» Entre deux mondes « 

Entre deux mondesdOlivier Norek aux Éditions Michel Lafon



 » (…) ils se sont mis à squatter chaque maison vide, chaque immeuble abandonné, les jardins, les parcs, les ponts et c’est vite devenu invivable. Alors Il a fallu trouver un endroit pour les parquer. Le long de la côte, à l’écart du centre-ville, entre une forêt et les dunes, il y avait un ancien cimetière qui jouxtait une décharge. L’état a fait place nette à coup de bulldozer et on a invité les migrants à s’y installer il y a un an de ça. Au début, ils sont arrivés discrètement, une petite centaine de curieux tout au plus, puis l’info a traversé la planète et ils sont venus par milliers. La jungle était née. « 



Calais, sa plage, son port, sa jungle.

 » Il ne restait plus rien sur cette lande de ce que l’espoir y avait construit.  » 



La jungle et ses migrants venus de tous les horizons, tous dans la même galère mais loin d’être unis pour autant. C’est chacun pour soi enfin presque…

Deux flics, l’un d’ici et l’autre d’ailleurs. Ils ne se connaissent pas mais vont pourtant unir leurs forces pour sauver un enfant et peut-être se sauver eux- même.



 » Remarque, ça fait deux ans qu’on ferme les yeux, c’est pas pour les ouvrir aujourd’hui.  » 



Mais parfois Il est difficile de ne pas transgresser les règles surtout lorsqu’il s’agit du sort d’un gamin..

Adam a fui « (..) une population terrifiée et résignée qui continuait de vivre comme on joue à la roulette russe. » avec l’espoir de retrouver les siens.

Mais ne dit-on pas : flic un jour flic toujours ?

Alors quand il rencontrera Bastien le flic français, Adam aura tendance à laisser le naturel reprendre ses droits… Car on ne fuit pas une guerre pour se retrouver au pire endroit et fermer les yeux sur certaines atrocités.



 » Nous devenons tous des monstres quand l’Histoire nous le propose. « 




Après sa trilogie qui a fait un carton digne des élites au stand de tir, ( Ma Chronique Ici) Olivier Norek signe cette fois bien plus qu’un polar, j’aurais tendance à le qualifier de Roman Noir social. L’auteur dégaine sa plume et une fois encore c’est stupéfiant. Le ton du récit donne de l’authenticité à l’histoire. Plein d’humanité, on ne peut que se sentir impliqué et compatir pour ces migrants et ces deux flics qui ne lâchent rien. Un roman bouleversant qui reflète notre société actuelle avec ses méandres et ses dérives. 

Olivier Norek n’hésite pas à travers ses écrits à dénoncer le système et ses travers. Son statut de flic lui a donné l’occasion de découvrir le pire du pire. Ce dont on ne parle pas, même tout bas, et l’écriture permet quelques confessions de manière détournées. 

Un roman saisissant que je vous invite à lire urgemment. 

 » – Vous croyez aux fantômes, Passaro ? 

– Je ne me suis jamais posé la question. Vous parlez des esprits qui hantent les maisons ?

– Exact. Coincées entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penserà eux, oui. Des âmes, entre deux mondes.  » 




Olivier Norek est lieutenant de police à la SDPJ du 93. 

Auparavant, il a travaillé en tant que bénévole chez Pharmaciens sans frontières durant trois ans, où il participa à la réhabilitation d’un hôpital en Guyane, ainsi que de l’approvisionnement en matériel médical des hôpitaux et camps de réfugiés des territoires en guerre de l’ ex-Yougoslavie (1994-1995).

Il devient ensuite gardien de la paix, puis après avoir réussi le concours de lieutenant il choisit le 93 pour sa nouvelle affectation à la section enquêtes et recherches. (agressions sexuelles, enlèvement avec demande de rançon…) 


Il écrit quelques textes et participe à un concours de nouvelles. Il décide de se mettre en disponibilité ( 2013) pour écrire son premier roman  » Code 93  »  qui remporte un succès immédiat. Suivra  » Territoires  » (2014) puis  » Surtensions  » ( 2016). Tous récompensés par de nombreux prix littéraires. 



