“ Jours de dèche ”

Jour de dèche de Didier Delome aux Éditions Le dilettante

Le paradis je l’ai connu sur terre quand j’étais jeune et beau. Et riche. Lorsque je réussissais tout ce que j’entreprenais. Maintenant que j’ai perdu la partie, tant pis; autant me montrer fair-play et garder la tête haute pour tirer ma révérence et effectuer ma sortie le plus discrètement possible. À condition que cela soit définitif. Pour être débarrassé de tout ça une bonne fois pour toutes. Malheureusement à mon grand regret je n’ai pas ce courage. Et je le déplore. Je suis incapable de franchir ce cap fatidique. Quelque part en moi une force invisible retient mon élan et à l’instant fatal la machine se grippe et je reste en rade. Résidu d’une espèce tenace. “

Après avoir connu une vie l’opulence, ce galeriste parisien perds son prestige et sa fortune. Fini le train de vie dispendieux, la fiesta et autres folies décadentes, bienvenue la galère, et la morosité qui l’accompagne. Les cafards ont envahit son espace de vie et même son cerveau. La dépression sème le chaos et après son suicide raté, le mène direct à la rue.

” Je sors par où ils sont entrés. S’en croiser de voisins. La rue est déserte. Je me retrouve assis sur un banc de l’avenue proche où je n’a perçois pas non plus âme qui vive. (…) Ça y est. Je suis à la rue. SDF. Clochard. Même si je n’ai pas encore passé de nuit dehors. “

Malgré tout, une petite fée officie pour lui trouver un toit.ne serait-ce que pour un temps.

” J’ignore ce qui me pousse à persévérer dans cet élan insensé en continuant d’avancer coûte que coûte, alors que j’ai perdu tout espoir d’arriver quelque part où on m’attend et où je serais le bienvenu. “

On ne lui déroule pas le tapis rouge, mais on lui offre un endroit pour dormir, de quoi se retourner. Terminé, on n’épate plus la galerie, on tente de survivre, de relever la tête et de trouver un job. Les jours de dèche ont remplacé les jours de fêtes, les plats préparés les menus cinq étoiles, et pourtant il n’en meurt pas, et trouvera même dans l’écriture un nouvel échappatoire.

Ce que j’en dis :

Ayant connu des jours de dèche, surtout l’année qui a suivi mon accident, j’étais curieuse de découvrir ce qui se cachait derrière ce récit. Personne n’est à l’abri, un rien peut tout faire basculer et vous mener direct à la rue sans un rond en poche. Cette histoire n’a rien à voir avec la mienne, n’ayant jamais connu son train de vie, ni son compte en banque, mais pourtant j’y ai retrouvé certaines similitudes côté galère. Il est clair que sa négligence et son laisser-aller l’ont conduit vers le précipice et sans le sou, je ne peux donc pas le blâmer mais compatir à la suite des événements.

Avoir connu la gloire et la richesse, puis finir en chambre de bonne entretenu par les aides de l’état, c’est loin de faire rêver, il fait pourtant toujours parti des chanceux.

À travers ce récit témoignage, l’auteure nous fait par de sa propre expérience et nous offre une satire sociale plutôt réaliste.

Qui n’a pas connu des jours de dèche ne pourra guère être sensible à cette histoire qui permet pourtant de relativiser.

Tel un phénix, il va renaître de ses cendres, un jour après l’autre et nous fait cadeau de ce premier roman à l’humour caustique et à la langue assez délicieuse agréable à lire.

Pour info :

Des années cinquante à nos jours, après des détours par le journalisme, l’édition, la télévision et le théâtre… enfin la littérature où il raconte tout, ou Presque !

Je remercie les éditions Le Dilettante pour ce récit poignant.

“ Deux femmes ”

Deux femmes de Denis Soula aux Éditions Joëlle Losfeld

Seule, je suis soudain frappée de tous les côtés. À me tordre. C’est au ventre que je reçois le plus de coups. Je crierais si j’ouvrais la bouche. Je m’enferme dans la cuisine, vomis dans l’évier, sors sur le balcon et agrippe la rambarde en tremblant. Une voie lactée de lampes d’appartements clignote, signaux intermittents fouettés par les rafales de vent. Je reste là, étourdie, comptant les centaines de lumières et les vies qui vont avec.(…)Il y a quelques semaines, nous disposions trois chaises et chacune scrutait son horizon, les fenêtres d’en face, le centre-ville un peu plus loin ou une espèce d’Amérique au-delà des nuages. La nuit venait si lentement. Aujourd’hui, elle s’abat comme un coup de poignard. “

Depuis plusieurs mois, une femme se bat pour ne pas sombrer. Une douleur l’accompagne à chaque instant depuis le décès de sa plus jeune fille. Un dur combat jour après jour pour accepter le deuil.

” Je n’ai pas voulu de cela. Je n’aime plus mon métier depuis longtemps, mais je ne veux pas renoncer à la vie que je mène, à la solitude. Et je n’oublie pas que je suis une criminelle, que je troque un peu de ma peau contre beaucoup de liberté. Il n’y aura pas de retraite pour moi, seulement une disparition violente. Je me suis fait une raison.

Une seconde femme, tireuse d’élite, chargée d’éliminer des criminels de guerre. Depuis 1981 elle a intégré les services secrets. Enthousiaste à ses débuts, elle perd peu à peu les idéaux de sa jeunesse. Sa nouvelle mission l’a ramène sur ses terres natales à la poursuite d’un terroriste.

