Le dernier thriller norvégien de Luc Chomarat aux Éditions de La Manufacture de livres
” – Sacré Delafeuille, il n’a pas changé. ( Murnau donna un coup de coude à son compagnon, un jeune homme élégant au visage pâle et aux yeux étrangement exorbités, qui semblait manquer d’humour.) Vous savez que c’est un phénomène, ce bon Delafeuille. Il trimballe partout des bouquins avec lui. Des trucs en papier.
– Je ne savais pas que ça existait encore, avoua l’autre avec une incrédibilité surjouée. “
Delafeuille est éditeur à Paris. Il est à Copenhague pour y rencontrer le maître du polar nordique et apparemment il n’est pas le seul sur le coup.
” – Vous êtes là pour Olaf Grundozwkzson, n’est-ce pas ? “
Ces derniers temps, il n’y a pas que dans les livres que l’on trouve des serials killers. La police locale est sur les traces de l’un d’entre eux bien réel, surnommé l’Esquimau.
Mais Delafeuille a bien d’autres préoccupations depuis qu’on lui a livré un exemplaire flambant neuf du nouvel Olaf Gründozwkzson dans sa chambre.
Au cours de sa lecture, il découvre que la réalité et la fiction sont curieusement imbriquées, et il pourrait bien se retrouver piégé au cœur de ce polar nordique en incarnant sans le savoir un des personnages…
Et ce n’est pas l’apparition de Sherlock Holmes dans cette histoire à tiroirs qui va éviter au livre de lui tomber des mains.
” Il n’osa pas aller jusqu’à la fin. Cette histoire ne pouvait que mal finir. Le livre lui tomba des mains. Il n’en croyait pas ses yeux. À la panique succéda la colère. Encore ? Il croyait en avoir fini avec cette histoire. Il n’y avait pas de doute possible. Il était dans le livre, à nouveau “
(…)
– Absolument, répondis Holmes en souriant. Je ne sais pas comment nous allons nous en sortir.
– Oui nous sommes piégés.
– Nous pourrions aller aux putes.
– En effet.
– Ou même nous mettre tout nus et courir dans le froid en faisant coin-coin.
– C’est atroce.
– Mais vrai.
– Tenez bon, la fin du chapitre n’est plus très loin.
– Qui vous dit que ce ne sera pas pire dans le suivant ?
– Il est obligé de reprendre le cours de l’intrigue. “
À travers cette épopée littéraire, Luc Chomarat a très certainement pris son pied pour nous offrir une histoire délirante qui ne manque pas d’humour en pointant du doigt certaines dérives du monde de l’édition, sans en avoir l’air, mais une chose et sûre il connaît bien la chanson.
Ce que j’en dis :
Les auteurs sont des grands manipulateurs, tout le monde le sait. Et quand il se tape un délire littéraire ça donne une histoire hilarante. L’auteur s’est éclaté c’est certain.
En bousculant les codes du polar, à travers des clins d’œil à la littérature nordique et en incluant quelques invités surprises tel que Sherlock Holmes ou encore la petite sirène, il crée une œuvre atypique et n’hésite pas à balancer ironiquement sur la face cachée du monde de l’édition, sur les écrivains et même sur la crédulité de certains lecteurs parfois prêts à lire n’importe quel livre placé en tête de gondole sous prétexte qu’ils ont un bandeau prometteur.
Ça balance, ça balance et on ne peut s’empêcher de sourire, et de penser inévitablement à quelques personnes de sa connaissance, forcément.
Vous l’aurez compris, enfin je l’espère, ce dernier thriller norvégien va vous faire passer un moment de lecture extraordinaire plein de surprises. Vous y trouverez des personnages surprenants, un serial killer, du sang, du sexe, des bombasses et même de l’alcool, une lecture très Rock’n Roll qui risque d’en faire sourire plus d’un j’en suis sûre.
N’hésitez pas, ça vaut le détour.
Pour info :
Luc Chomarat est né à Tizi-Ouzou (Algérie) en 1959.
Quand il n’écrit pas pour les gens qui lisent des livres,
il travaille dans la communication.
Il pratique le vélo urbain, la restauration de petits meubles,
la guitare électrique, et la cuisine à l’huile d’olive.
Il a publié à vingt-deux ans son premier roman qui lui a valu de figurer sur la liste du Magazine littéraire des meilleurs auteurs vivants de roman policier. Également traducteur de Jim Thompson, il a reçu le Grand Prix de littérature policière pour son roman, Un trou dans la toile en 2016 (Rivages)et a publié Le Polar de l’été (La Manufacture de livres, 2017) et Un petit chef-d’œuvre de litter (Marest, 2018)
Il vit à Paris.
Je remercie les Éditions de la Manufacture de livres pour ce polar délicieusement délirant.