L’inconnu de la forêt

L’inconnu de la forêt d’Harlan Coben aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Roxane Azimi

Wilde est celui que l’on nomme l’inconnu de la forêt.

On ignore tout de son passé.

Il reste pour les habitants du coin une véritable énigme.

Pourtant il semble posséder un don pour retrouver les personnes disparues.

Ayant grandi dans la forêt, il l’a connaît par cœur. Aucune piste ne lui échappe. Et même si ses méthodes peuvent vous paraître très spéciales, elles font de lui un enquêteur hors pair.

Alors lorsqu’une jeune fille, puis un lycéen disparaissent il n’attend pas les autorisations pour se lancer à leur recherche, car il sait plus que quiconque que la forêt est pleine de danger et qu’il est parfois difficile et même parfois impossible de retrouver le chemin qui conduit a sa maison.

Ce que j’en dis :

Aux États-Unis 460 000 enfants sont portés disparus chaque année, un sujet qui semble tenir à cœur à Harlan Coben qui traite régulièrement de ce sujet dans ses thrillers, comme notamment dans ce dernier récemment sorti en France.

À cette occasion, il met en scène un nouveau personnage : l’inconnu de la forêt, qui garde une part de mystère qui sera certainement dévoilée au fur et à mesure dans les prochaines intrigues.

On y découvre également un nouveau jeu tendance qui consiste à simuler une disparition, il sera donc plus difficile pour les enquêteurs de faire le tri entre le vrai et le faux dans cette histoire où des adolescents sont portés disparus.

Comme à son habitude, Harlan Coben nous offre une intrigue complexe à travers des chapitres courts rendant la lecture addictive. Si son style d’écriture reste assez basique, c’est plutôt dans l’art et la manière de mener son histoire qu’il excelle, semant au compte goutte les indices.

Derrière cette couverture plutôt réussie qu’il est impossible de ne pas repérer au premier coup d’œil en librairie, vous y retrouvez tout le talent de l’auteur pour passer un moment de lecture plutôt sympa.

Il me tarde de retrouver Wild et d’en connaître je l’espère, davantage sur l’inconnu de la forêt.

Pour info :

Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.

Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a rencontré un succès immédiat dès la publication de ses premiers romans, tant auprès de la critique que du public.

Il est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Depuis Ne le dis à personne… (2002) – récompensé du Grand Prix des lectrices Elle et adapté avec succès au cinéma par Guillaume Canet –, Belfond a publié vingt et un romans de Harlan Coben.

Plusieurs ont été adaptés en miniséries, dont Une chance de trop et Juste un regard, diffusées surTF1, ainsi que Intimidation/The Stranger et Dans les bois/The Woods, disponibles en streaming sur Netflix.

Tous ses ouvrages sont également disponibles chez Pocket.

Je remercie les Éditions Belfond pour ce suspens haletant.

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre de Julien Dufresne – Lamy aux Éditions Belfond

Avant, je pensais que sous les meubles, on ne cachait que les armes du crime. Les affaires sales. Les bouteilles d’alcool ou les boite de capotes. Maintenant, c’est différent. J’ai compris qu’on pouvait même y cacher une vie. “

Du haut de ses quinze ans, Charlie est en plein chaos émotionnel et cela fait quelques temps que ça dure. Ce n’est pourtant pas dû à sa crise d’adolescence, loin de là, il n’a d’ailleurs même pas le temps d’y penser, ni même de l’envisager.

Apres deux années sismiques terriblement éprouvantes qui ont terrassé sa famille, il patiente auprès de sa mère, dans cette salle de l’hôpital, attendant la fin de l’opération de son père.

” Dans l’hôpital, les questions me brûlent la langue. Est-ce que, derrière ces portes, il y a d’autres gens comme mon père ? Des gens qui se métamorphosent façon mythe ? Ou des gens qui doutent, hésitent à franchir le cap, des femmes et des hommes pour qui c’est le flou, toute cette histoire d’origine ? Ça doit arriver. Peut-être que, derrière cette cloison, des gens consultent pour la première fois avant de livrer bataille ?

Mon père et ses tremblements de terre, j’y pense tous les jours. “

À la fin de cette nouvelle épreuve, une fois l’opération terminée, son père aura disparu pour laisser la place à Alice.

En attendant, Charlie se remémore tout le chemin parcouru depuis ce fameux jour où son père s’est révélé.

Une longue route où il a croisé le mépris, le rejet, l’incompréhension, la colère, le doute, la solitude, face aux autres qui ne pensent qu’à juger.

Malgré sa jeunesse, malgré la douleur, malgré toutes ces perturbations, il a cherché à comprendre, son père, sa mère, ses tremblements de terre.

” Tout ce qui n’était pas joli joli, je le gardais pour moi. Le magma. La lave. Les secousses magnitude 7. “

Une dernière secousse pour Charlie, pour qu’enfin la vie continue avec Elles, ses deux héroïnes.

Ce que j’en dis :

Julien Dufresne – Lamy ne cesse de me bouleverser à chaque roman, et c’est avec bonheur et une confiance absolue que je me suis plongée dans son dernier roman, sans même m’attarder sur la quatrième de couv’ . De toute façon rien que le titre me plaisait déjà, et même sans l’avoir déjà lu, je n’aurais pas hésité une seconde.

