Cinq cartes brûlées

Cinq cartes brûlées de Sophie Loubière aux Éditions Fleuve Noir

Sanglante agression dans un hôtel à Saint-Flour

Un premier témoignage glaçant

(…) Interrogée par la police, Caroline V. N’a pas été en mesure de dire si quelqu’un d’autre était entré ou sorti de la pièce où s’est déroulé le drame. Mais ce qu’elle a pu en voir témoigne d’une agression violente. « Il y’a du sang partout, même sur les murs. » Un évènement qui restera pour elle une expérience traumatisante. Les deux protagonistes du drame ont été hospitalisés. Si la femme semble présenter des blessures superficielles, l’homme retrouvé entièrement dévêtu au milieu d’une marre de sang est dans un état critique.

M. Rusa Cher – la montagne.fr – 21 octobre 2011 “

Pour comprendre cette fin de partie sanglante, il va falloir redistribuer les cartes, remonter le temps, se prendre au jeu tout en restant bon joueur, car l’auteure de ce thriller psychologique dispose de quelques jokers pour brouiller les pistes.

Parmi les joueurs, nous allons croiser Laurence Graissac, et son frère Thierry qui adore jouer les tyrans avec sa sœur. Sans oublier la mère qui gère comme elle peut son divorce et l’éducation de ses enfants. Puis le docteur Bashert s’invitera à la table et mise après mise, ce pigeon pourrait bien y laisser quelques plumes.

Laurence a perdu quelques parties au cours de sa vie, elle n’a pas toujours eu les bonnes cartes entre ses mains, elle n’a pas toujours misé sur le bon cheval et les blessures du passé sont difficiles à effacer et pourtant lorsqu’elle croise la route de Bashert, elle s’autorise à espérer une vie meilleure, encore faudra-t-il que cette fois, la nouvelle donne soit enfin la bonne.

Ce que j’en dis :

Comme d’habitude je fais le choix de rester vague, car quel intérêt de vous dévoiler toute la mise en scène de cette histoire divinement orchestrée.

Car des atouts, il en a ce roman, bien davantage que dans un jeu de tarot c’est certain.

Il possède déjà une belle plume, une plume qui roman après roman a gagné en maturité et en intensité.

À travers ce thriller psychologique qui flirte avec le roman noir, Sophie Loubière explore l’univers complexe de la famille , parfois destructeur pouvant occasionner dès l’enfance certains traumatismes qu’il faudra apprendre à gérer à l’âge adulte si c’est encore possible, tant parfois les dégâts sont irréversibles.

Tout comme l’univers du jeu, d’un abord attrayant, divertissant mais qui peut très vite entraîner le joueur vers le vice d’une addiction dangereuse.

Comme dans un jeu de cartes, chaque personnage joue un rôle important et plonge le lecteur dans une partie endiablée qui conduira vers un dénouement surprenant, complètement inattendu.

En s’inspirant d’un réel fait divers, l’auteure a réussi d’une main de maître à construire un véritable château de carte, une histoire aussi bouleversante que démoniaque, l’histoire d’une petite fille trop souvent brimée qui rêve d’être un jour une reine de cœur.

Vous pouvez d’ores et déjà miser sur Cinq cartes brûlées, c’est gagné d’avance.

Pour info :

Sophie Loubière s’est longtemps partagée entre l’écriture et le journalisme (« Parking de nuit » sur France Inter, « Info Polar » sur France Info) avant de se consacrer pleinement à la littérature.

Elle a publié une dizaine de romans et une centaine de nouvelles policières. En 2011, L’Enfant aux cailloux, plusieurs fois primé et traduit en langue anglaise, lui vaut une reconnaissance internationale. En 2015, À la mesure de nos silences revient sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale sous la forme d’un road-movie initiatique. En 2016, White Coffee prend ses quartiers du côté de la mythique Route 66, faisant suite à Black Coffee, avec ce même attachement porté à fouiller les abîmes de l’âme humaine au travers de décors fascinants.

Je remercie Sophie pour ses délicates attentions, et lui souhaite de rafler au passage quelques prix bien mérités.

