“ Le pays des oubliés ”

Le pays des oubliés de Michael Ferris Smith aux Éditions Sonatine

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau

” (…) Il sentait la douleur dans sa tête à cause des innombrables commotions cérébrales et vivait dans le monde brumeux d’un esprit ébranlé. Il sentait des pointes de douleur dans ses yeux et sa colonne vertébrale et des explosions de lumières vives et les bruits perçants et inattendus du monde moderne qui hurlait dans son cerveau. Doigts brisés, rotules luxées, entorses cervicales et crâne ouvert, et encore et encore et encore les poings et les jointures de doigts, les genoux et les coudes, et il sentait tout ça comme si chaque coup qu’il avait reçu et chaque coup qu’il avait donné continuaient d’exister dans un nuage de douleur invisible qui l’enveloppait et le retenait comme une âme migrante à la recherche de sa maison. Les années qui passaient et son corps qui rouillait et son esprit tel un gigantesque espace dégagé avec des vents hurlants et tournoyants et des tourbillons de souvenirs qui ne faisaient pas la différence entre maintenant et avant, et il sentait tout ça.  »

Jack a encaissé les coups depuis très longtemps. Abandonné devant l’armée du salut bébé, placé ensuite dans quatre familles d’accueil différentes, puis deux foyers sans compter les cinq écoles, de quoi perturber n’importe quel gamin.

Jusqu’à ce que Maryann le prenne sous son aile.

” (…) ses yeux semblaient voyager au-delà de la propriété et des étoiles jusqu’à un endroit qu’elle seule pouvait voir. Au début il avait pris son silence comme le signe qu’il avait fait quelque chose de mal ou qu’elle était mécontente de sa présence, mais au fil du temps il avait commencé à regarder vers l’horizon avec elle. Ce royaume vivant qui vivait dans ses yeux, il l’avait vu dans le plafond au-dessus de son lit dans les foyers et il l’avait vu à travers la fenêtre des chambres des familles d’accueil, et il le voyait là-bas au-delà de cette terre de poussière et d’os, là où le noir était aussi profond que le paradis ou l’enfer. (…) le garçon l’avait suffisamment vue dans la sérénité de la nuit pour croire qu’elle vivait avec des fantômes, et le matin il s’attendait parfois à voir leurs traces de pas cendreuses sur le sol usé. “

Aujourd’hui Maryann est au bout de sa vie, même sa propriété est sur le point d’être saisie. Jack va devoir mener une lutte de plus contre cette vie qui s’acharne sur leurs sorts. Ses nombreux combats l’ont fracassé, son corps est à bout et son esprit est ravagé par tous ses fantômes qui l’accompagnent.

S’il veut conserver la maison que lui lègue Maryann, il doit réunir une somme importante et la seule issue serait un dernier combat. Mais il devra également affronter Big Momma Sweet qui règne sur l’empire du vice du delta du Mississippi.

Un ultime combat, aux conséquences incertaines.

Ce que j’en dis :

Depuis ma découverte de sa plume à travers son premier roman noir  » Une pluie sans fin  » publié aux Éditions Super 8, je suis une fan inconditionnelle. A suivi « Nulle part sur la terre. ” (ma chronique ici) et son dernier  » Le pays des oubliés  » tout aussi formidable.

Il donne la voix aux oubliés de l’Amérique, aux exclus qui tentent de s’en sortir, son thème de prédilection qui lui sied à merveille. Une plume noire qui s’illumine par la poésie qui l’accompagne.

Cette fois Michael mets en scène un homme endetté, brisé, en quête de rédemption, une âme en déroute dans un coin misérable de l’Amérique qui n’a plus que ses poings pour ultime recours à sa perte. Un héros ordinaire qui devient extraordinaire et inoubliable sous la plume puissante et lyrique d’un auteur qui s’affirme encore davantage roman après roman.

Une histoire fascinante, bouleversante qui nous émotionne et nous laisse le cœur en miette.

Michael Farris Smith confirme sa place dans mon panthéon d’auteurs américains de romans noirs incontournables auprès de Larry Brown, Pete Dexter, David Joy ou encore Benjamin Whitmer.

Très heureuse d’avoir croisé sa route cette année encore, au magnifique festival America de Vincennes et à l’Amérique à Oron (Suisse) organisé par Marie Musy ❤️

Un gros coup de cœur une fois de plus et je trépigne déjà d’impatience en attendant le prochain.

Une fois n’est pas coutume : un livre, une chanson… Ben harper accompagnera celui-ci avec Amen Omen (à écouter ici).

Pour info :

Michael Farris Smith est un écrivain américain originaire du Mississipi dont le travail et la personnalité sont fortement marqués par son ancrage territorial dans le Sud des États-Unis.

Si ses voyages en France et en Suisse inspirent son premier roman, The Hands of Strangers (2011), son second récit, Une pluie sans fin (Super 8 editions, 2015), fresque post-apocalyptique qui dépeint un Mississipi dévasté par des intempéries diluviennes, a été salué pour l’originalité et l’intensité de sa langue.

Avec son deuxième roman Nulle part sur la terre, Michael Farris Smith continue de construire une vision littéraire unique, dépositaire de toute l’aridité, la poésie et l’humanité qui rythme l’existence sudiste.

