« Dans la forêt « 

Dans la forêt de Jean Hegland aux Éditions Gallmeister

 » Ces jours-ci, nos corps portent nos chagrins comme s’ils ètaient des bols remplis d’eau à ras bord. Nous devons être vigilants tout le temps ; au moindre sursaut ou mouvement inattendu, l’eau se renverse et se renverse et se renverse. »

Petit à petit le monde s’est mis à changer. L’électricité ne fonctionne plus, l’essence s’est raréfiée, le réseau téléphonique s’est éteint. Aucun véhicule roulant ou volant ne circule plus. Et quand tu vis à cinquante kilomètres de la ville la plus proche, l’isolement que ce père de famille a choisi au départ devient vite un problème quand l’essence déclare forfait. Difficile de garder contact avec la civilisation restante. La Dernière excursion en ville les laissera abasourdie. Avec quelques denrées épargnées ils retrouveront leur foyer dans la forêt et démmareront leur survie.

Nell et Eva , sont les deux filles de ce couple , dix sept ans pour l’une et dix huit ans pour l’autre .Très  proche l’une de l’autre même si la passion d’Eva pour la danse l’éloigne un peu de Nell.

Sous la forme d’un journal intime, Nell va nous conter leur histoire, un huis-clos en plein cœur de la forêt.

« Petit à petit, la forêt que je parcours devient mienne, non pas parce que je la possède, mais parce que je finis par la connaître. Je la vois différemment maintenant. Je commence à saisir sa diversité – dans la forme Et les feuilles, l’organisation des pétales, le million de nuance de vert. Je commence à comprendre sa logique et à percevoir son mystère. »

Rien ne leur sera épargné, elles vont acquérir en peu de temps par la force des choses une grande maturité. Elles vont découvrir en elle une force qu’elles ne soupçonnaient même pas , même si certains jours seront beaucoup plus durs que d’autres.

La forêt, mère nature déjà là avant l’arrivée du premier homme continuera à nourrir et protéger ces deux âmes livrées à elle-même.

Jean Hegland nous offre un magnifique roman apocalyptique, à l’esprit nature writing énormément chargé d’émotion à chaque page. La qualité de la narration est excellente et te bouleverse constamment. Le parcours de ces deux sœurs est remarquable. Chaque jour de plus est une  victoire vers le nouveau monde. Eva danse et Nell écrit , chacune aidé par sa passion dans sa survie.

Dans la forêt est un roman splendide, bouleversant, qui résonne en nous pendant longtemps. Une belle leçon de vie , de courage, un parcours exemplaire de deux jeunes  femmes qui luttent et gardent espoir avec tout l’amour fraternel qui les unit à tout jamais.
C’est beau, c’est puissant, c’est bouleversant, c’est plein d’amour et d’espoir , ça se passe  » Dans la forêt «  Et c’est un beau trésor de la littérature américaine à lire absolument.

Je remercie Marie Musy libraire en Suisse pour ce magnifique cadeau, Jean Hegland pour sa dédicace qui accompagne son splendide roman et les Editions Gallmeister qui nous permettent de lire ce roman écrit il y a 20 ans. Une maison d’édition qui ne cesse de nous offrir pour notre plus grand plaisir des pépites de la littérature américaine. Un pur bonheur.

Jean Hegland est née dans l’état de Washington. Après avoir accumulé les petits boulots, elle devient professeur et se lance dans l’écriture. Son premier roman, Dans la forêt, paraît en 1996 et rencontre un succès éblouissant. Elle vit aujourd’hui au milieu des forêts de Caroline du Nord Et partage son temps entre l’apiculture et l’écriture.

Dans la forêt, un roman inoubliable.

« Blonde à forte poitrine »

Blonde à forte poitrine de Camille De Peretti aux Éditions Pocket


« Au fond la blonde à forte poitrine se foutait de la célébrité. Ceux qui sont convaincus qu’elle cherchait avant tout l’admiration du plus grand nombre, les fans, les paillettes et les crépitements des flash se trompent. Elle voulait être aimé, entourée et choyée. La célebrité procure parfois l’illusion de cela. » 

Anna Nicole Smith

Une jeune fille, blonde, jolie, candide, dotée de beaux atouts qui font déjà tourner la tête des hommes. Mais si naïve que trop tôt elle se retrouvera jeune maman et c’est le premier dérapage qui va la conduire vers une vie chaotique . Pour élever son enfant, elle sera prète à tout , oui prète à tout et à n’importe quoi. Vickie, la blonde, la fille pas toujours très futée, se laisse manipuler, transformer, et le fantasme de la gente masculine devient très vite une poupée gonflable et gonflante qui fera honte à son propre fils malgré tout l’amour qu’elle lui porte.

