The cry

The cry d’ Helen Fitzgerald aux Éditions les Arènes / Équinox

Traduit de l’anglais par Alexandre Civico

” La faute à la sécurité de l’aéroport.

Si elle n’avait pas eu à acheter ces deux petits flacons transparents de cent millilitres chez Boots, si elle n’avait pas eu à transvaser les médicaments, agenouillée devant la librairie WH Smith, si elle n’avait pas eu à faire la queue une heure de plus devant la sécurité, seins douloureux… Si elle n’avait rien eu à faire de tout ça, son bébé serait encore auprès d’elle. “

Le vol depuis Glasgow jusqu’à Melbourne fut un véritable cauchemar pour Johanna et Noah, son jeune bébé de 9 mois. Malgré tout elle était loin d’imaginer qu’ils allaient être séparés à jamais l’un de l’autre.

Alistair son compagnon, le père de Noah, prends les choses en main, mais rien n’empêchera Johanna de plonger dans une terrible dépression au bord de la folie.

Le scénario mis en place par Alistair ne fait que la culpabiliser davantage et l’entraîne jour après jour au plus profond de l’abîme.

Mais que s’est-il réellement passé au cours de ce vol ?

Connaît on vraiment ceux qui partagent notre vie ?

Ce que j’en dis :

Comme dans quasiment 80 % de mes lectures, j’ai commencé celle-ci à l’aveugle, sans rien lire sur ce roman au préalable, pas même la quatrième de couverture pour garder un maximum de suspens et de surprises, je ne vous en dirai donc pas plus sur le synopsis et même beaucoup moins que la présentation au dos du livre.

Mais une chose est sûre, une fois que vous commencerez ce thriller psychologique de haut-vol, absolument machiavélique, tout comme moi, vous ne pourrez plus le quitter avant de le terminer, autant vous prévenir pour éviter toute frustration et donc prévoir une belle plage de lecture.

Car si dès le départ vous allez vite découvrir le sort de cet enfant, vous n’en demeurerez pas moins intrigué. Tout comme les personnages, vous vous retrouverez piégé, le cœur brisé, cherchant désespérément une once d’empathie pour Alistair ce pervers narcissique et un brin de compassion pour cette mère désespérée qu’on semble vouloir mettre au pilori.

Helen Fitzgerald va mettre vos nerfs à rude épreuve en vous entraînant au cœur d’une histoire perverse où la manipulation est reine, et où le chemin de la rédemption ne sera possible qu’en prenant des chemins de traverse aux allures diaboliques.

Pas étonnant que ce roman qui a inspiré une série de la BBC, devenue un véritable phénomène sur la chaîne fasse un carton.

C’est sidérant, complètement addictif, ça vient de paraître et c’est à mettre absolument dans ses lectures estivales.

Encore une belle entrée dans les Arènes d’Aurélien Masson.

Pour info :

Née en 1966 à Melbourne (Australie), Helen FitzGerald est autrice et scénariste.

Elle a travaillé dix ans comme assistante sociale pour la justice pénale puis auprès de délinquants sexuels en prison.

Elle vit aujourd’hui à Glasgow avec son mari et ses deux enfants.

Un grand merci aux éditions les arènes pour ce thriller étourdissant.

Les incroyables aventures des sœurs Shergill

Les aventures des sœurs Shergill de Balli Kaur Jaswal aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (Singapour) par Laura Vaz

À sa mort, Sita Kaur Shergill, laisse à ses trois filles, Rajini, Jezmeen et Shirina, un testament assez particulier. N’ayant pas pu se rendre une dernière fois en Inde, elle les charge à travers une dernière lettre d’effectuer ensemble ce voyage pour y répandre ses cendres, une fois le pèlerinage effectué.

