Nos corps étrangers

Nos corps étrangers de Carine Joaquim aux éditions de La Manufacture de livres

[…] l’impression de se trouver loin de Paris. C’était ce qu’Elisabeth aimait par-dessus tout : une fois poussée la porte vitrée, elle basculait dans un monde préservé, le monde de l’intime, protégé de l’environnement extérieur.

Élisabeth et Stéphane l’aimaient pourtant cet appartement Parisien où leur fille Maëva avait fait ses premiers pas, mais pour oublier ce corps étranger qui s’était immiscé dans leur couple, il était nécessaire de le quitter pour tenter de recoller les morceaux en prenant un nouveau départ dans cette grande maison à la campagne que Stéphane avait trouvé.

Prendre de la distance et pourquoi pas réaliser enfin certains rêves et tenter de réconcilier leurs corps devenus étrangers l’un à l’autre.

Elle avait doucement essuyé une larme, sans vraiment savoir ce qui, entre la douceur du souvenir et le déchirement du départ, l’avait fait couler. ”

Mais il n’est jamais simple de tourner la page, d’oublier la trahison, les mensonges, et l’adaptation à ce nouvel endroit est loin d’être aisée. De nouveaux corps étrangers s’invitent dans leur nouvelle vie, et risquent de perturber à nouveau le bonheur de leur famille.

Malgré les apparences, Élisabeth n’était pas là. Du haut de son donjon, elle voyait grand, elle voyait loin, devant elle s’étalait tout le champ des possibles, se dessinaient tous les rêves qui n’avaient pas encore pris forme et, elle le savait, cet horizon onirique lui serait accessible, si seulement elle faisait les quelques pas nécessaires pour s’éloigner de sa tour. ”

Et pourtant, c’est peut-être auprès de ces corps étrangers qu’il leur sera possible de retrouver enfin une raison de vivre…

Ce que j’en dis :

En apportant ce projet à Pierre Fourniaud, François Guérif, l’ancien directeur des éditions Rivages a eu du flair et on ne peut que le remercier au passage. Et personnellement ça me plaît ces transmissions entre passionnés qui permettent à de jeunes écrivains méritants de voir enfin leurs manuscrits sortir de l’ombre, et il aurait été bien dommage de ne pas découvrir celui-ci.

Dès les premières pages on tombe sous le charme de la magnifique plume de Carine Joaquim qui nous plonge dans l’intimité d’un couple désuni.

À travers les trois personnages qui composent cette famille, nous suivrons la tentative de reconstruction du couple, cherchant parfois un échappatoire auprès de corps étrangers. Que ce soit pour le couple ou pour Maëva en pleine crise d’adolescence qui découvre à son tour les prémisses de l’amour, rien ne sera simple.

L’auteur nous confronte à cette vie de couple, avec ses trahisons, ses non-dits, ses rêves, sa force mais aussi ses faiblesses, ses souffrances intimes, ses incompréhensions, ses regrets, tout ce qui rapproche ou au contraire détruit sans espoir de retour en arrière.

Un premier roman à limite du thriller psychologique qui cache bien son jeu, car c’est bien plus qu’une histoire de désamour, c’est une histoire qui rends bien justice à tous ces corps étrangers qui jalonnent ces pages.

Bouleversant, surprenant, porté par une plume pleine de sensibilité, Nos corps étrangers s’avère une très belle découverte, et j’espère qu’à mon tour je vous aurai donné envie de le découvrir.

Pour info :

Née en 1976 à Paris où elle grandit, Carine Joaquim vit aujourd’hui en région parisienne et y enseigne l’histoire-géographie. Si elle écrit depuis toujours, c’est depuis six ans qu’elle s’y consacre avec ardeur.Nos corps étrangers est son premier roman publié.

Je remercie la Manufacture de livres et l’agence Trames pour cette lecture intime qui ne manque pas caractère,

4 réflexions sur “Nos corps étrangers

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