Puis en 2017 ,  » Entre deux mondes  » . 

Il a également travaillé àl’écriture de la sixième saison d’Engrenages, série de Canal plus. 

Les droits de ses romans sont déjà acquis en vue d’être portés à la télévision pour être adaptés en série. 

Je remercie les Éditions Michel Lafon pour cette lecture plus que nécessaire.  


 » Glaise « 

Glaise de Franck Bouysse Aux Éditions La Manufacture de livres

 » Le balancier d’une pendule répandait du temps en un lieu qui ne savait apparemment qu’en faire. « 

Dans le Cantal, au pied du Puy-Violent, le temps semblait ralenti, en août 1914 lorsque les hommes du village s’apprêtent à partir pour le front, en laissant sur place les êtres chers.

 »  (…) maintenant que son père était parti, elles ne lui apparaissaient plus comme telles, prenant conscience qu’il allait devoir apprivoiser différemment l’univers amputé de la part tendre de l’enfance. Devenir un homme avant l’âge d’homme.  » 

La guerre sépare ceux qui s’aiment et bien avant la première récolte, elle sème le désordre dans les vies de ceux qui restent. Les petits deviennent des hommes aussi grands que la peine qui les gagne.

Joseph prendra la place du père à la ferme et devra veiller sur sa mère.

 » Pour les femmes, la vie, c’était des actes et bien peu de mots. On leur avait appris que les mots représentaient la désinvolture de l’esprit s’ils n’étaient rattachés à des gestes concrets, comme égrener un épi de maïs, pétrir une pâte, fendre une bûche par le milieu, construire un feu. Les mots, quand ils sortaient, leur semblaient boursouflés de raison, jamais de légèreté et encore moins de folie. « 



Veille aussi Léonard, un vieux voisin sur qui Joseph pourra compter.

 » Léonard se rendait chaque jour à Chantegril. Les visites lui faisaient du bien, l’apaisaient. Malgré la chaleur, il s’amenait invariablement, coiffé de son chapeau fourbu, vêtu de sa veste de drap noir, démarche chancelante à force de s’être tant courbé et autant de fois relevé que ses os avaient fini par prendre le pli d’une douleur acceptée qu’il ne prenait plus la peine de combattre depuis longtemps.   » 

Dans une ferme voisine, chez les Valette, Eugène, le fils est parti à la guerre, laissant seul son père et sa mère. Un père exempté, plein de rage et de colère de ne pouvoir accomplir son devoir.

 » Valette, un homme qui conjuguait sans arrêt le verbe avoir au futur. Un type violent,sournois et envieux ( …) Valette ne respectait rien, pas plus la terre que les hommes. « 

Ce ne sera que l’arrivée dans le paysage de la belle Anna qui mettra un peu de lumière dans le cœur de Joseph, mais il faudra se méfier de Valette, son oncle qui l’a accueilli avec sa mère, le temps de la guerre.

«  Quelques minutes pouvaient suffire à porter une journée sur un nuage. Voleurs de temps habités d’urgence. Une urgence de peau et de regards. Ils n’étaient pas à un âge où on a peur de l’extrémité des désirs.   » 



Trois fermes, trois familles tourmentées, sur cette Terre qu’ils doivent chérir jour après jour, en attendant des nouvelles des leurs.

 » En ce temps de renaissance, les hommes ne se penchaient pas sur la terre, c’était elle qui se penchait sur eux, qui les prenaient, même s’ils n’en voulaient rien savoir. La terre globale et primordiale, qui s’amusait de ses vassaux temporaires, de leurs simples obstination à vouloir durer plus que leur vie en transmettant mieux quelques arpents arides crachés par la roche mère.  » 

De battre, mon cœur s’est arrêté, une larme a coulé puis il s’est de nouveau emballé au rythme des bombes pourtant si loin, prêt à exploser. Des battements  à la cadence de la mule la plus fidèle des fidèles, au rythme des soupirs de l’attente. Un battement plus fort aux prémices de l’amour et plus doux à chaque preuve d’amitié. Des battements qui accompagnent la colère des hommes, d’autres qui se révoltent pour leur méchanceté.