(…) Voici la liste des endroits que j’aimerais que vous visitiez pour moi une fois que je ne serai plus de ce monde. Le voyage devrait durer une semaine et vous mènera sur les routes de Delhi, d’Amritsar et j’en passe. Ensemble vous devrez effectuer un seva pour venir en aide aux autres et pratiquer la modestie, vous baigner dans un sarovar pour laver et purifier vôtre âme, et marcher jusqu’au sommet de la spiritualité pour rendre grâce au corps, notre enveloppe charnelle sur Terre. Je souhaiterais aussi que vous répandiez mes cendres en Inde.

Les trois sœurs, à peine remise de leur surprise, sont loin de se réjouir de ce qui les attend, d’autant plus qu’elles ne se supportent pas, leur mère l’aurait elle oublié ?

Il va pourtant falloir se résoudre à effectuer ce voyage et y trouver quelques points positifs. Rajni, l’ainée avait besoin d’un break, la séduisante Jezmeen, actrice de métier souhaitait s’éloigner de la presse peuple londonienne quand à Shirina, qui s’apprête à se marier, cela lui permettra d’en connaître davantage sur ses racines et à réfléchir sur sa situation pas si glamour qu’elle devrait être, alors pourquoi pas ?

Un voyage qui s’annonce mouvementé mais va leur réserver au final de belles surprises.

Ce que j’en dis :

Après son fabuleux premier roman : le club des veuves qui aimaient la littérature érotique (ma chronique ici) aussi jubilatoire que passionnant qui nous plongeait au cœur d’une communauté indienne située à Londres, c’est avec plaisir que je retrouve cette plume qui à travers une nouvelle histoire nous fait découvrir d’autres facettes de ce pays.

En voyageant avec ces trois sœurs, on découvre qu’en Inde la condition des femmes est loin d’être idéale, face aux traditions ancestrales.

Jour après jour, elles vont pourtant chacune se redécouvrir, s’apprivoiser, s’aimer et malgré les mésaventures qu’elles vont rencontrer, ce pèlerinage au départ forcé va réussir à les réunir tout en leur ouvrant les yeux et le cœur.

Un voyage touchant qui nous emporte dans le tourbillon de la vie d’une fratrie avec une bonne dose d’humour, d’amour, où l’on s’aperçoit que l’héritage de certaines traditions peut être parfois un lourd fardeau dont il faut se libérer pour enfin vivre pleinement.

Pour info :

Née à Singapour, Balli Kaur Jaswal a vécu au Japon, aux Philippines et en Russie.

Diplômée de plusieurs ateliers de creative writing, ses romans – dont Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique (Belfond, 2018), sélectionné par Reese Witherspoon pour son fameux book club – ont tous remporté un joli succès critique lors de leurs publications anglophones.

Je remercie les éditions Belfond pour ce pèlerinage au pays des mille et une nuit.

Marseille 73

Marseille 73 de Dominique Manotti aux Éditions Équinox / Les Arénes

1973. Grasse, charmante cité provençale, ses fleurs, ses parfums, ses trente mille habitants, et son petit milliers de travailleurs immigrés, souvent tunisiens, ouvriers agricoles, ouvriers du bâtiment, tous travailleurs au noir.

Durant l’automne 1972, le gouvernement français prends de nouvelles mesures à l’encontre des immigrés, résidents en France ou souhaitant y entrer. La circulaire Marcellin leur impose désormais d’être munis d’un contrat de travail et d’avoir un logement s’ils souhaitent bénéficier d’une carte de séjour afin d’éviter les expulsions prévues dès l’été 73.

À l’approche de l’échéance, Ordre nouveau, mouvement d’extrême droite, nationaliste et néofasciste, s’engouffre dans la brèche ouverte pat le gouvernement et lance, le 9 juin 1973, une campagne nationale « Halte à l’immigration sauvage ».

La France va alors connaître une vague d’assassinats. Des arabes, surtout des algériens, sont pris pour cible, notamment à Marseille, épicentre du terrorisme raciste.

Quelque chose de grave est en train de naître, qui porte un nom : le racisme.