“ Vaste comme la nuit ”

Vaste comme la nuit d’Elena Piacentini aux Éditions Fleuve Noir

Parfois, Mathilde a le sentiment d’avoir grandi hors sol. Elle est née à neuf ans. Quelques mois plus tôt, au terme d’une affaire sous haute tension, elle s’était juré de reconstituer le puzzle de son histoire. Un cold case vieux de trente ans, l’entreprise n’était pas de nature à rebuter le capitaine de police rigoureux et inflexible que ses collègues s’accordent à décrire. Rien ne s’est déroulé selon ses plans. La vie, comme à l’ordinaire, s’est chargée de jeter du sable dans les rouages. “

Après avoir été obligé de faire ses adieux à Lazaret, son ancien chef de groupe, Mathilde Sénéchal se retrouve sur une enquête vieille de trente ans.

Cette affaire va la conduire sur les lieux de son enfance, où très vite elle va être rattrapée par le passé, un passé qu’elle semblait pourtant avoir oublié.

Mathilde ferme les yeux. Le pont qui se disloque dans ses cauchemars et qu’elle ne parvient pas à franchir est peut-être celui sur lequel elle se tient. “

Le passé ne meurt jamais, il suffit parfois d’une odeur pour réveiller la mémoire et déverrouiller les accès qui mènent vers les souvenirs aussi cruels soient-ils.

Et même si les habitants demeurent muets comme une tombe, certains d’entre-eux vont pourtant jouer un rôle et l’aider à affronter la vérité, même dans l’ombre.

Ce que j’en dis :

Elena Piacentini à la particularité de me ravir autant par ses histoires passionnantes que par sa qualité d’écriture toujours très soignée. Un style qui se démarque avec brio, et rends ses romans incontournables. Notre Corse s’est assurée une belle place dans le monde du polar et c’est amplement mérité.

J’ai retrouvé avec plaisir Mathilde, sa petite protégée et son ours des montagnes à travers une nouvelle enquête qui nous plonge dans une sombre histoire, intrigante et inquiétante où les fantômes du passé s’invitent pour régler leurs comptes avec l’Histoire.

Non démunis d’empathie, ses personnages bien intégrés dans cette toile tissée à la perfection, piègeant le lecteur au passage, vont nous dévoiler de vieux secrets inavouables.

Une fois encore, Elena nous offre un polar parfaitement maîtrisé, dans une ambiance mystérieuse, illuminé par une plume fabuleuse, je ne m’en lasse pas.

Amoureux des polars, ne vous privez surtout d’un tel talent.

Pour info :

Née à Bastia en 1969, Elena Piacentini vit à Lille depuis vingt ans.

Elle a créé la série des Enquêtes de Pierre-Arsène Leoni, un Corse qui dirige la section homicide de la PJ lilloise, et elle est scénariste pour la télévision. C’est la nouvelle voix féminine du polar français. 

Des forêts et des âmes, le roman qui précède Aux vents mauvais, présenté cette année, fut finaliste du Prix des Lecteurs Quais du polar/20 Minutes et du Grand Prix de littérature policière.

Lauréat du prix Transfuges 2017 du meilleur polar français pour Comme de longs échos, (Ma chronique ici), elle affirme de livre en livre la singularité de son univers et de « son style plein d’empathie pour ses personnages », selon Le Monde.

Je remercie les éditions Fleuve pour ce polar aux nombreuses qualités absolument savoureux.

“ Et le mal viendra ”

Et le mal viendra de Jérôme Camut et Nathalie Hug aux Éditions Fleuve Noir

” Et si on larguait tout pour sauver ce qu’il reste de beau en ce monde, avant que les hommes ne le détruisent ? “

Notre planète est en danger, ce n’est un secret pour personne, alors certains écrivains prennent la plume et unissent leurs talents pour nous offrir un thriller époustouflant qui a la capacité d’éveiller notre conscience.

Après Islanova (retrouvez ma chronique ici) Jérôme Camut et Nathalie HUG, ce duo unique en France, abordent des sujets brûlants de l’actualité sous couvert d’une intrigue, en revenant sur l’avant et l’après Islanova.

Et le mal viendra, poursuit et approfondit les thèmes abordés précédemment. Sans parti pris, les auteurs réussissent à nous responsabiliser face aux problèmes liés à l’eau.

” On vous a alertés sur la valeur inestimable de l’eau, vous n’avez pas voulu voir. Alors on vous a assoiffés, et vous vous êtes entretués. Va-t-il falloir que l’on entasse six mille cadavres d’enfants devant vos portes pour que vous réagissiez enfin ? “

En voyageant en alternance entre 2016 et 2028, ce thriller écologique et sociétal nous ouvre les yeux et dénonce tous ces enjeux économiques au détriment de la survie de notre planète.

Un thriller ambitieux qui nécessite une lecture attentive pour éviter de s’y perdre, tellement les détails sont précis et nombreux.