Oui de battre mon cœur s’est arrêté pour mieux repartir plus intensément avec ces protagonistes aussi attachants que Joseph et Léonard avec dans le voisinage le détestable Valette.

 » Une gamme infinie de sentiments humains.  » 

À travers une plûme toujours aussi élégante Franck Bouysse , cet artisan littéraire, créé un univers où le soucis du détail vehicule une quantité d’émotions. Notre cœur bat à l’unisson avec ses personnages. Chaque lettre, chaque mot, chaque phrase, chaque personnage, donne une sonorité particulière au récit. On ne peut pas être insensible à une telle qualité d’écriture. Tel un orfèvre il créé un véritable diamant noir.

 » Une suite de mots endoloris par le grondement du tonnerre.  » 

Déjà conquise depuis ma première lecture de  » Grossir le ciel  » en 2014 , l’auteur ne cesse de m’enchanter avec ses romans toujours plus beaux, toujours plus forts. Il a changé ma façon de lire et m’a rendu bien plus difficile et plus exigeante dans le choix de mes lectures. J’ai gouté au grand luxe de l’écriture française , du cinq étoiles, grâce à ses romans, et une fois encore je ne peux que vous encourager à découvrir, Glaise,  à le savourer, le déguster, page après page, d’où j’ai noté et partagé ( ne m’en voulez pas )  quelques – uns des magnifiques passages qu’il renferme, tel un photographe devant un spectacle grandiose.

Glaise n’est pas un coup de cœur, mais un véritable coup de foudre.

Pour continuer la découverte, voici le compte-rendu de quelques questions personnelles posées à Franck.

 Est-ce difficile de transposer une histoire à une époque que l’on n’a pas connu ?

Pas vraiment, dans la mesure où j’ai énormément lu sur cette période de l’histoire qui me fascine. Pour ne pas commettre d’impair, j’ai également fait appel à une historienne.

– C’est la première fois que tu donnes la voix à la jeunesse, cela te tenait à cœur ?

– Oui, vraiment, ce roman est aussi et peut-être avant tout un roman d’initiation.

–  Est-ce la première ou la dernière phrase la plus difficile ? 

– Je les avais dès le début du roman. 

– Comment choisis-tu tes citations que tu insères au début de tes romans noirs?

– Elles sont toujours liées au texte, je les pioche dans mes lectures passées. 

– Quelques mots personnels sur cette magnifique histoire ?

Je la porte en moi depuis quelques décennies, elle m’a été indirectement inspirée par mon arrière-grand-père. Même si c’est une fiction, il m’a poussé à écrire sur cette guerre qui me révolte, à ma façon.

J’espère sincèrement vous avoir donner envie de découvrir cette plume, poétique, racée, soignée, pour des histoires hors du commun.


Franck Bouysse est originaire de Brive-la-Gaillarde. En dehors de son métier d’écrivain, il est professeur de Biologie dans un lycée à Limoges. Il compartimente sa vie et dort peu pour réussir à conjuguer au mieux ces deux professions. Il écrit depuis son adolescence où il faisait ses gammes. Bien plus tard après avoir publié une trilogie d’aventure, des polars et des romans noirs, après neuf versions, encouragé par un ami ( je remercie cet ami )  qui l’incita à envoyer le manuscrit de Grossir le ciel , il sera publié à La Manufacture De Livres en 2014. Un livre qui a changé sa vie, qui sera prochainement adapté au cinéma, et a obtenu de nombreux prix littéraire, tel que le Prix Polar Michel-Lebrun ( 2015 ) , Prix Polars Pourpres ( 2015 ) … Et dernièrement Prix SNCF du polar cette année.



Il écrit à son bureau, à la plume d’un stylo de voyage sur des cahiers d’écoliers, entouré de ses pères Spirituels tel que Faulkner, McCarthy, qui lui ont donné la permission d’écrire en nous proposant son écriture singulière.