 » Je voudrais tant ne rien oublier, je voudrais tant ne laisser personne en route et emmener tout le monde avec moi. Je voudrais tant changer l’ordre des choses injustes. “

Deux femmes, deux destins, plongées dans la tourmente chacune de leur côté, qui s’apprêtent à entrer en collision. Le temps d’une nuit, elles vont se rencontrer et unir leur force pour tenter de survivre un jour de plus.

Ce que j’en dis :

D’emblée ces deux confidences de femmes contées en alternance, m’ont bouleversé. Il se dégage de ce récit une tension extrême chargées d’émotions puissantes. Un roman chargé d’amour et de rage, de colère et d’espoir.

L’auteure explore la douleur des femmes, le chagrin qui peut parfois accompagner une vie, mais aussi leur lutte pour vaincre leur désespoir et enfin sortir du brouillard et retrouver la paix.

Une histoire qui a réveillé mes souvenirs cinématographiques où Nikita, l’héroïne de Luc Besson n’était jamais loin de mes pensées pendant ma lecture.

Avec ce court roman, l’auteure a réussi un tour de force, en soignant les maux avec peu de mot, mais avec la puissance d’un coup de poing mortel.

De beaux portraits de femmes, au cœur battant au rythme de leur vie électrisée par leur courage.

Un roman que j’ai lu le cœur broyé , la gorge nouée, les poings serrés, les larmes aux yeux.

C’est beau, c’est magnifiquement bien écrit, c’est à découvrir d’urgence.

Pour info :

Écrivain, metteur en ondes aujourd’hui à FIP, Denis Soula réalise également des documentaires pour France Télévision, France Inter ou France Culture. Producteur de l’émission La Légende du sport diffusée sur le réseau national de France Bleu entre 1997 et 2006, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et romans aux éditions Joëlle Losfeld/Gallimard et Autrement (Le Rugby français existe-t-il ?, 2007, La Leçon de sport, 2006, Au cœur des Bleus, quatre ans dans l’intimité du XV de France, 2001). Il est également président d’honneur de Fais-nous rêver, l’agence pour l’éducation par le sport.

Je remercie les éditions Joëlle Losfeld pour ce récit coup de poing.

“ Un pays obscur ”

Un pays obscur d’Alain Claret aux Éditions de La Manufacture de livres

Il s’était réveillé au milieu des autres hommes dans la remise, les mains attachées dans le dos, un bandeau sur les yeux. Sa tête pulsait de douleur et la nausée le faisait trembler. Les soldats gueulaient autour de lui, les hommes du village leur répondaient avec de long discours mêlés de sanglots. Les coups sourds des armes automatiques ponctuaient les cris et les prières, l’air étouffant chargé de l’odeur cuivrée du sang et de la peur. Il savait ce qui se passait ; les soldats punissaient le village d’avoir accueilli des Rebelles, ils allaient enrôler de force les paysans et tuer ceux qui résistaient ou refusaient. Le silence s’était fait peu à peu dans la remise, après il entendit les cris des femmes. Il s’était évanoui ou endormi quand son corps se vida de sa nausée. “

La vie de Thomas, un jeune journaliste, bascule un jour en Lybie, où il se retrouve en captivité dans d’horribles conditions. Retenu prisonnier dans une cave loin de la lumière du jour, dans l’attente d’incertaines transactions politiques avec pour seul soutien, ses souvenirs.

Enfin libéré, mais traumatisé, sa vie est toujours un enfer. Son retour au monde s’avère très difficile. C’est dans la maison de son père qu’il va tenter de se reconstruire.

Le jour, il avait l’impression de bander ses forces pour affronter les gens et la vie qui l’entourait, la nuit il revivait ce qu’il avait vécu. Les insomnies étaient bizarrement ce qu’il y avait de mieux. Au début, il dormait à l’hôtel ou chez des gens mais c’était pire, alors il était revenu dans cette maison qui avait été le refuge de son père. La maison le réveillait comme une vieille amie qui se trouve délaissée. “

Il allait devoir fouiller dans le passé pour reconstituer le miroir brisé, dans son refuge entouré de cette mystérieuse forêt.

” Il fallait qu’il comprenne l’homme qu’il était devenu. Parfois il pensait qu’il était mort là-bas et qu’il ne le savait pas. “

Jusqu’au jour où d’étranges disparitions de femmes surviennent et où une vieille connaissance réapparaît dans sa vie. Chacun se bat avec ses propres démons, et bascule inexorablement vers un monde étrange.

” Bien plus tard il se souviendrait de ce moment passé au bord de la mare comme celui où tout avait basculé dans la folie. “

Ce que j’en dis :

Si ses vieux souvenirs l’ont aidé à tenir le coup pendant sa détention, dorénavant ce sont les souvenirs de cette terrible période qu’il doit affronter pour exorciser la peur, compagne de sa nouvelle vie.

En alternant passé et présent, l’auteur nous offre un véritable puzzle à reconstituer en mélangeant les souvenirs jusqu’à les rendre confus, déroutant parfois le lecteur mais sans jamais le perdre grâce à une présentation subtile qui ménagera son suspense jusqu’au final.

Ce récit à l’écriture parfaitement maîtrisée qui alterne poésie et sensualité m’a absolument conquise, tant par sa plume que par son histoire bouleversante.

Un magnifique roman d’ambiance, rythmé par une intrigue surprenante.

Un véritable coup de cœur pour cet auteur que j’ai découvert pour mon plus grand bonheur.

Il va ravir les lecteurs exigeants et les amoureux du noir lumineux.

Pour info :


Alain Claret est né en 1956, à Grenoble, dans une famille ouvrière. À la fin de ses études secondaires, il rompt avec un avenir universitaire. Décidé à devenir écrivain, il part s’installer à Paris.

