Créatures

Créatures de Crissy Van Meter aux Éditions La croisée

“ Winter Island est une butte de pierre volcanique à moitié sculptée par les glaciers, couverte de forêts verdoyantes et de large plages de sables. Des falaises abruptes s’effritent du haut d’éternités d’érosion. Il y avait autrefois des mammouths laineux. Des colons ont été abandonnés là, et si nous le savons, c’est parce que nous avons dépensé beaucoup d’argent et d’années à creuser la terre pour les mettre à jour. Les gens du continent racontent que notre île a été colonisée par des trolls, des Espagnols puis par toutes les âmes perdues et solitaires de ce monde. Notre marijuana est censée receler des pou magiques. Les rayons de notre soleil davantage encore. Le tout à un peu plus de soi à kilomètres d’une traversée spectaculaire depuis Los Angeles à bord d’un ferry transportant son lot de voitures et de renoncements. Il y a tout un tas de raisons de rester. ”

Evie demeure sur Winter Island depuis sa naissance. Elle est sur le point de se marier, mais son fiancé est porté disparu en mer. Ce n’est malheureusement pas la seule ombre au tableau. Une baleine s’est échouée dans le petit port de l’île, et voilà sa mère qu’elle n’a pas vu depuis longtemps qui débarque sans crier gare.

Mais Evie en a vu d’autres, elle qui a grandi auprès de son père très aimant mais aussi très négligent, sans sa mère partie rejoindre le continent et sa nouvelle vie.

Tu es juste une fille qui veut aimer son père. Mais ta vie est faite de ses leçons grandeurs nature : de mers calmes et après, de monstres marins mystérieux, si nombreux, de choses vivantes dans le Pacifique. Certains jours, les métaphores sont trop confus, trop détrempées, tu voudrais juste qu’il t’aime en retour. Qu’il te fasse un câlin. Il ne sera jamais le père que tu voudrais, il ne trouvera jamais la mère dont tu as besoin, et cependant il est à toi et tu es à lui, et il te faudra naviguer dans ces eaux-là avec lui. ”

C’est de débrouilles à la manière des hobos, jouant parfois les pirates ou les explorateurs qu’ils vécurent sur leur île, vivant principalement du commerce de la Winter Wonderland la légendaire marijuana locale.

Essuyant parfois quelques tempêtes, subissant les brûlures du soleil mais jamais au point de vouloir quitter l’île à laquelle ils sont fortement attachés à contrario de la mère.

Malgré tout, cette vie si particulière n’a pas été sans dommages sur le psychisme d’Evie qui doit faire face à de nombreuses incertitudes inhérentes à sa vie insulaire.

Ce que j’en dis :

Voilà un récit qui m’a capturé dans son filet pour me libérer sur la plage au milieu de créatures terrestres et marines en tout genre pour une aventure hors du commun.

Vague après vague, les souvenirs d’Evie se révèlent dans un ordre assez particulier. Parfois de manière chaotique comme un jour de tempête, sa vie n’étant pas de tout repos auprès de ce père quelque peu irresponsable et parfois de manière plus apaisante nous laissant le temps d’admirer le paysage et d’en prendre plein la vue. Car derrière ses mots et parfois ses maux on sent l’attachement qu’elle a pour les deux, son père et son île, qu’elle ne peut se résoudre à quitter, l’un comme l’autre.

“ Je ne pouvais m’empêcher de songer à tous les moments où nous nous étions perdus ensemble, combien il sera plus facile au fond d’être sans lui si je voulais vraiment trouver mon chemin. ”

En grandissant contre vent et marée, entourée de cette mer Pacifique loin de sa mère légitime, auprès de ce père abîmé par certains abus, il n’est pas toujours facile de faire face à certaines douleurs liées à l’absence et il n’est pas toujours aisé de pardonner, l’être humain est ainsi fait, il doit composer, s’adapter pour survivre et se libérer pour vivre à son tour.

Quelle soit humaine ou maritime, les créatures qui voguent à travers cette histoire m’ont touchées, me laissant au bord du rivage avec une folle envie d’y poser mes valises pour retrouver Evie et visiter son île, et fumer pourquoi pas un peu de Winter Wonderland et accéder au Paradis avec une vue spectaculaire sur cet endroit où la magie opère même dans les situations difficiles pour remettre un peu d’ordre dans le chaos, tel un éclairci après un orage.

Un premier roman qui ne manque ni d’humour, ni d’émotion, où les vies s’entrechoquent, et les éléments se déchaînent, laissant derrière eux toute une vie à poursuivre…

Les éditions Delcourt deviennent La croisée, accueillant d’entrée ces belles CRÉATURES littéraires où la magnifique couverture vous plongera direct vers vingt mille lieux sur une île que vous ne voudrez plus quitter.

Pour info :

Crissy Van Meter vit à Los Angeles. Elle enseigne l’écriture au Writing Institute du Sarah Lawrence College. Elle est la fondatrice de la plateforme Five Quaterly et responsable éditoriale de Nouvella Brooks.

