Cette terre que je croyais mienne

Cette terre que je croyais mienne d’Alain Choquart aux Éditions Les arènes collection Equinox

Le capitaine de police Paul Brunel n’est plus apte au service suite à une commotion cérébrale subie lors de sa dernière opération d’infiltration où il a failli rester sur le carreau.

Gardant de terribles séquelles, il rejoint sa terre natale dans le Vercors pour prendre ses nouvelles fonctions.

“ […] les flashes de ses souvenirs étaient toujours négatifs. C’est peut-être ce qui l’avait décidé à revenir sur les terres de son enfance. À se confronter à sa mémoire. Des pans entiers de son passé restaient pétrifiés, la chronologie de sa propre histoire s’était grippée. Quand il regardait derrière lui, il avait le sentiment de visiter les coulisses d’un spectacle de marionnettes après la représentation. Les personnages étaient immobiles, rangés sur des étagères. Il les reconnaissait. Les traits de leurs visages, leurs vêtements lui étaient familiers, mais plus aucune lumière ne les animait, ni aucun son de voix, et il ne savait pas si le spectacle avait été triste ou gai. ”

La région a bien changé et semble presque à l’abandon, gangrenée par la misère, seule la nature majestueuse semble résister.

Le monde rural est en souffrance, les hommes et les femmes proches du point de rupture. Pour s’en sortir, pas d’autres solutions que de s’adonner à d’autres cultures, quitte à franchir l’illégalité.

“ La nature se nourrissait de la mort et Paul savait que l’espace était déjà lavé par la pluie, nettoyé par les animaux de toutes espèces, du plus petit insecte rampant au massif hibou grand duc dont le vol traverse la nuit sans un bruit. ”

Et lorsque le corps sans vie d’un agriculteur est retrouvé, Paul réalise à quel point la violence des villes a rejoint la campagne autrefois si paisible.

Alain Choquart est connu pour sa belle carrière de chef opérateur notamment auprès du grand Bertrand Tavernier avec qui il a tourné dix films. Réalisateur et scénariste, il passe de la bobine à l’encre , nous offrant un premier roman de haut-vol, dans un décor rustique où la nature, un personnage à part entière côtoie des hommes et des femmes qui semblent être au bout de leur vie.

Si l’histoire peut paraître peu originale, pour qui s’est déjà gavé de polar, la mise en scène et l’écriture risque d’en surprendre plus d’un.

Aussi rythmé qu’un bon thriller, nous immergeant dans un décor naturel, nous faisant profiter du paysage, et nous offrant un casting de choix et un scénario sans concession face à la violence.

Qu’il soit du côté de la bobine ou de l’encre, Alain Choquart a un talent fou, il serait vraiment dommage de ne pas le découvrir.

C’est vivement recommandé aux amoureux du noir cinq étoiles.

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