De l’autre côté des montagnes de Kevin Canty aux Éditions Albin Michel
Traduit de l’américain par Anne Damour
“ C’est étrange, cet exact avant et après, ce moment tranchant comme une lame de rasoir qui sépare une vie d’une autre, celle qui s’est achevée et celle qui n’a pas encore commencé. Qui ne verra peut-être jamais le jour. Mort-née. Et être ces deux personnes dans la même peau, en même temps. ”
En 1972, dans une petite ville minière de l’Idaho, il y aura désormais un avant et un après. Une catastrophe survient à la mine d’argent où travaille une grande partie de la population de Silverton.
» – Des nouvelles ? demande-t-il.
– Rien dit sa mère. Des rumeurs.
– Rien qui laisserait penser que ça va ?
– Je ne sais pas David. En attendant qu’un des responsables nous en dise plus, ce ne sont que des rumeurs. ”
C’était déjà pas facile avant, alors maintenant avec tous ces hommes en moins l’ambiance déjà pesante est devenue irrespirable.
Cette exploitation minière était déjà responsable de la pollution de l’environnement et de dégâts irrémédiables au niveau de la santé des habitants. Pas surprenant que certains cherchent à fuir, mais l’argent l’emporte toujours.
» Pourquoi vivre ici ? Après toutes ces années, les fumées du haut-fourneau ont fini par tuer les arbres. Remplacés par un enchevêtrement de broussailles sur les coteaux.(…) La moitié des voitures semblent abandonnées. Les chiens aboient au passage de celles qui circulent encore. Les gens sont restés là parce que la paye était bonne et que la vie était agréable, mais que reste-t-il de cette époque ? On dirait une ville de pauvres, de gens de passage qu’un bon coup de vent suffirait à balayer. ”
C’est au bar, où l’alcool ne cesse de couler que les hommes et les femmes se retrouvent, et tentent d’oublier chacun à leur manière, leur douleur et leur colère.
“ Le whisky aide toujours. Jusqu’à ce qu’il n’aide plus. ”
“ C’est à nous tous. Ce chagrin n’est pas seulement le sien mais celui de tous les autres. »
La plume de Kevin Canty est teintée de blues. Tantôt ardente et fulgurante, tantôt habitée d’une infinie mélancolie où se mêlent la tragédie mais aussi l’espoir. À travers une histoire tirée de faits réels , l’auteur s’attache aux suites de cette catastrophe sur ces hommes et ces femmes plongées dans la douleur. Un roman sombre, chargé de souffrance où l’espoir cherche sa place.
L’auteur nous offre un regard profond sur le destin de cette population malmenée, brisée qui devra se relever après cette onde de choc et de chagrin.
Un roman que j’aurais aimé plus dense pour partager plus longtemps ces vies croisées, torturées et poursuivre ce blues qui m’ a tant bouleversé.
Une lecture qui n’en reste pas moins déchirante.
La plume d’un auteur que j’aurai plaisir à retrouver.
Né en 1953, Kevin Canty compte parmi les auteurs américains les plus importants de sa génération. Remarqué dés son premier livre, Étrangère en ce monde (1996), il s’est imposé comme un formidable observateur des êtres, des couples, des familles et des lignes de failles qui traversent la société américaine.
Souvent comparé par la critique à Richard Ford, Raymond Carver ou Hemingway. Kevin Canty possède ce style si particulier, efficace et minimaliste, qui se prête à merveille aux drames intimes. Son précédent roman, Toutes les choses de la vie, est paru aux éditions Albin Michel en 2014.
Il vit à Missoula dans le Montana et enseigne à l’université.
Je remercie Carol et les Éditions Albin Michel pour cette lecture déchirante.
Ahahahahaha, je l’ai déjà !!!
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C’est bien 😂😂😂
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Tu l’as lu ?
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