L’inconnu de la forêt

L’inconnu de la forêt d’Harlan Coben aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Roxane Azimi

Wilde est celui que l’on nomme l’inconnu de la forêt.

On ignore tout de son passé.

Il reste pour les habitants du coin une véritable énigme.

Pourtant il semble posséder un don pour retrouver les personnes disparues.

Ayant grandi dans la forêt, il l’a connaît par cœur. Aucune piste ne lui échappe. Et même si ses méthodes peuvent vous paraître très spéciales, elles font de lui un enquêteur hors pair.

Alors lorsqu’une jeune fille, puis un lycéen disparaissent il n’attend pas les autorisations pour se lancer à leur recherche, car il sait plus que quiconque que la forêt est pleine de danger et qu’il est parfois difficile et même parfois impossible de retrouver le chemin qui conduit a sa maison.

Ce que j’en dis :

Aux États-Unis 460 000 enfants sont portés disparus chaque année, un sujet qui semble tenir à cœur à Harlan Coben qui traite régulièrement de ce sujet dans ses thrillers, comme notamment dans ce dernier récemment sorti en France.

À cette occasion, il met en scène un nouveau personnage : l’inconnu de la forêt, qui garde une part de mystère qui sera certainement dévoilée au fur et à mesure dans les prochaines intrigues.

On y découvre également un nouveau jeu tendance qui consiste à simuler une disparition, il sera donc plus difficile pour les enquêteurs de faire le tri entre le vrai et le faux dans cette histoire où des adolescents sont portés disparus.

Comme à son habitude, Harlan Coben nous offre une intrigue complexe à travers des chapitres courts rendant la lecture addictive. Si son style d’écriture reste assez basique, c’est plutôt dans l’art et la manière de mener son histoire qu’il excelle, semant au compte goutte les indices.

Derrière cette couverture plutôt réussie qu’il est impossible de ne pas repérer au premier coup d’œil en librairie, vous y retrouvez tout le talent de l’auteur pour passer un moment de lecture plutôt sympa.

Il me tarde de retrouver Wild et d’en connaître je l’espère, davantage sur l’inconnu de la forêt.

Pour info :

Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.

Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a rencontré un succès immédiat dès la publication de ses premiers romans, tant auprès de la critique que du public.

Il est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Depuis Ne le dis à personne… (2002) – récompensé du Grand Prix des lectrices Elle et adapté avec succès au cinéma par Guillaume Canet –, Belfond a publié vingt et un romans de Harlan Coben.

Plusieurs ont été adaptés en miniséries, dont Une chance de trop et Juste un regard, diffusées surTF1, ainsi que Intimidation/The Stranger et Dans les bois/The Woods, disponibles en streaming sur Netflix.

Tous ses ouvrages sont également disponibles chez Pocket.

Je remercie les Éditions Belfond pour ce suspens haletant.

La mer sans étoiles

La mer sans étoiles dErin Morgenstern aux Éditions Sonatine

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Julie Sibony

En grand lecteur que vous êtes, vous connaissez forcément le monde de Narnia, l’école des sorciers d’Harry Potter, Arthur et les minimoys et même l’univers d’Alice et son pays des merveilles, mais connaissez-vous La mer sans étoiles ?

Alors permettez-moi de vous la présenter…

Peut-être l’un d’entre vous l’a peut-être déjà visité ? Car c’est derrière certaines portes que cet endroit mystérieux se cache.

“ Toutes les portes mènent à un Port sur la mer sans Étoiles, pour peu que quelqu’un ose l’ouvrir.

Peu de choses les distinguent d’une porte normale. Certaines sont simples. D’autres décorées minutieusement. La plupart ont un bouton qui n’attend que d’être tourné bien que d’autres aient des poignées à baisser.

[…] Ceux qui cherchent trouveront. Leur porte les attend. ”

Zachary Ezra Rawlins s’est trouvé face à l’une d’elle, mais ce jour là il n’a pas osé s’y attarder. Jusqu’au jour où il tombe sur un livre à la bibliothèque de son université qui raconte justement cet épisode. Comment cela est-il possible ? Le fils de la voyante devrait pourtant avoir l’habitude d’être confronté à des phénomènes étranges mais là c’est de lui dont il est question, cela devient quelque peu inquiétant.