Je fais partie des gens qui aiment le hors norme, les rebelles, les différents, les incompris, les oubliés, les cygnes noirs, enfin vous voyez quoi… peut-être parce que j’en fais partie d’une certaine manière. Alors cette plume rebelle qui met en lumière les jolis, jolis monstres et tous leurs tremblements de terre ne pouvaient que me plaire.

Ce nouveau roman fait justement écho au précédent  » Jolis jolis monstres “ ( ma chronique ici) en mettant cette fois en scène un jeune garçon qui se retrouve confronté à la transidentité au cœur de sa famille.

Tout comme Charlie et sa mère, on attend le cœur serré la fin de l’opération, tout en découvrant à travers l’introspection de Charlie, toutes les épreuves qu’ils ont subi tous les trois en attendant ce fameux jour, où il va devenir elle.

Du jour de la révélation, en passant par la métamorphose puis le jugement des voisins, des collègues de travail de son père, des camarades de Charlie, du rejet, des souffrances et autres interrogations de sa mère, de la perte de travail, de toutes ces conséquences face à un choix de vie diffèrent des autres.

Et malgré tout, l’amour n’a jamais quitté le foyer et c’est plus fort, plus unis que jamais, que cette famille que certains qualifieront de ” hors – norme « , va poursuivre sa route, même si d’autres secousses continueront à faire trembler la vie qu’ils ont adopté.

Julien Dufresne – Lamy, nous offre une histoire touchante, aussi puissante qu’un volcan en éruption, un tremblement littéraire qui  » lave  » les idées préconçues, à travers une plume poétique, engagée aux services des incompris où l’amour brûle dans les cœurs des plus valeureux.

C’est à découvrir absolument tout comme ses précédents romans, parce qu’il a un talent fou ce jeune écrivain, et une plume extraordinaire vous pouvez me croire. Et puis on a besoin d’ écrivains comme lui pour bousculer, mettre un peu de désordre chez ceux qu’on surnomme les bien-pensants aux idées hélas très arrêtées… pour les faire trembler à notre tour.

Pour info :

Julien DufresneLamy a 32 ans. Il vit à Paris.

Il est l’auteur de plusieurs romans dont : Dans ma tête, je m’appelle Alice (Stock 2012), Deux cigarettes dans le noir (Belfond 2017) Les Indifférents (Belfond, 2018), Jolis jolis monstres (Belfond 2018) qui a reçu le Prix des blogueurs et le Prix Millepages.

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre est son cinquième roman.

Il est aussi l’auteur de plusieurs textes pour la jeunesse.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette rébellion littéraire percutante et bouleversante.

Les incroyables aventures des sœurs Shergill

Les aventures des sœurs Shergill de Balli Kaur Jaswal aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (Singapour) par Laura Vaz

À sa mort, Sita Kaur Shergill, laisse à ses trois filles, Rajini, Jezmeen et Shirina, un testament assez particulier. N’ayant pas pu se rendre une dernière fois en Inde, elle les charge à travers une dernière lettre d’effectuer ensemble ce voyage pour y répandre ses cendres, une fois le pèlerinage effectué.

(…) Voici la liste des endroits que j’aimerais que vous visitiez pour moi une fois que je ne serai plus de ce monde. Le voyage devrait durer une semaine et vous mènera sur les routes de Delhi, d’Amritsar et j’en passe. Ensemble vous devrez effectuer un seva pour venir en aide aux autres et pratiquer la modestie, vous baigner dans un sarovar pour laver et purifier vôtre âme, et marcher jusqu’au sommet de la spiritualité pour rendre grâce au corps, notre enveloppe charnelle sur Terre. Je souhaiterais aussi que vous répandiez mes cendres en Inde.

Les trois sœurs, à peine remise de leur surprise, sont loin de se réjouir de ce qui les attend, d’autant plus qu’elles ne se supportent pas, leur mère l’aurait elle oublié ?

Il va pourtant falloir se résoudre à effectuer ce voyage et y trouver quelques points positifs. Rajni, l’ainée avait besoin d’un break, la séduisante Jezmeen, actrice de métier souhaitait s’éloigner de la presse peuple londonienne quand à Shirina, qui s’apprête à se marier, cela lui permettra d’en connaître davantage sur ses racines et à réfléchir sur sa situation pas si glamour qu’elle devrait être, alors pourquoi pas ?

Un voyage qui s’annonce mouvementé mais va leur réserver au final de belles surprises.

Ce que j’en dis :

Après son fabuleux premier roman : le club des veuves qui aimaient la littérature érotique (ma chronique ici) aussi jubilatoire que passionnant qui nous plongeait au cœur d’une communauté indienne située à Londres, c’est avec plaisir que je retrouve cette plume qui à travers une nouvelle histoire nous fait découvrir d’autres facettes de ce pays.

En voyageant avec ces trois sœurs, on découvre qu’en Inde la condition des femmes est loin d’être idéale, face aux traditions ancestrales.

Jour après jour, elles vont pourtant chacune se redécouvrir, s’apprivoiser, s’aimer et malgré les mésaventures qu’elles vont rencontrer, ce pèlerinage au départ forcé va réussir à les réunir tout en leur ouvrant les yeux et le cœur.

Un voyage touchant qui nous emporte dans le tourbillon de la vie d’une fratrie avec une bonne dose d’humour, d’amour, où l’on s’aperçoit que l’héritage de certaines traditions peut être parfois un lourd fardeau dont il faut se libérer pour enfin vivre pleinement.