Il exerce différents boulots alimentaires et fréquente les jeunes artistes bohêmes de la capitale : peintres, poètes, comédiens. Il est membre de plusieurs troupes de théâtre pour lesquelles il œuvre en tant qu’auteur et dramaturge. Il travaille l’écriture théâtrale avec les comédiens et les metteurs en scène, essaie de créer un univers et des personnages au service de la scène.

Il crée au début des années1980  la revue littéraire Anarkos qui se veut à la recherche d’une écriture romanesque contemporaine. La revue est présente au salon du livre (1982). Son propos et son slogan : ni lieu, ni sens, sont salués par le président Mitterrand lors de l’inauguration du salon.

Son expérience théâtrale le conduit à l’écriture de scénarii pour le cinéma et la télévision où il défend la notion d’auteur à un moment où le milieu audiovisuel et les maisons de production soutiennent l’idée de professionnalisation de l’écriture.

Son ambition reste la recherche d’une écriture romanesque contemporaine.

En 1991, il publie un premier roman aux éditions Flammarion – Clichy-Section – qu’Alain Bosquet, critique au Figaro Littéraire, éreinte, ne voyant pas d’avenir à ce genre de littérature.

Pendant dix ans, il continue son travail de recherche, construit une œuvre noire et romanesque qui veut dépasser les frontières de la littérature contemporaine issue des théories structuralistes de la fin des années soixante.

En 2002 il publie aux Éditions Robert Laffont, Si le Diable m’étreint, premier titre d’une série de romans noirs qui auscultent les réalités complexes de notre époque. Un travail que Gérard Meudal dans Le Monde décrit ainsi : « Alain Claret n’a pas seulement l’ambition de raconter une histoire, ce qu’il sait manifestement faire, mais il a aussi celle de plonger le lecteur dans un cauchemar qui, à bien des égards, rappelle pourtant la réalité. »

Sociétaire de la SGDL et de la SACD, il vit à Paris avec sa femme et ses trois enfants.

Je remercie La Manufacture de livres pour ce roman à la plume aussi singulière qu’addictive. Une merveilleuse découverte.

“ Trois fois la fin du monde ”

Trois fois la fin du monde de Sophie Divry aux Éditions Notabilia

” J’étais sûr que ce braquage était une mauvaise idée, qu’il allait à sa perte. Mais comment est-il fait celui qui laisserait perdre son frère sans prendre le risque de se perdre avec lui ? En ces temps-là, il y avait des frères, on se rendait des services et il y avait des hommes pour vous punir. Voilà pourquoi je me retrouve un soir devant la porte de la prison de F. “

Après un braquage qui tourne à la catastrophe, Joseph Kamal se retrouve derrière les barreaux. L’apprenti braqueur va devoir faire face à la brutalité des gardes et des détenus. Il va devoir s’adapter et surtout courber l’échine.

” Déjà la laideur du béton me fatigue, déjà l’horizon me manque. Les couloirs se succèdent, gris sale, éclairés au néon, sans autres ornements que des tuyauteries et des fils électriques suspendus comme un long remords au-dessus de ma tête. “

Joseph vit chaque jour un véritable cauchemar et donnerait n’importe quoi pour quitter cet endroit. Il était quand même loin d’imaginer, que ce serait une explosion nucléaire, qui lui permettrait de quitter cet enfer.

” Il n’y aura plus jamais de phares, plus jamais de cris, de moteurs s’opposant à la nuit. Le noir s’étale. “

Joseph se cache dans la zone interdite. Poussée par un besoin de solitude, il s’installe dans une ferme isolée, avec pour seule compagnie un mouton et un chat, entouré d’une nature qui le fascine chaque jour un peu plus.

” Il a été patient dans les pires choses, il pourra l’être dans les douces. “

Ce que j’en dis :

Je me réjouis toujours de découvrir un nouveau roman post-apocalyptique, peut-être une façon pour moi d’apprivoiser ma plus grosse peur : survivre à une catastrophe planétaire.

L’auteure commence d’une manière tout à fait surprenante en nous embarquant au départ en milieu carcéral, suivre un homme qui vient de s’y faire enfermer suite à un mauvais choix. C’est pendant son emprisonnement qu’une catastrophe va survenir et qu’il va retrouver une liberté qui sera hélas une liberté relative qui le condamnera à une survie laborieuse, quasiment seul au monde. Le roman bascule vers une ode à la nature qui jour après jour reprend ses droits.

Un récit étrange où virevolte une certaine poésie qui nous émerveille et nous glace face à cette solitude en pleine nature.

Même si je ne rejoins pas entièrement l’engouement général ce roman est une belle découverte. Une histoire qui m’a touché mais sans totalement me transporter.

Sophie Divry est née à Montpellier et vit actuellement à Lyon. Elle a signé chez Notabilia quatre ouvrages, dont deux romans très remarqués, La condition pavillonnaire (2014) et Quand le diable sortit de la salle de bain (2015), ainsi qu’un essai, Rouvrir le roman (2017). Trois fois la fin du monde est son cinquième roman. Sophie Divry est également chroniqueuse dans l’émission « Des papous dans la tête » sur France Culture.

Je remercie les matchs de la rentrée littéraire 2018 pour cette lecture étonnante.

“ Fracking ”

Fracking de François Roux aux éditions Albin Michel

La jeune femme désigna de la main quelque chose de vague à l’extérieur.