Michael Farris Smith vit aujourd’hui à Oxford, dans le Mississipi.

Le pays des oubliés est son troisième roman publié chez Sonatine.
 

Je remercie les Éditions Sonatine pour ce roman noir inoubliable.

“ Haine pour haine ”

Haine pour haine d’Eva Dolan aux Éditions Liana Levi

Traduit de l’anglais par Lise Garond

” Ce qui restait de la tête était impossible à identifier. Un mélange immonde de sang, d’os et de cervelle. Le visage était enfoncé, le crâne fracassé, difforme. Des dents blanches apparaissaient sous la joue déchirée, un petit point doré sur un bout de chair, le reste d’une oreille. ”

Dans la ville de Peterborough, un nouveau corps est découvert. Il a été assassiné à coups de pied avec une extrême violence. Encore une fois c’est le corps d’un étranger.

Des caméras ont filmé l’agresseur masqué.

La section des crimes de haine se retrouve sur cette affaire à laquelle s’ajoute celle des trois travailleurs immigrés renversés par un chauffard.

L’inspecteur Zigic et sa partenaire vont se retrouver confrontés à de nombreuses pressions de leur hiérarchie. Le racisme a beau être au centre de ces affaires, il est préférable de ne pas en faire cas, surtout auprès des médias, cela risquerait de déclencher des émeutes raciales au cœur de cette ville déjà sous tension.

” Il s’agissait d’un racisme invisible, quelque chose que les Anglais avaient du mal à concevoir. Les conflits sanglants d’Europe de l’Est continuaient de couver sous la surface et ils étaient au cœur d’un grand nombre des incidents qu’ils avaient à traiter aux crimes de haine. Les Polonais détestaient les Lituaniens, les Bulgares détestaient les Roumains, et tout le monde méprisaient les Rome. Un racisme Blans contre Blancs qui ne se basait que sur le nom des gens.

Une haine absurde qui ne montrait au signe d »essoufflement.

La police s’inquiète, tout comme Richard Shotton , un député local d’extrême droite en pleine campagne électorale, qui se serait bien passé de cette publicité fort malvenue.

Entre jeux de pouvoir, haine identitaire et crise économique, Eva Dolan dresse un portrait acerbe et visionnaire de l’Angleterre.

Ce que j’en dis :

Le roman noir étant ma lecture de prédilection préférée, je suis toujours ravie de découvrir une nouvelle plume. N’ayant pas encore lu son précédent, je n’avais aucune attente particulière en dehors de passer un bon moment de lecture.

La plume de l’auteur et son duo d’enquêteurs m’ont emporté illico au cœur de Peterborough qui se retrouve plongée en plein chaos en quelques jours.

Son second récit pose un regard noir sur les conséquences de la montée en puissance du néo-nazisme, du racisme et de la difficulté pour les immigrés de s’intégrer dans un contexte pareil, et quand en plus les difficultés économiques du pays et la politique s’en mêlent, rien n’est là pour arranger les conflits présents.

Un roman noir très réussi qui reflète avec précision et réalisme le climat actuel, les tensions raciales et les positions conflictuelles des Anglais face au pré- Brexit.

Une nouvelle voix de la fiction anglaise qui mérite toute notre attention.

En deux romans, elle s’impose directe dans les auteures à suivre.

Une belle découverte pour ma part.

Pour info :

Eva Dolan

Eva Dolan est originaire de l’Essex mais vit aujourd’hui près de Cambridge. Un temps critique de polar, elle est passée brillamment côté auteurs avec son premier roman, Les Chemins de la haine, qui remporte en 2018 le Grand Prix des lectrices de ELLE dans la catégorie «Policier», suivi de Haine pour haine (janvier 2019). Auteur de trois autres romans, Eva Dolan ne pose sa plume que pour jouer au poker, sa seconde passion.

“ Handsome Harry, confessions d’un gangster ”

Handsome Harry de James Carlos Blake aux Éditions Gallmeister

Traduit par Emmanuel Pailler

Dans le couloir de la mort Handsome Harry attend son exécution après avoir été sauvé in extremis. Quelle ironie du sort.

Pour combler cette attente, il nous confesse son parcours de gangster.

” C’était fabuleux. “

Il n’en n’est pas à son premier séjour en prison et s’était fait très vite une sacrée réputation qui n’avait rien pour lui déplaire.

C’est lui là… Handsome Harry… Il braque des banques. Des banques, mec!… Il a descendu un type à Indianapolis… Il a tué un gars de J-ville à mains nues…

Et ainsi de suite. Je ne nierai pas le plaisir que je prenais à toutes ces discussions que j’attirais. Une fois en liberté, je n’ai jamais apprécié la célébrité, mais en taule, tout ce qu’on a, c’est une réputation à se faire et les couilles de la défendre. En taule, la réputation, c’est tout. “

Mais dehors aussi, on lui colle très vite une étiquette. Lui et sa bande sont considérés comme dangereux et pourtant ils ne veulent de mal à personne, mais juste de quoi s’offrir de belles bagnoles, faire la fête avec les copains et fréquenter des jolies filles. Juste profiter de la vie avant de se faire choper par les flics.