Créatures est son premier roman.

Je remercie les Éditions La Croisée pour ce voyage maritime étourdissant.

Se cacher pour l’hiver

Se cacher pour l’hiver de Sarah St Vincent aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Eric Moreau

Se cacher pour l’hiver, qui n’en rêverait pas en ce moment pour de multiples raisons, même isolé au bout du monde.

Kahtleen vit depuis quelques temps déjà dans ce coin perdu de Pennsylvanie, au cœur d’un parc naturel, sur le sentier des Appalaches.

Les beaux endroits c’est comme partout ailleurs. On y souffre quand même. ”

Elle s’occupe du snack où s’arrêtent parfois les gens des randonneurs.

Elle n’est donc pas surprise quand elle voit apparaître cet étranger dans le paysage, en dehors de son drôle d’accent et de son allure peu adaptée à la randonnée.

Le croyant de passage, elle commence à s’interroger au bout de quelques jours, ne le voyant pas reprendre la route.

Apparemment cet homme semble se cacher.

Vivant reclus depuis un moment avec sa part de traumatisme à surmonter, elle est d’autant plus amène à le comprendre. Sortant chacun de leur réserve, une amitié prends forme et jour après jour chacun se délivre.

Mais dans le silence apaisant de l’hiver le danger se rapproche…

Je comprenais la peur panique, surtout la peur ancrée dans le passé et donc beaucoup plus coriace.

Ce que je comprenais plus que tout, c’était le désir de se couper du monde.

“ J’ai pourtant fini par perdre patience. Quoi que cet homme très étrange soit venu faire ici, croyait-il vraiment qu’il pourrait resté caché à tout jamais dans un trou perdu au fin fond de la Pennsylvanie ? Ce n’était pas réaliste. Il était plus intelligent que ça – et moi aussi ”

Ce que j’en dis :

Certains livres ont le pouvoir de vous embarquer dès les premières pages vers une aventure hors du commun et donne une folle envie de Se cacher pour l’hiver, pour les savourer.

Se cacher pour l’hiver comme Kathleen et Daniil nos deux personnages qui hantent les pages de cette histoire.

Se dévoilant peu à peu l’un à l’autre, nos deux écorchés, blessés physiquement et psychologiquement tentent de s’apprivoiser nous livrant peu à peu leurs blessures et leurs secrets par petites touches comme lorsque le printemps libère l’hiver de ses paysages enneigés avec l’espoir de voir renaître des jours meilleurs.

Avec douceur et subtilité malgré la violence des faits, l’auteure Sarah St Vincent aborde la violence conjugale, la culpabilité et l’espoir du pardon par la rédemption.

Une histoire tragique portée par une plume magnifique qui sied à ravir à ce décors hivernale des Blue Ridge Mountains où nos deux âmes perdues s’apprivoisent, s’entraident malgré la noirceur qui les habitent.

Un magnifique premier roman qui donnent vies à des personnages inoubliables dans une ambiance sous tension où l’intrigue se libère au fil des pages, pour que la souffrance s’envole et que le soleil illumine enfin leur vie.

Une superbe découverte comme sait nous offrir la maison d’éditions Delcourt.

Pour info :

SARAH ST VINCENT a grandi en Pennsylvanie.

Avocate spécialiste des droits de l’homme, elle s’est investie notamment auprès de victimes de violences domestiques.

Elle travaille aujourd’hui pour l’organisation Human Rights Watch en tant qu’observatrice des politiques et pratiques de sécurité intérieure. Se cacher pour l’hiver est son premier roman.

Jazz à l’âme

Jazz à l’âme de William Melvin Kelley aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Éric Moreau

En plus d’être black, Ludlow Whashington est aveugle. Et lorsque qu’il atteint l’âge de cinq ans, il sera abandonné par sa famille dans un institut pour aveugles.

À peine arrivé, il comprend que vivre ici sera difficile.

Endurant quotidiennement des mauvais traitements, il sera épargné grâce à ses prodigieux talents de musicien.

Il quitte l’institut à ses seize ans pour rejoindre un orchestre qui se produisait dans un café à New Marsails.

« Il joue comme un Dieu, ce soir ! Il a le swing dans la peau ce petit ! »

N’ayant pas du tout été préparé à ce qui l’attend dans le monde, il découvre la vie à tâtons.

Malgré tout, il devient rapidement un pionnier du Jazz et part très vite à la conquête des scènes New-yorkaises, devenant une véritable icône.

” – On racontait que j’avais débarqué à New-York et que j’aurais inventé le jazz moderne. “

Quelques années, après la guerre, il quitte les orchestres et forme son premier groupe.

” L’un dans l’autre, ça s’est plutôt bien passé, pendant un temps… “

Mais la musique ne suffit pas à combler tous les manques et très vite ses démons intime le rattrapent.