Pour info :

Née à Singapour, Balli Kaur Jaswal a vécu au Japon, aux Philippines et en Russie.

Diplômée de plusieurs ateliers de creative writing, ses romans – dont Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique (Belfond, 2018), sélectionné par Reese Witherspoon pour son fameux book club – ont tous remporté un joli succès critique lors de leurs publications anglophones.

Je remercie les éditions Belfond pour ce pèlerinage au pays des mille et une nuit.

Champ de tir

Champ de tir de Linwood Barclay aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (Çanada) par Renaud Morin.

” L’inspecteur Barry Duckworth, de la police de Promise Falls, était à son bureau quand son téléphone sonna. Il décrocha le combiné d’un geste vif.

– Duckworth

– Bayliss à l’appareil

Trent Bayliss, le sergent préposé à l’accueil.

– Ouais ?

– J’ai un sacré spécimen ici, dit Bayliss, incapable de dissimuler son amusement.

– Qu’est-ce que vous racontez ?

– Le type s’est fait ramasser alors qu’il errait en ville. Il veut parler à un inspecteur. Je vous l’envoie. Il dit s’appeler, Brian Gaffney. Mais il n’a pas de papier sur lui.

– C’est quoi son histoire ?

– Mieux vaut qu’il vous raconte ça lui-même. Je ne voudrais pas gâcher votre plaisir, répondit Bayliss avant de raccrocher. “

L’inspecteur Duckworth de Promise Falls est à peine remis des derniers événements meurtriers survenus dernièrement dans sa ville, qu’il se retrouve chargé d’une étrange affaire.

Un jeune homme prétend avoir été enlevé, mais vu qu’il ne se souvient de rien c’est difficilement crédible. Mise à part l’étrange message indélébile trouvé sur son corps, aucun indice pour démarrer l’enquête. Ça ne va pas être simple.

De son côté, le détective privé Cal Weaver est sollicité pour protéger Jeremy Pilford, ce gosse de riche, arrogant, soupçonné d’avoir écrasé une jeune fille. Acquitté par le tribunal pour irresponsabilité, l’adolescent n’en demeure pas moins coupable aux yeux de certains qui n’hésitent pas à le lyncher sur les réseaux sociaux.

Il semblerait que des redresseurs de torts soient bien décidés à faire justice eux-mêmes. Mais ont-ils choisi les bonnes cibles, aveuglés par leur soif de vengeance ?

Décidément, ce n’est pas encore maintenant que Promise Falls pourra prétendre à nouveau à son statut de ville paisible.

Mais heureusement on peut compter sur l’inspecteur Duckworth et sur le détective Weaver pour lutter contre cette chasse aux sorcières des temps modernes.

Ce que j’en dis :

Depuis Fausses promesses, publié en 2018 suivi d’ En lieux sûrs en 2017, puis Faux amis en 2018 et Vraie folie en 2019, je suis les aventures de cette bourgade américaine avec attention, il faut dire que Linwood Barclay, fait bien son job pour accrocher le lecteur en gardant du suspens jusqu’à quasiment la dernière page et en remettant en scène ce duo flic/détective plutôt sympathique.

Un peu comme une série télé où chaque nouvelle saison t’entraîne vers de nouvelles affaires pleines de péripéties.

Ce dernier, Champ de tir est plutôt réussi, et j’ai même trouvé l’écriture plus soignée même si elle reste assez simple dans l’ensemble.

Le scénario tient la route et le suspens est maintenu à travers des chapitres courts où l’inspecteur et le détective interviennent à tour de rôle.

Donc, si vous avez accroché avec les précédents, ce petit dernier devrait vous plaire, et comme l’auteur est malin, même si les affaires sont bouclées, la fin ouverte laisse présager de nouvelles aventures.

À suivre…

Pour info :

Auteur de polars incontournable, Linwood Barclay a déjà publié seize romans chez Belfond, dont Cette nuit-là (2009) et sa trilogie consacrée à la ville fictive de Promise Falls – Fausses promesses (2018), Faux amis (2018) et Vraie folie (2019).

Tous sont repris chez J’ai lu.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette lecture addictive.

Mothercloud

Mothercloud de Rob Hart aux Éditions Belfond

Traduit de l’américain par Michael Belano

” Salut. Je suis Gibson Wells, votre nouveau patron. C’est un plaisir de vous accueillir au sein de la famille. […]

Clous est la solution à tous vos problèmes. C’est un repère familier dans ce monde moderne qui va trop vite. Notre objectif est de venir en aide aux familles et aux gens qui ne peuvent pas aller faire les courses, n’ont pas de magasins près de chez eux, où ne veulent pas prendre le risque de sortir. […]

Chez Cloud, nous sommes fiers de vous offrir un environnement de travail sûr et sécurisé, où vous êtes maître de votre destin. Un large panel de postes vous est proposé, de nos préparateurs – que vous avez vus tout à l’heure – à nos conditionneurs, en passant par notre service d’assistance… “

Il est clair que présenté de la sorte avec vidéo à l’appui, ce service donne envie, tout comme les jobs proposés par la société pour rendre cela possible.

Mais quand est-il vraiment ?

Atteint d’une terrible maladie, et oui le cancer n’épargne pas les riches, ce serait quand même trop injuste qu’il en soit autrement (humour noir, je précise) Gibson Wells notre grand Business Man, à la tête de l’entreprise Mothercloud, nous livre son parcours, depuis son enfance où il a puisé cette idée qui fera de lui un multimilliardaire, jusqu’à ses derniers jours sur terre.

