Comme un enfant qui joue tout seul d’Alain Cadéo aux Éditions La Trace
” On fait tous sa vie. Moi, j’ai défait la mienne. Ne me reviennent, curieux, comme les très anciens, que des images, curieux, comme les très anciens, que des images de ma petite enfance.
J’ai 37 ans. J’ai tout quitté, boulot, amis, relations, réseaux, plans de carrière, maison… et je repars… vers mon passé… tête baissée dans la nuit mauve… diaporama de mes pensées.
(…)
Il m’a fallu une minute pour briser ma carrière comme un enfant boudeur qui casse son jouet le plus convoité. “
Un beau jour, Raphaël décide de tout plaquer. Telle une renaissance, il se débarrasse de tout ce qui le retient et prends un nouveau départ, une nouvelle route vers une nouvelle vie.
« Tout est à vivre. Encore. “
Eléna entame sa cinquième saison au restaurant où elle travaille tout en veillant sur Lorenzo son fils.
” Par-dessus tout, elle a besoin de cette proximité avec l’Océan. Il la protège. Son bruit sourd et permanent, son odeurs, ses embruns , chassent toutes pensées mauvaises. Le soir, lorsqu’elle s’éloigne, elle est comme lavée, légère et sa fatigue est. Douce à emporter, précieuse. “
Entre ces deux êtres, un océan, qui vague après vague les conduit inexorablement l’un vers l’autre…vers un nouveau destin…
” Il n’y a pas de plus grande joie que celle que l’on éprouve lorsqu’en toute lucidité, on « sait » que l’on est dans l’exactitude de son parcours, au cœur même de son propre destin. “
Ce que j’en dis :
Tel un peintre, Alain Cadéo commence par esquisser par quelques mots, toujours bien choisis le début de son histoire. Puis les couleurs apparaissent par petites touches ici et là et illuminent les pages. Pour le lecteur soucieux du détail, c’est un délice de vagabonder à travers cette plume minutieuse, élégante où la poésie s’immisce avec délicatesse, comme un rayon de soleil.
Alain Cadéo est un amoureux des mots, et ça se sent, son écriture dégage de belles émotions et transporte le lecteur dans un monde féerique où chaque mot, chaque phrase pleine de tendresse fait rêver, telle une caresse.
Tel un saltimbanque, il nous emmène par des chemins de traverse, nous laissant contempler le paysage, à la rencontre de personnages toujours prêts à bousculer nos vies.
Dans ce dernier roman, il met en scène deux êtres solitaires que le destin va réunir au bord de l’océan, deux êtres égarés qui n’attendent qu’un éclairci pour ensoleiller leurs vies.
Comme un enfant qui joue tout seul, une véritable étoile, filant à vive allure vers l’océan pour rejoindre tous les êtres qui gardent l’espoir d’une nouvelle vie.
“ Il faut que je bouge. J’avais l’impression ces dernières heures d’être devenu une fleur séchée coincée entre les pages d’un livre qui sent le moisi. (…) La vie veut pas qu’on la vive pas. Électrique, elle vous rattrape par le froc et vous relance sur scène. ”
Pour info :
Après entre autres ” Zoé “ (ma chronique ici), ” Chaque seconde est un murmure “ (ma chronique ici) puis ” Des mots de Contrebande “ son dernier recueil de textes, Alain Cadéo retrouve dans ” Comme un enfant qui joue tout seul “ une écriture romanesque initiatique.
Cherchant avec exigence et rigueur des chemins de traverse, des sentiers non convenus, il est un perpétuel voyageur de l’âme, seule voie possible pour rencontrer l’autre, le vrai, le juste.
Cet homme est singulier, sincère, et généreux tout comme son écriture.
Je remercie Alain Cadéo pour sa délicate attention et les éditions La Trace pour m’avoir offert un magnifique voyage livresque.