– Ces foutus puits, cette puanteur, ce gaz qui brûle jour et nuit, vos bêtes qui crèvent l’une après l’autre…(…)

Karen sortit sur le perron. Un soleil blanc illuminait les pâturages. Il faisait chaud mais il était encore trop tôt pour que l’on en souffrît, les hommes comme les animaux. Karen porta son regard au loin. Les pompes à balancier allaient et venaient de manière régulière, flegmatique, suçant le pétrole dans un mécanisme aussi imperturbable que les mâchoires de ses vaches qui mastiquaient ce qu’il restait d’herbe dans la prairie. “

Tandis que l’Amérique s’apprête à élire un bouffon, les Wilson tentent de survivre dans les vastes prairies du Dakota défigurées par l’exploitation providentielle du gaz de schiste.

” Les ressources en hydrocarbures du sous-sol schisteux, jusqu’alors inexploitables en raison d’impossibilités techniques de forage, l’étaient soudain devenues grâce à la mise au point de la fracturation hydraulique, dont le recours massif avait débuté il y a tout juste quatre ans et qui laissait la porte grand ouverte à toutes sortes de spéculations et de convoitises. Avec le fracking, le rêve éternel d’indépendance énergétique de l’Amérique allait enfin se réaliser. “

Ils se battent contre le cynisme des géants pétroliers qui intoxiquent leurs terres et leur eau, et contre tous ceux qui ont baissé les bras et se sont résignés en se laissant acheter et empoisonner.

” – J’ai du mal à croire qu’on puisse être heureux en bousillant la planète mais bon…

– Lisa, je sais ce que tu penses. De mon job, du pétrole, du Fracking. Tout ce que je dis c’est que le pétrole a sauvé des types comme moi. On serait rien sans ça. Et puis, l’industrie a toujours fait des dégâts collatéraux. “

Une fois encore, la terre est maltraitée au profit de l’argent malgré les répercussions désastreuses sur la planète et sur ses habitants.

” La guerre, certains en meurent et d’autres en vivent. “

Ce que j’en dis :

Quand j’ai débuté ma lecture, j’ai repensé à ce magnifique film Erin Brockovich où Julia Roberts mène une enquête suite à la découverte des gros problèmes de santé que rencontrent les habitants d’une bourgade d’Hinkley, en Californie. Des maladies dues à la pollution de l’eau potable par une entreprise qui utilise des produits toxiques. Mais également au film Promised Land avec Matt Damon qui avait justement pour sujet les droits de forage que tentait d’obtenir une firme de gaz naturel auprès d’une communauté rurale des États-Unis, touchée par la récession économique.

À travers ce récit, François Roux nous offre un regard acéré sur cette Amérique d’aujourd’hui. Une véritable radiographie d’un monde au bord de la rupture.

Fort de ses connaissances et en véritable conteur, il réussit via ce drame familial, à éveiller les consciences face aux dangers de toujours vouloir prendre les richesses de la terre pour remplir les poches de celles des hommes sans scrupules.

Un roman social engagé qui met en scène l’Amérique profonde à travers des portraits de famille très touchants et profondément humains.

Une lecture passionnante et instructive que j’aurais juste aimé plus dense afin de profiter davantage de sa plume et pour approfondir davantage ce sujet qui mérite vraiment une attention particulière si l’on souhaite éviter une catastrophe écologique planétaire.

Une écrivain que je vais continuer à découvrir indiscutablement.

Pour info :

François Roux est réalisateur de films publicitaires, de documentaires et de vidéo-clips. Il a également réalisé plusieurs courts métrages de fiction, sélectionnés dans de nombreux festivals, en France comme à l’étranger. Il est par ailleurs auteur et metteur en scène de théâtre : il a écrit et mis en scène Petits Meurtres en famille (2006) et est l’auteur de deux autres pièces, À bout de souffle (2007) et La Faim du loup (2010). Son premier roman, La Mélancolie des loups, a été publié en 2010 aux Éditions Léo Scheer.

Il a publié également aux éditions Albin Michel : le bonheur national brut en 2014, et Tout ce dont on rêvait en 2017.

Fracking est son quatrième roman.

Je remercie les éditions Albin Michel pour cette histoire aussi révoltante que passionnante.

“ L’écart ”

L’écart d’Amy Liptrot aux Éditions Globe

Traduit de l’anglais par Karine Reignier- Guerre

Notre écart se cache derrière une petite colline et longe la mer. À certains endroits, les maisons voisines disparaissent, et personne ne peut nous voir depuis la route. “

Grande, fine, intrépide, elle est de retour sur l’île qui l’a vu grandir. Elle revient de Londres, où tout est trop cher et où le travail se fait rare.

J’étais une enfant courageuse et téméraire. (…) Plus tard, j’ai développé un sens de la fête (et tout ce qui allait avec : alcool, drogues, rencontres, sexe) qui m’a poussée à vivre des expériences extrêmes, sans réfléchir aux conséquences qu’elles pouvaient avoir. J’étais sans cesse en quête de sensations nouvelles et je me déchaînais contre ceux qui tentaient de me mettre en garde. Je menais une existence rude, tempétueuse et chaotique. “

Elle revient de loin, elle s’est perdue en route et a bien failli se noyer dans l’alcool.

L’alcool avait pris possession de mon existence. (…) L’alcool me séparait de lui et du reste du monde. Je me déconstruisais, verre après verre. “

Elle vacille, hésite entre deux destins : retrouver Londres qui brille de mille tentations ou se reconstruire dans cet archipel des Orcades où la vie rude lui semble vide et lui fait peur.