S’invitent dans le décor de cette société et de cette histoire, Paxton et Zinnia, deux employés fraîchement embauchés après un long parcours digne des plus grands combattants.

Paxton, est un ex-petit patron, ruiné, qui semble vouloir remonter la pente mais semble également vouloir régler quelques comptes au passage.

Zinnia, de son côté semble chargée d’une mission particulière. Elle est là pour infiltrer le système, en percer les mystères et peut-être bien le détruire.

Dans cet univers ultra connecté, sous haute surveillance, il leur sera difficile de réaliser leurs projets respectifs en travaillant comme des esclaves tout en essayant de survivre dans ce paradis de l’enfer.

Derrière cette façade d’entreprise idéale, Mothercloud est une machine à broyer, impitoyable avec ceux qui tenteraient une rébellion.

Ce que j’en dis :

 » Toute ressemblance avec une entreprise existante ou ayant existé serait purement fortuite et pure coïncidence… »

Ce n’est écrit nulle part et pourtant,..

C’est dingue mais dès le départ, le nom de l’entreprise dont on ne doit pas prononcer le nom, vous savez un peu comme Voldemort dans la saga Harry Potter, m’est tout de suite apparue, un peu comme si l’auteur avait bossé pour eux et nous faisait entrer dans les coulisses de cette entreprise en caméra cachée, sur le dos d’un drone.

Lire en plus ce récit, en pleine pandémie, confinée à la maison, une parution prévue en mars 2020, me laisse songeuse, et davantage inquiète sur le devenir de notre société et de notre planète.

Rob Hart serait-il un prédicateur ? Un visionnaire ou juste un auteur qui s’inspire de ce qu’il observe tout en nous mettant en garde. Car il l’écrit lui-même dans son roman :

” C’est le marché qui décide.”

Et il suffit d’une catastrophe pour que tout s’enchaîne, tout bascule comme ce fut le cas ici après les Massacres du Black Friday.

Bien sûr c’est une fiction mais qui nous montre, les dangers de ce monde déjà ultra connecté, donc ultra surveillé, où chaque clic, chaque action s’enregistrent et se retrouvent entre les mains d’analystes prêts à tout pour révolutionner le monde.

Une fois de plus, j’ai regretté de ne pas encore avoir lu, 1984 de Georges Orwell, la servante écarlate de Margaret Atwood ou encore Fahrenheit 41 de Ray Bradbury, trois dystopies extraordinaires auxquelles on peut rajouter celle – ci : Mothercloud, sachant qu’elle est davantage plus proche de notre monde actuel.

Véritable roman contemporain d’anticipation qui soulève une foule de questions, et instaurerait presque de nouveaux sentiments d’inquiétude face à l’ampleur du désastre sanitaire actuel qui risque bien d’engendrer une peur qu’il sera difficile à surmonter pour certains d’entre nous et engendrera forcément certains changements de comportements.

En attendant la réouverture de certains vendeurs de mal bouffe, (le clin d’œil ragoûtant dans cette histoire fera doucement sourire les végétariens) et la réouverture de nos chères et précieuses librairies, je vous encourage fortement à lire ce roman afin que chacun d’entre-vous fassent les bon choix quand sera venu le moment de reprendre le chemin de nos vies mis sur pause pour un temps indéterminé.

C’est à lire évidemment avec attention.

Le futur n’est pas si loin, il commence dès demain alors ne tardons plus à prendre de meilleurs décisions.

Pour info :

Éditeur de romans noirs, directeur de communication politique, conseiller municipal à la ville de New York, le trentenaire Rob Hart est également auteur d’une série policière (non traduite en France), de nouvelles publiées dans de nombreuses revues de littérature à suspense, ainsi que dans les Best American Mystery Stories 2018, et co-auteur d’un roman avec James Patterson.

Acheté dans plus de vingt pays et bientôt adapté au cinéma par Ron Howard, MotherCloud est son premier roman à paraître en France.

Rob Hart vit à Staten Island.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette dystopie contemporaine terriblement marquante.

La route 117

La route 117 de James Anderson aux Éditions Belfond

Traduit de l’américain par Clément Baude

” Cecil Boone était le patron du relais routier Stop’n’Gone. Situé sur la route 191, à la sortie de Price, Utah, le Stop’n’Gone était un relais indépendant et médiocre, perdu sur une étendue de sable et de roche brisée, avec l’air minable de ces établissements obligés de pratiquer des prix bas faute d’avoir autre chose à proposer. Cecil, la cinquantaine passée, était un homme aussi trapu qu’aigri. Il se tenait la caisse du petit supermarché. Depuis huit ans que j’achetais mon diesel ici presque chaque jour de la semaine, je ne l’avais jamais vu sourire. Jusqu’à cette matinée enneigée d’octobre. (…) J’ai payé mon diesel.

« Quelqu’un a laissé quelque chose pour toi à la pompe n°8 », a-t-il dit. “

Comme chaque matin, avant de faire ses livraisons sur la route 117, Ben passe à la station faire le plein de son camion.

Une surprise l’attend à la pompe n°8 et pas des moindre. Un mot accompagne cet étrange colis.