Blessé à jamais par son enfance volée, meurtri par les trahisons amoureuses, Ludlow perd pieds, et craque en pleine représentation…

” J’ai pas honte du tout. J’ai disjoncté. En fait, j’ai craqué plusieurs fois. “

Le rideau tombe, la gloire s’en est allée, seuls les connaisseurs se souviendront.

Ce que j’en dis :

Roulement de tambour depuis l’annonce du deuxième roman de William Melvin Kelley publié aux Éditions Delcourt, à qui l’on doit une profonde reconnaissance pour nous permettre de découvrir ce formidable auteur oublié de la littérature américaine jusqu’à présent.

Depuis ” Un autre tambour “ (ma chronique ici), j’attendais patiemment Jazz à l’âme, afin de retrouver ce conteur d’histoire qui n’hésite pas à dénoncer les ravages de la ségrégation aux États-Unis.

À travers ce récit, présenté de manière originale en introduisant au début des nouveaux chapitres des extraits d’interviews, on suit le parcours de Ludlow, notre Jazzman le personnage central, depuis son enfance jusqu’à sa vie d’adulte.

Manquant cruellement d’éducation après avoir grandi à l’orphelinat, Ludlow, malheureusement aveugle, découvre à tâtons la vie, accompagnée de sa précieuse musique, dont il espère qu’elle lui ouvrira des portes et le tiendra éloignée de la rue.

Un homme blessé par son douloureux passé, qui s’accroche à sa musique comme une bouée de sauvetage, gardant l’espoir de rencontrer un jour une femme aimante, malgré ses nombreuses déceptions.

Souvent touchant, parfois détestable, l’histoire de cet homme ne peut laisser indifférent face à cette vie tourmentée et cette double injustice à gérer due à son handicap et sa couleur de peau.

Une histoire bouleversante portée par une plume élégante, sans pathos, sans longueur allant à l’essentiel tout en nous offrant un récit intense que l’on quitte les larmes aux yeux, le Jazz à l’âme.

Pour info :

Né à New York en 1937, WILLIAM MELVIN KELLEY a grandi dans le Bronx. Il a 24 ans lorsque paraît son premier roman, Un autre tambour, accueilli en triomphe par la critique.

Comment ce jeune auteur, promis à une brillante carrière, a-t-il disparu de la scène littéraire ? Une décision consciente : la réponse est contenue dans son premier roman en quelque sorte.

En 1966, il couvre le procès des assassins de Malcom X pour le Saturday Evening Post, ce qui éteint ses derniers rêves américains. Anéanti par le verdict, il regagne le Bronx par la West Side Highway, les yeux pleins de larmes et la peur au fond du cœur. Il ne peut se résoudre à écrire que le racisme a encore gagné pour un temps, pas maintenant qu’il est marié et père.

Quand il atteint enfin le Bronx, sa décision est déjà prise, ils vont quitter la «Plantation», pour toujours peut-être. La famille part un temps pour Paris avant de s’installer en Jamaïque jusqu’en 1977.

William Melvin Kelley est l’auteur de quatre romans dont Dem (paru au Castor Astral en 2003) et d’un recueil de nouvelles. En 1988, il écrit et produit le film Excavating Harlem in 2290 avec Steve Bull. Il a aussi contribué à The Beauty that I saw, un film composé à partir de son journal vidéo de Harlem qui a été projeté au Harlem International Film Festival en 2015.

William Melvin Kelley est mort à New York, en 2017.

Je remercie infiniment les éditions Delcourt pour cette nouvelle pépite littéraire.

“ L’écho du temps ”

L’écho du temps de Kevin Powers aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Carole d’Yvoire

” La rumeur qui l’emporta fut exprimée avec une assurance si incontestable qu’elle devait à coup sûr être fausse : elle avait fui vers le sud-ouest, vers les cuvettes des Blues Ridge Mountains alors que le feu brûlait encore dans les braises de la Plantation Beauvais. On aurait pu la trouver dans les hautes terres là-bas, bien au-dessus des prairies nappées de brouillard, là où les épicéas et les sapins poussaient à travers les décombres des arbres morts du passé.

On comprend sans mal pourquoi elle essaya de disparaître. Et si les endroits où l’on disait qu’elle s’était réfugiée n’étaient que des substituts de l’idée de fuite dans l’esprit roussi de ceux qu’elle avait abandonné, peu importe. L’erreur appelle l’erreur. Ça au moins, c’est certain. “

En 1865, en Virginie, au cours d’une nuit, la Plantation Beauvais disparaît sous les flammes. Cette même nuit, Emily Reid Levallois reste introuvable, et différentes rumeurs commencent à circuler. A-t-elle péri dans l’incendie, ou est-elle en fuite pour échapper à son mari tyrannique ?

Et quand est-il de ces deux esclaves, Rawls et Nurse ?

” Quiconque se trouvant proche des limites de la Plantation Beauvais en 1865, quand mai succéda à avril, aurait vu dix mille choses passer dans l’histoire. Des choses dont les noms avaient été charriés tout au long du cours indifférent du temps. Mais l’hiver revint dans le comté pareil à un invité qui aurait oublié son manteau.