Ce duo signe une fois encore un grand thriller qui laissera sans aucun doute son empreinte indélébile dans le paysage littéraire.

Pour info :

Jérôme Camut et Nathalie Hug forment un duo unique en France, salué par la critique et le grand public. Ils sont auteurs de la série à succès W3 et de la tétralogie culte Les Voies de l’ombre, dont le bestseller Prédation est en cours d’adaptation pour le cinéma. Leur dernier roman, Islanova, a reçu le Prix Ouest 2018.

je remercie les Éditions Fleuve Noir pour ce thriller magistral.

“ Les sept jours du Talion ”

Les sept jours du Talion de Patrick Senécal aux éditions Fleuve noir

 » Une heure avant que les ténèbres ne s’abattent sur lui, Bruno Hamel remerciait la providence de lui avoir accordé une vie sans réelles épreuves. ”

Bruno Hamel, chirurgien, vivait une existence assez tranquille avec sa compagne et Jasmine, leur fille unique. En père aimant, Bruno est très proche de sa fille.

Rien ne l’avait préparé à ce qu’il allait devoir subir, lorsqu’un jour Jasmine ne rentre pas de l’école.

 » Dieu est parfois le pire des salauds. “

Très vite le meurtrier est arrêté. Sa culpabilité ne fait aucun doute, les preuves le confirment.

“ Le médecin s’approcha de la télé, se pencha et, le visage tout près de l’écran, fixa intensément le monstre figé devant lui.

Alors, les ténèbres ne se contentèrent plus d’altérer sa tristesse, mais l’abolirent complètement. Telle une tache d’huile grandissante, elle se répandirent dans tout son corps, jusqu’à remplir son regard. ”

Dès lors l’univers de cette famille meurtrie bascule. Bruno semble habité par une terrible haine. Jour après jour, un terrible projet prend forme dans son esprit. Il n’a plus qu’une idée en tête pour assouvir son chagrin.

” (…) la haine et la joie accompliraient le plus dévastateur des mariages. ”

Le jour de comparution de l’assassin de sa fille, il décide de s’en occuper à sa manière. Pendant sept jours, isolés du monde, le médecin va se rapprocher des ténèbres et embarquer le tueur avec lui, pour un voyage au cœur de l’enfer jusqu’à devenir à son tour le pire des monstres.

 » Les médecin soignent les humains, pas les monstres. « 

Ce que j’en dis :

J’ai fait connaissance avec la plume de Patrick Senécal, avec Le Vide, thriller absolument fabuleux que je n’avais pu lâcher avec un final explosif. Sa construction et son histoire m’avait bluffé. J’ai poursuivi avec Aliss et là j’ai été moins conquise, ce qui ne m’a pas empêché de poursuivre et d’avoir eu envie de découvrir Les sept jours du Talion.

Pour résumer en quelques mots, ce thriller est monstrueusement démoniaque.

L’histoire est assez classique mais tout est dans l’art et la manière de la raconter, ça fait toute suite la différence et bien plus froid dans le dos.

Il est clair que l’auteur n’épargne pas les estomacs délicats ni les âmes sensibles, ce n’est pas une histoire à mettre entre toutes les mains.

En abordant la thématique de la vengeance, il interpelle les lecteurs en les mettant en fâcheuse position face à un choix difficile. Pour lequel des deux bourreaux auront-ils le plus de compassion ? Que ferions-nous, si nous étions confrontés à une telle peine, face à la perte d’un enfant dans ces conditions ?

Un sujet vraiment délicat qui donne une histoire particulièrement sensible tout en étant d’une violence extrême.

Âme sensible, prudence.

Fan de l’horreur, régalez vous !

Pour info :

Né au Québec en 1967, Patrick Senécal a ouvert une voie à part dans le monde du thriller. Il s’est ainsi acquis un public fidèle au Canada, où ses livres sont des best-sellers. Un succès couronné en France du Prix Masterton du meilleur roman fantastique pour Sur le seuil, et au Canada du Prix Boréal du meilleur livre pour Aliss.         

Je remercie les éditions Fleuve Noir pour cette plongée au cœur des ténèbres.

“ Le manuscrit inachevé ”

Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez au Éditions Fleuve Noir

Ce livre que vous vous apprêtez à entamer ( mais ne l’avez-vous pas déjà entamé ? ) a pour titre Le manuscrit inachevé. C’était mon idée, et toute la maison d’édition a adhéré. Il n’y avait pas d’alternative.  »

Ça commence par un vol de voiture qui tourne mal et réserve déjà pas mal d’énigmes à lui tout seul aux alentours de Grenoble.