” Au cours du printemps, je remarque une annonce pour un projet financé par la Société royale de protection des oiseaux. Les responsables locaux sont à la recherche d’un employé pour l’été. J’hésite – je continue de croire que je reprendrai bientôt à Londres le cours de ma « vraie vie » – puis je décide d’envoyer ma candidature. Le projet m’intéresse. Pourquoi ne pas tenter ma chance ? “

Difficile de laisser tomber la bouteille, alors quand cette opportunité se présente, un nouveau choix s’impose. Pour elle qui se sent depuis si longtemps à l’écart du monde, rejoindre l’Écart et ses paysages insulaires pour y chercher un oiseau nocturne, menacé et farouche comme elle, un choix qui s’impose de lui-même.

Peut-être le départ d’une nouvelle vie…

«  L’avenir ne s’annonce peut-être pas si mal, après tout. J’ai troqué les boules à facettes des discothèques pour les lumières célestes, mais je reste entourée de danseurs : soixante-sept lunes gravitent autour de moi. “

Ce que j’en dis :

J’ai choisi ce roman à l’occasion d’une opération Masse critique chez Babelio, roman qui avait attiré mon attention en lisant certains retours sur la toile.

Après cent cinquante pages laborieuses où je me noyais dans le marasme et l’apitoiement de la jeune femme, face à son problème avec l’alcool, j’ai abdiqué et mis à l’écart ma lecture.

Sur les conseils d’une lectrice qui l’avait vraiment apprécié, j’ai repris et enfin terminé ce récit. Je reconnais que cette dernière partie où l’on suit sa reconstruction est davantage intéressante et a résonné davantage en moi. Partager son quotidien, découvrir la nature et sa faune merveilleuse m’a réconcilié avec son histoire. La beauté de ces contrées lointaines a le pouvoir de nous émerveiller et de nous redonner de l’espoir, à condition d’ouvrir les yeux et de laisser entrer la lumière dans notre cœur, tout comme les étoiles s’imposent à la nuit et illuminent toute cette noirceur.

” J’ai renoncé à l’alcool, je ne crois pas en Dieu, et mes histoires d’amour se sont mal terminées, mais je trouve maintenant mon bonheur et mon ivresse dans le monde qui m’entoure. “

Un beau voyage en terre inconnue assez sombre qui s’illuminera, une fois parvenu vers d’autres rivages. (Après les 150 première pages).

Pour Info :

Surnommée « la femme du Roi caille » par les soixante-dix autres résidents de la petite île de Papay, Amy Liptrot est retournée à Orkney pour travailler à la Société Royale pour la protection des oiseaux. Elle y enregistre et documente des informations sur le Roi caille – un oiseau rare et secret qui fait son nid dans les hautes herbes et qui fait le bruit d’une cuillère traînée contre un égouttoir à vaisselle. Elle est lauréate du PEN Ackerley Prize 2017 et duWainwright Prize 2016. L’écart est son premier roman.

Je remercie les Éditions Globe et Babelio pour ce voyage dépaysant entre ciel et mer.

“ Wild Side ”

Wild Side de Michael Imperioli aux Éditions Autrement

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié

Dans cet esprit, je voudrais commencer par le commencement le plus logique. Techniquement, messieurs ou mesdames, ma naissance devrait être le commencement le plus indiqué, ou le plus officiel, sans compter qu’on pourrait tout faire remonter à mes parents – comment ils se sont rencontrés, fréquentés et mariés, ma conception… Mais je vais vous épargner tous ces détails sordides et faire un bond jusqu’à l’année où il a commencé à se passer de sales trucs, où des gens sont morts et où la vie à laquelle j’étais accoutumé s’est transformée au point d’en devenir méconnaissable. “

Matthew vit avec sa mère à New-York dans le Queens et ne connaît que ce quartier depuis toujours. Suite au décès de son grand-père et de l’arrivée d’un héritage inattendu, ils emménagent à Manhattan. Une nouvelle vie s’offre à lui.

” Manhattan était faite pour les riches ou pour les pauvres, et nous n’entrions dans aucune de ces deux catégories. “

C’est là qu’il va faire la connaissance de la fascinante Veronica mais également d’un voisin musicien qui va l’embarquer dans ses aventures assez délirantes, un certain Lou Reed…

N’empêche, j’étais sous son charme. Il me fascinait. Avec lui, j’étais dans un tout autre univers. Le temps s’était arrêté, et j’oubliais tout de ma vie et du monde en général. “

Matthew s’attache et plonge dans un tourbillon d’amour, de débauche, de liberté au risque de se brûler les ailes.

” Parfois il est plus facile de vivre avec la vérité de son imagination qu’avec les faits. “

Ce que j’en dis :

N’ayant jamais vu un seul épisode de la série Les Soprano et peu de ses films, j’avoue avoir surtout été attiré par le lieu où se situait l’histoire, étant une grande amoureuse de New York.

Si l’histoire m’a vraiment plu, je n’ai pas été charmé par le style d’écriture de l’auteur. Je n’ai pas ressenti les émotions tant attendues ni réussi à m’attacher à Matthew qui avait plutôt tendance à m’agacer. Il m’est donc assez difficile de digresser davantage. Un roman qui était pourtant prometteur mais qui n’a pas réussi à m’emporter et pourtant la fin m’a réservé une belle surprise, et c’est vraiment dommage que ces émotions finales n’aient pas été plus nombreuses au cours de ma lecture.

Un roman qui plaira aux amoureux de l’attrape-cœur de J.D Salinger sans aucun doute.

Pour info :

Michael Imperioli est né dans l’État de New York. Il a incarné pendant dix ans Christopher Moltisanti dans la série culte Les Soprano et a joué dans les films de Martin Scorsese, Spike Lee, Abel Ferrara… Wild Side est son premier roman, il a été acclamé par la critique.