Bien des années plus tard, ce sera au tour de Georges Seldom, de s’interroger sur son passé, lui qui avait été trouvé, sous le porche d’une maison avec seulement un mot épinglé sur la poitrine : « Prenez soin de moi. Je vous appartient maintenant »

De la guerre de Sécession à l’Amérique contemporaine, Kevin Powers voyage à travers le temps en fouillant l’histoire violente et déchirante de son pays à travers des personnages emblématiques du Sud, tout en explorant ce qu’il restera une fois que le passé laissera sa place au présent.

Ce que j’en dis :

Quand tu aimes sortir des sentiers battus, c’est tout à fait le genre de récit que tu aimes croiser sur ton chemin : atypique, surprenant, enrichissant, passionnant, extraordinaire.

Bien évidemment, il se mérite d’où l’intérêt pour en profiter au maximum de lui accorder une belle plage de lecture afin de ne pas s’y perdre en cours de route.

L’auteur donne la voix à de nombreux personnages et nous fait voyager entre les années 50 et les années 8o, de l’époque de l’esclavage en passant par la guerre de Sécession, jusqu’à maintenant, tel  » un écho du temps « .

L’histoire se dessine au fur et à mesure et donne sens petit à petit, à ce titre mystérieux.

Avec singularité et une belle part de lyrisme, Kevin Powers confirme son talent de conteur en nous offrant ce deuxième roman que je vous encourage à découvrir.

Aussi envoûtant que déroutant, mais alors quel roman.

Pour info :

Kevin Powers est né à Richmond, en Virginie.

À dix-sept ans, il s’engage dans l’armée et combat en Irak en 2004 et 2005. À son retour, il obtient une bourse d’étude en poésie à l’Université d’Austin, au Texas.

Finaliste du National Book Award et traduit dans 23 pays, Yellow Birds (Stock, Livre de poche), son premier roman, a reçu de nombreux prix.

Info dernière minute (12/11/2019)

Kevin POWERS,

lauréat du Grand Prix de Littérature Américaine 2019

Le Grand Prix de Littérature Américaine 2019 a été attribué à Kevin POWERS pour son roman L’Écho du temps publié aux éditions Delcourt et traduit par Carole d’Yvoire.

Il l’a emporté face à Valeria Luiselli

Je remercie les Éditions Delcourt pour ce voyage dans le temps absolument inoubliable.

“ Un autre tambour ”

Un autre tambour de William Melville Kelley aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Lisa Rosenbaum

” En juin 1957, pour des raisons qui restent à éclaircir, tous les habitants noirs quittèrent l’État. Ce dernier constitue un cas unique dans l’Union, du fait qu’il ne compte pas un seul membre de la race noire parmi ses citoyens. “

Dans le Sud profond des États-Unis, en 1957, de bon matin Tucker Caliban se conduit de manière étrange. Il commence par répandre du sel sur son champ, puis abat sa vache et son cheval pour finir par brûler sa ferme. Une fois ces tâches accomplies, vêtu de son plus beau costume, il quitte la ville.

Le lendemain c’est au tour de tous les autres habitants noirs de déserter la ville.

En fin de journée, cette contrée s’est vidée d’un tiers de sa population et devient une ville de Blancs.

” … personne ne prétend que cette histoire est entièrement vraie. Ça a dû commencer comme ça, mais quelqu’un, ou des tas de gens, ont dû penser qu’ils pouvaient améliorer la vérité, et c’est ce qu’ils ont fait. Et c’est une bien meilleure histoire parce qu’elle est faite à moitié de mensonges. “

C’est ces Blancs, ceux qui restent, les enfants, les hommes et les femmes qui vont après le choc encaissé nous raconter cette histoire.

” N’importe qui, oui, n’importe qui peut briser ses chaînes. Ce courage, aussi profondément enfoui soit-il, attend toujours d’être révélé. Il suffit de savoir l’amadouer et d’employer les mots appropriés, et il surgira, rugissant comme un tigre. “

Ce que j’en dis :

Qu’elle soit vraie ou fausse, cette histoire cache sous ses allures de fable, de bien tristes révélations, qu’elles soient du temps passé ou du temps présent.

À travers la voix des blancs, ce roman choral remonte sur trois générations. L’auteur évoque les questions raciales à travers une histoire étonnante et pose un regard pertinent et avisé sur cette population malgré son jeune âge. À seulement 24 ans, il nous offre un roman surprenant mais au réalisme qui résonne hélas toujours actuellement, le racisme n’étant toujours pas prêt de disparaître.

Publié en 1962 au États-Unis, on ne peut que remercier Kathryn Schulz de lui avoir permis de sortir des oubliettes et féliciter également les Éditions Delcourt de lui avoir donné vie en France.

Un roman de qualité littéraire extraordinaire qui rejoint mon panthéon d’écrivains afro-américains auprès de Toni Morrison et James Baldwin.