Puis on fait la connaissance d’une femme écrivaine mais qui se cache derrière un pseudo. Une femme déjà blessée par la disparition de sa fille, quatre auparavant et qui s’interroge sur l’étrange agression que vient de subir son mari.

 » Léane ne put s’empêcher de penser que, ces derniers jours, la fiction flirtait un peu trop avec la réalité. ”

Elle rejoint après une longue absence sa villa, L’Inspirante, posée au bord des dunes de la Côte d’Opale.

” Elle devait comprendre les mystères qu’avait abrités cette maison en son absence. “

Commence alors une véritable chasse aux réponses à toutes les questions que l’on peut être amené à se poser à ce moment précis de cette histoire, et qui semble liée à un étrange manuscrit…

Ce que j’en dis :

Rassurez-vous je ne vous ai rien révélé de plus que la quatrième de couverture, voir même un peu moins. Par contre, je peux me permettre de vous dire que cette histoire est bluffante n’en déplaise à Télérama.

Ce récit très particulier est fait de mystère et de suspense mais imbriqués d’une telle manière qu’elle est un véritable casse-tête pour le lecteur.

Imaginez-vous dans un château avec des milliers de portes de sortie mais une seule est la bonne. Et bien voilà comment l’auteur va vous balader, d’un endroit à l’autre, d’une personne vers une autre, vous distribuant des indices et quand vous pensez avoir toutes les bonnes cartes en mains, une nouvelle donne se profile et met toutes vos trouvailles aux oubliettes. Autant vous prévenir tout de suite, Franck Thilliez maitrise à la perfection les codes du thriller, et l’on retrouve dans sa plume son côté scénariste qui donne davantage de poids à l’histoire à travers toute cette excellente mise en scène.

Une lecture addictive, qui va vous surprendre plus d’une fois. Vous ne me croyez pas ? Lisez-le vous verrez. Inachevé ou pas, ce manuscrit va faire couler encore beaucoup d’encre.

Franck Thilliez est l’auteur d’une quinzaine de romans, parmi lesquels Le Syndrome E. et, plus récemment, Angor (Prix Étoiles du Parisien-Aujourd’hui en France pour le meilleur polar 2014), PandemiaREVER et Sharko. Il fait aujourd’hui partie des dix auteurs les plus lus en France.

Adapté au cinéma pour La Chambre des morts (prix SNCF du polar français), Franck Thilliez est aussi scénariste.

Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Je remercie les Éditions Fleuve pour ce manuscrit étonnamment surprenant.

“ Sauf ”

Sauf d’Hervé Commère aux Éditions Fleuve Noir

Notre vie a viré au chaos. Avant- hier nous étions un couple parmi d’autres et nous avions une chouette vie. En quelques heures, et pour la deuxième fois de ma vie, tout à basculé. ”

Mat avait six ans quand il dû faire le deuil de ses parents, morts tous deux dans l’incendie qui ravagea leur manoir en Bretagne.

les flammes emportèrent tous ses souvenirs, rien ne fût épargné.

Mat a désormais 40 ans, il est propriétaire d’un dépôt- vente.

Il voit passer un peu de tout et même n’importe quoi SAUF ce jour-là. Ses employés ont récupéré la veille un album photo qui est tout SAUF étrange. Cet album contient toutes les photos de son enfance qui auraient dû être dévorées par les flammes du terrible incendie. SAUF qu’il est bien là dans ses mains, devant ses yeux et là, quelque chose lui échappe.

 » Il y avait l’orage qui grondait en moi, qui explosait parfois,que j’ai mis tant de temps à dompter. Il est toujours là, je le sens parfois qui rôde, mais je le connais. Je sais faire avec, me replier plutôt qu’exploser. J’ai appris à me taire, serrer les dents. (…) Je ne comprends rien à ce que j’ai sous les yeux, que je touche en ayant peur d’y laisser ma main. Mais ma main, ce n’est rien. Je vais y laisser bien plus.  »

SAUF que maintenant, il s’interroge, car certaines photos semblent provenir du présent. Et un nouveau drame va tout déclencher… le feu qui semblait éteint reprend vie. Il n’a désormais plus rien à perdre.

“ Mais de quoi sommes-nous vraiment à l’abri, dans la vie ? ”

Mat va remonter le fil du temps pour résoudre les différentes énigmes qui s’offrent à lui. SAUF qu’une chose est claire, ça ne va pas être simple.