Le jeune commissaire Daquin, bien d’être nommé à l’Évèché , l’hôtel de police de Marseille, est bien décidé à mettre un terme à cette violence, même s’il doit mettre au pilori certains collègues.

(…) Nous sommes confrontés ici à Marseille à une vague de terrorisme anti-immigrés maghrébins, dans le prolongement de la guerre d’Algerie, et sans doute dans le prolongement du terrorisme de l’OAS. Et apparemment, la consigne donnée à la police et à la justice est de regarder ailleurs. Cela ne peut pas être sans conséquence. Les répercussions seront lourdes sur la société, mais aussi sur le fonctionnement de nos services. Vous le savez aussi bien que moi.

Dans cette ville portuaire du sud de la France, cette histoire basée sur des faits réels, portée par la plume légendaire de Dominique Manotti nous fait découvrir cette tragédie à travers une enquête menée de main de maître, et fête le retour de notre héros, l’inspecteur Daquin.

Ce que j’en dis :

Il n’est jamais trop tard pour faire connaissance avec une belle plume retardée j’avoue par le côté polar politique qui m’effrayait et pourtant je ne regrette pas cette découverte, bien au contraire.

Pour sortir de mes zones de confort, c’est bien souvent comme pour le cinéma, il suffit que ce soit basée sur des faits réels, d’après une histoire vraie ou d’un fait historique pour que je sois attirée.

En 73, j’étais bien trop jeune pour me souvenir de ces tragiques événements mais grâce à ce récit et à travers cette enquête policière, brillamment menée mes lacunes sont comblées.

Car Dominique Manotti a fait de sacrés recherches en amont pour nous offrir ce roman d’une noirceur effrayante.

Tout comme certains auteurs, elle n’hésite pas à toucher certains points sensibles qui rappellent étrangement certains faits récents de notre actualité. Sous couvert de leur uniforme, il est vrai que certaines professions s’accordent quelques passes droits.

À travers ce roman, elle nous confronte à une terrible réalité et nous plonge au cœur même de la corruption policière gangrenée par le racisme.

Qu’ils soient du bon ou du mauvais côté, ses personnages interpellent, bouleversent, révulsent, aucun ne peut nous laisser indifférent.

Une écriture remarquable qui véhicule à travers une tension extrême une multitude d’émotions, qui en font un véritable page-Turner difficile à quitter et impossible à oublier.

Percutant, dérangeant, époustouflant, c’est à lire absolument.

Pour info :

Née en 1942, Dominique Manotti a enseigné à l’université l’histoire écono­mique contemporaine.

Autrefois militante politique et syndicale, elle publie à partir de 1995 une dizaine de romans noirs, dont trois mettant en scène le commissaire Daquin.

L’un de ces romans, Nos fantastiques années fric, a été adapté au cinéma sous le titre Une affaire d’État. Après Bien connu des services de police, Trophée 813 du Meilleur roman noir francophone en 2010, elle a reçu pour L’Honorable société, écrit avec DOA, le Grand Prix de Littérature policière 2011.

Ses livres sont traduits dans une dizaine de langues. Racket (ed. Les arènes, 2018) , Marseille 73 est son treizième roman.

Je remercie les Éditions Les Arénes pour ce récit bluffant.

Représailles

Représailles de Florian Eglin aux Éditions la Baconnière

(…) – Toi qui cherchais une amorce pour ton prochain roman, je crois que tu l’as trouvée, fit Adèle en se recroquevillant sur son siège. Cette poursuite en pleine nuit, c’est accrocheur, non ?

Elle semblait se retenir très fort. Pour ne pas crier. Pour ne pas pleurer. Pour continuer à faire comme si tout allait bien. Hormis foncer sans se laisser déporter, Tom était impuissant. Totalement. Ou alors freiner sec pour repartir dans l’autre sens après un tête-à-queue contrôlé ? Tom était bon conducteur. Très bon même. Avec sa famille dans la voiture, il ne pouvait cependant pas prendre le moindre risque en se la jouant Fasr and Furious. De toute façon, il ne connaissait pas la région. Il finirait par se retrouver sur une route pas carrossable. Un scénario foireux qui ne lui disait rien.