Commence alors une véritable quête pour découvrir le fin mot de l’histoire. Une quête qui va le conduire dans un étrange labyrinthe souterrain sur les rives de la mer sans étoiles vers une bibliothèque secrète hautement protégée.

– Quel est l’interêt d’une bibliothèque musée si personne ne peut lire les livres ?

– La préservation, réplique Allegra. Vous pensez que je veux la cacher, c’est ça ? Je la protège. De… d’un monde devenu trop dangereux pour elle. Vous imaginez ce qui pourrait arriver si ça se savait ? Qu’un endroit magique, faute d’un meilleur terme, s’étend sous nos pieds ? Ce qui pourrait arriver une fois qu’il y aura des posts sur des blogs, des hashtags et des touristes ? ”

Ce que j’en dis encore :

Imaginez que la couverture soit une porte, ouvrez la et pénétrez à votre tour dans cette mystérieuse histoire pour découvrir tous les secrets qu’elle recèle.

Prenez comme guide Zachary pour ne surtout pas vous perdre en route et poursuivez votre aventure.

Préparez-vous à rencontrer de surprenantes créatures, des sorcières, des pirates, de nombreux chats, des abeilles, des gardiens, des veilleurs, des poètes et même des peintres.

Ne vous inquiétez pas pour la langue, dans ce monde elle est universelle, les livres et les paroles se traduisent d’eux-mêmes. N’est-ce pas merveilleux ?

Même le temps semble s’écouler différemment.

Et pour les repas, je vous garantis que vous ne serez pas déçu.

Si le voyage vous parait parfois ardu, surtout n’abandonnez jamais, vous pourriez regretter de ne pas en voir la fin.

Vous l’aurez compris, cette histoire est habitée par la magie, elle réveillera votre âme d’enfant et vous fera oublier vos tourments.

Et à travers tous ces fragments d’histoire disséminés à travers ce lieu atypique, vous lèverez le voile sur certaines énigmes pour découvrir enfin la grande Histoire.

Et croyez-moi, la prochaine fois que vous verrez une porte dans un lieu insolite, vous serez certainement très tenté de l’ouvrir espérant vous aussi, trouver le chemin de cette bibliothèque secrète.

“ C’est un sanctuaire pour les raconteurs d’histoires, les gardiens d’histoires, les amoureux d’histoires. Ils mangent, dorment et rêvent entourés de chroniques, de récits et de mythes. Certains y passent de quelques heures a quelques jours avant de regagner la surface, mais d’autres y restent des semaines voire des années ; ils logent dans des appartements partagés ou privatifs et passent leur temps à lire, à étudier ou à écrire, à discuter et à créer avec leurs compagnons ou à travailler dans la solitude.

Parmi ceux qui restent, un petit nombre choisissent de se consacrer ace lieu, ce temple des histoires.

Il y a trois chemins. Celui-ci en est un. ”

Erin Morgenstern véritable conteuse vous offre un magnifique moment d’évasion à travers ce récit fabuleux. Un moment hors du temps entouré de livres et de créatures étonnantes, où l’amour et l’amitié voyagent d’un être à l’autre pour attendrir tous les cœurs à prendre.

Un livre de belle facture, à l’apparence soignée, véritable trésor qui trouvera sa place dans votre bibliothèque, attendant patiemment qu’un autre lecteur ouvre la porte et se laisse transporter vers la mer sans étoiles.

Parfois la vie est bizarre.

Vous pouvez essayer de l’ignorer, ou vous pouvez voir où le bizarre vous emmène.

Vous ouvrez une porte.

Qu’est-ce qui se passe après ? ”

Lisez, vous verrez…

Pour info :

Erin Morgenstern a grandi et vit toujours dans l’État du Massachusetts. À la suite d’un cursus universitaire en écriture dramatique, elle s’essaye à plusieurs métiers dans le monde du théâtre.

Après avoir travaillé un temps en entreprise, elle renoue avec l’écriture par le biais de l’opération National Novel Writing Month (NaNoWriMo). À cette occasion, elle débute la rédaction de son premier roman, Le Cirque des rêves, qui conquiert des légions de lecteurs à travers le monde et paraît en 2012 chez Flammarion.

