Quatorze crocs de Martín Solares aux Éditions Christian Bourgeois
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Christilla Vasserot
” Le commissaire a soulevé du bout de sa canne la nappe à carreaux rouges et blancs, prêtée par un restaurant voisin, dont on avait recouvert le cadavre. Le mort était un homme d’une trentaine d’années arborant de longues moustaches blondes et un sourire narquois, comme si juste avant de mourir il s’était moqué de son assassin. Mais il y avait autre chose, bien plus impressionnant : le visage de la victime était vert olive. Et, pour couronner le tout, il y avait sur le côté gauche de son cou une série de points rouges de la taille d’un clou. Comme une déchirure. Ou plutôt une morsure. Je n’avais jamais rien vu de tel.
« Quatorze orifices bien alignés, a précisé le commissaire…
À Paris, en 1927, dans le quartier du Marais, on découvre le cadavre d’un homme, comme cela arrive parfois dans les bas-fonds parisiens, mais cette fois, c’est bien plus étrange. Le corps comporte d’étranges blessures et présente une couleur cadavérique plutôt surprenante.
On confie l’affaire à Pierre Le Noir, un enquêteur de renom, membre d’une division secrète de la police parisienne.
” – Après la découverte du cadavre de ce matin, maintenant que des informations circulent à propos de son âge avancé, les rumeurs vont bon train dans les bureaux… Tu peux imaginer… À ce qu’il parait, des créatures nocturnes se baladent plus d’un siècle après leur décès… Des morts sortent de leur demeure pour aller mordre les vivants et boire leur sang…On parle même d’une révolte des trépassés, qui se réveilleraient et refuseraient de retourner dans leur tombe… C’est pour ça que l’éminent docteur Rotondi a annoncé que ce soir il partirait plus tôt. Tu as peur des morts-vivants, toi, Le Noir ? “
Les langues se délient, et les pas des enquêteurs les conduisent vers des migrants illégaux d’une nature plutôt étonnante. Ils devront porter un intérêt particulier au paranormal et frayer avec une bande d’artistes, de grands agitateurs de Paris.
Ils ne vont pas être au bout de leur surprise et devront très certainement remettre en cause certaines croyances sur la vie et la mort.
Ce que j’en dis :
Si J.K Rowlings nous a fait découvrir le monde des sorciers à travers sa formidable saga Harry Potter, Martín Solares nous offre à travers ce polar, la possibilité de découvrir l’univers parallèle des morts-vivants.
Une enquête pleine de surprises où les vivants et les morts se partagent la vedette dans les rues de Paris.
C’est avec un certain plaisir que l’on croisera d’illustres personnages ressuscités pour l’occasion, des criminels en passant par de grands écrivains.
Un voyage entre le réel et l’imaginaire, pimenté d’humour porté par une plume agréable que j’aimerais retrouver à travers une nouvelle enquête.
Une petite récréation livresque fortement appréciée que je vous recommande vivement. À mettre également entre les mains des plus jeunes, fans de fantastique, une belle manière de les amener vers le polar.
Pour info :
Martín Solares, né en 1970 à Tampico, sur le golfe du Mexique, est un éditeur passionné, un animateur enthousiaste d’ateliers littéraires, tel celui de Paris fondé en 2002 à l’Instituto de México, et l’auteur d’une anthologie de nouvelles et de chroniques sur l’impunité des crimes politiques au Mexique : Nuevas líneas de investigación : 21 relatos contra la impunidad (2003), ainsi que du roman Los minutos negros (2007).
« Le romancier Martín Solares a été kidnappé avec un groupe d’artistes mexicains à la frontière entre la France et le Mexique. Les suspects présumés ? Le président Sarkozy et le président Calderón.
Je remercie les Éditions Christian Bourgeois pour cette aventure parisienne mortellement vivante.