Tom et Adèle sillonnent avec leurs deux enfants, une route corse afin de rejoindre leur lieu de vacances. Lorsque qu’un monstrueux SUV commence à les suivre, ils sont loin d’imaginer ce qu’ils s’apprêtent à vivre.

À bord de ce SUV, un trio monstrueux, prêt à tout pour assouvir leur soif de violence.

Tom, voit prendre vie le pire scénario dont il a toujours rêvé écrire.

La route des vacances va vite se transformer en descente en enfer, une drôle de manière de faire connaissance avec le désert des Agriates et l’hospitalité Corse.

(…) – Tu sais, quand on touche à la famille, avec ces types qui se croient deux siècles en arrière… Pour moi, c’est comme si c’était écrit, ça va finir dans le sang.

Ce que j’en dis :

Représailles, sortie initialement prévue le 20 mars 2020, reportée au 5 juin 2020, suite au confinement sanitaire imposé par le petit chef, mérite tout les lauriers que l’on commence ici et là, à lui décerner, et il aurait vraiment été injuste de ne pas vous en parler.

Car si mon petit laïus de présentation vous fait croire à un scénario classique, voir déjà lu, vous êtes loin du compte, et tout juste au début d’une multitude de surprises.

Cette traque sauvage va vous entraîner dans les méandres de l’âme humaine à travers le paysage Corse, et vous confronter à une violence démoniaque.

Ce roman noir, qui flirte avec les codes du thriller et du polar, est en plus porté par une plume absolument somptueuse.

Florian Eglin peut s’enorgueillir de posséder autant de qualité.

Il nous offre un récit construit de main de maître, au rythme infernal, glaçant tout en étant bouleversant, riche en référence littéraire et cinématographique, (ça ne va pas arranger vos listes), avec des personnages terrifiants et pourtant attachants, où s’invite en plus une pointe d’humour grinçante.

C’est simple, une fois commencé, vous ne pourrez plus quitter cette histoire sanglante terriblement déchirante.

Croyez-moi, vous êtes loin d’imaginer ce qui vous attend, et désormais il ne tient qu’à vous d’en découvrir davantage.

Il aurait pu être américain et bien non , Florian Eglin est Suisse, tout comme son confrère Joseph Incardona, qui m’a également bluffé dernièrement. Décidément cette année n’a pas fini de me surprendre, pour mon plus grand plaisir.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire… N’est-ce pas ?

Ps : Si quelqu’un connaît Tarantino, ce serait bien de lui faire lire aussi, on ne sait jamais, ça pourrait le tenter pour une adaptation cinématographique.

Pour info :

Florian Eglin est né le 7 décembre 1974 à Genève et enseigne le français au collège. Marié avec une enseignante, il vit à Genève et est père de deux enfants.

Il est l’auteur aux éditions La Baconnière d’une trilogie sur un personnage de fiction mi-homme mi- dieu, Solal Aronowicz (Cette malédiction qui ne tombe finalement pas si mal. Roman brutal et improbable, 2013 ; Solal Aronowicz, une résistance à toute épreuve… Faut-il s’en réjouir pour autant?, 2014 ; Solal Aronowicz. Holocauste, 2015), qui a connu un beau succès critique en Suisse. Holocauste a également remporté le Prix du Salon du livre de Genève 2016 et le premier tome a été primé par le Prix public de la RTS. Les deux premiers tomes, épuisés, ont été réédités en poche.

Héritier concomitant de Ian Fleming et d’Huysmans, les écrits grinçants, violents et terriblement drôles de Florian Eglin sont à mettre entre les mains d’un public averti, amateur d’une littérature contemporaine et originale.

Il a remporté lePrix du Salon du livre de Genève en 2016 et est lauréat de la Plume d’or de la société genevoise des écrivains en 2018.