“ On ne règle rien en courant plus vite ou en parlant plus fort, on ne fait rien taire, et les fantômes nous rattrapent toujours. Je songe à ces années heureuses quoique aveugle, et je ne sais pas si je déplore le bonheur enfui ou si je maudis mon fourvoiement d’alors. ”

Qui est vraiment Mat ? D’où vient- il ? Qui lui en veut ? Et surtout pourquoi ? SAUF que je ne vous dirai rien de plus que la quatrième de couv’ . C’est comme ça. Pas question que je vous dévoile davantage tous les secrets de cette histoire de dingue, SAUF que j’ai très envie que vous fassiez tout SAUF vous passez de ce superbe moment de lecture. Car cet auteur est tout SAUF nul. Une fois encore, il m’a tout SAUF ennuyé. SAUF que mon repassage attends toujours mais on s’en fout, n’est-ce pas ? Ce qui compte ici c’est tout SAUF de ne pas dire n’importe quoi.

Hervé Commère ne se contente pas d’une intrigue, non il te concocte une mise en scène à la hauteur de son talent qui est tout SAUF banal. Il te surprend, t’emmène dans des chemins de traverse et te conduit chapitre après chapitre vers une histoire qui ferait un tabac dans les journaux dans la rubrique fait divers SAUF que là il va faire un carton en librairie.

C’est donc tout SAUF n’importe quoi ce roman, et bien plus encore, SAUF que je vais pas vous prendre par la main mais j’accepte de me fâcher avec votre banquier, car j’espère que vous ferez tout SAUF vous priver de cette lecture.

Ce n’est pas la première fois que cet auteur me surprend et j’espère que ce sera tout SAUF la dernière fois.

Je comprends, vous avez plein de livres qui vous attendent SAUF qu’il voit faut celui-là aussi.

Sinon c’est SAUF qui peut pour vos genoux ( ceux qui savent comprendront, d’ailleurs ils ont déjà le bouquin)

Retrouvez des infos sur l’auteur et son précédent roman Ce qu’il nous faut c’est un mort en cliquant ici.

Je remercie les Éditions Fleuve Noir pour cette lecture qui est tout SAUF … et bien plus encore.

“ Eleanor Oliphant va très bien ”

Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman aux Éditions Fleuve

Traduit de l’anglais (Écosse) par Aline Azoulay-Pacvoñ

“ Aujourd’hui, j’ai délaissé le Telegraph pour m’intéresser à un autre type de lecture. J’ai dépensé une somme sidérante pour m’offrir un petit assortiments de magazines féminins, des plus cheap et tapageurs aux plus épais et glacés qui promettaient monts et merveilles et toutes sortes d’astuces simples simple pour transformer sa vie. (…) Ainsi, je me fondrais dans la masse des femmes au physique convenable. On ne me dévisageait plus. Le but ultime était de me camoufler efficacement pour avoir l’air d’une femme humaine. ”

Eleanor Oliphant est comme qui dirait un peu spéciale. Dotée d’un QI plutôt supérieur à la moyenne. Peu diplomate, elle a une certaine tendance à dire tout haut ce qu’elle pense tout bas sans aucune gêne. La gêne elle laisse ça aux autres.

Elle vit seule car comme le dit ce vieil adage : mieux vaut être seule que mal accompagnée. Seule la vodka tape l’incruste dans sa vie, peut-être pour mieux supporter l’appel hebdomadaire de sa mère.

Mais voilà qu’elle s’amourache d’un mec. C’est pas dans ses habitudes, alors si elle veut attirer l’attention, va falloir faire quelques efforts.

 » L’atmosphère confinée et les dorures des salons de beauté, n’étaient pas mon habitat de prédilection, comme la poule qui avait pondu les œufs de mon sandwich, je préférais évoluer en liberté. ”

Ça va pas être simple. Eleanor n’est guère sociable, mais si elle veut que son fantasme aboutisse, elle va devoir faire confiance et accepter les conseils.

“ Je me sentais un peu à cran. Si mon humeur devait être une énigme de mots croisés, la réponse serait « bouleversée ».  »

Raymond, un de ses collègues, pas très attirant sous ses airs négligés, va mine de rien se révéler très utile, et un échange de bon procédé va se mettre en place en tout bien tout honneur.

Navigant en eaux troubles entre son obsession amoureuse et son étrange relation avec sa mère, elle va découvrir le pouvoir de l’amitié et du partage…

 » J’avais du pain sur la planche. Le passé m’avait échappé – ou c’était moi qui lui avait échappé -, et pourtant, il rôdait toujours dans l’ombre. Il était temps de laisser entrer la lumière. ”

Je l’ai déjà dit mais une fois encore cela s’avère vrai. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendezvous.