” S’il te plaît, Ben, Grosse galère, Mon fils. Emmène-le aujourd’hui. Il s’appelle Juan. Confiance à toi seulement. Ne dis à personne. Pedro. “

Ce qui est surprenant, c’est qu’il connaît à peine Pedro. Alors pourquoi l’avoir choisi pour veiller sur son fils ?

Cette journée est à peine commencée, qu’elle lui réserve déjà son lot de surprises.

Il prend malgré tout la route pour honorer comme il se doit ses livraisons, ses clients comptent sur lui. Et rien ne l’empêchera de se renseigner pour retrouver Pedro sur le chemin.

” Ça secouait. La route ressemblait de moins en moins à une route et de plus en plus à une piste défoncée, semblable à celles que j’empruntais chaque jour pour livrer des biens de nécessité et de rares objets de luxe aux coyotes, aux ranchers miséreux étaux exilés de tout poil qui avaient choisi de vivre le long de la 117. Même si la neige et la pluie n’avaient pas ramolli la terre, j’étais prudent, à l’affût. “

Plus tard dans la journée, une terrible nouvelle va l’obliger à interrompre ses recherches. Son ami John, un prédicateur farfelu qui arpente la 117 avec sa croix, vient d’être grièvement blessé et abandonné au bord de la route.

Ben va tout mettre en œuvre pour le sauver, tout en cherchant le responsable de ce crime.

Il va se retrouver au cœur d’une enquête terrifiante des plus étranges.

Ce que j’en dis :

Je n’avais pas encore croisé sur ma route d’indien routier, maintenant c’est chose faite et j’aime autant vous dire que cette rencontre ne m’a pas laissé de marbre, bien au contraire.

En prenant la route 117 en compagnie de Ben, j’ai vécu une aventure extraordinaire sous haute tension, me retrouvant piégée pendant 350 pages avec beaucoup de mal pour m’en libérer, tellement le plaisir était intense et l’envie de poursuivre l’aventure sur cette route, immense.

Et puis il faut reconnaître que la présence de cet indien au grand cœur, à l’humour mordant m’a fait craquer. Je suis tombée sous son charme et suis devenue complètement accro à la plume de son créateur, James Anderson.

Bien évidemment je mériterais d’être mis au pilori, attachée et torturée par ses ancêtres (de Ben, je précise) pour ne pas avoir lu Desert Home, qui bien sûr se trouve dans ma bibliothèque. Mais bon, ça ne m’a pas pour autant empêché d’apprécier pleinement ce deuxième volet, et je suis bien décidée à remédier à cette lacune rapidement.

Je reprendrai la route 117 bordée d’un resto fermé depuis Mathusalem, vers cette ville fantôme, où les habitants surnommés les coyotes, résistent aux temps qui passent.

Une flopée d’âmes perdues qui vivent isolées du monde, fuyant peut-être on ne sait quoi ou même on ne sait qui ? Chacun portant son fardeau et même sa croix comme John, le pécheur repenti.

La route 117 pourrait être une succursale du fin fond de l’Alaska où les criminels se réfugient, mais elle est pourtant bien là, comme un mirage, coupant le désert de l’Utah.

Une route que Ben connaît par cœur, lui qui lui est fidèle à bord de son camion et la sillonne toute l’année pour ravitailler autant que possible ceux qui voudraient se faire oublier.

Alors il n’est plus à une tempête près…

Et je suis sûre qu’il n’aura rien contre un peu de compagnie, alors n’hésitez surtout pas à grimper dans sa cabine, vers Desert Home, sur la route 117 là où la folie des hommes ne meurt jamais.

Un formidable thriller, porté par une plume fascinante qui va vous hanter longtemps.

Un voyage américain d’exception.

Pour info :

James Anderson est né à Seattle et a grandi dans le Nord-Ouest Pacifique. Il est diplômé de Reed College et d’un Master d’écriture de Pine Manor College.

Ses écrits ont été publiés par de nombreux magazines dont The Bloomsbury Review, New Letters, Northwest Review

Il a notamment été éditeur et rédacteur en chef chez Breitenbush Books.

Après Desert Home (2017), La route 117 est son deuxième roman à paraître en France. 

Je remercie les Éditions Belfond pour cette virée envoûtante et bouleversante sur la route 117.

Profession romancier

Profession romancier de Haruki Murakami aux Éditions Belfond

Traduit du japonais par Hélène Morita

Écrire un roman n’est pas très difficile. Écrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile. Je ne prétend pas que c’est simple, mais ce n’est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans encore et encore. Tout le monde n’en n’est pas capable. Comme je l’ai déjà dit, il faut disposer d’une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple « talent ».

(…) Depuis plus de trente ans, j’écris des romans et je gagne ma vie en tant que romancier. Ce qui signifie que je me suis maintenu debout sur le ring du monde littéraire depuis trente ans, ou bien, pour le dire à la façon ancienne, que je « vis de ma plume » depuis trente ans. Dans le sens le plus strict du terme, on parlera peut-être d’un «accomplissement ».

Que l’on soit passionnée ou pas de littérature japonaise, on connaît forcément Haruki Murakami, auteur connu et reconnu du monde littéraire, en tout cas je l’espère, l’appréciant pour ma part enormément.

À travers ce recueil, qui réunit douze essais autobiographiques de l’auteur, on découvre son parcours d’écrivain depuis son tout premier roman ” Écoute le chant du vent suivi de Flipper “ écrit en 1973 et qui sera enfin publié après son consentement en 2016.