Passionné de littérature américaine, il sera prochainement en compagnie de Ron Rash à la librairie Page et Plume de Limoges le lundi 18 septembre, pour une fabuleuse rencontre. 


J’espère de tout cœur y être pour vous en parler prochainement. 

« … Avec ses mots, avec sa voix dans les mots, avec lui entier, ou plutôt une image de lui écrivant les mots.  » 


Je remercie Franck, et Pierre des Éditions La Manufacture de Livres pour ce must absolument fabuleux que j’ai découvert prématurément. 

 » Afin que rien ne change  » 

Afin que rien ne change de Renaud Cerqueux aux Éditions Le Dilettante 


 » J’estimais les dimensions de ma prison à sept mètres de large sur un peu plus de long et trois mètres sous plafond. Environ cent quarante-sept mètres cubes. Cinquante mètres carrés. Une cave ou un bunker enfoui sous le terrain d’un cinglé se préparant à l’apocalypse. De quoi aménager un souple de rêve pour une petite famille parisienne. ( …) 

Je pouvais être n’importe où sur terre.  » 




Emmanuel Wynne, la quatrième fortune de France a été enlevé par un mec déguisé en Roswell. Il se retrouve nu et enchaîné dans une pièce sombre, froide et insalubre. Privé de sa liberté et de sa dignité, son calvaire commence 

«  Son intention était claire. Il voulait me briser. Exploiter le froid, la fatigue, la faim, pour faire de moi son chien.  » 

Cet enlèvement est on ne peut plus étrange, pas de demande de rançon malgré la fortune du kidnappé. Le ravisseur évoque « une expérience ». Une petite plongée bien loin des paradis fiscaux mais proche de l’enfer, juste une année …

 » À chaque nouvelle conjecture, je sombrais un peu plus dans la folie. » 


 » Une expérience  » que je vous invite à découvrir car je suis sûre que vous en rêvez tous. Pas d’être enfermé et privé vous aussi de votre liberté et de votre confort, mais de laisser votre place aux grosses fortunes pour qu’elles comprennent enfin comme c’est indécent de nous balancer à la face leurs salaires monstrueux. Comment c’est de bosser 10 h par jour pour un salaire de misère, leur faire connaître le dur labeur des salariés exploités et malmenés. Les priver de leur confort et tous leurs avantages ne serait-ce qu’une semaine. Oui, mettre en marche la révolte de la classe moyenne. 

À travers ce roman noir cynique, on découvre une véritable satyre sociale, une vision absurde et caustique de l’entreprise. Une plume féroce, admirable, réaliste, sans concession. Une fable moderne du monde actuel, qui fera grincer les dents longues et fantasmer les petites gens. Si seulement cela était possible de réveiller les consciences afin que justement tout change. 



Afin que rien ne change, une plume grinçante, un scénario inventif, un récit qui sonne vrai et m’a captivé jusqu’au final. 

Une très belle découverte de la rentrée littéraire. 


Romain Cerqueux est né en 1977 et vit à Brest. Touche-à-tout, talentueux et curieux, Il est scénariste de BD ( Dérapages, Le Syndrome de Warhol) et joue aussi dans un groupe de pop rock brestois, Stockolm. 



Il publie en 2016 aux Éditions Le Dilletante Un peu plus bas vers la terre, un recueil de nouvelles percutant où l’auteur nous promène dans un monde absurde et halluciné, univers que l’on retrouve dans Afin que rien ne change, son premier roman. 

Je remercie les Éditions Le Dilettante pour cette lecture démoniaque. 


 » Génération Propaganda « 

Génération Propaganda de Benoît Marchiso aux Éditions Playlist Society




Quand on est cinéphile et mélomane, il est bon parfois de se pencher sur des livres que l’on voit passer sur les réseaux sociaux et qui nous interpellent étrangement.