” Les journaux nous appelaient désormais le gang de la Terreur. On aurait dit qu’on brûlait, pillait et violait, au lieu de braquer simplement des banques. Ces torchons exagéraient toujours tout, transformant des souris en montagnes. “

Hors-la-loi un jour, hors-la-loi pour toujours.

 » Il ne s’est jamais passé une journée sans que j’apprenne un truc sur la loi qui me l’a rende encore plus détestable que la veille. “

Et puis, vaut mieux finir derrière les barreaux que mort, ça laisse toujours une chance de se faire la malle et de remettre ça…

Ce que j’en dis :

J’avoue, j’ai toujours été fasciné par les braqueurs de banques, mon côté rebelle contre les agios et autres frais bancaires abusifs. Franchement qui n’a jamais rêvé de faire un casse dans sa banque, histoire de remettre les compteurs à zéro ?

Alors quand l’occasion se présente grâce à Léa, créatrice du Légendaire Picabo River Book Club et des éditions Gallmeister, de découvrir l’histoire inspirée d’un grand braqueur, je ne peux que me réjouir et je n’ai pas été déçu.

Ici on braque des banques, on n’enfile pas des perles, donc ça déménage. Et pour le cash on le trouve autant dans les banques que dans le style de l’auteur. Les voyous ça le connaît et on ne s’en lasse pas.

D’après une histoire tirée de faits réels , l’auteur nous plonge dans une époque où les gangsters s’en donnaient à cœur joie, et n’auraient changé de vie pour rien au monde, tout en gardant un sens de l’honneur irréprochable en amitié comme en amour.

Alors une fois de plus mon cœur a battu la chamade pour ces graines de voyous, magnifiquement mis à l’honneur dans ce roman des années folles.

Un récit palpitant qui ne manque ni de rythme, ni d’humour. On lirait bien quelques chapitres de plus histoire de dévaliser quelques banques supplémentaires…

Pour info :

James Carlos Blake naît au Mexique en 1947 dans une famille mélangeant des ascendances britanniques, irlandaises et mexicaines. Il émigre aux États- Unis où il est mécanicien, chasseur de serpent ou encore professeur. En 1995, son premier roman, L’Homme aux pistolets, sur le célèbre hors-la-loi John Wesley Hardin, remporte un grand succès. Auteur d’une dizaine de romans, d’essais et de biographies, il aime brosser les portraits flamboyants de bandits, célèbres ou non, de marginaux et de personnalités historiques hautes en couleur. Il est notamment lauréat du Los Angeles Times Book Prize et du Southern Book Award.

Je remercie Léa et les Éditions Gallmeister pour cette épopée succulente.

“ Le camp des autres ”

Le camp des autres de Thomas Vinau aux Éditions 10/18

” Dans le ventre sauvage d’une forêt, la nuit est un bordel sans nom. Une bataille veloutée, un vacarme qui n’en finit pas. Un capharnaüm de résine et de viande, de sang et de sexe, de terre et de mandibules. Là-haut la lune veille sur tout ça. Sa lumière morte ne perce pas partout mais donne aux yeux qui chassent des éclairs argentés. Gaspard est recroquevillé contre le chien. À moitié recouvert par lui, il le sert dans ses bras trop courts. Le feu n’empêche pas d’avoir froid, le maintient dans un demi-sommeil parcouru de sursauts. Le feu n’empêche pas d’avoir peur, le monde entier autour d’eux grouille comme une pieuvre sombre. “

Gaspard un jeune garçon est en fuite avec son chien blessé. C’est là qu’il va tomber sur Jean-le-blanc, un étrange bonhomme, une espèce de sorcier dont il se méfie.

Jean-le-blanc a utilisé des mots simples, pour dire des choses simples. Il a dit J’ai choisi un camp. Le camp de ceux dont on ne veut pas. Le camp des nuisibles, des renards, des furets, des serpents, des hérissons. Le camp de la forêt. Le camp de la route et des chemins aussi. De ceux qui vivent sur les chemins. De la trime et de la cloche. (…) Les fuyards. Les insoumis. Les orphelins. (…) Aujourd’hui je vis là. Je suis un bâtard libre. Je ne suis d’aucun camp et ceux qui ne sont d’aucun camp sont les bienvenus ici.

De part ses pouvoirs de guérisseur, Jean a affaire à des gitans réunis autour de la Caravane à Pépére. Une belle bande de bohémiens, de voleurs, de déserteurs dirigé par un certain Capello, qui terrorisaient la population.

Gaspard, l’insoumis partira un matin sur la route pour les rejoindre.

C’est à cette époque, en 1907, que Georges Clemenceau créa les fameuses Brigades du Tigre, pour en finir une fois pour toute, avec cette bande de pillards, de voleurs et d’assassins qui étaient la terreur des campagnes.

Ce que j’en dis :

J’ai découvert la plume de Thomas Vinau à travers son précédent roman La part des nuages (ma chronique ici) qui m’avait enchanté, j’avais donc hâte de le retrouver.

Le camp des autres nous emmène dans une ambiance plutôt noire dans les années 1900 juste avant la création des Brigades du Tigre.