Sept ans plus tard, c’est son second roman, La Mer sans Étoiles, qui voit le jour.


Parallèlement, Erin Morgenstern a écrit des contes inspirés de photographies prises par son ami Carey Farrell. Parmi ses références avouées, on compte Shakespeare, Charles Dickens, Roald Dahl ou encore Edward Gorey.

Je remercie les Éditions Sonatine pour cette aventure extraordinaire.

Les nuits rouges

Les nuits rouges de Sébastien Raizer aux Éditions Gallimard

“ Bon sang, un homme passe quarante ans dans un crassier et personne ne remarque rien. ”

Dans le nord-est de la France, à deux pas des anciens hauts fourneaux, on vient de découvrir le corps momifié d’un homme. Il s’agit du cadavre d’un syndicaliste porté disparu depuis 1979.

Ses deux fils, des jumeaux ont grandi dans cette région dévastée économiquement et socialement, avec le poids d’un monstrueux mensonge, croyant depuis toutes ces années que leur père les avait abandonné.

Désunis depuis quelques années, c’est dans la noirceur qu’ils se retrouvent.

Alexis, employé de banque au Luxembourg s’en tire un peu mieux que Dimitri qui zone à droite à gauche tout en touchant à la came.

En apprenant la nouvelle, Dimitri se sent envahi par la rage, assoiffée de vengeance.

“ C’est toute une vie qu’il faut remettre en ordre […] Tout reprendre de zéro. L’histoire de ce monde. Expurger le mal à la racine. […] Ce qu’il faut maintenant, c’est de la violence, du sang et des larmes. Il faut des nuits rouges. Laver tous ces morts avec le seul rouge qui soit. Le sang. ”

Keller, le commissaire adjoint se retrouve sur l’affaire. Il vient de débarquer dans cette région peu accueillante qu’il ne connaît absolument pas, et va devoir en plus bosser avec Faas un inspecteur imprévisible.

“ Salopard, se dit Keller. Putain de salopard. Mais au moins, ça a le mérite d’être clair. Ingérable, allergique à la hiérarchie, histoires abracadabrantes à son sujet, face de rat. ”

Les ouvriers sidérurgistes ont disparu. mais leurs sangs rouges coulent dans les veines de leurs enfants, prêts à se révolter pour qu’enfin la vérité surgisse du fond des crassiers.

“ Les nuits étaient rouges comme des yeux injectés de sang, de haine, de peur et d’instincts de meurtre. Les nuits étaient rouges, comme la frontière entre la folie et la mort. ”

Ce que j’en dis :

Lorraine de souche, Lorraine de cœur, et même fille d’un ancien ouvrier des hauts fourneaux de Neuves Maisons, il était impossible pour moi de passer à côté de ce roman où la noirceur des crassiers envahit les pages en nous offrant presque une page d’Histoire. Car même si ce récit est une fiction, elle rends magnifiquement hommage à toute une région meurtrie et à tous ces hommes, ces gueules noires aux poumons encrassés qui ont bossé dans toutes ces usines jusqu’à leurs fermetures, laissant derrière elles des familles sur le carreau.

La colère de Dimitri, je l’ai connu même si c’est par la maladie que mon père est parti… comme tant de ses potes ouvriers.

“Ils ont tué le tissu social, la conscience de classe, la solidarité, la culture ouvrière, la notion de révolte. Ils nous ont hypnotisés par la peur jusqu’à nous faire oublier notre propre pouvoir. Il n’y a plus rien.”

Mais c’est avec classe et une certaine élégance même si elle est parfois brutale que Sébastien Raizer nous parle de la classe ouvrière à travers cette enquête criminelle habitée par une violence extrême.

Aussi complexes sont-ils, ses personnages plutôt barrés collent parfaitement à cette histoire. La crise sidérurgique a laissé derrière elle des vies chargées de souffrance, envahies par le désespoir alors pas étonnant que la came surgisse dans le paysage, et amène une nouvelle forme de violence que ce soit du côté des consommateurs que des vendeurs. La douleur face au profit, une histoire sans fin, un éternellement recommencement.