Je remercie les éditions Autrement pour cette aventure New Yorkaise.

“ Empire des chimères ”

Empire des chimères d’Antoine Chainas aux Éditions Gallimard, Série Noire

Les territoires en friche, à la lisière du progrès, s’éloignent à l’est. Les lendemains de pluie, lorsque l’atmosphère est expurgée des particules de mica en suspension, une nostalgie précoce peut naître de l’immensité, devenue lumineuse et dominatrice. Les lacs aussi denses que le ciel demeurent plombés par une eau trop lourde. Il émane des rares villages alentours, moins de quatre mille habitants au total, un triomphe de l’oubli, une esthétique de l’effacement scandé par l’imminence d’une catastrophe, dont le processus semble interrompu pour un temps indéterminé. Les aubes grises succèdent aux crépuscules sans but. On a passé un pacte d’usure avec les murs, on s’y ennuie. L’enracinement paraît si profond qu’il empêche de se consumer dans les rituels féroces des temps modernes. “

1983. Dans un coin bucolique de France assez paumé, une jeune fille est portée disparue. Personne ne semble avoir remarqué quoique ce soit, pourtant ils se connaissent tous et ont tendance à savoir tout sur tout le monde.

Sa disparition est si totale, si brusque et inexplicable que l’on en vient déjà à se demander si elle a jamais existé, si son nom a simplement été prononcé. “

D’ailleurs, des rumeurs commencent à circuler et certaines personnes s’apprêtent déjà à saisir l’opportunité pour tenter de s’enrichir au passage.

” Au moment du dessert, on s’attarde sur une rumeur insistante : une multinationale du divertissement envisagerait d’ouvrir un parc à thème en France. “

Pendant que certains s’investissent dans l’enquête pour tenter de retrouver la demoiselle, certains adolescents passionnés par un jeu de rôle : l’empire des chimères, commencent à s’interroger. La frontière entre la fiction et la réalité semble se confondre et ne faire plus qu’un.

” Aucun lieu, si anodin soit-il, ne protège contre le risque d’un malheur. “

D’étranges phénomènes se produisent et sèment le doute chez les adolescents comme chez les adultes.

“ L’être humain est fait d’une obscurité insondable, dont il n’émerge qu’un bref instant. Un délai toutefois suffisant pour prendre les armes. À certains l’on confiera la cruauté et la férocité. À d’autres, la douceur et l’empathie. Le plus souvent, les hommes lutteront avec un panachage de tout cela.

Mais chacun d’eux retournera au néant avant d’avoir achevé sa guerre. « 

Un climat anormal s’installe et parasite de manière suspecte la communauté.

” La réalité qui rejoint la fiction qui, à son tour rejoint une autre réalité. “

Ce que j’en dis :

J’ai pour habitude de ne jamais lire ou très rarement les quatrièmes de couverture pour garder un maximum de surprises alors je ne vous en dirai pas plus afin qu’à votre tour, vous profitiez un maximum de ce merveilleux roman noir.

Dés les premières pages, l’histoire est captivante et il en sera ainsi pendant les 650 pages qui suivront.

Tout comme dans le jeu de rôle qui se retrouve au cœur de ce récit, l’auteur plante le décors, installe ses personnages, sème une intrigue et récolte les premiers indices qui vont nous conduire au cœur d’une histoire sociale où le pouvoir de l’argent et de la nature sont indiscutablement liés.

Et quand le fantastique flirte avec la réalité, tout semble possible même si, la folie n’est jamais loin.

A travers une plume lyrique, Antoine Chainas nous offre un roman aussi divertissant qu’enrichissant et aborde de nombreux thèmes en phase avec l’actualité de notre époque.

Qu’il s’agisse de disparition, d’enjeux économiques, de protection de la nature, de l’influence d’un jeu sur les adolescents, ou de la simple survie d’un village, cette histoire qui se déroule dans les années 80, nous prouve une fois encore que le paysage reste inchangé malgré les années passées.

 » La beauté de la France profonde a décidément un cachet bien cruel. ”

Un roman inclassable, riche et puissant porté par une langue qui l’est tout autant.

Un grand roman noir qui ravira les lecteurs exigeants tout comme je le suis devenue.

Un véritable coup de foudre.

Pour info :

Antoine Chainas, né en 1971, vit et travaille dans le sud de la France.

Il s’est imposé, à partir de 2007, comme l’un des auteurs phare de la collection « Série noire » dirigée par Aurélien Masson chez Gallimard.

Son roman « Pur » est paru en 2014 à la Série noire de chez Gallimard. Ce livre a été récompensé du Grand Prix de la Littérature Policière la même année.

« Empire des Chimères » est son sixième roman toujours édité dans la même collection.

Je remercie les Éditions Gallimard pour cette histoire aussi captivante que surprenante, absolument fantastique.

“ Évasion ”

Évasion de Benjamin Whitmer aux Éditions Gallmeister

Traduit de l’américain par Jacques Mailhos

” Qu’est-ce que tu peux faire avec un monde pareil ? Non mais bordel de merde qu’est-ce que tu peux bien faire avec un putain de monde pareil ? “

” On est dans un putain asile de fou. “

En 1968, le soir du réveillon, douze taulards ont décidé de se faire la belle. Apparemment les festivités de la prison d’Old Lonesome, située dans une petite ville du Colorado au pied des montagnes des Rocheuses, avaient tout pour leur déplaire.