À travers une plume aussi poétique qu’enragée, il nous offre différents portraits de personnes vivants en marge de la société, en compagnie de Gaspard un enfant rebelle qui les a rejoints. Des hommes et des femmes d’ici et d’ailleurs que l’on a tenté d’exterminer au cours du véritable génocide des tziganes.

Il dépeint à merveille cette nature aussi hostile que protectrice, et cette société qui n’a guère changé de nos jours.

Il leur rend hommage, à travers cette histoire tel un cri du cœur à tous les sans- famille, les sans-abri, les sans-papiers, les sans-patrie.

Une écriture chargée d’émotions, de colère et d’humanité.

Un récit féroce et tendre à la fois qui conforte ma passion pour la plume de Thomas Vinau que je vais continuer à suivre avec attention.

Pour info :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon. Il est auteur de nombreux recueils de poésie dont Bric à brac hopperien et Juste après la pluie, il de romans, notamment Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Ici, ça va, La part des nuages et Le camp des autres.

Je remercie les éditions 10/18 pour cette histoire au lyrisme touchant.

“ Marlena ”

Marlena de Julie Buntin aux Éditions La belle colère

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patricia Barbe-Girault

Je n’ai jamais cru au concept de spectateur innocent. L’acte de regarder change tout. Ce n’est pas parce qu’on ne touche à rien qu’on est exonéré. Vous pourriez être tenté de m’excuser parce que je n’avais que quinze ans, que j’étais dépassée par les événements, que je ne savais pas comment gérer, que je ne pouvais pas comprendre cette manière qu’ont tous les choix, même les plus petits, de créer par effet domino, jusqu’à ce qu’on soit irrémédiablement adulte, la personne qu’on était destinée à devenir. Ou bien, dans le cas de Marlena, la personne qu’on n’aura jamais la chance de devenir. Le monde se fiche que vous soyez seulement une fille. “

Suite au divorce de ses parents, Cat 15 ans, emménage avec sa mère et son frère dans une maison préfabriquée à Silver Lake dans l’État du Michigan.

À peine arrivée, elle fait la connaissance de Marlena, sa voisine d’une beauté renversante. Celle-ci habite en face dans une espèce de « grange » avec son petit frère et un homme rachitique qui semble être son père.

Marlena est assez folle et accro aux cachetons. Tout les séparent mais elle vont se rapprocher et devenir meilleure amie.

” Jour après jour, je faisais des sacrifices, même si pour moi ce n’en étaient pas vraiment, je me redéfinissais auprès d’elle, jusqu’à ce qu’on forme le duo suprême – elle impulsive et intrépide, moi prévoyante et vigilante ; elle dangereuse, moi inspirant confiance ; elle jolie, moi gentille ; elle stone, moi bourrée ; et ainsi de suite. “

Pendant une année, elles vont vivre une époque troublante, pleine de transgression à travers une amitié aussi passionnelle que dérangeante.

” Ce que Marlena ne pigeait pas, et que je n’aurais jamais pu lui avouer, c’est que même si on se faisait profondément, gravement, irrémédiablement, dangereusement chier à Silver Lake, j’étais plus heureuse que je ne l’avais jamais été. Je me sentais libre. J’avais merdé à un point inimaginable, mais le monde ne s’était pas arrêté de tourner. “

Jusqu’à la mort de Marlena…

Vingt ans après, la vie de Cat est au point mort. Elle vit dorénavant à New-York avec Liam, son petit ami, mais n’a toujours pas d’enfant. Employée d’une petite bibliothèque, elle est hantée par les fantômes du passé et lutte chaque jour pour ne pas sombrer dans l’alcool, comme pour se punir des souvenirs du passé qu’elle ne cesse de revivre pour tenter de comprendre la mort de sa meilleure amie. Chercher des réponses qui n’existent peut-être pas…

” Liam savait pour Marlena, mais uniquement les grandes lignes – quand des proches en dehors du Michigan étaient mis au courant, ce qui n’arrivait presque jamais, c’était tout ce qu’ils obtenaient. Plus jeune, j’avais eu une amie qui était morte. Nous étions proches. Je n’en parlais pas. Lorsqu’on devient adulte, l’être qu’on était à l’adolescence prend une importance fabuleuse, ou bien devient complètement risible. Je voulais être le genre de personne capable de balayer d’un geste cette époque-là ; au lieu de quoi, j’en avais bien peur, elle me définissait. ”

Ce que j’en dis :

L’adolescence est une période charnière avant le passage vers l’adulte, et selon la manière dont elle est vécue, elle laisse parfois des traces et ne laisse pas toujours indemne.

À travers cette histoire qui met en scène deux adolescentes, l’auteur nous fait part de leur vie tumultueuse qui coûtera malheureusement la vie à l’une d’elle et marquera à jamais la vie de l’autre.

Entre le Michigan et New-York, l’auteur entrelace habilement deux temporalités pour retracer la vie de ces deux amies et ce qui en découle.

Julie Buntin nous offre un grand roman sur l’amitié, mais aussi sur la famille et les répercussions qu’entraîne un divorce., et sur les addictions si difficiles à quitter.