James Joyce a déclaré, avec un certain laconisme : « L’imagination c’est la mémoire. » Je pense qu’il a raison. (…)

Notre tête – du moins la mienne – abrite un stock important de ce type de matériau. Chaque tiroir est bourré de toute sorte de souvenirs faisant office d’informations. Il y a de grands tiroirs. Des petits aussi. Et certains munis de poches secrètes. Quand j’écris, je les ouvre selon mes besoins, j’en sors le matériau voulu et je m’en sers pour une partie de mon roman (…) D’habitude, les souvenirs oubliés reviennent prestement à la vie, d’une façon naturelle. Quand mon esprit parvient à cet état de liberté et d’abandon, je me sens extrêmement bien. L’imagination s’est éloignée de ma volonté, elle se déplace maintenant librement, elle a acquis des formes et des volumes. Ces informations engrangées dans mes archives intérieures sont évidemment des biens irremplaçables, une immense fortune pour le romancier que je suis. “

Il nous offre, telle une longue interview, ses réflexions sur ce métier de romancier, sur l’écriture en général qui permet à l’imaginaire de devenir littéraire, en posant également un certain regard sur le monde de l’édition, les prix littéraires, tout en vouant une admiration sans bornes pour les traducteurs.

Il est parfois cynique, mais toujours sincère en dévoilant les coulisses de son quotidien d’écrivain et la face cachée de l’univers du livre avec les passionnés d’un côté et les intéressés de l’autre.

Dans son pays, les critiques ne lui ont pas fait de cadeaux et comme beaucoup d’écrivains, il est bien plus lu et apprécié à l’étranger.

” Critiquer une œuvre est toujours possible, l’apprécier également. “

Tout en s’interrogeant sur l’avenir du livre, il prodigue ses précieux conseils tels des encouragements pour les écrivains en herbe, tout en restant très lucide.

” Beaucoup de ces étoiles montantes de la littérature ont disparu sans tambour ni trompette. Certains d’entre eux – la plupart, sans doute – en ont eu assez d’écrire des romans ou bien se sont lassés de cette activité dans la durée et ont changé de voie. Et beaucoup de leurs livres, dont on ne cessait de parler au moment de leur gloire, sont à présent très difficile à dénicher dans les librairies ordinaires. Car, si le nombre des écrivains est presque illimité, l’espace des librairies ne l’est pas.

À présent, ses romans sont traduits dans plus de cinquante langues et font de lui un homme fier et heureux.

Profession romancier permettra aux lecteurs d’en découvrir un peu plus sur cet auteur assez réservé et donnera peut-être envie aux plus audacieux de se lancer dans l’écriture sur les traces de ce grand écrivain.

Pour info :

Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma, puis a dirigé un club de jazz, avant d’enseigner dans diverses universités aux États-Unis.
En 1995, suite au tremblement de terre de Kobe et à l’attentat du métro de Tokyo, il décide de rentrer au Japon.
Ont déjà paru chez Belfond Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (2002), Les Amants du Spoutnik (2003), Kafka sur le rivage (2006), Le Passage de la nuit (2007), La Ballade de l’impossible (2007 ; 2011), L’éléphant s’évapore (2008), Saules aveugles, femme endormie (2008), Autoportrait de l’auteur en coureur de fond (2009), Sommeil (2010), la trilogie 1Q84 (2011 et 2012), Chroniques de l’oiseau à ressort (2012), Les Attaques de la boulangerie (2012), Underground (2013), L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (2014), L’Étrange Bibliothèque (2015), Écoute le chant du vent suivi de Flipper, 1973 (2016), le recueil de nouvelles Des hommes sans femmes (2017), Birthday Girl (2017), le diptyque Le Meurtre du Commandeur (2018) et De la musique, une série d’entretiens avec Seiji Ozawa (2018). Tous les livres de Murakami sont repris chez 10/18.
Plusieurs fois pressenti pour le Nobel d littérature, Haruki Murakami a reçu le prestigieux Yomiuri Literary Prize, le prix Franz Kafka 2006, le prix de Jérusalem pour la liberté de l’individu dans la société en 2009, le prix international de Catalogne 2011 et le prix Hans Christian Andersen en 2016.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette lecture très enrichissante.

Ne t’enfuis plus

Ne t’enfuis plus d’ Harlan Coben aux Éditions Belfond

Traduit de l’américain par Roxane Azimi

– Et si je lui donnais de l’argent pour la faire taire ?

Et la fille ricana :

– C’est John Lennon qu’on assassine une deuxième fois.

Certains passant jetaient des pièces dans l’étui de la guitare, mais la plupart restaient à distance ou s’écartaient en grimaçant, comme s’il avait capté des effluves peu ragoûtants. (…)

Simon fixait des yeux la mendiante qui massacrait l’héritage de John Lennon. Les cheveux emmêlés, les joues creuses, elle était maigre comme un clou, sale,en haillons, cassée, perdue, sans toit ni loi.

C’était aussi sa fille. Paige.

Cela fait six mois que Paige avait disparu, six mois qu’il la cherchait. Et la voilà, devant lui, au cœur de Central Park.

Mais hélas, elle n’est toujours pas décidée à rentrer avec Simon, son père, préférant s’enfuir une fois encore.

Simon est anéanti une fois de plus, mais cette fois il est bien décidé à ne rien lâcher quitte à mettre sa famille en danger.

Il est loin d’imaginer jusqu’où son enquête va le conduire et lui révéler bien plus qu’il ne souhaitait savoir.