Ceux qui ne connaissent pas cette région, seront un peu comme ce flic, Keller, fraîchement débarqué et poseront à leur tour un regard sur cette endroit avec une terrible envie de remettre à sa place ce flic véreux, cette face de rat, tout en ayant une profonde empathie pour ces deux frères, notamment Dimitri ce révolté qui a déjà trop souffert.

Sébastien Raizer nous offre un récit d’une force incroyable où la violence explose tel le métal, hurlant sa colère dans les nuits rouges de l’Est de la France.

Bien évidemment la fille de l’est a apprécié et remercie humblement l’auteur pour ce récit terriblement brillant qui lui a permis de replonger dans ses souvenirs auprès de ses chers disparus, réveillant quelque peu la colère qui sommeille en elle…


Un dose d’encre d’acier trempée où la vengeance rends les nuits rouges éclatantes de beauté et d’effroi.

Pour info :

Sébastien Raizer est le cofondateur des Éditions du Camion Blanc, qui ont publié des cargaisons d’ouvrages sur le rock, et de la collection Camion Noir, aliénée aux cultures sombres.

Il est l’auteur de la trilogie transréaliste des « Équinoxes » à la Série Noire (L’alignement des équinoxes, Sagittarius, Minuit à contre-jour), ainsi que d’un Petit éloge du zen.

Il vit à Kyoto où il pratique le iaido et le zazen.

Je remercie également les Éditions Gallimard pour cette plongée violente dans l’Est de la France.

Freshkills

Freshkills de Lucie Taïeb aux Éditions de La contre allée

En 1948, alors que plusieurs terrains de Staten Island et des autres boroughs de New-York ont déjà connu cette transformation, l’État décide, malgré l’opposition forte des citoyens et des environnements, que Fresh Kills sera, pour trois ans, décharge.

Trois ans.

Le temps de l’assécher et d’y construire un beau parc. Et dans quelques années, ce territoire impropre à tout sera enfin utilisable. ”

Ce n’est un secret pour personne, les américains ont tendance à voir tout en grand, tellement que ce projet prévu en 1948 ne verra en fait le jour qu’en 2036.

Les trois ans s’étant transformé progressivement en 53 ans…puisqu’au fil du temps cette décharge a hébergé des montagnes d’ordures.

Désormais, les déchets sont compactés, et exportés vers la Caroline du Sud.

Après avoir mené la vie dure aux habitants proches de Staten Island, qui ont dû supporter la vue mais également l’odeur infecte de décomposition, sans parler de la pollution, cette décharge a été recouverte, attendant patiemment sa réhabilitation en parc verdoyant.

“ On stocke des déchets pendant plusieurs décennies dans un espace donné qu’on détruit de manière irrémédiable, on pourrit littéralement la vie des gens du voisinage, dans l’indifférence, l’ignorance la plus complète de tout le reste de la population puis, du jour au lendemain, on leur propose un joli parc qui effacerait l’outrage ? Freshkills était l’incarnation d’un mensonge, d’une farce destinée à faire oublier, aussi que la fermeture d’une décharge ne règle jamais le problème de stockage des déchets, mais simplement le repousse. ”

Lucie Taïeb découvre en premier lieu ce site dans le roman fleuve de Don DeLillo, Outremonde. Sa curiosité l’incite à découvrir cet endroit, d’abord en faisant quelques recherches qui la laissent pantoise, puis en se rendant sur place à Staten Island.

“ […] lorsque, ce petit matin de juin, je me rends à la visite guidée du parc à laquelle la directrice de l’Alliance a accepté de me laisser participer, j’ai renoncé à tout scepticisme, effacé tout jugement. Je suis ici pour voir, pour écouter, pour tenter de comprendre.

À son retour, elle écrit ce livre et partage avec nous ce voyage, ses découvertes, ses réflexions et nous invite à notre tour à nous interroger : « Dans quel monde vivons-nous, lorsque les déchets sont absents de notre champ de vision, et pourtant omniprésent ? »

Ce que j’en dis :

On a beau être passionnée par une ville, un pays, on ignore parfois ce que s’y cachent. En même temps j’avoue qu’avant de lire ce récit, j’étais loin de m’intéresser à une décharge qui accueillait 29 000 tonnes de déchets par jour, même si elle est fermée depuis un moment.