” Le géant de la littérature américaine  » à découvrir absolument.

Pour info :

Né à New York en 1937, WILLIAM MELVIN KELLEY a grandi dans le Bronx. Il a 24 ans lorsque paraît son premier roman, Un autre tambour, accueilli en triomphe par la critique.

Comment ce jeune auteur, promis à une brillante carrière, a-t-il disparu de la scène littéraire ? Une décision consciente : la réponse est contenue dans son premier roman en quelque sorte.

En 1966, il couvre le procès des assassins de Malcom X pour le Saturday Evening Post, ce qui éteint ses derniers rêves américains. Anéanti par le verdict, il regagne le Bronx par la West Side Highway, les yeux pleins de larmes et la peur au fond du cœur. Il ne peut se résoudre à écrire que le racisme a encore gagné pour un temps, pas maintenant qu’il est marié et père.

Quand il atteint enfin le Bronx, sa décision est déjà prise, ils vont quitter la «Plantation», pour toujours peut-être. La famille part un temps pour Paris avant de s’installer en Jamaïque jusqu’en 1977.

William Melvin Kelley est l’auteur de quatre romans dont Dem (paru au Castor Astral en 2003) et d’un recueil de nouvelles. En 1988, il écrit et produit le film Excavating Harlem in 2290 avec Steve Bull. Il a aussi contribué à The Beauty that I saw, un film composé à partir de son journal vidéo de Harlem qui a été projeté au Harlem International Film Festival en 2015.

William Melvin Kelley est mort à New York, en 2017.

Je remercie infiniment les éditions Delcourt pour cette pépite littéraire.

“ Toute une vie et un soir ”

Toute une vie et un soir d’Anne Griffin aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (Irlande) par Claire Desserrey

Dans une bourgade d’Irlande, un vieil homme prends place au bar du Rainsford House Hotel, seul comme toujours.

Ici c’est le calme plat. Pas un péquin en vue. Il n’y a que moi, qui marmonne dans ma barbe et tambourine sur le bar, pressé de boire ma première gorgée. Si je réussi à me la faire servir… “

Il est amoureux de Sadie depuis leur première rencontre, mais hélas il y a deux ans Sadie est partie pour toujours.

Même de mauvais poil, elle était jolie. Des cheveux châtains bouclés avec des reflets roux assortis à son rouge à lèvres. Une peau laiteuse. Des tâches de rousseur parfaites partout sur son nez froncé comme si elle les avait dessinées le matin devant sa glace. Des yeux bleus comme un ciel d’été dans le comté de Meath.

Inconsolable, ne pouvant vivre sans elle, il a pris une décision importante, mais avant cela, il va porter cinq toasts, aux cinq personnes qui ont le plus compté dans sa vie.

Je suis prêts pour le premier de mes cinq toasts : cinq toasts, cinq personnes, cinq souvenirs. Je pousse vers elle ma bouteille vide. Elle l’attrape et se détourne, ravie de s’occuper les mains, et moi je murmure dans ma barbe : « Je suis ici pour me souvenir – de ce que j’ai été et de ce que je ne serai plus. »

Le temps d’une soirée, toast après toast, on fait la connaissance de son grand frère Tony, de Noreen, sa belle-sœur un peu fêlée, de la petite Molly, son premier enfant, de son fils Kevin, un brillant journaliste qui mène sa vie aux États-Unis et de Sadie, sa femme qu’il a tant aimé. Cinq toasts pour rendre hommage à ceux qui ont jalonné sa vie pour le meilleur et parfois pour le pire…

Toute une vie se révèle le temps d’un soir, sans fards, à cœur ouvert, avec pudeur et grâce, et nous offre une belle histoire qui contient toute l’âme de l’Irlande.

” En balayant la salle du regard, je repense à la journée que je viens de passer, à l’année – deux années, en fait – sans ta mère. Je me sens fatigué et pour tout dire, pas rassuré. Je frotte mon menton râpeux en observant les bulles remonter, je m’éclaircis la gorge pour évacuer mes soucis. Il est trop tard pour reculer, fiston. Trop tard. “

Ce que j’en dis :

Et si à mon tour je portais cinq toasts pour saluer dignement ce superbe roman.

Le premier toast sera pour le magnifique moment de lecture qu’il m’a fait passé en compagnie d’un homme plein de surprises. J’ai adoré partager les confidences et découvrir cette vie le temps d’une soirée accompagnés de quelques verres.

Je lève mon verre pour un deuxième toast pour souligner l’originalité du récit pour nous présenter les souvenirs de ce taiseux qui a pourtant beaucoup à nous confier.

Des félicitations s’imposent et amènent un troisième toast pour la couverture et le titre qui prennent tous leurs sens au cours de la lecture.

Une histoire ne peut être réussie sans une belle plume et c’est avec grand plaisir que j’ai savouré celle-ci et lui porte un quatrième toast.