– Ce monde est conçu pour te briser le cœur, dit-il. Allez on se tire d’ici, enfoiré. “

L’évasion ébranle les habitants, une chasse à l’homme est mise en place aussitôt pour tenter de capturer ces suppôts de Satan, morts ou vifs.

Le monde est tellement étrange et divers. Tu pourras toujours y trouver au moins un spécimen d’à peu près n’importe quoi. “

Une véritable meute est à leur trousse. Les gardiens de la prison, c’est quand même leur boulot, aidé d’un traqueur hors pair, mais aussi deux journalistes qui espèrent bien faire la une des journaux.

« – Une fusillade aussi ça peut faire une putain de bonne histoire. »

Sans oublier Dayton, la hors-la-loi, trafiquante d’herbe, bien décidée de retrouver son cousin qui fait partie des détenus en cavale, avant les flics.

” Ce n’est pas le genre de chose dont on peut se détourner. Dayton ne se détourne pas. “

Sous un blizzard impitoyable, les détenus prennent des chemins différents et sèment sur leurs passages une impitoyable violence dangereusement incontrôlable.

Infernale, sanglante, démoniaque, cette traque va faire couler beaucoup de sang avant de faire couler beaucoup d’encre…

Ce que j’en dis :

En 2015, je découvrais la plume noire de Benjamin Whitmer avec Pike (ma Chronique ici) et je fut immédiatement conquise autant par son style que par son histoire.

La même année il récidive et nous offre avec la complicité des éditions Gallmeister une fois encore, Cry Father et confirme mon attachement indestructible pour cette noirceur américaine absolument bien représentée dans ses œuvres.

Il m’aura fallu patienter trois années pour à nouveau me plonger dans une nouvelle Évasion livresque, mais ça valait le coup c’est certain. Cette fois les lecteurs américains vont attendre leur tour, car nous avons droit à l’exclusivité française, et l’on peut remercier Oliver (L’éditeur) pour cette délicate et magnifique attention.

Évasion nous embarque dans une tragédie contemporaine, un western moderne dans la pure tradition de l’Ouest. Une histoire inspirée d’une véritable évasion, que connu le Colorado State Penitentiary, l’une des prisons de haute sécurité de Cañon City en 1948.

L’histoire nous plonge dans une course poursuite infernale, violente et sanglante mettant en scène les fugitifs, leurs poursuivants, quelques intimes, des habitants et également deux journalistes qui de spectateurs vont devenir acteurs à part entière. Des personnages haut en couleurs qui, en une nuit vont faire de cette ville et de ses habitants un enfer.

Un désespoir sans fond qui pourtant amène le lecteur à éprouver de l’empathie pour les fugitifs, car au cœur de cette violence peut apparaître une pointe d’espoir et une once d’humanité.

En trois romans, Benjamin Whitmer a rejoint les géants du noir que j’affectionne. Son écriture brutale sans concessions mets toujours en avant les oubliés de l’Amérique, qui ont grandi entouré de violence mais aussi de pauvreté. Une manière comme une autre pour ne pas oublier d’où il vient, lui qui rêvait de devenir braqueur ou écrivain… un rebelle comme j’aime qui met tout son cœur à l’ouvrage et nous fait cadeau d’histoires extraordinaires.

Je ne sais pas ce qu’il serait devenu en tant que braqueur mais une chose est sûre, il excelle dans son rôle d’écrivain. Il est devenu un véritable conteur alors souhaitons qu’il conserve cette voie et continue la suite d’Évasion et finisse cette future trilogie qui risque bien de devenir mythique.

Pour info :

Benjamin Whitmer a grandi au milieu de la forêt et des livres. Il puise son inspiration dans ses balades, et se rends dans tous les endroits qu’il décrit pour bien s’imprégner de l’atmosphère et la retransmettre au plus juste dans ses récits. Il prends énormément de notes sur un carnet de poche qu’il garde constamment sur lui, puis retranscrit sur l’ordinateur de son domicile et plus récemment sur un petit ordinateur portable. Il écrit énormément de brouillon avant le manuscrit définitif, et voilà une chose surprenante, il détruit toutes ses notes et brouillons après avoir envoyé son manuscrit à l’éditeur qu’elles soient sur papier ou sur disque dur. Pour lui seul compte le roman terminé, il ne s’encombre pas.

Il vit aujourd’hui avec ses deux enfants dans le Colorado, où il passe son temps libre en quête d’histoires locales, à hanter les librairies, les bureaux de tabac et les stands de tir des mauvais quartiers de Denver.

Pour Benjamin, Jacques Mailhos est le meilleure traducteur du monde et le considère comme un véritable ami. Jacques Mailhos a une idée précise de ce qu’il aime.

Extrait de l’histoire interdite par Benjamin Whitmer, traduit par Jacques Mailhos parue dans le numéro 4 du magazine America :

« Comme je le répète sans cesse aux gens qui me demandent pourquoi mes romans sont si violents : si vous n’écrivez pas sur la violence, alors vous n’écrivez pas sur l’Amérique. C’est dans la violence – aussi bien sous la forme du mythe de la régénération héroïque que nous vénérons que celle de la réalité systématique écrasante que nous ignorons –, c’est en elle que gisent les questions fondamentales de l’identité américaine. La tension entre ces deux polarités constitue ce que nous sommes. (…)

Et c’est ce à quoi nous assistons en Amérique, dans toutes les communautés : à une prise de conscience de la manière dont la violence fonctionne dans notre pays. Ce n’est pas joli à voir. C’est parfois raciste. C’est misogyne. Mais cela vient aussi des gens qui, historiquement, ont toujours fait confiance à la violence et au pouvoir américains. Ces gens se réveillent et ils constatent que cette confiance est totalement dilapidée. Nous continuons peut-être à fêter Thanksgiving, mais nous ne sommes plus certains de l’objet exact de nos remerciements. C’est à mon sens le seul premier pas qui puisse nous mener quelque part. »

Je remercie les Éditions Gallmeister pour ce nectar noir que j’ai savouré sans modération.