À la fois roman psychologique et témoignage, ce roman offre une réflexion profonde sur ce qui nous rattache au passé et nous empêche d’avancer, d’où la nécessité de lâcher prise pour se libérer et peut-être s’envoler.

Un récit qui dégage beaucoup d’émotions, une plume de qualité pour une lecture qui exige davantage d’attention par moment et j’avoue avoir préféré le Michigan à New-York, l’adolescence à l’âge adulte, mon petit coté nostalgique pour ce duo qui aurait du finir inséparables.

Un roman parfaitement en osmose avec les éditions de La belle colère, fidèle à leur thème de prédilection : l’adolescence, littérature young/adult.

Un premier roman réussit qui aidera peut-être certains parents à mieux comprendre leurs ados, ces rebelles incontrôlables.

Une belle découverte même si ce n’est pas le coup de cœur que j’avais espéré au départ.

Pour info :

Julie Buntin est originaire du nord du Michigan. Son premier roman Marlena a été finaliste pour le prix du National Book Critics Circle John Leonard, nommé meilleur livre de l’année par plus d’une douzaine de journaux y compris le Washington Post. Elle a enseigné l’écriture creative à l’université de New-York, l’université Columbia et le Yale Writers Workshop. Elle est également rédactrice en chef adjointe et directrice des programmes d’écriture à Catapult.

Je remercie les éditions de la belle colère pour cette histoire où l’amitié survit à tout et nous plonge dans nos propres souvenirs.

 » Gang of L.A. »

Gang of L.A. Une enquête d’Isaiah Quintabe de Joe Ide aux Éditions Denoël

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Diniz Galhos

” Une bande de Sureños Locos 13 traînait sur un carré de gazon à côté de l’entrée, et ce n’était pas par hasard. Il y avait là un muret en béton derrière lequel on pouvait s’abriter et des bananiers où l’on pouvait cacher des flingues. Un tas de leurs potes étaient en cellule pour port d’arme illégal. Bien qu’âgés de moins de vingt ans pour la plupart, les Locos étaient de vrais tueurs, et ce jour-là, personne n’avait oublié son uniforme : short baggy, T-shirt blanc ou maillot de football américain trop large, et un accessoire rouge. Un bracelet, une casquette, un bandana dépassant de la poche. Le rouge, c’était leur couleur. ”

Certains quartiers mal famés de Los Angeles à l’est de Long Beach, regorgent de criminels et la police a bien du mal à faire face. Meurtres impunis, retraités dépouillés, enfants kidnappés, la violence ne cesse d’augmenter, et les gangs de prospérer.

Mais on murmure le nom d’un citoyen qui pourrait bien aider ceux abandonnés par la police : Isaiah Quintabe.

” Isaiah n’avait pas de site Internet, pas de page Facebook ni de compte Twitter, mais les gens parvenaient quand même à le contacter. Il traitait en priorité les affaires locales dont la police ne pouvait pas ou ne voulait pas s’occuper. Ce n’était pas le travail qui manquait, mais la plupart de ses clients le rémunèreraient en tarte à la patate douce, en coups de râteau dans son jardin ou en tout nouveaux pneus radiaux. Et ça, c’était quand on le payait. “

On l’appelle IQ, un loup solitaire, autodidacte qui cache sous une apparence banale une ténacité à toute épreuve et une intelligence hors du commun. Ce n’est hélas pas avec ce qu’il gagne avec ses clients qu’il va pouvoir s’en sortir. Alors parfois, il accepte certains contrats plus lucratifs.

C’est à cette occasion qu’il va se retrouver à bosser pour un célèbre rappeur qui est convaincu qu’on veut lui faire la peau.

Et la manière dont on a tenté de l’éliminer est assez surprenante et même terrifiante, de quoi s’inquiéter sérieusement.

” Isaiah regarda la vidéo en s’efforçant de trouver un sens à tout cela. Quelqu’un avait envoyé un chien pour tuer Cal. Quelqu’un s’était servi d’un chien comme assassin. Qui avait pu faire une chose pareille ? “

L’enquête d’Isaiah va l’amener à croiser une ex-femme rancunière, des molosses aux dents acérées, un tueur à gages sanguinaire qui ferait même fuir le pire des gangs…

Il était loin d’imaginer ce qui l’attendait, mais quelques soient les dangers qu’il pourrait rencontrer, il ira jusqu’au bout de cette affaire.

Ce que j’en dis :

Il est écrit sur la couverture : une enquête d’Isaiah Quintabe et j’ose espérer que ce ne sera pas la seule, même si j’ai découvert pour mon plus grand plaisir que cet opus sera adapté en série télévisée par la production à qui l’on doit The Dark Knight et American Bluff.

Pas étonnant que ce récit m’ai accroché dès le départ, en écourtant sérieusement ma nuit pour prolonger au maximum ma lecture, terminée dès le lendemain matin en le quittant à regret, comme lorsqu’on arrive au dernier épisode d’une super série.

Enivrée par la plume de Joe Ide, développant immédiatement un attachement aux personnages, je me suis retrouvée embarquée dans une histoire qui voyage entre le passé et le présent d’ Isaiah, qui nous permet de mieux comprendre comment cet homme en est arrivé là.

