Mungo

Mungo de Douglas Stuart aux Éditions Globe

Traduit de l’anglais (Écosse) par Charles Bonnot

“ Mungo avait des pommettes hautes et des traits fins pour lesquels Jodie, avec ses joues rebondies et son nez court, aurait pu tuer. Il avait une timidité dans son regard. Ses yeux noisettes pouvaient irradier leur merveilleuse chaleur, ou il pouvait les détourner furtivement, vous laissant espérer qu’ils les pose à nouveau sur vous. Pour peu que l’on arrive à lui en arracher un, son sourire prudent était une véritable récompense : quand on l’obtenait, on avait instantanément le sentiment d’avoir gagné son affection. Sa tignasse désordonnée donnait envie aux femmes de le materner. […] Il avait une délicatesse qui mettait les filles à l’aise et leur donnait envie d’en faire leur toutou. Mais sa douceur dérangeait les autres garçons.

À Glasgow, durant les années 90, les guerres de gangs sévissaient, entraînant les catholiques et les protestants dans des bagarres terribles. Il ne faisait pas bon de traîner seul hors de son territoire.

Mungo est protestant, mais également le petit frère de Hamish, un chef de gang brutal très redouté.

Il vit auprès de sa sœur qui veille sur lui, leur mère alcoolique étant loin de s’inquiéter du sort de ses trois enfants.

“ Mo-Maw avait essayé les Douze Étapes au fil des années mais sa sobriété avait toujours été fugace et floue. Comme un enfant téméraire qui croit pouvoir faire du vélo sans roulettes, elle se déclarait guérie au bout de quelques semaines mais finissait rapidement par se vautrer et d’écorcher les genoux sur la boisson. […] la sobriété l’ennuyait. ”

Jusqu’au jour où le cœur de Mungo se mit à battre pour un autre garçon qui plus est catholique.

Pour son frère et sa mère, l’honneur de la famille est en jeu, et tous deux sont bien décidés à remettre Mungo dans le droit chemin.

Entraîné contre son gré vers se qui va s’avérer une punition expéditive Mungo va devoir se battre pour survivre à ce week-end à la campagne orchestré par sa mère s’il veut retrouver sa liberté.

Douglas Stuart s’est fait connaître en France en 2021 à travers son premier roman : Shuggie Bain, pour lesquel il a obtenu le Booker Prize en 2020. Un récit fort, déchirant (qui m’attend patiemment) vivement salué par de nombreux lecteurs, libraires et autres critiques littéraires, où il était déjà question de l’alcoolisme d’une mère cruelle envers son fils, Shuggie de 8 ans, qui ne cessera de l’aimer au-delà du possible.

À travers ce deuxième roman : Mungo, on fait connaissance avec ce garçon qui s’apprête à partir en week-end avec deux soit disant amis de sa mère. Dès le départ, ce week-end qui s’annonce, pose une véritable intrigue qui se dévoilera au fur et à mesure que le passé et le présent poursuivront leurs chemins vers ce qui s’apparente au fil des pages, un destin tragique.

On découvrira la face cachée de sa famille conflictuelle, une mère alcoolique, négligente, une sœur aimante mais également en mal d’amour, un frère brutal, le duel permanent entre catholiques et protestants qui engendre l’apparition de gangs entraînant une montée en puissance vers la violence, sans oublié l’homophobie que va devoir affronter Mungo en plus du reste.

Et pourtant, aucune déprime à l’horizon pour moi, malgré certaines mises en gardes avant ma lecture, grâce à l’écriture d’une grande maîtrise qui multiplie les émotions et apporte même quelques sourires dans toute cette misère, au cœur de cette violence où l’amour interdit est punie de manière abominable.

Un roman sombre qui dégage beaucoup d’humanité, porté par une plume extraordinairement puissante et une mise en scène captivante malgré certaines situations dérangeantes et bouleversantes.

Un grand roman inoubliable.

Un véritable coup de cœur pour Mungo.

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12 réflexions sur “Mungo

      1. dealerdelignes

        Je l’ai savouré également, je ne lis pas vite mais j’accorde beaucoup de temps à la le têt je garde certaines lectures justement pour les week-ends pour ne pas qu’elles soient polluées par les contraintes de la semaine ☺️

        Aimé par 2 personnes

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