Ma curiosité m’a amené à découvrir tout un pan d’histoire de la musique au cinéma qui m’était totalement inconnu grâce à ce récit très enrichissant 

GÉNÉRATION PROPAGANDA : L’histoire oubliée de ceux qui ont conquis Hollywood.


À l’époque où je regardais les clips, j’étais loin d’imaginer que se cachait derrière ces images cette société Propaganda constituée d’une belle équipe de six fondateurs totalement avant-gardiste. 

« À l’époque on s’amusait autant qu’on travaillait. C’est à dire énormément. » 

Ces génies réunis mettent en avant les futurs talents. 

« Propaganda bouleverse l’esthétique audiovisuelle et innove sans cesse et ça marche. « 

Responsable de la naissance des clips et de l’émission MTV.



Propaganda  va acquérir de la notoriété en même temps que les groupes qu’ils font connaître. Une belle ascension pour chacun. 
« ..dés que MTV a explosé, beaucoup de jeunes Américains ont commencé à s’intéresser aux clips, et le mouvement a été lancé. « 

Les clips permettent de découvrir des talents qui deviennent de véritables phénomènes. La consécration pour les groupes grâce au vidéo de Propaganda films. 



« La clef du succès de cette diversification réside dans sa fidélité au principe de départ de Propaganda Films: c’est une société fondée par Et pour les réalisateurs…
… Il n’a pas fallu longtemps avant que les agences de publicité de Madison Avenue et de la côte Ouest s’intéressent aux rois de la génération MTV. » 

Du clip à la pub jusqu’au cinéma  

 » Si l’industrie de la publicité s’intéresse rapidement à Propaganda Films, c’est parce que celle-ci a su imposer une esthétique inédite et expérimentale qui a marqué tout un pan de la culture de masse des années 1980 Et 1990. Forte de cela, l’entreprise va lentement contaminer le monde de la pub. Et s’approcher tranquillement de son objectif final : le cinéma.  » 


Même si les débuts au cinéma furent difficiles, Propaganda Films participa à la création des séries Twin Peaks et Beverly Hills 90210 Et révéla des metteurs en scène comme David Fisher, Michael Bay, Spike Jonze, Mark Romanek et Antoine Fuqua. 

En 15 ans d’expérience elle aura favorisé l’essor des plus grands tel que Gun N’ roses et Madonna entre autres… 

Pourtant inconnue du grand public cette société est responsable des plus belles images cultes des années 80 à 90. Avec ses clips, ses films, la société a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la télévision et du cinéma américain. 
 Une vraie bible, contée à la manière d’un récit légendaire à travers des témoignages des principaux acteurs de cette épopée. Une mine d’informations, une multitude de détails pour le plus grand bonheur des lecteurs avides de culture.  

 » Le souvenir de cette ascension fulgurante laissera un goût amer le jour où viendra la chute. »

Premier récit qui met en lumière cette société hélas disparue par une Maison d’édition à suivre indiscutablement. 

Une très belle découverte, très enrichissante et passionnante. 

Benoît Marchisio collabore régulièrement avec SoFilm et travaille pour France télévision. Polyglotte et curieux, Il a développé un fort intérêt pour l’écriture transmédia afin d’éclairer d’une nouvelle lumière le cinéma, la télévision et la radio.

Il a participé à l’écriture avec Paul Verhoeven de Total Spectacle en 2016 chez Playlist Society. 

Je remercie Benjamin Fogel pour cette belle découverte culturelle.



Cicatrice 

Cicatrice de Sara Mesa aux Éditions Rivages 

« Elle ne voulait tromper personne, pense-t-elle à présent. Seulement vivre d’autres vies. Sa curiosité était -est-trop grande pour se contenter d’une seule existence.  » 

À l’occasion d’un forum littéraire, Sonia fait la connaissance de Knut. Ce mec un peu trop sûr de lui, monsieur je sais tout, j’ai tout vu, tout lu, l’intrigue. S’en suit une relation à distance assez étrange. 

En un clic c’est le déclic…

Knut offre à Sonia des livres et autres babioles, le tout issu de ses larcins dont il ne se cache pas, bien au contraire.

