Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu de Pierre Terzian aux Éditions Quidam
” J’aime quand tu m’appelles Pierre, Gaëtan. Et j’aime quand tu me dis « Bon matin ». On n’a pas ça chez nous, « Bon matin ». C’est pour ça qu’on a des matins de merde. La bonne humeur québécoise, c’est quelque chose. C’est bien plus qu’une curiosité touristique. C’est un impératif moral, quasi religieux, un truc de pionnier. « Le cœur vaillant et débonnaire de notre peuple» m’a dit le daron de ma blonde, la première fois que je l’ai rencontré. Ça fout la pression. Tu te sens tout petit tout laid avec ta grosse massue plaintive. Souvent je me paie le soupir-massue, celui qui me caresse le plexus, qui m’aide à me sentir en vie. Quand il n’y a plus de beurre, quand le recyclage déborde. Raaaaa. Je jette mon grand froid sur la cuisine et ses habitants. Ma femme, ça la révolte. Elle me demande si je viens d’apprendre que j’ai le cancer. Elle veut me faire mal, la bitch. Elle trouve ça laid. Elle a pas tort. Faut tenir debout, question de culture. Avec leur « Bon matin », c’est radical, t’as l’impression de mettre le pied dans une comédie musicale. Tout devient rose et vert pastel et les décors se mettent à bouger. “
Qu’est-ce que j’ai bien fait de commencer de « Bon matin » ce roman qui de premier abord m’attirait moyennement. Mais comme on dit en France « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis».
Tabernak qu’il fut bon ce moment de procrastination intense, car évidemment une fois commencée cette aventure québécoise je ne l’ai quittée qu’une fois terminée et bien sûr à regret.
Pierre, un français bien de chez nous, a suivi sa blonde, sa belle québécoise à Montréal, et en attendant de trouver l’inspiration pour son prochain roman, il devient remplaçant en garderie. Lui qui n’a pas encore d’enfant, ça risque d’être drôle.
Il n’est d’ailleurs pas le seul expatrié à faire ce boulot, il va croiser quelques français mais pas que.
Très vite il va se rendre compte que ces garderies où on l’envoie ce n’est pas des cinq étoiles, elles manquent cruellement de moyens et subissent de plein fouet les restrictions budgétaires du fameux Couillard, du coup on « ferme sa yeule et s’organise. »
À travers tous ces enfants d’horizons et de cultures différentes, on découvre une galerie de portraits très représentative du Québec dans le milieu des garderies trop souvent ignorés, avec ses moments tendres, ses mots d’enfants souvent très drôle mais parfois d’autres plus difficiles que l’on pourrait nommer les journées caca…
Un univers où se côtoient petits et grands, où les mots français, anglais, québécois virevoltent, se mélangent jusqu’à donner une langue unique et hilarante où l’amour pour les enfants dépassent toutes les frontières.
Ce fut vraiment une belle surprise, et j’ai comme on dit au Québec « ma petite crotte sur le cœur » car même si je ne travaillerai jamais en garderie, suis triste de quitter ces petites canailles et tous leurs anges gardiens qui s’occupent d’eux chaque jour en les aidant à grandir, pour que leurs vies soient pleines de « Bon matin »
« – Pourquoi les filles elle mettent du vernis à ongles et pas nous ?
– Parce que ça pue. »
( Slimane et Xavier, sexe faible);
Câlisse que c’était bien et cette langue je kiffe ♥️
Pour info :
Pierre Terzian est un écrivain, metteur en scène de théâtre et vidéaste français, né aux Lilas, en 1979.
Il vit aujourd’hui à Montréal. Il est l’auteur plusieurs romans : dont Crevasse et de Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu.
Pierre Terzian s’intéresse aux combats des « invisibles ». Qu’elle soit littéraire ou théâtrale, sa démarche a toujours un ancrage social très fort, et pour ambition de rendre ses lettres de noblesses à une frange de la population souvent oubliée du monde culturel.
Le titre est étrange mais tu en parles si bien qu’on a envie de s’y plonger aussi pour procrastiner 🙂
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C’est des mots d’enfants le titre, c’est une belle surprise, mon analyse est minime mais il est hyper intéressant et très divertissant, c’est la cerise sur le cupcake comme disent les québécois…
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Oui, on sent les mots d’enfants, les phrases bizarres qu’ils savent dire.
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Et j’adore la langue canadienne en,plus
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Les canadiens ne parlent-ils pas anglais ? Ce sont les québécois que l’on comprend, câlisse de criss ! 😆
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