Anna Nicole Smith et son fils

Camille De Peretti s’est inspiré  de la vie d’Anna Nicole Smith, cette Texane décédée en 2007 qui avait défrayé la chronique en épousant un très très vieux Milliardaire. Elle nous livre un roman atypique qui est loin de mettre en valeur les femmes en particulier les BLONDES. C’est vraiment « Soit belle et tais-toi!  » Très fidèle à la réputation de nunuche qu’on leur donne. Parfois touchant mais surtout dérangeant, énervant, troublant. On assiste au naufrage de cette belle plante bien trop arrosée, trop vitaminée qui rêvait juste d’être aimée.

Triste et tragique, qui ne peut pas vous laisser indifférent, que vous l’aimiez ou pas.

Une lecture surprenante et percutante  de par son style d’écriture mais qui  me laisse l’impression d’avoir joué la voyeuse et ça c’est pas mon genre.

Camille De Peretti

Camille De Peretti est née à Paris. Elle est l’auteur de six romans dont « Thornytorinx »chez Belfond en 2005 qui avait reçu à l’époque le prix du premier roman de Chambéry.

 » Un ange brûle « 

Un ange brûle de Tawni O’Dell aux Éditions Belfond


 » Nous étions encore des gosses après tout. Nous ne savions pas qu’un cauchemar vivant ne se dissipe jamais, parce qu’il est impossible d’y échapper en se réveillant, tout ce que l’on peut espérer, c’est lui faire perdre de sa force en le partageant autour de soi.  » 


Bienvenue en Pennsylvanie dans la petite ville minière de Buchanan. C’est ici que Dove, une femme flic au caractère bien trempé officie en tant que Chef de Police. C’est ici aussi que l’on découvre le corps d’une jeune adolescente à demi calciné. Une enquête qui va plonger Dove dans sa propre histoire familiale  et faire resurgir son passé et ses fantômes.


 » Dés l’âge de quinze ans, j’ai eu les parents rêvés, morts et donc désormais incapable de me faire plus de mal. »

La jeune fille assassinée était issue d’une famille miséreuse versée dans l’alcool et les magouilles. Elle rêvait d’une vie meilleure et étudiait avec acharnement grâce à sa bourse universitaire. Un ange aux ailes brisées en plein envol.


Dove est bouleversée, elle-même sortie d’une enfance chaotique, elle veut rendre justice à cette innocente.

À travers ce roman noir Tawni O’Dell nous entraine en plein cœur de tragédies familiales, deux histoires, deux familles et même si l’amour de l’une l’emporte sur la haine de l’autre elles se ressemblent énormément.


Page après page, les révélations des drames passés et présents se dévoilent et ne nous laissent aucun répit. C’est noir, bouleversant, violent, brutal, inhumain, ça t’écorche le cœur. Ça sent la misère et le désespoir. Un beau portrait d’une Amérique figée dans le temps et la rouille, loin des paillettes et des projecteurs, L’Amérique que l’on cache.


Tawni O’Dell excelle dans ses romans, du rural noir à l’écriture ciselée et toujours une psychologie fouillée de ses personnages. Ce cinquième roman est aussi réussi que ses précédents. C’est toujours déchirant. Un cri du cœur, du bruit de la fureur et des larmes qui font de cette histoire sombre un magnifique roman.

Une autre belle voix de la littérature américaine.


Tawni O’Dell est née au cœur de la Pennsylvanie occidentale, règion à la fois sauvage et minière qui a inspiré son œuvre. Après  » Le temps de la colère »(2001), son premier roman, en cours d’adaptation cinématographique, qui a obtenu un succès foudroyant aussi bien auprès de la critique que du public,  » Retour à Coal Run » ( 2004), « Le ciel n’attend pas »(2007) et  » Animaux fragiles  » (2010) , »Un ange Brûle « est son cinquième roman à paraître chez Belfond. Ses ouvrages ont été publiés dans plus de quarante pays. Elle vit toujours en Pennsylvanie avec ses deux enfants.