« Pour acheter, il suffit d’avoir de l’argent. Voler dit- il, exige d’autres qualités. « 

 Ce qui au départ était un échange amical se transforme en véritable harcèlement. 

 » Alors voilà  je te persécute maintenant, à la limite du harcèlement ! C’est vraiment ce que tu crois ?  » 

Un jeu pervers, des échanges malsains, une culpabilité qui ronge, des fantasmes inavouables, de multiples manipulations, mais qui est coupable ? Qui manipule l’autre dans cette relation diabolique ? 

 » A quel moment tout a commencé à mal tourner ? « 

Sara Mesa disséque les travers de notre société. Le virtuel a pris une place phénomènale dans la vie de nos contemporains. Se croyant protéger par une barrière invisible, personne ne se méfie suffisamment. Et pourtant le virtuel peut laisser de bien pire Cicatrices, bien plus difficiles à soigner. 

Ce roman nous parle d’obsessions, de harcèlement, de rencontres et de relations virtuelles. Un récit qui dérange, interpelle. Une histoire troublante, diabolique, perverse qu’il serait bon de ne pas rencontrer dans la vraie vie. 

Une lecture un peu mitigée, pas complètement inintéressante de part l’écriture et le style qui m’a conquise mais pas complètement appréciée, une légère impression d’avoir joué les voyeuses sans pouvoir intervenir quand ça ne me plaisait pas…

Malgré tout, une lecture nécessaire pour mettre en garde contre le danger du harcèlement. 

Sara Mesa

Sara Mesa est née à Madrid. Elle a été finaliste du prix Herralde avec son premier roman Quatre par quatre ( paru chez rivages en 2015). 

Grand succès en Espagne, Cicatrice paraîtra bientôt en Amérique, en Hollande et en Italie. 

Je remercie les Éditions rivages pour cette lecture troublante. 

« Les jumelles d’Arrowood « 

Les jumelles d’Arrowood de Laura McHugh au Éditions Calmann Lévy 

«  Le mimosa continuait d’étirer ses branches à n’en plus finir au- dessus de la pelouse à l’avant où je revoyais encore les jumelles gambader avant qu’une voiture dorée s’éloigne de plus en plus vite. J’inspirai un bon coup et la sentis de nouveau – la douleur fantôme lancinante d’une lointaine blessure. « 


Arden Arrowood revient après 17 ans dans la maison de son enfance sur les bords du Mississippi. Cette vieille demeure semble hantée depuis la disparition de ses sœurs jumelles, Violet et Tabitha. Arden était présente ce jour-là et culpabilise de n’avoir pu protéger ses petites sœurs de l’enlèvement. 

«  Le film se rejouait dans mes pensées à n’en plus finir. » 


Arden s’accroche au passé, persuadée qu’elles sont toujours en vie. Ses soupçons se mélangent à son chagrin et ne lui laissent aucun répit. 

 » Mon chagrin m’avait transformée, il avait fait de moi quelqu’un que je n’aurais pas forcément voulu devenir mais que je pouvais plus éviter d’être. Celle en laquelle je devais à priori me transformer avait disparu avec les jumelles, conduite dans quelque sombre recoin où je ne la retrouverais jamais. » 

Les souvenirs affluent, mais auront-ils l’audace de mettre à jour toute la vérité ? Ou vont- ils la travestir ? 

Table ouija


 » Qui se soucie de l’histoire ? Ce n’est pas comme si elle se répétait ! « 




Toujours attirée par les histoires qui m’embarquent aux États-Unis, j’ai fais connaissance avec la plume de Laura McCugh. Accrochée dés le départ par le style plutôt lyrique et par l’histoire pleine de mystères. 

L’auteure a réussi à me captiver et même à me piéger en m’emmenant sur de fausses pistes. Toujours se méfier de la vérité, ou de ses propres soupçons, tout comme Arden, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. 

Une ambiance inquiètante, un suspens omniprésent, une plume romanesque, une belle combinaison qui nous donne roman psychologique palpitant qui plaira à tous les amoureux de Thriller. 

