Canyons de Samuel Western aux Éditions Gallmeister
Traduit de l’américain par Juliane Nivelt
» Il avait les idées merveilleusement claires, mais aucune trace du goût saumâtre qui l’envahissait chaque fois qu’il pensait à Ward. Soudain des événements anciens lui revinrent en mémoire : porter le cercueil de Gwen par une matinée d’octobre exceptionnellement froide et pluvieuse à Valentine ; traverser une forêt de stèles en marbre blanc d’un pas lourd, les chaussures trempées ; le bruit du train qui était passé pendant la cérémonie, noyant les paroles du pasteur de ses cliquetis et grondements ; le sang sur l’imperméable de son père qui , voulant regagner la voiture, s’était cogné le menton contre la portière, si violemment qu’il lui avait fallu des points de suture.
Une rage brûlante l’envahit, imprégnant ses muscles d’un feu glacé. “
Dans les années 70, en Idaho, Ward, Gwen sa petite amie, et Éric le frère jumeau de Gwen partagent une partie de chasse au cours d’une magnifique journée.
La vie semble sourire à ces trois jeunes adultes plutôt insouciants. Mais c’est sans compter sur le destin tragique que leur réserve cette journée.
Ward tue accidentellement Gwen en rangeant son fusil, anéantissant au passage leur avenir.
Vingt-cinq années passent, Ward et Éric ont survécu et construit leur vie du mieux qu’ils pouvaient, hantés par le douloureux souvenir. Eric est quasiment fauché malgré son immense talent de musicien, il n’a pas réussi à surmonter la perte de Gwen et Ward semble s’enfoncer chaque jour un peu plus dans une insurmontable dépression, pourtant bien entouré de sa femme et de ses enfants.
” Son cerveau était en proie à une douleur indescriptible, un genre de désespoir, une sensation qui l’avait saisi dès l’instant où il avait entendu rugir le fusil un quart de siècle plus tôt. “
C’est à l’occasion de retrouvailles improbables qu’Eric invite Ward dans son ranch pour une ultime partie de chasse. Peut-être, est enfin venu le moment de régler ses comptes ou de pardonner ?
Ce que j’en dis :
Dès le départ ça claque, à peine le temps de s’attacher aux personnages qu’un drame surgit, et c’est quelques années plus tard que l’on retrouve ceux qui restent.
Fracassés, chacun a tenté de survivre en dansant bien trop souvent au bord de l’abîme.
Malgré tout, une nouvelle partie de chasse est programmée et une certaine tension s’installe et laisse présager une rencontre sanglante sous le signe de la vengeance.
Et pourtant l’aventure prends des allures de rédemption et les deux hommes se retrouvent rattrapés par le destin et contre toute attente, apprivoisent la notion du pardon.
Un bon blues au cœur des rocheuses, sauvage, brutal, inquiétant, mais qui s’illuminera parfois, comme avec quelques notes d’espoir, tel un arc en ciel après l’orage.
Un roman aux beautés multiples, à savourer, accompagné d’un bon whisky, en se laissant porter par la plume touchante de l’auteur qui nous transporte dans ces vies tourmentées et ces paysages grandioses.
Pour info :
Samuel Western est né dans le Vermont et a servi dans la marine marchande suédoise, puis a travaillé comme bûcheron, pêcheur professionnel, docker et guide de chasse. Diplômé de l’Université de Virginie, il a enseigné l’anglais avant de s’installer à Sheridan, dans le Wyoming.
Canyons est son premier roman.
Je remercie les Éditions Gallmeister et les félicite pour réussir à toujours m’éblouir en me faisant découvrir de nouveau auteur de l’Ouest américain aussi talentueux.
J’ai adoré !
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Moi aussi évidemment
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Comme de bien entendu 😉
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