Une construction étonnante, qui s’enchaînent merveilleusement à un rythme endiablé, pleine de surprises inattendues au côté d’une galerie de personnages explosifs qui donnent à ce roman une originalité extraordinaire. Même si la violence est au rendez-vous, l’enquête n’en demeure pas moins fascinante et souvent hilarante.

Joe Ide a donné vie à un enquêteur fabuleux qui risque de faire beaucoup d’ombre à certains et il serait vraiment dommage qu’il s’arrête là.

Vous l’aurez compris, cette virée à Los Angeles m’a captivé, et je suis sous le charme de cette nouvelle plume mais également de ce génie d’enquêteur.

Un polar noir américain à découvrir d’urgence.

Pour info :

Joe Ide est d’origine japonaise et a grandi dans les quartiers chauds de South Central Los Angeles, dévorant Arthur Conan Doyle et fasciné par l’idée qu’un personnage puisse triompher de ses adversaires uniquement à l’aide de son intelligence. Après des études à l’université, il s’est essayé à plusieurs métiers avant d’écrire son premier roman, Gangs of L.A., inspiré par sa jeunesse et par cet amour pour Sherlock Holmes.

Joe Ide vit aujourd’hui à Santa Monica, en Californie.

Il a reçu en 2017 pour Gangs of L.A., en tant que meilleur premier roman, le Prix Anthony, le Prix Macavity et également le Prix Shamus aux États-Unis.

La traduction de Gangs of L.A. a bénéficié d’une subvention du CNI.,fait assez rare pour les polars.

Je remercie les Éditions Denoël pour cette virée extraordinaire à L.A.

“ Le rock est mort ”

Le rock est mort (vive le rock) de Vincent Brunner et Terreur Graphique aux Éditions Flammarion

Étant fan de rock, j’étais très intriguée de découvrir ce que cachait ce livre graphique et moi qui aime l’atypique et l’humour noir, je n’ai pas été déçue.

Célébrer les rockeurs de leurs vivants, histoire de faire un pied de nez au sort qui s’acharne un peu trop sur nos stars depuis quelques années, pourquoi pas ?

Et c’est avec humour et talent que ces deux artistes réussissent ce pari fou.

L’humour décapant de Vincent Brunner et les caricatures extravagantes et caustiques de Terreur Graphique font de cet album une œuvre originale en rendant hommage aux plus grands.

Classés par thèmes, tels que : les vieilles canailles, les sourdingues, les vieux cons(ervateurs), les déglinguos, les poètes… ou même : ils nous ont quittés pendant la conception de ce livre, il sera facile de retrouver son rockeur favori.

La petite piqûre de rappel, à écouter en cas de deuil, intitulé : chansons doudous peut éventuellement donner l’idée pour une compilation à écouter sans modération.

Et que ce soient les dessins ou les textes, ça ne manque pas de piquant, ni de fantaisie.

Perso, je le vois un peu comme une bible du rock, et c’est avec plaisir que je l’ai parcouru, allant d’abord vers mes artistes préférés et en m’aventurant ensuite vers les autres pour le plaisir de poursuivre cette lecture à l’image de ces artistes représentés, rock And roll.

À lire sans modération accompagnés de vos rockeurs préférés, les watts puissance maximum sans oublier la bière au frais.

Pour info :

Vincent Brunner

Né en 1974, Vincent Brunner est auteur et journaliste. Il écrit sur la musique ou la BD pour Les Inrockuptibles, Libération, Telerama.fr, Topo, Tsugi ou Slate. Il est co-créateur de Tout est vrai (ou presque), programme court diffusé sur Arte qui raconte la vie des grandes personnalités en utilisant des figurines et des objets. Pour Flammarion, il a dirigé Rock Strips et Rock Strips Come Back, deux histoires du rock en BD, et publié En Quarantaine avec Miossec et Sex&Sex&Rock&Roll avec Luz. Il a publié en 2014 son premier roman-jeunesse, Platine, toujours chez Flammarion. Son dernier titre, Les Super-Héros, paraît aux Éditions Robert Laffont en 2017.

Terreur Graphique

 

Né en 1977, Terreur Graphique commence sa carrière dans des fanzines et réalise des affiches. Amateur d’humour potache tirant volontiers sur le trash, il est notamment l’auteur de Rupture tranquille en 2011 aux Éditions Même pas mal. Publiant régulièrement dans divers magazines dont Fluide Glacial, il lance en 2011 la revue Alimentation générale aux Éditions Vide Cocagne.

Ses planches sont régulièrement publiées dans Libération, sur le site duquel il tient un blog.

 

Je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour ce merveilleux moment rock and read.

“ À la ligne ”

À la ligne de Joseph Ponthus aux Éditions de La Table Ronde

” Demain

En tant qu’intérimaire

L’embauche n’est jamais sûre

Les contrats courent sur deux jours une semaine tout au plus

Ce n’est pas du Zola mais on pourrait y croire

On aimerait l’écrire le XIX° et l’époque des ouvriers héroïques

On est au XIX° siècle

J’espère l’embauche

J’attends la débauche

J’attends l’embauche

J’espère “

Ici nous est conté l’histoire peu ordinaire d’un homme ordinaire. L’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons.

