Jour de dèche de Didier Delome aux Éditions Le dilettante
” Le paradis je l’ai connu sur terre quand j’étais jeune et beau. Et riche. Lorsque je réussissais tout ce que j’entreprenais. Maintenant que j’ai perdu la partie, tant pis; autant me montrer fair-play et garder la tête haute pour tirer ma révérence et effectuer ma sortie le plus discrètement possible. À condition que cela soit définitif. Pour être débarrassé de tout ça une bonne fois pour toutes. Malheureusement à mon grand regret je n’ai pas ce courage. Et je le déplore. Je suis incapable de franchir ce cap fatidique. Quelque part en moi une force invisible retient mon élan et à l’instant fatal la machine se grippe et je reste en rade. Résidu d’une espèce tenace. “
Après avoir connu une vie l’opulence, ce galeriste parisien perds son prestige et sa fortune. Fini le train de vie dispendieux, la fiesta et autres folies décadentes, bienvenue la galère, et la morosité qui l’accompagne. Les cafards ont envahit son espace de vie et même son cerveau. La dépression sème le chaos et après son suicide raté, le mène direct à la rue.
” Je sors par où ils sont entrés. S’en croiser de voisins. La rue est déserte. Je me retrouve assis sur un banc de l’avenue proche où je n’a perçois pas non plus âme qui vive. (…) Ça y est. Je suis à la rue. SDF. Clochard. Même si je n’ai pas encore passé de nuit dehors. “
Malgré tout, une petite fée officie pour lui trouver un toit.ne serait-ce que pour un temps.
” J’ignore ce qui me pousse à persévérer dans cet élan insensé en continuant d’avancer coûte que coûte, alors que j’ai perdu tout espoir d’arriver quelque part où on m’attend et où je serais le bienvenu. “
On ne lui déroule pas le tapis rouge, mais on lui offre un endroit pour dormir, de quoi se retourner. Terminé, on n’épate plus la galerie, on tente de survivre, de relever la tête et de trouver un job. Les jours de dèche ont remplacé les jours de fêtes, les plats préparés les menus cinq étoiles, et pourtant il n’en meurt pas, et trouvera même dans l’écriture un nouvel échappatoire.
Ce que j’en dis :
Ayant connu des jours de dèche, surtout l’année qui a suivi mon accident, j’étais curieuse de découvrir ce qui se cachait derrière ce récit. Personne n’est à l’abri, un rien peut tout faire basculer et vous mener direct à la rue sans un rond en poche. Cette histoire n’a rien à voir avec la mienne, n’ayant jamais connu son train de vie, ni son compte en banque, mais pourtant j’y ai retrouvé certaines similitudes côté galère. Il est clair que sa négligence et son laisser-aller l’ont conduit vers le précipice et sans le sou, je ne peux donc pas le blâmer mais compatir à la suite des événements.
Avoir connu la gloire et la richesse, puis finir en chambre de bonne entretenu par les aides de l’état, c’est loin de faire rêver, il fait pourtant toujours parti des chanceux.
À travers ce récit témoignage, l’auteure nous fait par de sa propre expérience et nous offre une satire sociale plutôt réaliste.
Qui n’a pas connu des jours de dèche ne pourra guère être sensible à cette histoire qui permet pourtant de relativiser.
Tel un phénix, il va renaître de ses cendres, un jour après l’autre et nous fait cadeau de ce premier roman à l’humour caustique et à la langue assez délicieuse agréable à lire.
Pour info :
Des années cinquante à nos jours, après des détours par le journalisme, l’édition, la télévision et le théâtre… enfin la littérature où il raconte tout, ou Presque !
Je remercie les éditions Le Dilettante pour ce récit poignant.