De Manhattan au Bronx, en passant par une ferme pittoresque du Connecticut, il va découvrir l’univers des gangs et de la drogue, et même le milieu sectaire dans un endroit bien gardé où semble se cacher de mystérieux secrets de famille.

Ce que j’en dis :

Cela faisait un bail que je ne m’étais pas aventurée dans un roman à suspens d’Harlan Coben, et c’est sans surprise que je me suis retrouvée après quelques pages, captivée par cette histoire. Toujours fidèle à son style, il nous entraîne dans un labyrinthe semé d’intrigues qu’il disperse petit à petit à chaque chapitre ce qui amène le lecteur à tourner les pages de manière addictive.

Une nouvelle enquête qui tient ses promesses sans être pour autant le livre de l’année.

Un moment de divertissement agréable, idéal lorsque l’on a besoin d’une petite récréation livresque.

Les fans de l’auteur seront comblés.

Pour info :

Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.

Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a rencontré un succès immédiat dès la publication de ses premiers romans, tant auprès de la critique que du public.

Il est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Depuis Ne le dis à personne… (2002) – récompensé du prix des lectrices Elle et adapté avec succès au cinéma par Guillaume Canet –, Belfond a publié vingt romans de Harlan Coben, dont Une chance de trop (2004 et 2015) et Juste un regard (2005 et 2017), tous deux adaptés en minisérie sur TF1. En 2018, il a développé les  huit épisodes de la série Safe diffusée en mai sur C8 et Netflix, avant de signer un contrat d’exclusivité avec la plateforme de streaming américaine prévoyant l’adaptation de 14 titres déjà existants et de futurs projets en séries et film, dont Ne t’enfuis plus. Tous ses ouvrages sont également disponibles chez Pocket.
 

Je remercie les Éditions Belfond pour cette excursion américaine palpitante.

“ Un insaisissable paradis ”

Un insaisissable paradis de Sandy Allen aux Éditions Belfond

Traduit de l’américain par Samuel Sfez

” Peut-être cette histoire était-elle un délire. Peut-être était-ce un mensonge. Ou peut-être Bob poursuivait un but précis. Par exemple, imaginais – je, peut-être qu’il était en colère contre son père et qu’il avait écrit cette histoire peu flatteuse pour se venger. (Si tel était le cas, je n’appréciais pas du tout qu’il cherche à m’impliquer.) (…) J’ai arrêté de lire. Le manuscrit me regardait. Il était hideux, même de loin. Ses pages puaient, littéralement. Je voulais l’ignorer, comme on ignore un tas de manteaux imbibés d’urine sur le trottoir ou un homme qui hurle des obscénités sur un banc. J’ai remis les pages dans leur enveloppe et l’ai glissé dans un tiroir que j’ouvrais rarement. “

En 2009, lorsque Sandy Allen reçoit dans une grande enveloppe, ce qui semble être l’autobiographie de son oncle, elle est assez surprise.

Son oncle a toujours été aux yeux de la famille, un être à part, étrange, et même considéré comme fou pour certains.

Jesuis Robert

C’est l’histoire vraie d’un garçon qui a grandi à berkeley californie pendant les années soixante et soixante-dix, incapable de s’identifier à la réalité et pour ça étiqueté schizophrène paranoïaque psychotique pendant le reste de sa vie. “

Comme on choisit un exécuteur testamentaire, Robert a choisi, Sandy sa nièce pour réécrire son histoire.

À travers ces feuillets, elle découvre l’histoire de ce gamin, fan de Jimi Hendrix, dont l’existence a basculé en 1970 après avoir été enfermé sans raison dans un hôpital psychiatrique. Isolé du monde, bourré de narcotiques, subissant même des électrochocs, il sera au final déclaré schizophrène.

 » Au réveil, il faisait la queue pour prendre des cachets, mangeait puis errait. Il faisait la queue pour reprendre des cachets, mangeait puis errait jusqu’à ce qu’il soit l’heure de dormir. Il se réveillait, faisait la queue pour prendre des cachets et ainsi de suite. Ce n’était pas des décisions qu’il prenait ; juste des choses qu’il faisait. Il n’y avait personne à combattre. Aucune raison de vivre. Pour autant qu’il sache, ça pouvait bien être le reste de sa vie. “

Sandy, réécrit l’histoire, tout en menant une véritable enquête sur sa famille qui semble avoir voulu cacher tout ce qui se rapporte à son oncle, mais également sur cette maladie pleine de mystère, dont on ignore tout. Une maladie qui isole, et laisse en marge de nombreuses personnes comme Robert.

Ce que j’en dis :

Sandy Allen ne s’est pas contentée de retranscrire l’histoire de son oncle, elle a mené une véritable enquête au sein de la famille et dans le milieu médical pour comprendre et analyser au plus juste le comportement de son oncle atteint de schizophrénie.

Elle démêle de ce fait le vrai du faux et mène de véritables recherches qui démontrent également les travers de la médecine face à cette maladie si méconnue à l’époque.

Bien plus qu’une biographie, Sandy Allen fait de cette histoire un véritable cas d’étude sur la schizophrénie, et le milieu psychiatrique à travers les âges.

En alternant, les feuillets de Robert et son analyse personnelle issue des ses investigations, Sandy Allen nous offre un récit atypique, passionnant en nous plongeant au cœur de la vie de Robert, tout en nous faisant part de ses découvertes parfois surprenantes.