Je remercie infiniment Aurélie de l’agence Un livre à soi et les Éditions la Baconnière pour ce récit magistral, absolument inoubliable.

Champ de tir

Champ de tir de Linwood Barclay aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (Çanada) par Renaud Morin.

” L’inspecteur Barry Duckworth, de la police de Promise Falls, était à son bureau quand son téléphone sonna. Il décrocha le combiné d’un geste vif.

– Duckworth

– Bayliss à l’appareil

Trent Bayliss, le sergent préposé à l’accueil.

– Ouais ?

– J’ai un sacré spécimen ici, dit Bayliss, incapable de dissimuler son amusement.

– Qu’est-ce que vous racontez ?

– Le type s’est fait ramasser alors qu’il errait en ville. Il veut parler à un inspecteur. Je vous l’envoie. Il dit s’appeler, Brian Gaffney. Mais il n’a pas de papier sur lui.

– C’est quoi son histoire ?

– Mieux vaut qu’il vous raconte ça lui-même. Je ne voudrais pas gâcher votre plaisir, répondit Bayliss avant de raccrocher. “

L’inspecteur Duckworth de Promise Falls est à peine remis des derniers événements meurtriers survenus dernièrement dans sa ville, qu’il se retrouve chargé d’une étrange affaire.

Un jeune homme prétend avoir été enlevé, mais vu qu’il ne se souvient de rien c’est difficilement crédible. Mise à part l’étrange message indélébile trouvé sur son corps, aucun indice pour démarrer l’enquête. Ça ne va pas être simple.

De son côté, le détective privé Cal Weaver est sollicité pour protéger Jeremy Pilford, ce gosse de riche, arrogant, soupçonné d’avoir écrasé une jeune fille. Acquitté par le tribunal pour irresponsabilité, l’adolescent n’en demeure pas moins coupable aux yeux de certains qui n’hésitent pas à le lyncher sur les réseaux sociaux.

Il semblerait que des redresseurs de torts soient bien décidés à faire justice eux-mêmes. Mais ont-ils choisi les bonnes cibles, aveuglés par leur soif de vengeance ?

Décidément, ce n’est pas encore maintenant que Promise Falls pourra prétendre à nouveau à son statut de ville paisible.

Mais heureusement on peut compter sur l’inspecteur Duckworth et sur le détective Weaver pour lutter contre cette chasse aux sorcières des temps modernes.

Ce que j’en dis :

Depuis Fausses promesses, publié en 2018 suivi d’ En lieux sûrs en 2017, puis Faux amis en 2018 et Vraie folie en 2019, je suis les aventures de cette bourgade américaine avec attention, il faut dire que Linwood Barclay, fait bien son job pour accrocher le lecteur en gardant du suspens jusqu’à quasiment la dernière page et en remettant en scène ce duo flic/détective plutôt sympathique.

Un peu comme une série télé où chaque nouvelle saison t’entraîne vers de nouvelles affaires pleines de péripéties.

Ce dernier, Champ de tir est plutôt réussi, et j’ai même trouvé l’écriture plus soignée même si elle reste assez simple dans l’ensemble.

Le scénario tient la route et le suspens est maintenu à travers des chapitres courts où l’inspecteur et le détective interviennent à tour de rôle.

Donc, si vous avez accroché avec les précédents, ce petit dernier devrait vous plaire, et comme l’auteur est malin, même si les affaires sont bouclées, la fin ouverte laisse présager de nouvelles aventures.

À suivre…

Pour info :

Auteur de polars incontournable, Linwood Barclay a déjà publié seize romans chez Belfond, dont Cette nuit-là (2009) et sa trilogie consacrée à la ville fictive de Promise Falls – Fausses promesses (2018), Faux amis (2018) et Vraie folie (2019).

Tous sont repris chez J’ai lu.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette lecture addictive.