Jour après jour il inventorie son travail, les gestes répétitifs, la fatigue qui envahit le corps, les douleurs qui s’accumulent, les rituels épuisants, ses états d’âme avec précision et une lucidité étonnante.

” J’éprouve un sentiment très aigu d’être au monde

En adéquation presque spinoziste avec mon

environnement

Le Grand Tout qu’est l’usine

Je suis l’usine elle est moi elle est elle et je suis moi

Cette nuit

Nous œuvrons “

Un combat quotidien sauvé par son autre vie auprès de sa femme, de son chien et de sa mère, accompagnés par tout ce qu’il aime, la musique, les livres, et ses balades en bord de mer.

” L’usine bouleverse mon corps

Mes certitudes

Ce que je croyais savoir du travail et du repos

De la fatigue

De la joie

De l’humanité “

C’est son refuge, contre tout ce qui blesse, tout ce qui aliène. Pour réussir à embaucher jour après jour et ne pas sombrer en cours de route.

 » Retour à la maison

Le chien me lèche les mains sans doute encore imprégnées du sang des bêtes

Il y a les restes de la nuit d’hier

Extraordinaire

Ton anniversaire

Mon épouse amour

Les autant de roses que de bougies sublimes

Le cadavre d’une bouteille de champ’

Tout ce qui n’est pas l’abattoir

Où demain il faudra retourner

Pour une journée ordinaire “

Ce que j’en dis :

À croire qu’il l’a écrit avec ses tripes voir même son sang, tellement ce récit est puissant et parfois violent, brutal. Il y a mis aussi du cœur et lui a apporté une certaine poésie pour l’adoucir un peu.

À travers ce récit autobiographique, il nous parle de l’autre côté du miroir, de l’envers du décor, de ce que l’on ne nous dit pas, forcément c’est pas reluisant l’univers des usines agro-alimentaires.

Mais en tant qu’amoureux des mots, il nous confie ses maux avec élégance, et une lucidité étonnante dans une prose singulière, poétique qui nous bouleverse par sa sincérité.

Un livre qui donne à réfléchir, à comprendre que si tout travail mérite salaire, il mérite aussi une certaine considération.

Un livre à découvrir, autant pour son écriture que pour tout ce qu’il contient de courage. Oui, un livre courageux, exemplaire. Un bel hommage au monde ouvrier quel qu’il soit mais aussi une belle déclaration d’amour aux deux femmes de sa vie.

Vous l’aurez compris, moi qui revendique souvent mon statut de fille d’ouvrier d’usine et fière de l’avoir été, ce roman est un véritable coup de cœur qui ne peut laisser personne indifférent.

Accueillez le comme il le mérite, les bras grands ouverts et chérissez le à votre tour.

Vous m’en direz des nouvelles.

Pour info :

Joseph Ponthus est né en 1978. Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié Nous… La Cité (Editions Zones, 2012). Il vit et travaille désormais en Bretagne. 

Quelques mots de l’auteur pioché dans un article :

« Mon livre ? C’est un chant d’amour pour mon épouse, pour mes collègues, une ode à la classe ouvrière et à la littérature ».

Je remercie les éditions de La Table Ronde pour cette immersion au cœur du monde ouvrier, les invisibles qui œuvrent tant.

“ On dirait que je suis morte ”

On dirait que je suis morte de Jen Beagin aux Éditions Buchet / Chastel

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy

 » En réalité, passer l’aspirateur faisait partie de ses activités préférées. Sur les formulaires, elle le mettait dans la liste de ses hobbies. Même enfant, elle préférait passer l’aspirateur plutôt que de jouer au volley ou à la poupée. On avait obligé ses copines de classe à apprendre le violoncelle et le violon, mais son instrument de prédilection avait été le Hoover Aero-Dyne Modèle 51. “

Manon, 24 ans, assez cabossée, bien plus douée pour les taches ménagères que pour choisir le reste, surtout pour ce qui pourrait l’amener vers une vie meilleure. Alors pour gagner vie, elle nettoie celles des autres avec beaucoup de méticulosité et même une certaine curiosité.

 » – Ah, tu es fouineuse.

– Méthodique. Et…observatrice. Il y a beaucoup à apprendre sur les gens en faisant le ménage chez eux. Ce qu’ils mangent, ce qu’ils lisent aux toilettes, quels comprimés ils avalent le soir. Ce à quoi ils tiennent, ce qu’ils cachent, ce qu’ils jettent. Je sais où est l’alcool, le porno, le godemichet à la con fourré sous le lit. Je vois tout le vide qui remplit leur vie. “

Pour occuper certaines de ses soirées, elle distribue des seringues aux junkies de Lowell dans le Massachusetts. C’est là qu’elle va faire la connaissance de celui qu’elle surnommera M.Dégoutant, un artiste raté et sans dent.

” – On a de la chance de s’être trouvé. Nous, les deux orphelins. “

Ce qui ne l’empêchera pas de tomber amoureuse. Son intuition peu fiable va encore lui réserver de drôles de surprises.