J’avais donc apparemment rendez-vous avec Eleanor, et j’ai passé un sacré bon moment. J’ai eu l’impression de rencontrer mon double, une autre moi, c’est grave docteur ?

Aurais-je été atteinte du syndrome du lecteur ? Aurais-je fait un transfert ?

Une chose est sûre, cette nana qui cache derrière son humour décapant de grosses blessures est une sacrée battante, et nous donne à travers cette histoire de belles leçons de vie et de courage. Sous ses airs de Bridget Jones se cache une wonder woman des temps modernes.

Entre les bons et les mauvais jours on découvre la vie présente et passée d’Eleanor, racontée tantôt avec humour noir ( ben oui les filles aiment le noir ) tantôt avec esprit ( parfois dérangé) mais toujours avec délicatesse et surtout sans hypocrisie. Le regard d’une femme blessée qui tente à sa manière de guérir dans ce monde si hostile avec les gens différents.

Un roman cynique, tendre, intriguant, attachant, imprévisible, surprenant, merveilleux.

En faite Eleanor Oliphant, elle déchire, un peu comme moi en fait…

Alors qui m’aime le lise !

Diplômée des universités de Glasgow et d’Oxford, Gail Honeyman vit aujourd’hui à Glasgow. Eleanor Oliphant va très bien est son premier roman. Il a suscité un véritable engouement international, il est en cours de traduction dans 27 pays.

Je remercie Lucile et les Éditions Fleuve pour cette lecture aussi divertissante que touchante.

 » Vices « 

Vices de Gipsy Paladini aux Éditions Fleuve Noir

 » Tala a choisi sa spécialisation, instauré ses codes, organisé ses procédures, fondé ses unités, et six mois de méandres administratifs plus tard, la BJV – Brigade des jeunes victimes – avait pu être inauguré. « 

 

Une nouvelle brigade est en place créée par Tala un ancien des Stups. Dans cette unité spéciale on gère les dossiers délaissés et pourtant primordiaux, tel que les suicides, le harcèlement, les viols, les disparitions.

 » (…) une majorité des criminels ne le seraient pas devenus si enfant, adolescent ou jeune adulte, victime ou incriminé, s’ils avaient été mieux traités. Chaque individu à un processus propre. C’est notre travail de le cerner pour mieux réorienter les blessés et les égarés (…) Soyons les médecins de la société future. Prévenons pour ne pas avoir à guérir. « 

Une équipe spéciale, un peu cramée, plus amène pour affronter les ténèbres urbaines.

Néanmoins de bons flics qui vont œuvrer pour que justice soit faite.

À travers deux enquêtes, nous allons faire connaissance avec eux, les apprivoiser, et très vite nous y attacher avec une forte envie de les retrouver pour de nouveaux sauvetages chez cette jeunesse malmenée par notre monde de plus en plus cruel.

 » Dans un monde peuplé de requins, les poissons rouges servent de festin. »

Je retrouve la plume de Gipsy Paladini découverte auparavent via Le bruit des ailes qui tombent, et une fois encore son style incisif a tout pour me plaire. 

Nouveau thriller, nouveaux flics, nouvel univers. Nouvelle équipe d’enquêteurs plutôt mystérieux qui se révéleront petit à petit, chacun a ses secrets, ses casseroles et ses blessures qui font d’eux des flics plus vrais. D’ailleurs ces deux histoires pleine de Vices sont extrêmement proches de la réalité qui nous entoure. L’écriture enragée de l’auteure nous plonge dans cette noirceur effrayante, avec sa propre signature et toujours avec un attachement féroce à ses personnages. Un concept de présentation original qui présage une suite. Après cette mise en bouche réussie, l’impatience se fait sentir et j’ai hâte de retrouver cette bande de flics prête à tout pour sauver la jeunesse en danger.

Une arrivée en fanfare chez Fleuve, des retrouvailles à la hauteur de mes attentes, prête pour les prochains épisodes. 

À vos marque… Prêt… Lisez… Un peu de Vices ça peut pas vous faire de mal, bien au contraire. 

Fascinée par la face sombre de l’humanité, Gypsie Paladini parcourt le monde à la rencontre des populations qui hantent ses bas-fonds. Comme dans ses deux premiers livres, Sang poursang et J’entends le bruit des ailes qui tombent, les personnages de Vices nagent à contre-courant et, les os brisés par les vagues, poursuivent leur féroce rebellion contre les plans préétablis de la destinée.