Et mon dernier toast sera commun pour féliciter l’auteur Anne Griffin et pour remercier les Éditions Delcourt de l’avoir accueilli dans leur maison auprès de talentueux auteurs du monde entier.

Alors si comme moi, vous aimez les histoires atypiques qui ont une âme, n’hésitez pas à découvrir Toute une vie et un soir et n’oubliez pas de trinquer à son succès absolument mérité.

Une nouvelle plume irlandaise divinement savoureuse, à lire sans modération.

Pour info :

Récompensée par le John McGahern Award, Anne Griffin a publié ses nouvelles dans The Irish Times et The Stinging Fly. Elle a été libraire à Dublin et Londres, et travaille pour plusieurs associations caritatives. Née à Dublin, elle vit aujourd’hui à Mullingar. Son premier roman, Toute une vie et un soir, paraît dans sept pays en 2019.

Je remercie les éditions Delcourt pour ce fabuleux roman absolument inoubliable.

“ Presidio ”

Presidio de Randy Kennedy aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Éric Moreau

 » J’adore ces choses pour leur qualités propres. Mais afin que j’en profite vraiment, il faut qu’elles aient un petit truc en plus, un élément qui sublime le reste – il faut qu’elles soient la propriété, légale ou légitime, de quelqu’un d’autre. “

Troy Falconer vit tel un fantôme en s’appropriant le bien des autres : leurs portefeuilles, leurs valises, leurs costumes, leurs voitures…

” Si j’ai commis un péché, c’est d’être trop américain – de vivre comme les pionniers qui ont construit cette grande nation, toujours en route vers une nouvelle destination, s’évertuant à élargir leur territoire sans rien d’autre qu’un cheval et les haillons qui leur servaient de vêtements. Ou, si je remonte plus loin encore, comme les Comanches, qui ne s’établissaient jamais de façon permanente et considéraient que leurs biens ne leur appartenaient que de manière provisoire. Ils subsistaient grâce à ce qu’ils chassaient ou parvenaient à récupérer, notamment les chevaux, dont on pouvait prendre la bride dans la main d’un soldat endormi sans trop perturber ses rêves.

Mais lorsqu’il apprend que son frère s’est fait plumer du petit héritage de leur père par sa femme, il n’hésite pas à le rejoindre pour lui prêter main forte, bien décidé à retrouver l’argent. Commence alors un road trip chaotique à travers les paysages austères du Texas, au volant d’une voiture volée qui hélas va les mettre dans une fâcheuse position.

” Je pourrais prétendre que j’ai tout inventé, mais ça m’étonnerait qu’on me croit. “

Ce que j’en dis :

On peut compter sur les Éditions Delcourt pour nous offrir un nouveau roman de qualité. Presidio ne déroge pas à la règle avec cet excellent roman noir à l’écriture stylée et à la prose lyrique pleine de charme.

En compagnie de ces deux frères plutôt taiseux, on est embarqué dans un road movie à travers le Texas rural et ses plaines désertiques qui en fait un personnage à part entière. Une rencontre improbable nous fera découvrir la religion de mennonite à travers le personnage de Martha, et fera également prendre une tout autre tournure à l’histoire du départ.

Un récit très cinématographique où résonne la musique de Ry Cooder, dans une ambiance mêlant country et blues.

Une belle aventure américaine envoûtante et étonnante.

Du noir comme j’aime, tout en finesse avec une bonne dose d’adrénaline et des personnages atypiques et attachants qui ne cessent de nous surprendre.

Un début très prometteur pour ce jeune écrivain plein de talent, que je vous encourage à découvrir.

Pour info :

Né à San Antonio, RANDY KENNEDY a grandi à Plains, une bourgade rurale dans le nord du Texas. Il a été critique d’art pour le New York Times pendant 25 ans, où il a écrit sur les plus grands artistes qui ont marqué les 50 dernières années, notamment John Chamberlain, Claes Oldenburg, Bruce Nauman, Vito Acconci, Nan Goldin, Paul McCarthy et Isa Genzken. Il travaille aujourd’hui à la galerie internationale Hauser & Wirth et vit à Brooklyn.

Je remercie les Éditions Delcourt pour ce road trip Texan bouleversant.

“ Ma sœur, serial killeuse ”

Ma sœur, serial killeuse dOyinkan Braithwaite aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barbaste

” Je parie que vous ne le saviez pas : l’eau de Javel masque l’odeur du sang. La plupart des gens utilisent la javel sans discernement ; ils présupposent que c’est un produit à tout faire, ils ne prennent jamais le temps de lire la liste des composants au dos du flacon, ni de revenir inspecter le résultat. L’eau de Javel désinfectera, mais pour éliminer les résidus, ce n’est pas génial ; je ne m’en sers qu’après avoir récuré la salle de bains de toutes traces de vie, et de mort.  »

Korede, est plutôt maniaque, alors quand il s’agit de faire disparaître des taches de sang, elle a ses astuces pour faire place nette. Korede est infirmière, et pourtant c’est chez sa sœur, Ayoola, qu’elle nettoie tout ce sang. Ce n’est pas la première fois malheureusement. Sa sœur à la fâcheuse habitude de trucider ses amants.