 

Je remercie les Éditions Belfond et ma chère Camille pour cette histoire déchirante et touchante.

Petit plus: si vous aimez Tawni O’Dell, n’hésitez pas à découvrir la plume de Dorothy Allison et son magnifique roman  » Retour à Cayro » également chez Belfond et réedité dernièrement avec une nouvelle traduction .

 

« Les animaux « 

Les animaux de Christian Kiefer aux Éditions Albin Michel



« Les lois que les hommes instauraient pour gouverner leurs vies n’étaient que des conjectures, propres à justifier le but qu’ils donnaient à leur existence. L’armoise et l’herbe de pauvreté. L’écureuil et l’antilope. Le grizlzli, le loup, le raton laveur. Tous destinés à remplir une certaine fonction. Mais l’univers dissimulait ses rouages, et l’homme ne tirant rien de ce grand vide, était forcé de créer dans le secret obscur de son cœur, les règles capables de diriger sa vie. Les nuages n’étaient qu’un amas de formes indistinctes, dénuées de signification et de finalité. La fonction – il n’y avait que cela. Et la sienne avait consisté à survive dans le monde qu’il s’était choisi. Il avait réussi : c’était la plus élémentaire de toutes les règles, et quand il se mit à pleurer, ses larmes ne coulaient que pour lui-même. « 



Dans l’Idaho Bill a trouvé refuge auprés d’animaux sauvages dont il s’occupe avec grand soin.Ce refuge lui est cher. On y recueille des animaux sauvages bléssés depuis des années. Il y a retrouvé Majer qu’il connait depuis son enfance . Un lien trés fort et particulier les unit.


Dans cette nature indomptée il mène une vie paisible et s’apprête même à sauter le pas avec la femme qui a su l’apprivoiser. Mais son passé le rattrape, une tempête de neige s’installe dans sa région et dans sa vie. La forêt jadis protectrice se fait de plus en plus menaçante.


 » Pour la première fois de ta vie, tu comprends que les tueurs sont partout. Ici dans la forêt, dans le désert d’où tu es venu – il se peut même que le monde ne soit qu’un vaste champ où l’on donne la mort, et où les chances de s’en sortir sont si minces qu’on ne peut même pas les évaluer. « 



En remontant le cours du passé, l’histoire de Bill se révele et met à jour  des secrets qu’il pensait bien enfouis.
Christian Kieffer nous offre un roman noir de toute beauté, une pépite américaine.


Dés le départ tu t’en doutais, la collection Terre d’Amérique d’Albin Michel te comble de bonheur à chaque parution. Tu ne t’attardes même pas sur la quatrième de couv’, tu sais que ton voyage livresque va être grandiose dans ces contrées d’Amérique qui te font tellement rêver. Et là dés les premières pages tu t’es sentie merveilleusement bien. La plume t’a émerveillée , envoûtée et tu t’es laissée porter par l’histoire page après page avec juste quelques pauses pour savourer pleinement ta lecture.
 » Par moments, tu as l’impression que cette histoire n’est pas la tienne, qu’il s’agit juste des séquences d’un film, et pourtant elle t’appartient bel et bien, dégorgeant de toi avec la force d’un torrent. » 

Tu ne peux qu’être admirative devant le travail colossal de l’auteur pour nous présenter un roman aussi abouti.
Une collision entre le monde humain et le monde animal sublimée par sa plume .
Une quête de rédemption avec pour décor les grands espaces, la nature , l’amour, l’amitié, la famille, les secrets, les mensonges, les trahisons,la vengeance, l’addiction, le jeu, la passion, le passé, le présent sans oublier les animaux, tant de thèmes abordés dans cette histoire nature-writring et avec une telle maîtrise qui font de ce roman un chef-d’œuvre.
Un livre inoubliable qui mérite une place importante dans votre bibliothèque. Je remercie au passage les personnes qui m’ont déjà fait confiance sans avoir lu ma chronique enfin écrite .


Christian Kiefer , un grand auteur, un maître, dignement salué par Richard Ford, Willy Vlautin et T.C.Boyle . Poète et écrivain, il enseigne à Sacramento, en Californie.Une nouvelle voix des plus prometteuses de la littérature américaine contemporaine.
Les animaux, deuxième roman de l’auteur qu’il me tarde déjà de retrouver. Son premier « The Infinite Tides « n’est pas encore publié en France .


