtout si on ennuit l’élue de son cœur.


« Mon cœur je le sais déjà, à cesse de m’appartenir depuis longtemps, depuis le premier instant où je l’ai vu. »

Liberio est amoureux ou pense l’être. À travers ce récit, Il nous raconte son histoire avec une langue assez fleurie et originale. À travers une belle galerie de portraits, on suit son parcours, ses galères, ses rencontres qui vont changer sa vie. Même son penchant pour la bagarre le mènera sur une voie inattendue.


« J’ai plus aucun mot dans mon vocabulaire, ils sont tous périmés, et y’a plus la moindre lettre qui se balade autour de ma langue. »

L’histoire d’un migrant pas ordinaire, très attachant, courageux, aussi doué avec ses poings qu’avec ses mots. Un récit drôle, touchant à la langue aussi ébouriffante que Liberio. Un premier roman plutôt réussi.

Photo issue du film « Rêve d’or  » Magnifique œuvre coup de poing sur de jeunes migrants méxicains

Aura Xilonen est née au Mexique. Après une enfance marquée par la mort de son père, elle passe beaucoup de temps avec ses grands-parents, s’imprégnant de leur langage imagé et de leurs expressions désuètes. Elle a seulement dix-neuf ans lorsqu’elle reçoit le prestigieux prix Mauricio Achar pour ce premier roman  » Gabacho ».

Aura Xilonen

Aura Xilonen , une belle révélation des lettres mexicaines.

Je remercie les Éditions Liana Levi pour cette belle découverte .

« Élastique Nègre « 

Élastique nègre de Stéphane Pair aux Éditions Fleuve Noir 


« Les touristes suivent les ombrelles à la queue leu leu Dans les allées du marché aux fruits et aux fleurs. Ils prennent des photos et achètent des souvenirs avant de remonter très vite dans leur bateau fumant. C’est tout ce qu’il verront de notre île et c’est sans doute suffisant pour eux. Avec Steve ça nous laisse une heure pour les voler sur le marché. »


La Guadeloupe n’est pas qu’une île paradisiaque, sous ses décors de carte postale, elle nous fait oublier son côté sombre. Et lorsque le corps d’une jeune femme blonde est découvert dans les entrailles de la mangrove, ça soulève de nombreuses interrogations, pour commencer, découvrir son identité. Pour le lieutenant colonel Gardé , l’affaire se révèle compliquée, entre les trafiquants de drogues, les insulaires peu coopératifs, et les touristes détroussés, ça va pas être simple pour lui, de mener à bien son enquête. Que se cache-t-il derrière cette morte?


 » Au bout du secret, qu’y a-t-il ? N’y trouve-t-on que le besoin égoïste de soulager sa conscience ? Confronter son petit dégoût de soi au regard des autres et y chercher l’absolution de la communauté des humains pour repartir au combat. Cracher sa merde, c’est le temps qui nous reste, acheter le droit de se considérer encore un peu digne de se lever le matin et, pourquoi pas, recevoir encore un peu d’amour de ceux à qui l’on a menti. Mais au cœur du secret soudain révélé, n’y a-t-il pas plutôt la volonté de tromper encore son monde. Dire sa vérité, drapé de honte jusqu’au cou, pour en réalité taire quelque chose d’encore plus grand, de plus grave et consistant. Selon moi, la majorité des secrets sont fait de cela »



À travers ce roman chorale qui donne la parole à de nombreux protagonistes, tels que Végéta Un dealer, Gina une conteuse, Jimmy petit frère de Gina, Aymé pêcheur à la retraite, Tavares un narco trafiquant, Lize une étudiante américaine, on est embarqué pour un voyage non pas idyllique comme le promettent les slogans publicitaires mais pour une plongée dans les eaux des Caraïbes où la drogue est reine et la violence aussi brutale que les ouragans qui dévastent l’île au moindre passage.


« C’était comme un film sans image tous ces sons …

Ce vacarme, c’était le vent mais aussi les gens qui hurlaient en même temps. Je me souviens d’avoir regardé un moment par la fenêtre. Ce n’était déjà plus le même monde. La rue était noyée et l’eau était montée sur la chaussée jusqu’à la taille. Face à moi, sur le seuil d’une épicerie, je voyais un enfant seul pleurer, l’eau jusqu’au genou, oublié là sûrement, incapable de bouger comme le font les ti moun  quand ils se sentent abandonnés et que tout leur univers s’écroule soudain…

L’eau montait, montait, montait… toute chargée de merde, de terre, de ferrailles et de branches. Et à chaque vague soulevée, la mer mangeait la terre un peu plus, par coudées entières, sans jamais s’arrêter, sans jamais revenir en arrière. Puis, au bout de quelques heures, le cyclone a semblé n’avoir plus de haine. » 


À travers cette galerie de portraits, on découvre une îles aussi malmenée que ses habitants où la drogue fait des ravages, un business florissant pour certains et une terrible malédiction pour d’autres. Qui dit drogue, dit addiction, argent sale, corruption, agression, vengeance, trahison, misère.

Un premier roman où je me suis parfois perdue, le fil de l’histoire est difficile à suivre , le passé et le présent s’entremêlent et forment parfois de sacrés sacs de nœuds. Du début à la fin un véritable jeu de piste avec au détour d’un chemin des informations capitales sur l’histoire. Faut tenter de ne pas s’y perdre et retrouver sa route, pas toujours simple cette balade guadeloupéenne. Par contre un sacré style dans l’écriture, elle s’adapte à chaque personnage et certains sont tout simplement magnifiques. Une histoire sombre, une carte postale de la Guadeloupe sans concession.Un décor de rêve pour une idylle qui démarre au paradis et prends vite la route de l’enfer.

Stéphane Pair

Un premier roman de Stéphane Pair, journaliste radio pour la chaîne publique France Info, Il traite depuis près de dix ans les faits divers, les questions de justice et de société.

Une lecture en demi-teinte, ni complètement conquise , ni complètement déçue. Un auteur que je continuerai à suivre. Car même si le coup de foudre n’est pas là sur le moment j’y pense encore à cette histoire, à ce style et c’est bon signe.