Ce qu’elles disent de Miriam Toews aux Éditions Buchet . Chastel
Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné
” Les réunions ont été organisées à la hâte par Agata Friesen et Greta Loewen en réaction aux étranges agressions qui hantent le quotidien des femmes de Molotschna depuis plusieurs années. Depuis 2005, en fait, les filles et les femmes de la colonie ont presque toutes été violées – par des fantômes ou par Satan, croyait on, à cause de péchés qu’elles auraient commis. Les agressions se produisaient la nuit. Pendant que les familles dormaient, les filles et les femmes étaient plongées dans un profond sommeil au moyen d’un anesthésiant en pulvérisateur, à base de belladone, utilisé pour nos animaux de ferme.(…) Récemment, on a appris que les huit démons responsables de ces attaques étaient des hommes en chair et en os de Molotschna, dont plusieurs étaient de proches parents – frères, cousins, neveux – des femmes. “
En 2009, en Bolivie, dans une colonie de mennonite de Mantoba, des femmes ayant subit durant quatre ans la folie des hommes, se sont réunies pour décider de leur avenir.
Elles ont quarante huit heures pour reprendre leur destin en main. Quarante huit heures pour décider si elles restent ou si elles quittent la colonie, quarante huit heures avant le retour de ces hommes, qui vont être libérés sous cautions…
” Nous perdons du temps, dit Greta, d’une voix suppliant. En voulant éloigner la souffrance, nous nous passons ce fardeau, ce lourd sac lesté de pierres. Il faut que cela cesse. Il ne faut plus nous refiler notre souffrance l’une à l’autre, comme une patate chaude. Absorbons- là, dit-elle. Inhalons-la, digérons-la, changeons-la en carburant. “
Ce que j’en dis :
Quand une écrivaine qui a connu dans sa jeunesse la vie dans une colonie identique mais heureusement plus moderne, s’inspire d’un fait divers réel absolument dramatique, cela donne un récit puissant et déchirant, même si sa lecture est parfois assez déroutante.
Afin de l’apprécier davantage, j’ai pris parti de le lire comme un témoignage et non comme un roman, car les discussions recueillies par August, qui fut un temps banni de la communauté, nous sont retranscrites avec précision mais de nombreuses personnes interviennent et j’ai parfois eu du mal à rester concentré, toutes ont tellement à dire.
Car, ce qu’elles disent est loin d’être anodin et c’est leur avenir qui se joue.
Trois solutions s’offrent à elles : Ne rien faire, rester ou partir.
Analphabètes, et pourtant pertinentes et éclairées même si elles ne connaissent rien du monde extérieur à la colonie. Elles vont devoir s’unir pour survivre ici ou ailleurs.
Un récit touchant, révoltant où l’on s’aperçoit une fois encore de tout le chemin qu’il reste à faire pour certaines femmes pour s’affranchir et se libérer de la tyrannie des hommes.
Ensemble, tout semble possible…
Pour info :
Miriam Toews est née en 1964 dans une communauté mennonite du Manitoba, au Canada.
Elle est l’auteure de plusieurs romans et a été lauréate de nombreux prix littéraires, notamment du Governor General’s Award. Elle vit au Canada.
Ce qu’elles disent est son premier roman à paraître chez Buchet/Chastel, et le troisième à paraître en France après Drôle de tendresse (Seuil, 2006) et Pauvres petits chagrins (Bourgois, 2015).
Je remercie les Éditions Buchet . Chastel pour cette belle découverte.
Je n’aurais pas voulu vivre dans ce genre de colonies, fermées au Monde et à tout ce qui est le progrès… Horrible !
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Tu vois suis toujours là 😊c’est clair, on a du mal à croire que ça existe toujours.
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Contente que tu sois toujours sur ton blog parce que tu me manquerais (mais tu ne manquerais pas à mes finances) :p
Il en existe plus qu’on ne le croit, de ce genre de société fermées…
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C’est gentil 😘
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C’est la vérité 😉
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Oui hélas
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J’aime beaucoup ce genre de récit qui permet de découvrir des existences, des vies. Merci et je not 🙂
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Oui tout à fait et je préfère ces livres témoignages plutôt que les infos ..
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