Lucie Taïeb partage avec nous ses recherches, nous fait découvrir un endroit plutôt insolite, tout en pointant du doigt certaine aberration face à la surconsommation qui nous amène à produire de plus en plus de déchets qu’il faut bien stocker quelques part, quel que soit le pays.

Évidemment on s’interroge que ce soit sur toutes ces ordures qui polluent chaque jour la planète, mais également sur ces lieux qui les conservent peut-être pollués à jamais…

Un récit vraiment passionnant, porté par une belle plume qui instruit tout en éveillant la conscience de chacun, car même si on trie nos déchets, si notre consommation ne change pas, la planète deviendra une immense décharge même si ce n’est pas toujours visible au premier coup d’œil.

Pour info :

Lucie Taïeb, écrivaine et traductrice, est née en 1977 à Paris. Elle étudie l’allemand à Paris, Vienne et Berlin, obtient l’agrégation en 2002, puis soutient en 2008 une thèse de littérature comparée portant sur la transmission poétique de la mémoire d’événements de violence historique après 1945 en France, en Argentine et en Allemagne.

Elle est, depuis 2011, maîtresse de conférences en études germaniques à l’université de Bretagne Occidentale.

Depuis son premier recueil de poésie, paru aux Inaperçus en 2013, elle poursuit sa recherche d’une écriture de la justesse, centrée sur l’unité du poème ou du fragment, souvent polyphonique, à travers des genres variés (essai, roman, poésie) et par l’expérimentation, au sein de ces genres, de formes singulières, en possible collaboration avec des artistes d’autres disciplines (musique improvisée, gravure, photographie). Son deuxième roman, Les Échappées, s’est vu décerner le prix Wepler en 2019.


Ses recherches portent depuis plusieurs années désormais sur la représentation et la place des déchets dans nos sociétés contemporaines. Elles ont notamment donné lieu à plusieurs publications dans la revue Vacarme, et se nourrissent d’un dialogue constant avec d’autres disciplines, anthropologie et géographie en particulier.

Je remercie l’agence un livre à soi et les Éditions de La contre allée pour cette lecture passionnante.

Séoul Copycat

Séoul Copycat de Lee Jong-Kwan aux Éditions Matin Calme

Traduit du coréen par Koo Moduk et Claude Murcia

“ Dès sa première visite, Oh lui avait appris deux noms : l’un était celui de l’inspecteur « Lee Suyin » et l’autre celui de « Copycat ».

Il disait que Copycat était le surnom du tueur en série avait poursuivi, poursuite qui l’avait menée jusqu’à cette chambre d’hôpital.

Ce Copycat était très différent du tueur en série ordinaire. Il ne se contentait pas d’imiter certaines méthodes de meurtriers.

Selon Oh, il prenait seulement pour cible des suspects libérés faute de preuves. Et il était capable de reproduire avec exactitude les procédés utilisés par ces suspects qui avaient échappé à la loi. ”

Rien de tel qu’un petit extrait pour vous présenter le nouveau menu Nord Coréen des éditions Matin Calme dont je n’ai fait qu’une bouchée.

Tout a commencé à Séoul, où trois meurtres ont été commis et trois hommes suspectés, sans pour autant finir derrière les barreaux.

Arrive alors dans le paysage un Copycat bien décidé à rendre justice à sa façon, du coup il devient à son tour un meurtrier avec à ses trousses quelques flics de Séoul.

Un homme était sur le point de l’arrêter mais hélas il finit coincé dans un lit d’hôpital, blessé, quasiment aveugle et amnésique…

Lui seul semble connaître la clé de l’énigme, encore faut-il qu’il se souvienne mais surtout qu’il reste en vie.

Tic-Tac, Tic-Tac l’heure tourne, et le Copycat n’a pas fini de mettre les pendules à l’heure.

Ce que j’en dis :

Depuis quelques mois, l’univers du polar s’est agrandit. Les Éditions Matin Calme ont débarqué nous offrant chaque mois de nouveaux menus nord-coréens atypiques à déguster sans modération.

Nouvel auteur, nouvelle enquête, nouveaux personnages et un style incroyable pour nous triturer les méninges dans ce récit complètement addictif.