Saluons également Marina Boraso pour sa remarquable traduction.
Un coup de foudre pour moi aussi que je vous encourage à découvrir très vite .
Je remercie les éditions Albin Michel pour cette lecture majestueuse.

« Ressentiments distingués »

Ressentiments distingués de Christophe Carlier aux Éditions Phébus


« Dans les champs, les corbeaux voletaient plus arrogants qu’à l’ordinaire, lançant à tout venant des airs de triomphe. Ils semblaient pressentir l’heure de leur avènement. »


Maître corbeau survole son iles en chantant. Chaque jour le facteur distribue ses missives pleines de fiel. Au départ, pris au dépourvu les destinataires gardent le silence jusqu’au jour où certaines langues se délient. Même si le Soleil brille sur l’ile, un climat d’inquiétude s’installe et laisse présager quelques orages, quelques coups de tonnerre. Les insulaires s’interrogent, des regards lourds de sous-entendu se croisent, les rumeurs vont bon train.


 » Une règle s’imposa rapidement à tous : Il fallait éviter les silences car aussitôt que s’éteignent les voix, le dernier qui avait parlé devenait suspect. »

Mais qui est ce mystérieux corbeau, et pourquoi tant de haine ? L’enquête est ouverte.


 » L’existence d’un corbeau était un fruit autrement savoureux. On mordit dedans avec appétit.  »

Et c’est avec un appétit féroce que j’ai dégusté ce récit d’une belle originalité. Un roman / polar à l’intrigue bien ficelée. Un récit inventif, une plume éblouissante qui nous brosse de beaux portraits d’une population tourmentée tel un bateau en pleine tempête. Une histoire bien salée au gré du vent, des embruns et du corbeau maître chanteur.


Une lecture réjouissante qui en ravira plus d’un, à découvrir absolument.

Je remercie Babelio pour cette lecture qui a illuminé ma journée.

 » Têtes de Dragon « 

Têtes de Dragon de David Defendi aux Éditions Albin Michel


« Je suis un tricheur, un meurtrier, une pourriture. J’ai menti, bluffé, contourné les lois, trahi les femmes, mes amis et toutes les personnes qui ont croisé ma route . J’ai braqué des musées et des particuliers, abusé d’innocents malade, tué des hommes dont je ne connaissais même pas le nom. 

faut que je vous raconte comment j’en suis arrivé là. Le début de l’histoire. « 

Le ton est donné avec ce CV impressionnant de Christo. Et fidèle à son habitude, il s’est encore mis en fâcheuse position. Une partie de poker de trop qui risque de l’emmener tout droit au placard ou en enfer. On ne peut pas gagner à tous les coups. Il est malin mais cette fois pas assez.


« Pas de morale, pas de scrupule,pas de nostalgie. Je m’adapte comme un animal en fuite, la forêt est en flamme, et il faut se tirer. »

Pour sauver sa peau , il va pactiser avec la DGSI  et tenter d’aider à démanteler un trafic d’œuvres d’arts en infiltrant un réseaux de trafiquants d’antiquités chinoises.


« Je serai toujours un bidasse, je traîne mon  destin de troufion sans savoir rien d’autres qu’obéir aux ordres sans moufter. Parce qu’à ma première connerie, je peux être certain que ça va mal tourner.  » 


David Defendi, co-auteur de la série Braquo fait une entrée remarquée dans le monde du polar. Bati sur des faits historiques situés en Chine, notamment  le pillage du Palais d’Été de Pékin, suivi de trafics d’antiquités , ce polar bien documenté en impose. Trés visuel,tel un scénario de film, du suspens, un rythme soutenu, une écriture sèche et nerveuse que j’ai grandement apprécié, ce polar en ravira plus d’un à condition d’aimer la richesse des informations concernant l’histoire des antiquités de la chine. Un peu trop à mon goût.


Un auteur à suivre s’il récidive car sa plume et son style méritent vraiment le détour.

Je remercie les Éditions Albin Michel pour ce Braquo d’un autre genre .