Joueuse

Joueuse de Benoit Philippon aux Éditions Les arènes

” Certaines batailles tracent leur histoire sur la peau, d’autres sous les chairs. Ces blessures, on peut choisir de les appréhender de deux façons radicalement différentes : geindre dans la boue en espérant susciter la compassion d’une âme miséricordieuse, ou en arborer les cicatrices comme des trophées, témoignages de combats menés dont on est ressorti, abîmé certes, mais victorieux. Zack a choisi la seconde attitude. “

Zack a été élevé à la dur par son père, l’élève a fini par dépasser le maître et devenu joueur professionnel.

Avec son pote Baloo, il forme une sacré équipe jusqu’à ce qu’il croise la route d’une nana et tombe sous son charme.

” Zack s’est taillé une belle réputation de joueur d’exception qui lui vaut l’intérêt de gros poissons. Mais il sait rester prudent , tenter sa chance juste ce qu’il faut pour ne pas finir la soirée éventré entre deux poubelles.

Pour l’instant.

Il s’avère que cette nana en connaît un rayon sur le bluff, et pour obtenir ce qu’elle veut elle n’hésite pas à se servir de ses charmes, des atouts indiscutables qui mettent vite Zack au tapis.

Maxine a des comptes à régler avec un gros joueur, et Zack pourrait bien l’aider à gagner cet partie, à condition qu’il accepte le deal qu’elle lui propose.

” Les jeux sont fait. Rien ne va plus. “

” La bataille se prépare, elle sera sanglante, et sans pitié. “

Ce que j’en dis :

Cabossé, son tout premier roman m’avait déjà conquise, puis il a récidivé avec Mamie Luger, un roman absolument jubilatoire avec une héroïne hors du commun qu’il est impossible d’oublier, mais alors là, Joueuse m’a bluffer. En même temps c’était plus ou moins à prévoir étant donné les parties de poker qui se jouent par ici.

Benoit Philippon, fidèle à son style nous fait cadeau d’une nouvelle héroïne, au caractère bien trempé, sans pourtant oublier Mamie Luger, à laquelle il n’oublie pas de faire un petit clin d’œil bien mérité.

À travers une plume aussi fleurie que les chemises dont il raffole, l’auteur nous entraîne dans une spirale infernale sous haute tension, un véritable tournoi de poker où chaque partie risque de te mettre au tapis pour un temps plus ou moins limité voir éternel. Et même s’il est question d’arnaque, pas question d’arnaquer le lecteur qui en aura pour sa mise de départ. Il garde dans son jeu quelques joker pour protéger la gente féminine, des pires crapules des bas-fonds et autre lieu de perdition.

Sous la plume de Benoit Philippon, les coupables ne restent pas impunis. Ici on respecte les femmes ou on passe à la casse.

Avec une once d’humanité, une dose d’humour et d’esprit, de l’action et du suspens et même un peu d’amour, Joueuse nous offre une partie endiablée qui risque d’en surprendre plus d’un.

Je n’ai pas aimé, non, j’ai adoré ♥️

Pour info

Benoît Philippon passe son enfance en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. 

Il devient scénariste à vingt ans pour le cinéma et l’animation. 
Il réalise son premier long-métrage, Lullaby for Pi, avec un casting international (Forest Whitaker, Clémence Poésy, Rupert Friend), sorti en 2010 ; puis un film d’animation (coréalisé avec Alexandre Heboyan), Mune, le gardien de la Lune (prix du meilleur film à Tokyo, Toronto, Erevan), qui fut le septième plus gros succès français à l’étranger en 2015. 

Benoît Philippon aime mélanger les codes et naviguer entre les genres. 
Après Cabossé  (Prix du Goéland Masqué 2018, Prix Transfuge du meilleur espoir Polar 2016) publié dans la Série Noire, Mamie Luger (Equinox/Les Arènes) son deuxième roman noir publié en 2018 a reçu le prix Cezam inter CE en 2019.

Joueuse (Équinox /Les Arénes) est son troisième roman.

Je remercie les Éditions Équinox/ Les Arénes pour cette partie endiablée absolument exquise.