L’auteur ne ménage ni ses personnages, ni ses lecteurs en les amenant sur des fausses pistes, multipliant le nombres de suspects. Et comme il assure, il vous faudra attendre la quasi fin du livre pour connaître la vérité.

De l’entrée au dessert, ce nouveau menu est une réussite totale en vous proposant de nouvelles saveurs, de nouveaux ingrédients pour que jamais vous ne vous lassiez.

N’hésitez pas à le commander en click and collect chez votre libraire préféré, puis ensuite régalez vous.

Pour info :

Lee Jong-Kwan, discret, presque secret, a été durant 15 ans rédacteur dans une revue professionnelle de criminologie. Séoul copycat est son premier roman.

Je remercie les Éditions Matin Calme et l’agence Trames pour ce polar aux multiples saveurs.

L’un des tiens

L’un des tiens de Thomas Sands aux Éditions Les Arènes

H7N9 c’est le nom du virus qui circule entre ces pages, exterminant sur son passage la population, la faune et bientôt la flore.

“ Les autorités ont dit que le virus avait éclos sur les rives du Gange, au sud de Calcutta. Sur son passage, il en avait fauché des millions. Et au fond, cela avait arrangé tout le monde. Il restait si peu pour subsister. ”

Le monde s’effondre. La violence rôde. A bord d’une voiture volée, un homme et une femme se connaissant à peine roulent à travers le pays ravagé par la peur et les épidémies.

Lui espère retrouver son frère disparu tandis qu’elle, s’efforce d’oublier son amour tué récemment par des flics.

“ La mort, l’odeur de la mort, lourde et âcre, l’absence… et la mémoire pourrissante.

[…] Alors elle comprend que son pays est mort, qu’il ne se relèvera pas. ”

Ensemble ils apprennent à aimer ce qui leur manque tout en essayant de garder un brin d’espoir dans ce chaos en poursuivant leur route.

“ Quelques bourrasques, un peu de pluie. Rien de durable, le temps des cauchemars, la vacuité des songes.

Toute la vie. ”

Et quelques part un autre homme, peut-être celui tant recherché, réfugié près d’un village, en danger lui aussi…

“ La nature poursuit son vaste récit, son roman de ténèbres et de lumières. Elle affirme que le monde est en vie, que rien ne meurt vraiment. Et pourtant, certains signes ne trompent pas.Timothée veut rester ici, sur le chemin d’altitude, dans sa baïta. Il veut entendre ce chant, l’éprouver. Se savoir, se sentir humble devant ses mouvements, ses humeurs, sa volonté irrémédiable. Il est le dernier témoin de la grâce. ”

Ce que j’en dis :

Découvrir ce roman en pleine pandémie planétaire peut entraîner certains lecteurs vers une psychose perturbante, car même si on est encore loin de l’apocalypse comme dans ce roman, la situation actuelle laisse à penser qu’on s’en approche à grand pas si notre conscience ne se réveille pas.

Ici l’espoir est parti depuis longtemps et la noirceur a prit toute la place. La seule beauté présente entre ces pages est l’écriture de l’auteur. Sa plume puissante et lyrique nous emporte au centre du chaos en nous laissant le cœur en miette.

C’est absolument bouleversant, terriblement inquiétant emplis de désespoir, mais porté par une plume tellement belle qu’il mérite que l’on s’y attarde avant que notre monde s’écroule.

Mais avec prudence tout de même car c’est quand même flippant de découvrir en avant première ce qui nous pend au nez un jour ou l’autre…

Thomas Sands, semble être un véritable visionnaire, alors n’hésitez pas à le découvrir même si vous risquez de ne pas en sortir indemne.

“ Munissez-vous de masques. Ne laissez aucun étranger pénétrer sur vos territoires, dans vos maisons. Restez chez vous. Priez. ”

Pour info :

Thomas Sands a vingt-sept ans. Un feu dans la plaine est son premier livre. Voyageur solitaire, il est aussi photographe. Dans son premier roman Du feu dans la plaine, Thomas Sands anticipait l’avènement d’Emmanuel Macron et les mouvements virulents de l’hiver dernier.

Je remercie les Éditions les Arènes pour ce magnifique roman qui m’a effectivement broyé le cœur.