Tout ce qui brûle de Lisa Harding aux Éditions Joëlle Losfeld
Traduit de l’anglais (Irlande) par Christel Gaillard-Paris
« C’est la première fois que je partage mon histoire. » Jusque-là, je reste polie. Un tonnerre d’applaudissements. Je respire profondément. « Je m’interroge souvent sur notre capacité à nous illusionner. » Le ton parfait, la voix basse : j’entre dans mon domaine. Tous mes talents de comédienne se déploient, un élan m’emporte. J’emplis l’espace, mon public est sous le charme. « J’ai entendu beaucoup de témoignages sérieux sur la toxicomanie et sur le passé qui nous conditionne, mais très peu sur les ravages que nous causons dans la vie des autres.» L’essaim s’échappe de ma bouche : « Les choses que nos parents nous ont faites, et que nous répétons. Il ne s’agit pas seulement de ce qu’on nous a fait, mais de ce que nous faisons à ceux qui nous entourent, notamment à nos enfants. »
Dans la banlieue dublinoise, la vie n’est pas simple pour Sonia, cette jeune femme célibataire, maman d’un petit garçon de quatre ans, anciennement comédienne qui n’arrive plus à se retrouver sous le feu des projecteurs, et qui commence à défaillir dans son rôle de mère. Et pourtant elle l’aime son petit bonhomme, énormément au point que sa vie tourne quasiment qu’autour de lui, en compagnie de leur chien.
Mais hélas, l’alcool s’est immiscé au sein de leur foyer, et petit à petit la mère aimante prend un mauvais chemin mettant en péril son foyer, et la vie de son enfant.
Jusqu’au jour où son père débarque et l’entraîne contrainte et forcée dans un couvent réhabilité en centre de désintoxication. Pour retrouver son fils, elle n’a pas le choix que de se plier au programme qu’on lui impose.
« Que se passera-t-il quand j’en aurai fini ici ? Est-ce que j’obtiendrai un certificat de réussite, un diplôme de mère sobre et pleinement fonctionnel ? »
Lisa Harding nous offre un beau portrait de femme, sans fards ni paillettes, loin des caricatures idéales, loin de ce qu’on attend d’elle une fois devenue mère. Car en plus d’être femme, elle est aussi mère et qui plus est mère célibataire et c’est pas simple, j’en sais quelque chose. Et c’est pourtant le rôle de sa vie, mais là pas question de rembobiner, d’effacer les erreurs une fois l’action passée, il faut faire avec.
L’auteure met en avant les difficultés pour Sonia d’être mère, malgré tout l’amour qu’elle porte à son fils, qui essaie de faire abstraction à son passé familial, essayant de ne pas reproduire le même schéma que ses parents. Devenant mère protectrice, très fusionnel, peut-être trop, culpabilisant parfois et cherchant un ultime réconfort dans l’alcool, un excès supplémentaire qui détruit tout.
Mais il n’est jamais trop tard pour éteindre tout ce qui brûle, pour retrouver la chaleur de son foyer, et reprendre ce rôle de mère qui lui sied tant, pour le bonheur de son fils.
Un roman très touchant.
Pour info :
Lisa Harding est dramaturge et actrice.
Son premier roman, Abattage (Éditions Joëlle Losfeld, 2019) salué par la critique, mettait en lumière les très jeunes filles victimes de la prostitution forcée en Irlande.
Avec ce deuxième roman, elle continue d’explorer le thème de l’innocence de l’enfance, abîmée par le monde des adultes.
Ok, je note et je m’en vais chanter ♫ allumer le feu ♪ 😆
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Brule pas tes livres quand même ☺️
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Non, non, t’inquiètes pas 🙂
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