Après lecture de cette histoire vraie aussi intéressante que bouleversante, je me demande encore si le destin de Robert aurait pris une autre tournure s’il n’avait pas été hospitalisé ce fameux jour, qui pour moi a tout déclenché, et plongé la vie de cet enfant vers d’insaisissables paradis.

À découvrir absolument.

Une découverte extraordinaire.

Pour info :

Sandy Allen, qui souhaite être identifié.e par le pronom iel٭, est un.e auteur.e de non-fiction, résidant dans les montagnes de Catskills. Son premier livre, Un insaisissable paradis, a été publié en janvier 2018 par Scribner, maison d’édition américaine.

Iel était auparavant chroniqueur.se pour BuzzFeed News.

Ses essais et ses reportages ont notamment été édités par BuzzFeed News, CNN Opinion et Pop-Up Magazine. Iel a également fondé et dirigé la revue littéraire pureplayer et trismestrielle Wag’s Revue.

Son travail cible essentiellement le système de santé mentale américain actuel, son histoire ainsi que ses évolutions ; mais aussi la notion de « normalité », en particulier ses constructions, incluant le handicap mental et le genre.

٭ Iel : pronom servant à désigner des personnes qui ne s’inscrivent pas dans un genre binaire.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette formidable lecture.

“ La vie dont nous rêvions ”

La vie dont nous rêvions de Michelle Sachs aux Éditions Belfond

Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Romain Guillou

” Quelquefois, j’aime bien tracer un message dans la poussière. Ce matin, sans raison particulière, j’ai écris AU SECOURS. “

Depuis que Sam et Merry ont quitté New-York, ils vivent paisiblement avec leur bébé dans un cottage en Suède, tout du moins en apparence…

Loin de l’agitation New-Yorkaise et de toutes ses tentations, les voilà libres de tout oublier et de se réinventer.

Apparemment ils ont laissé derrière eux certains bagages trop encombrants, mais à trop vouloir ressembler à la famille parfaite, ça peut paraître suspect.

” Je crois que ce qui me rend réellement dépendant, ce qui est le plus agréable, c’est la tête qu’elles font quand vous leur avez fait mal. La façon dont elles craquent et se brisent. Dans le fond, même la femme la plus forte est une petite fille qui a désespérément besoin que vous la remarquiez. Elle en a tellement besoin qu’elle fera tout ce que vous lui demandez. Des choses abjectes.

Tu es cruel, Sam.

On me l’a tellement dit. Et c’est toujours aussi bon, bien que je ne puisse pas dire pourquoi. “

Étrangement, ils semblent avoir beaucoup de secrets, l’un et l’autre, mais aussi l’un pour l’autre. Sam tient son rôle de pervers narcissique à la perfection et Merry la femme soumise dans toute sa splendeur et pourtant…

” Tout ton monde est imbriqué dans celui d’une autre; le câble qui vous relie, épais et torsadé, ne craint pas les orages. Moi, toi, nous,on. Deux vies, deux femmes, liées en un poing serré comme les racines d’arbres centenaires, si profondes et emmêlées qu’on ne peut les distinguer – impossible de se débarrasser de l’une sans tuer aussi l’autre. Un peu de toi, un peu de moi. Meilleures amies. “

La venue de Francesca la meilleure amie de Merry risque bien de mettre de l’huile sur le feu, voir pire. Resteront-elles meilleures amies ou deviendront-elles meilleures ennemies ? Et Sam et Merry, résisteront-ils à rester unis pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort les sépare ?

Derrière ce petit coin de paradis, l’enfer n’est jamais loin, les masques vont tomber et révéler la noirceur des âmes humaines.

Ce que j’en dis :

Pour un premier roman, c’est absolument réussi.

L’histoire s’annonce captivante et envoûtante dès les premières pages et va même surprendre tout du long jusqu’au final. À travers ce thriller psychologique où les personnalités complexes de ce trio se révèlent chapitre après chapitre, on découvre jusqu’où peuvent aller certaines personnes éprises de jalousie qui tentent de s’approprier coûte que coûte la vie des autres. La perversion narcissique fait également partie du scénario, tout comme la soumission et pourtant les apparences sont parfois trompeuses. Tout comme les personnages, on se retrouve manipuler et le choc des révélations n’en n’est que plus intense.

Ce roman est également très sombre, et autant prévenir les âmes sensibles, certains passages sont assez durs, dès qu’il est question de l’enfant.

Amitié toxique, amour possessif, maternité contrariée, isolement, secrets, mensonges, trahison, tous les ingrédients réunis et bien utilisés pour parfaire ce thriller psychologique noir et lui donner une saveur douce, amère et diabolique qui ravira tous les fans du genre.

Une belle découverte et une véritable bonne surprise.

C’est machiavélique, addictif et c’est à glisser dans ses lectures cet été.

Pour info :

Née en 1980, Michelle Sacks a grandi en Afrique du Sud.

Titulaire d’un master de littérature et de cinéma de l’université du Cap, elle a été retenue à deux reprises dans la sélection du Commonwealth Short Story Prize, et dans celle du South African PEN Literary Awards.

Après un recueil de nouvelles, Stone Baby, publié aux Northwestern University Press, La Vie dont nous rêvions est son premier roman.

Elle vit à présent en Suisse.

Je remercie les Éditions Belfond pour cette lecture diaboliquement addictive.