Ayoola a beau être la cadette, c’est toujours elle que l’on remarque en priorité. Sa beauté transcende et ne laisse aucun homme indifférent.

Alors quand Ayoola séduit Tade le charmant médecin de l’hôpital où travaille Korede et dont elle est secrètement amoureuse, elle est un peu amère et commence sérieusement à s’inquiéter pour l’avenir.

Comment réussira t’elle à protéger sa sœur et sauver la vie de l’homme qu’elle aime en secret ? Il va vite falloir improviser avant que tout s’emballe encore une fois…

Je rêve de Femi. Pas du Femi inanimé que j’ai rencontré, mais de celui dont le sourire s’affichait partout sur Instagram, celui dont les poèmes continuent à me trotter dans la tête. J’essaie de comprendre comment ce Femi-là est devenu une victime.

Il était arrogant, cela ne faisait aucun doute. Mais c’est couramment le cas des hommes beaux et talentueux. (…)

Dans mon rêve, il s’adosse confortablement à son fauteuil et me demande ce que je vais faire.

« À quel sujet ?

– Elle n’arrêtera pas, tu sais.

– C’était de la légitime défense.

– Allons ! Me gourmande-t-il. Tu n’y crois pas vraiment. ”

Ce que j’en dis :

À travers ces pages où la Javel efface les traces de sang, l’humour décapant de l’auteur nous offre un roman bluffant vraiment atypique.

Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une sœur serial killeuse qui trucide la gente masculine. Il est clair que ça fait tâche dans le décor et qu’on ne s’attend pas à une histoire aussi tordue et pourtant absolument captivante.

Mais ne vous fiez pas aux apparences, derrière cette histoire grinçante, on découvre également le portrait de la société nigérienne, habitée de flics corrompus et de machos en tout genre. Pas étonnant que deux nanas soient complices pour en faire disparaître quelques-uns.

Unies à jamais par les liens du sang, les sœurs Nigérienne réussissent à nous toucher en plein cœur. Le voile se lève peu à peu sur leur drame familial qui pourrait bien être le centre de ce problème.

Un premier roman absolument réussi autant par son style nerveux , sa narration brillante que pour son histoire ultra-noire, explosive, déjantée et vraiment mordante.

Impossible de ne pas succomber à leurs charmes, elles ont tous les atouts pour vous plaire.

Une nouvelle voix dans le paysage littéraire à découvrir absolument.

Pour info :

OYINKAN BRAITHWAITE vit à Lagos, au Nigeria. En 2016, elle a été finaliste du Commonwealth Short Story Prize.

Vendus dans de nombreux pays, les droits de son premier roman Ma sœur, serial killeuse ont été optionnés pour une adaptation au cinéma par Working Title.

Je remercie les éditions Delcourt pour cette histoire sanglante et très brillante.

“ Le paradoxe du bonheur ”

Le paradoxe du bonheur d’ Aminatta Forna aux éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Claire Desserrey

 » À moins d’un kilomètre au sud-est de Bricklayers’ Arms, Jean, une Américaine établie à Londres depuis un an, assise sur le toit de son appartement, souleva ses jumelles pour suivre un renard qui avançait d’un pas dansant sur le mur d’enceinte de l’immeuble. Si elle avait dû décrire les nuances rousses de son pelage, elle les auraient qualifiées d’auburn. C’était d’ailleurs ainsi qu’elle avait surnommé cette petite femelle de moins de trois ans. Elle lâcha les jumelles, attrapa son appareil photo sur la table et fit une série de clichés. La renarde s’arrêta, tendit la tête pour renifler ; on aurait dit qu’elle venait de déceler une altération des molécules de l’air. Une seconde plus tard, elle glissa le long du mur parmi les branches d’un buddleia non taillé et disparut. “

Quelques renards se sont installés dans la Capitale Londonienne et cohabitent avec les humains. Rencontrant parfois quelques difficultés pour survivre dans ce milieu urbain, leurs sorties nocturnes provoquent parfois des rencontres improbables.

Un soir de février, un renard traverse un pont, une femme se lance à sa poursuite et percute un passant. C’est lors de cet événements plutôt banal que Jean, l’Américaine croisa pour la première fois Attila, un ghanéen. Ce sera le début d’une succession de rendez-vous invraisemblables entre ces deux personnages et une multitude d’autres, des étrangers de l’ombre, officiant dans les palaces, les parkings, les parcs, de Londres.

Cette communauté disparate d’exilés va s’unir pour retrouver un petit garçon récemment disparu. Sans même le savoir, un lien particulier unit les hommes et les animaux sauvages de cette ville, et le bonheur pour certains pourrait très bien découler de la présence d’un renard sur un pont, un soir de février.