 » Islanova « 

Islanova de Jérôme Camut et Nathalie Hug aux Éditions Fleuve Noir 



 » Quand il fut à distance, Julian s’arrêta brièvement pour observer le désastre. Il eut alors la sensation que sa famille se disloquait en même temps que sa maison et que, s’il ne se ressaisissait pas, il échouerait à la sauver elle aussi.  » 

 

Après avoir surpris sa fille Charlie et Leny son beau-fils en mauvaise posture plutôt embarrassante pour chacun d’eux, Julian pète un câble. Sans le savoir, c’est le début d’un enchainement de catastrophes imprévisibles.

 

 » Il n’avait pas assez plu au printemps et la canicule augurait une catastrophe écologique. « 

Ils se retrouvent contraints de quitter leur maison que les flammes menacent. Charlie, persuadée que son père va la séparer de Leny, décide de fuguer et persuade Leny de rejoindre la ZAD ( Zone à défendre ) située sur l’île d’Oléron.

 » Tout fini toujours par s’arranger quand on s’aime.  » 

Là-bas se trouve Vertigo, un homme charismatique qu’elle écoute sur les ondes depuis des mois. Il est le leader de l’ Armée du 12 octobre.

 » – N’y entre pas qui veut, c’est vrai. Mais si tu arrives à leur prouver que la cause est plus importante que tout le reste pour toi, alors c’est qu’une formalité !  » 

Mais Charlie est loin de s’imaginer que derrière la ZAD se cachent des activistes prêts à tous les sacrifices pour défendre leur cause. 


 » Où que vous soyez, soldats de l’Armée du 12 octobre, mobilisez-vous. Je vous sais nombreux, efficaces, et volontaires. La bataille que nous avons engagée ne se limite pas à la France. Non, cette bataille est mondiale, elle scellera le sort de l’humanité.  » 

 

Elle se retrouve embrigadée et va plonger sa famille dans le chaos le plus total.

« Ne va pas croire qu’Islanova est un rêve. Islanova, c’est peut-être la fin d’un cauchemar, si on s’y met tous.  » 

 

Et vous, êtes-vous prêt à rejoindre ISLANOVA ?

Jérôme Camut et Nathalie Hug, ces deux têtes bien pensantes qui écrivent à quatre mains nous ont concocté un thriller de haut-vol qui trouve sa place dans les événements chaotiques de notre société. À travers quasiment 800 pages ( que l’on ne voit pas passer ), ils abordent des thèmes d’actualité tel que l’écologie, le terrorisme, l’embrigadement, la disparité des ressources, la redistribution de l’eau de manière planétaire via l’histoire d’une famille recomposée, où la jeunesse rebelle fait des siennes. 

 » Le monde brûle, et nous on regarde ailleurs.  » 

Ils soulèvent en nous de nombreuses questions sans nous donner de leçon, mais réveillent plutôt une prise de conscience. 



Un projet ambitieux absolument réussi qui j’espère trouvera de nombreux adeptes. Quand la plume des écrivains s’impose pour ne pas oublier la mitraille du 13 novembre 2015, mais aussi pour préserver notre planète ça mérite toute notre attention. 

Tel un pavé dans la mare, ce pavé s’impose dans ce marasme médiatique. Réponse romanesque de Jérôme Camut et Nathalie Hug aux contradictions de notre société. 

 


Jérome Camut est né en 1968. Après des études de cinéma, il travaille dans la production et participe à l’écriture d’un scénario. C’est ainsi qu’il découvre l’addiction des mots, qui ne le quittera plus.

Née en 1970, Nathalie Hug a d’abord travaillé dans l’industrie pharmaceutique jusqu’en 2004 où sa rencontre avec Jérôme Camut bouleverse sa vie et l’incite à se consacrer à l’écriture. 

Ensemble, ils ont déjà écrit deux séries très remarquées, les voies de l’ombre et W3. Le 12 octobre 2017 ils sont entrés au catalogue de Fleuve Éditions avec ISLANOVA. 

 

Je remercie les Éditions Fleuve pour ce Thriller rebelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 » Comme de longs échos « 

Comme de longs échos D’ Elena  Piacentini aux éditions Fleuve Noir 



 » Le regard de Vincent Dussart se rallume, sa voix se raffermit. Il paraît soudain plus grand.