Laura McHugh

Laura McHugh vit dans le Missouri. Du même sang, son premier roman, a été désigné comme l’un des meilleurs thrillers psychologiques par Bookpage et sera prochainement adapté en série télévisée avec la comédienne Jennifer Garner. 


Je remercie les Éditions Calmann Lèvy pour cette histoire mystérieuse et envoûtante. 


« G comme Gratitude « 

G comme Gratitude  de Lou Vernet aux Éditions BoD 

 » Il n’y a pas de hasard, Il n’y a que des rendez-vous. » Paul Eluard

Quand tu te perds en route , un peu aussi forcée par le destin qui t’a conduit aux urgences au lieu de te laisser gentiment rentrer chez toi rien de tel que de lire ces mots pour guérir tes maux et t’éviter de tomber dans la sinistrose à défaut de cirrhose, l’alcool étant proscrit dans l’établissement de rééducation.

Heureusement les mots ne me sont pas interdits dans ma prescription de convalescence et G Comme gratitude est tout à fait adapté à ma situation.


Entre ces lignes, tu auras droit tantôt à des coups de pied au cul pour avancer, tantôt à de la tendresse qui te mettra du baume au cœur, tantôt à quelques ingrédients pour bien réussir les recettes du bonheur. Tu apprendras la patience mais aussi à lâcher prise. Tu apprendras à dire  non, c’est difficile mais tellement gratifiant. Et tu verras qu’un grain de folie c’est aussi beau qu’un grain de beauté. Que la Vie peut être Belle.  Et tu pourras dire à Maé que le bonheur Il est là , partout autour de toi, dans un sourire, un regard, un moment de partage, dans tous ces petits riens qui font le plus grand bien.

« La vie est trop courte, autant faire le voyage en première classe » Philippe Noiret

La plume de Lou est aussi pleine d’humour, mes pattes d’oies entretenues par tous mes sourires en ont bien profité. La Vie sans humour c’est juste pas possible, au diable les rides et vive le rire.


Un abécédaire, pertinent, drôle, insolite, agrémenté de citations qui relient admirablement bien chaque étape comme un pont entre deux rives .


Un livre à mettre entre toutes les mains, surtout de celles qui doutent, qui souffrent, qui s’impatientent, qui se cherchent, qui se retrouvent en mode pause, au ralenti…pour retrouver l’envie de se battre , pour se dire comme Marc Lavoine  » t’as qu’à t’en foutre ! » Pour retrouver l’énergie sans duracelle et les envies sans pour autant attendre un baby ( lol)

C’est pas du léchage de botte parce que l’auteur m’a envoyé son livre toutes façons c’est plus la saison des bottes. Le printemps arrive donc on enfile ses ballerines et on file danser sur une ritournelle sympathique, on fait la chenille on embarque tous les éclopés de la vie en cours de route on prends le chemin vers le sentier du bonheur. Et que la fête commence. Cessons de faire la gueule l’hiver est fini, le  printemps arrive alors dansons , rions, aimons.

 » Alors, remettons les pendules à l’heure et profitons de la Vie, elle a une date d’expiration. »

Une lecture qui tombe à point nommé, aussi intéressante que divertissante, bourrée d’humour sans alcool ( suis trop en manque ), de citations comme j’aime et que j’aimerais me rappeler et placer comme Luchini au hasard des conversations pour me la peter un peu.
un livre que je ne peut que vous encourager à lire et à offrir sans modérations.


Et n’oubliez pas : « PROFITEZ DE LA VIE: IL EST PLUS TARD QUE VOUS NE LE PENSEZ. »


Merci Lou pour ce cadeau magnifique aussi apaisant qu’énergisant.