Ce que j’en dis :

Prenez une ville, peuplée là d’une faune atypique et colorée, ajoutez-y des personnages attachants, puis une bonne dose d’humanité agrémentée d’humour et de joie mais aussi quelques douleurs et vous aurez un condensé de moments qui au final donne un roman on ne peut plus formidable, Le paradoxe du bonheur.

Le passé et le présent s’entrelacent et nous amènent à réaliser que certains chemins douloureux peuvent conduire au bonheur, le traumatisme n’est pas une fatalité mais un passage vers un futur plus joyeux.

Et nous pouvons compter sur la présence à nos côtés du monde animal pour nous montrer la voie, à condition de les laisser vivre en paix, même au cœur des villes.

Ce livre est bien plus qu’un beau roman, il est une belle leçon de vie, et nous apporte davantage qu’un agréable moment de lecture. Il nous ouvre les yeux et nous invite à apprécier tous ces petits moments du quotidien qui mis bout à bout effacent le chagrin et réveillent les cœurs endormis.

Le paradoxe du bonheur, un livre intelligent, profond et poignant à découvrir absolument.

Pour info :

Aminatta Forma  est née à Glasgow d’une mère écossaise et d’un père sierra-léonais, et a grandi en Sierra Leone, puis en Thaïlande, en Iran et en Zambie.

Ses romans voyagent aussi et ont été traduits dans 18 langues. Elle est l’auteur de quatre romans (dont Les jardins des femmes, Flammarion 2003).

On lui doit également un documentaire, Africa Unmasked.

Ses nouvelles et essais ont été publiés par Freeman’s, Granta, le Guardian, LitHub,  le New York Review of Books, l’Observer et Vogue.

Elle enseigne aujourd’hui à l’Université de Georgetown, aux États-Unis.

 Je remercie les éditions Delcourt pour cette balade londonienne pleine de belles surprises.

“ L’habitude des bêtes ”

L’habitude des bêtes de Lise Tremblay aux éditions Delcourt

Juste avant que j’embarque dans l’avion, il m’avait mis un chiot dans les mains. C’était Dan. Je n’avais jamais eu de chien à moi. À la pourvoirie, les chiens, c’était l’affaire des guides. Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas le jeter sur la piste devant tout le monde. Le vol vers le sud a été mouvementé. J’avais peur que le chiot vomisse ou pisse sur moi. Ce n’est pas arrivé. J’ai gardé Dan. “

Benoît Lévesque rentre de Montréal. Il vient de quitter son grand appartement vide. Maintenant qu’on lui a confié ce chien, il sera mieux dans son chalet du Saguenay, au cœur du parc national. Dan pourra profiter pleinement.

” Dans ma vie, il y avait eu un avant-Dan et un après-Dan. Bien que ça puisse paraître loufoque, son arrivée avait été plus importante que mon divorce. “

Mais bien plus tard, à l’arrivée d’un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Dan a vieilli et ses jours semblent comptés.

« J’avais été heureux, comblé et odieux. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. La bonté m’est venue après, je ne peux pas dire quand exactement. »

Des loups ont été aperçu sur le territoire des chasseurs. De vieilles querelles de clans se réveillent, la tension monte au village.

Dans un décor grandiose, au-delà des rivalités c’est à la nature, aux cycles de la vie et de la mort, et à leur propre destinée qu’ils devront tous faire face.

Ce que j’en dis :

Certains auteurs font le choix de nous offrir des textes courts et pourtant chacun de leur récit est d’une puissance extrême. Pour moi, ce n’est pas le nombre de mot ou de page qui définit un grand roman, mais l’intensité des émotions qu’il dégage.

Lise Tremblay fait partie de ceux là, petit mais costaud.

Ce roman absolument exquis m’a charmé autant par sa plume que par son histoire. Chaque mot, chaque phrase atteint son paroxysme de sentiment.

Ici la vie côtoie la mort à travers ce blues à l’accent canadien qui offre bien plus qu’un beau dépaysement.

Une ode à la nature et à l’amour des bêtes.

C’est un beau voyage livresque qu’il serait dommage de ne pas découvrir, une auteure pleine de grâce qui vous transportera au cœur de l’âme humaine où la blancheur des paysages côtoient la noirceur des hommes.

Un énorme coup de cœur pour cette auteure qui m’a donné envie de continuer l’exploration de son univers.

Pour info :

Lise Tremblay est née à Chicoutimi. En 1991, elle s’est vu décerner pour son roman L’Hiver de pluie le Prix de la découverte littéraire de l’année du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean et le prix Joseph-S.-Stuffer du Conseil des arts du Canada. En 1999, son roman La Danse juive lui a valu le Prix du Gouverneur général. Elle a également obtenu le Grand Prix du livre de Montréal en 2003 pour son recueil de nouvelles La Héronnière. Elle a fait paraître trois romans au Boréal, La Sœur de Judith (2007), Chemin Saint-Paul (2015) et L’Habitude des bêtes (2018).

Je remercie Marie-Laure et les éditions Delcourt pour cette formidable découverte.