 

 

Un vrai Thriller 

Billet particulier 

Non ceci n’est pas la chronique du Dernier Thriller à la mode . C’est juste  pour de vrai …

Suite à une collision frontale avec un abruti qui a dévié de son couloir autoroutier, je suis bloquée pour au moins 6 mois avec une patte folle. La rencontre du genou et du tableau de bord ça l’a pas fait. Ça a explosé et je peux vous dire que c’est pas du cinéma car ça fait mal pour de Vrai. 

En attendant j’ai pris du retard dans les chroniques, le milieu hospitalier n’est pas terrible pour l’écriture et sans pc c’est un peu le bordel. 
Par contre côté Lecture là c’est cool déjà 5 pour février, Et ce n’est que le début. Un bon moyen pour faire baisser mes PAL mes MAL et autres …Faut bien relativiser et trouver du positif dans cette aventure.


Alors puisque DIEU, Pierre, Paul et Jacques n’ont pas voulu de moi là-haut, va falloir que vous me supportiez encore quelques temps et j’espère que l’écriture de mes chroniques va reprendre très vite.


Sinon les visites sont les bienvenues que vous soyez lecteurs ou auteurs… ça fait toujours plaisir, la preuve en image avec la charmante visite de Grégoire Delacourt ❤


Oui je sais je me la pète un peu 😝

Bon voilà, donc faites gaffe aux abrutis sur la route et ailleurs aussi et surtout lisez, lisez, lisez et lisez-moi 😉 

À très vite …

 » Attachement féroce « 

Attachement féroce de Vivian Gornick aux Éditions Rivages 


 » Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu me haïsses autant ?  » Je ne réponds jamais. Je sais qu’elle brûle et je suis contente de la voir brûler. Pourquoi ? Parce que, moi aussi, je brûle intérieurement. « 

New-York, dans les années 80, une mère et une fille se baladent entre passé et présent et nous offrent leurs souvenirs.


 » Elle déteste le présent, tout simplement. Mais dés que le présent se transforme en passé, elle l’adore. « 

Dans cette ville cosmopolite, qui nous offre une altérité gigantesque, on fait la connaissance de ces femmes et de leurs familles. De magnifiques portraits se dévoilent sous une plume puissante, saisissante de véracité .


« Elle racontait des histoires parce qu’elle aurait rêvé de vivre dans un monde splendide, parmi les gens cultivés et mus par les sentiments. Car les sentiments les filles, c’est la seule chose qui compte. Quelqu’un peut être riche ou pauvre, valoir une rançon ou être bon pour le caniveau, l’important c’est de savoir s’il a accès aux sentiments ou s’il en est privé. » 

Vivian grandit auprès de cette  mère juive puissante et terrible dans ce quartier du Bronx, aussi proche de ses voisines qu’on peut l’être de ses amies.


Ayant été moi-même fille puis mère, ayant connu des relations compliquées dans les deux rôles ce roman  a résonné en moi et m’a replongé dans mes souvenirs. Quelques soient les liens tissés au fil du temps, ils peuvent s’effilocher et s’étioler à l’approche de l’adolescence notamment. On peut s’aimer souvent mais pas tout le temps. Cordon coupé ou pas la vie continue.

« Je vivais encore parmi les miens, mais je n’étais déjà plus l’une des leurs. »

Dans ce magnifique roman, Vivian nous offre son regard d’enfant puis de femme sur sa relation avec sa mère, en arpentant cette ville majestueuse qu’est New-York. Une belle histoire d’amour d’une mère pour sa fille, d’une fille pour sa mère avec ses rêves, ses joies, ses peines, ses déboires, ses déceptions. Un histoire,  qui pourrait très bien être aussi la nôtre.


« Je pense que de nos jours l’amour se mérite. Même l’amour filial. « 

Je verrais bien Woody Allen nous faire de cette dose d’encre une magnifique bobine. En attendant je vous invite à le découvrir . Une belle plume, un beau roman dans  une ville magique qui risque de vous émerveiller à votre tour.

Vivian Gornick est née en 1935, c’est une véritable icône en Amérique: journaliste au Village voice, elle est une figure féministe et une critique littéraire respectées. Mais c’est surtout son travail autobiographiquequi l’a fit connaître. Sorti en 1987 aux États-Unis salué par une presse unanime et plébiscité par le public,Attachement féroce est traduit pour la première fois en français.

Je remercie les Éditions Rivages pour cette balade New-Yorkaise en compagnie de femmes exceptionnelles et inoubliables.