“ L’Amérique à Oron ”

En suisse tout le monde sait que l’on trouve de magnifiques Coucous

mais également du chocolat

Et ce n’est pas Christian Kiefer, amoureux du Tobleronne qui dira le contraire…

Mais si vous passez par Oron, vous ne pourrez pas rater cette magnifique librairie (maintenant que je vous en parle).

Cette magnifique librairie du Midi est gouvernée par une capitaine amoureuse des livres ET de littérature américaine et organise (aidé par son formidable libraire ❤️et une équipe extraordinaire) depuis deux ans, un merveilleux festival littéraire qui amène l’Amérique en terre vaudoise.

À cette occasion, j’ai eu la chance de faire sa connaissance et de retrouver les auteurs que j’avais pour la plupart entrevu au Festival America, à Vincennes le week-end précédent.

Cette fois ce fut davantage plus intime (attention certaines photos risquent de déclencher des petites pointes de jalousie, mais je vous pardonne) et vraiment extraordinaire.

Un petit verre avec les auteurs (Mais où est Jean ?)

Pendant trois jours, j’ai profité un maximum des conférences magnifiquement organisées, chaque auteur était entouré de son interprète et avait à disposition un feuillet d’accompagnement pour ne jamais se perdre dans les questions. Une idée formidable et parfois nécessaire pour certains auteurs qui avaient tendances à perturber la classe. Mais comme c’était bien toutes ces rigolades même si j’étais souvent en décalé vu mon niveau d’Anglais 😂😂😂d’où l’importance des traducteurs et des traductrices.

Vous l’aurez compris on s’est instruit et on a bien rigolé. Toujours intéressant d’en découvrir davantage sur les auteurs, leurs livres et d’écouter des anecdotes en aparté.

Petite question subsidiaire : à votre avis lequel de ces auteurs a sept enfants ? Un indice : 6 filles et un garçon😉

et quand Jean Hegland se lâche et s’exprime, t’es ravie d’avoir capturé l’instant magique …

De Vrais moments de bonheur étalés sur trois jours, c’est même meilleur que le chocolat. Et ça fait pas grossir, uniquement ta bibliothèque 😂

Ne dites rien à mon banquier, déjà qu’il s’interroge sur ma virée en Suisse…

Et pourtant j’ai été sage, comme une image, regardez …

C’est vrai j’avoue je me suis fait quelques cadeaux mais bon voilà quand t’as l’occasion d’écouter en concert un formidable groupe qui ce soir – là officiait dans une boucherie, tu repars avec le CD, obligé…

et pour le plaisir des oreilles, un autre concert sur la place du Festival, The Shoesshine Boys qui ont interprété de formidable morceaux de Johnny Cash (entre autre)

L’occasion était donnée également de revoir l’extraordinaire film : un homme presque parfait adapté du formidable roman de Richard Russo.

mais aussi d’assister à une lecture en musique du magnifique roman : Construire un feu de Jack London .

Le dernier jour finit en apothéose avec une formidable joute de traduction tout d’abord avec Sophie Aslanides et Anatole Pons qui se sont prêtés au jeu d’une traduction d’un texte de Laura Kasischke, avec la participation de Céline Leroy qui a représenté à merveille Laura qui était hélas absente du festival pour raison de santé.

Cette formidable joute était animée par Johanne Boulat.

Céline Leroy est la traductrice de Laura Kasischke depuis plusieurs parutions.

Évidemment, comme j’ai été très sage, me suis offert une belle image auprès du Stand de Lucien qui a réalisé des sérigraphies en mettant à contribution des artistes pour représenter un livre de ses auteurs préférés, je vous laisse admirer les tableaux.

Vous pouvez retrouver ces affiches sur Instagram en cliquant sur l’arbre à bouteille ou en envoyant un e-mail à Lucien pour plus d’info ou vous faire plaisir si vous êtes sage vous aussi.

“ 12 romans 12 affiches ! larbreabouteilleseditions@gmail.com

Entre chaque moment, l’occasion pour les lecteurs de rencontrer les auteurs et profiter parfois d’un moment d’inattention pour voler des extras quand les manches se relèvent à l’occasion des dédicaces.

Puis arriva le moment tant attendu : une course de bateaux entre les auteurs et les enfants qui avaient construit leur propre bateau. Moment inoubliable, tricheur en vue, et auteurs aussi heureux que le public.

Vous l’aurez compris, ce festival est formidable et accessible à tous les lecteurs (qui ont peur des grands salons). Ce week-end était synonyme de bonheur, d’amitié, de rencontres , de retrouvailles, de bonnes bières vaudoises, de bons hamburgers frites, de musique, de livres, de livres et de livres…. mais aussi de rire, d’amour, des bisous, de la folie, (c’est trop bon la folie).

Un week-end magique que je clôturerai tout d’abord en remerciant Aude qui m’a chaleureusement reçu,

puis Yanike qui m’y a accompagné (en grande partie)

mais également toute l’équipe qui officiait autour de Marie

et Marie sans qui tout cela n’aurait pas été possible, dont l’immense joie fait tellement mais tellement plaisir à voir. (Grand merci à Christophe Chammartin d’avoir immortalisé ce bonheur ❤️)

Goodbye and see you in 2020🇨🇦🇺🇸📖❤️