Aux vagabonds l’immensité

Aux vagabonds l’immensité de Pierre Hanot aux Éditions de la manufacture de livres

– Je voulais juste dire qu’à l’ignominie répond l’ignominie, que c’est un engrenage, œil pour œil, dent pour dent: tu tues ton voisin pour venger la mort de ton frère et à son tour, le fils de ton voisin s’acharnera à venger son paternel ! Lorsque la violence s’impose, personne n’en sort indemne. “

À Metz, en Lorraine, la nuit du 23 au 24 juillet 1961 connue des heures sanglantes suite à une rixe qui a mal tourné. Cette expédition punitive,  » la ratonnade  » , va laisser dans son sillage quelques morts et de nombreux blessés.

On la nommera par la suite : « La nuit des paras ».

Ce drame historique, qui demeure pourtant assez méconnu, Pierre Hanot l’aborde à sa manière à travers son dernier roman ” Aux vagabonds l’immensité “.

En remontant le fil du temps, il nous offre les portraits de certaines personnes reliées à cette tragédie , à travers des instants de vie qui ont précédé cette fameuse nuit.

Des hommes et des femmes de différents horizons aux destins liés pour toujours.

Des vies simples qui seront bouleversées cette nuit là par les coups de l’Histoire.

Ce que j’en pense :

Pierre Hanot a le don pour m’embarquer loin des sentiers battus, vers des histoires du passé aux faits historiques pas toujours passionnant lorsqu’ils apparaissent dans les manuels d’Histoire. Mais voilà, il a l’art et la manière de déterrer certains sujets oubliés et de les rendre interessants grâce à ses personnages attachants, à une construction originale de son récit et à sa verve en parfait accord avec l’époque.

Incontestablement, nos souvenirs resurgissent, les bons comme les moins bons, les seconds liés aux premières confrontations de haine raciale même si j’étais jeune à l’époque, je me souviens de ces mots, ces insultes que j’entendais ici et là, mais qui véhiculaient malgré tout, déjà une grande violence.

Pierre Hanot nous offre son regard d’écrivain, avec une certaine liberté tout en abordant avec émotion et réalisme les tensions raciales des années 60, qui résonnent malheureusement toujours actuellement dans le monde entier.

Et même si je regrette que ce roman soit court, j’ai une fois de plus apprécié cette belle plume qui m’a fait voyager dans le temps et fait découvrir un pan historique de ma région, peu reluisant. Pas étonnant qu’il demeure presque inconnu, mais heureusement on peut compter sur Pierre pour éclairer nos lacunes avec une certaine élégance.

Une beau moment de lecture à savourer sans modération.

À découvrir également sur mon blog (https://dealerdeligne.wordpress.com/2017/12/16/gueule-de-fer/) son précédent roman Gueule de fer.

Pour info :

Pierre Hanot est né en 1952 à Metz. Enfance heureuse malgré la polio qui lui laissera des séquelles à une jambe, adolescence plus tourmentée durant laquelle la découverte des surréalistes sera son Mai 68. 

Tour à tour poète, maçon, routard, professeur d’anglais, song-writer, chanteur et guitariste, il prend dans les années 70 la musique en otage, accompagné par son groupe, le Parano Band. Suivront trente-cinq années d’aventures rock’n’rollesques et de concerts dont plus de 200 dans la plupart des prisons françaises, démarche hors normes qui impacte son funk-blues et forge sa poésie urbaine.

Homme de convictions, il relate en 2005 cette expérience unique dans Rock’n taules, récit salué par la critique unanime. Se consacrant dès lors au roman, il rejoint le monde du polar et du noir, lauréat en 2009 du Prix Erckmann-Chatrian pour son opus Les clous du fakir paru chez Fayard. Autre univers, l’art du collage que Pierre pratique en toute liberté, scénarisant ses œuvres au sein d’expositions évènementielles et interactives.

Je remercie l’agence Trames et les Éditions de la manufacture de livres pour ce récit très touchant.