” – Tu es en train de me dire que tu fais le maquereau ? Parce que ce serait pire que de ne pas avoir de dents, bien pire.

– Je préfère « gangster de l’amour », répliqua-t-il sur un ton un peu prétentieux. “

Après une nouvelle déconvenue, elle décide de prendre un nouveau départ et file vers Le Nouveau-Mexique à Taos. Là-bas l’attendent des loufoques en tout genre. Toujours habité par sa curiosité et son besoin de nettoyer elle va être amenée à découvrir bien plus que ce qu’elle s’imaginait et peut-être enfin trouver sa place dans le monde.

Ce que j’en dis :

– Mes premières impressions au bout de quelques pages : à l’image de la couverture.

– Mais encore direz-vous ?

Et je rajouterais :

– drôle, subtil, original, prometteur, et la suite fut à la hauteur de mes espérances.

Il est clair que pour rendre le récit de la vie d’une femme de ménage captivant, il faut avoir une certaine imagination et si le rire est de la partie c’est gagné d’avance.

Il est parfois nécessaire de mettre des gants pour raconter certaines histoires car derrières des sourires se cachent parfois des drames, les apparences sont parfois trompeuses derrières certaines attitudes loufoques.

Et cette obsession du ménage, comme si, vider les poubelles des autres permettait de désencombrer les siennes.

C’est clair il faut bien le reconnaître, le ménage n’est jamais une partie de plaisir mais en compagnie de Mona, tout devient possible et bien plus sympathique.

Ce roman est incontestablement une belle surprise de la rentrée littéraire. L’auteur nous offre un roman ingénieux, rafraîchissant, d’une belle sensibilité et non dépourvu d’humour. Mona est attachante et même très touchante, le genre de personnage qu’on aimerait croiser et que l’on n’est pas prête d’oublier.

Je ne peux que féliciter la traductrice Céline Leroy pour avoir réussi à retranscrire avec brio toutes les émotions qui se dégagent de ce roman.

Alors j’espère que vous mettrez de côté votre ménage et vos Mappas pour vous plonger au plus vite entre les pages de cette délicieuse aventure rocambolesque pleine de charme.

Mon premier coup de cœur de la rentrée ❤️

Pour info :

Jen Beagin vit à Hudson, dans l’État de New York. Elle a collaboré à plusieurs revues et publié des nouvelles. On dirait que je suis morte est son premier roman, lequel a reçu un accueil enthousiaste outre-Atlantique et a été finaliste de plusieurs prix.

Je remercie les Éditions Buchet. Chastel pour cette rencontre éblouissante.

“ Mauvaises graines ”

Mauvaises graines de Lindsay Hunter aux Éditions Gallimard

Traduit de l’américain par Samuel Todd

” Baby Girl et son crâne à moitié rasé, ses cils blonds et son bras couvert de taches de rousseur appuyé sur le volant. Racaille à deux balles. Parfois, Perry donnait l’air de ne penser que du mal de Baby Girl, mais quand elle avait aperçu son reflet dans le rétro extérieur, elle s’était dit que le spectacle était tout aussi merdique. “

Baby Girl et Perry, deux jeunes filles un peu paumée, plutôt rebelles comblent leur mortel ennui par quelques petits larcins.

Deux sauvageonnes bien trop souvent livrées à elle-même qui n’ont pas grand-chose à faire, ni grand-chose à perdre.

 » Plus rien ne semblait compter. Mais le soleil finissait toujours par se lever.  »

Comme la majorité de la jeunesse actuelle, elle traîne également beaucoup sur les réseaux sociaux. C’est là qu’elle vont faire la connaissance de Jamey, qui au fil du temps va réussir à les convaincre de le rencontrer.

Mêmes elles sont consciente d’être en contact avec un gros mythomane, rien ne les arrête. Les mauvaises graines sont sur le point d’éclore… Dieu seul sait de ce qu’ elles seront capables de faire.

 » D’accord, dit Perry, une fois Baby Girl calmée. Allons filer une leçon à ce connard. “

Ce que j’en dis :

À travers ce roman noir, l’auteur nous brosse les portraits d’âmes à la dérive issues de la classe sociale dites déclassée. Chacun est habité d’une profonde solitude et comble ce vide de différentes façons. Pour les adolescentes, c’est la rebelle attitude qui les définit le mieux, deux jeunes pousses attirées par la mauvaise herbe qui envahit leur quotidien. Des vies cabossées, et des familles dépassées qui baissent les bras et préfèrent pour certaines se réfugier dans l’alcool, sans oublier le danger des rencontres virtuelles, nouveau fléau d’internet.

Un premier roman noir contemporain très réussi porté par une plume imprégnée de réalisme qui m’a emportée avec un certain plaisir auprès de ces mauvaises graines qui pourraient devenir avec un peu d’attention et d’amour de belles plantes si on leur laisse le temps de grandir.

Une auteure qui devrait nous réserver de belles surprises à l’avenir.

Une belle découverte pour ma part.

Pour info : Originaire de Floride, Lindsay Hunter vit désormais à Chicago.

Mauvaises graines est son premier roman.

Je remercie les Éditions Gallimard pour cette histoire auprès de ces rebelles très touchantes.