 – Quentin est mon fils. On a assassiné ma femme et on m’a pris mon fils.  » 

Vincent Dussart ne s’attendait pas à ça en passant à l’improviste dans la maison de son épouse, qui lui avait dernièrement imposé un break.

Du coup la DIPJ de Lille est sur les dents. Une femme est morte et son enfant a disparu. Le mari fait un suspect idéal. Pas de temps à perdre pour le chef de groupe Lazaret et le capitaine Mathilde Sénéchal, une femme efficace, redoutable et inflexible.

Pour elle «  Le travail constitue la meilleure des thérapies et la pièce maîtresse de son armure. Affronter des adversaires de chair et de sang est une répétition du corps permanent engagés contre ses ennemis intérieurs. Les défaillances de Mathilde n’ont d’égale que son énergie à les vaincre. Elle n’est pas une femme à hisser le drapeau blanc, même dans la débacle. « 



Sénéchal trimbale sa part de félures qui font d’elle une flic brillante en cas d’urgence. Ses blessures la booste.

«  Ce que les gens  » normaux  » ne peuvent concevoir constitue l’essentiel de son quotidien. Les salauds sont plus créatifs que la moyenne.  » 

Dans une autre région, un flic à la retraite prends connaissance de cette affaire, ce fait divers vient réveiller de douloureux échos…

 » Les cliquetis des menottes ne lime pas le chagrin, ne couvre pas le zip de la housse mortuaire qui dit  » T’arrives trop tard.  » 


L’arrivée de cet homme des montagnes a tendance à perturber Mathilde. Elle a beau être flic, elle n’en n’est pas moins femme. Nouvelles perturbations dans l’air.

 » Les nuits étaient toutes miennes et j’étais à la nuit. Mes songes j’en étais convaincu, me disaient  » quelque chose  » J’y cueillais les clés d’or sans savoir dans qu’elles serrures les insérer ni qu’elles portes elles ouvriraient.  » 

N’oublions pas, elle a une enquête à résoudre et un enfant à retrouver, son équipe est prête. Elle s’attend à tout, même au pire scénario, et elle ne va pas être déçue.

Et vous non plus, si d’aventure il vous prenait la riche idée de lire Comme de longs échos

La plume d‘Elena Piacentini donne vie à une nouvelle enquête et met en scène une nouvelle héroïne : Mathilde Sénéchal.

À travers une écriture soignée, travaillée, tout en allant à l’essentiel, elle rends d’emblée cette nouvelle équipe attachante et l’enquête captivante. En s’inspirant d’un fait divers, Elena a réussi une fois de plus à conquérir mon cœur de lectrice et j’espère ne pas me tromper en attendant la suite et je garde l’espoir de retrouver Mathilde.

Un roman policier comme j’aime avoir entre les mains, une enquête bien ficelée, très visuelle qui rendrait à merveille à l’écran avec une foule de personnages charmants et un style d’écriture qui s’affirme et séduit.

Une auteure qui a sa place dans la cours des grands, alors messieurs les écrivains méfiez-vous Elena est dans la place. Et elle n’a pas fini de nous surprendre.

Vous l’aurez compris, j’ai apprécié retrouver mon auteure Corse préférée.

Vivement le prochain, heureusement pour moi, je n’en ai pas terminé avec Leoni, l’attente sera moins longue. Et vous c’est pour quand votre premier Elena Piacentini ? Faites gaffe, je mène l’enquête…



Elena Piacentini  est née en Corse à Bastia, comme le héros de ses premiers livres, Leoni, le commandant de police à la section homicide de la PJ de Lille, qu’elle a créé en 2008. . Elle y a passé son enfance et son adolescence, entre le maquis et les bras de sa grand-mère. L’un et l’autre lui ont appris le goût de la liberté, de la sincérité et de la pugnacité.

En 2012, sa carrière littéraire prends un nouveau tournant. Elle change de maison d’éditions. Elle affirme ses ambitions et confirme ses promesses. L’année suivante, elle reçoit le Prix Calibre 47 pour son roman «  Le cimetiére des chimères  » remis à l’occasion du Festival Polar Encontre à Bon encontre et le Prix Soleil Noir de Vaison La Romaine.

En juillet 2014, elle sort la sixième aventure de Leoni  » Des forêts et des âmes  » et  » Aux vents mauvais  » toujours aux Éditions Au-delà du raisonnable . puis    » Comme de longs échos  » aux Éditions Fleuve Noir.

 

Je remercie les Éditions Fleuve Noir pour cette lecture au label de qualité Corse.