 » Chat sauvage en chute libre  » 

Chat sauvage en chute libre aux éditions Asphalte


 » la moindre ombre fugace prenait des allures effrayantes d’ailes noires et d’yeux affolés de chat sauvage… en train de tomber dans le vide, en chute libre. »

Mudrooroo nous livre l’histoire d’un jeune métis aborigène tout juste sorti de prison, à sa manière sans jamais le nommer. On découvre, entre passé et présent l’errance d’un homme qui ne trouve pas sa place face au racisme de la société australienne- occidentale. Il séjourne bien davantage en prison et connait peu la liberté. Échec après échec Il s’enlise dans  » la laideur et la désolation de l’enfer . » 


 » La prison, un refuge d’une certaine manière, où je me sentais chez moi bien plus que partout ailleurs.  » 

Habité par une révolte permanente, Il ne fait aucun effort pour s’en sortir, à croire qu’il se plaît  dans cette noirceur.

 » Moi je ne me laisserai plus avoir. Je me fous de tout. Je me suis endurci afin qu’aucune émotion bidon ne puisse jamais plus m’effleurer. J’agis dans la vie comme dans un rêve. Acteur et spectateur en même temps. Limite schiso. « 

Un roman puissant mais fataliste, le premier roman écrit dans les années 60 par un aborigène. Un roman qui est devenu un classique, sans cesse réédité depuis 1965, d’une importance capitale dans la littérature australienne.


Un roman qui respire la colère, la haine,le désespoir.

Lecture faite dans le cadre de masse critique, pour Babelio.

Malgré que ce soit devenu un grand classique de la littérature, ce roman autobiographique m’a quelque peu exaspéré, je suis plus admirative des personnes qui luttent pour se sortir d’une condition difficile quel qu’elle soit que pour un mec qui se détruit et se complaît dans la perfidie.

Même si je reconnais un talent indéniable pour l’écriture à l’auteur, cette lecture fut assez difficile, peut-être lu à un autre moment de ma vie je l’aurais davantage apprécié.

Pas déçue mais pas conquise, mais je vous laisse le soin de vous faire votre idée sur Murdrooroo ce chat sauvage .


Mudrooroo est née en 1938 en Australie-Occidentale. Son enfance tumultueuse le mène très tôt en maison de correction. Il publie en 1965 son premier roman, chat sauvage en chute libre. Suivront des années de voyage, d’écriture et d’engagement pour les droits des Aborigènes. À la fin des années 1990, Il est mis à l’écart des lettres australien suite à une controverse sur ses origines aborigènes. C’est alors qu’il part s’installer au Népal pour travailler à son autobiographie. 
Je remercie Babelio Et les éditions Asphalte pour cette lecture aborigène.

« Ressentiments distingués »

Ressentiments distingués de Christophe Carlier aux Éditions Phébus


« Dans les champs, les corbeaux voletaient plus arrogants qu’à l’ordinaire, lançant à tout venant des airs de triomphe. Ils semblaient pressentir l’heure de leur avènement. »


Maître corbeau survole son iles en chantant. Chaque jour le facteur distribue ses missives pleines de fiel. Au départ, pris au dépourvu les destinataires gardent le silence jusqu’au jour où certaines langues se délient. Même si le Soleil brille sur l’ile, un climat d’inquiétude s’installe et laisse présager quelques orages, quelques coups de tonnerre. Les insulaires s’interrogent, des regards lourds de sous-entendu se croisent, les rumeurs vont bon train.


 » Une règle s’imposa rapidement à tous : Il fallait éviter les silences car aussitôt que s’éteignent les voix, le dernier qui avait parlé devenait suspect. »

Mais qui est ce mystérieux corbeau, et pourquoi tant de haine ? L’enquête est ouverte.


 » L’existence d’un corbeau était un fruit autrement savoureux. On mordit dedans avec appétit.  »

Et c’est avec un appétit féroce que j’ai dégusté ce récit d’une belle originalité. Un roman / polar à l’intrigue bien ficelée. Un récit inventif, une plume éblouissante qui nous brosse de beaux portraits d’une population tourmentée tel un bateau en pleine tempête. Une histoire bien salée au gré du vent, des embruns et du corbeau maître chanteur.


Une lecture réjouissante qui en ravira plus d’un, à découvrir absolument.

Je remercie Babelio pour cette lecture qui a illuminé ma journée.