“ Ma sœur, serial killeuse ”

Ma sœur, serial killeuse dOyinkan Braithwaite aux Éditions Delcourt

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barbaste

” Je parie que vous ne le saviez pas : l’eau de Javel masque l’odeur du sang. La plupart des gens utilisent la javel sans discernement ; ils présupposent que c’est un produit à tout faire, ils ne prennent jamais le temps de lire la liste des composants au dos du flacon, ni de revenir inspecter le résultat. L’eau de Javel désinfectera, mais pour éliminer les résidus, ce n’est pas génial ; je ne m’en sers qu’après avoir récuré la salle de bains de toutes traces de vie, et de mort.  »

Korede, est plutôt maniaque, alors quand il s’agit de faire disparaître des taches de sang, elle a ses astuces pour faire place nette. Korede est infirmière, et pourtant c’est chez sa sœur, Ayoola, qu’elle nettoie tout ce sang. Ce n’est pas la première fois malheureusement. Sa sœur à la fâcheuse habitude de trucider ses amants.

Ayoola a beau être la cadette, c’est toujours elle que l’on remarque en priorité. Sa beauté transcende et ne laisse aucun homme indifférent.

Alors quand Ayoola séduit Tade le charmant médecin de l’hôpital où travaille Korede et dont elle est secrètement amoureuse, elle est un peu amère et commence sérieusement à s’inquiéter pour l’avenir.

Comment réussira t’elle à protéger sa sœur et sauver la vie de l’homme qu’elle aime en secret ? Il va vite falloir improviser avant que tout s’emballe encore une fois…

Je rêve de Femi. Pas du Femi inanimé que j’ai rencontré, mais de celui dont le sourire s’affichait partout sur Instagram, celui dont les poèmes continuent à me trotter dans la tête. J’essaie de comprendre comment ce Femi-là est devenu une victime.

Il était arrogant, cela ne faisait aucun doute. Mais c’est couramment le cas des hommes beaux et talentueux. (…)

Dans mon rêve, il s’adosse confortablement à son fauteuil et me demande ce que je vais faire.

« À quel sujet ?

– Elle n’arrêtera pas, tu sais.

– C’était de la légitime défense.

– Allons ! Me gourmande-t-il. Tu n’y crois pas vraiment. ”

Ce que j’en dis :

À travers ces pages où la Javel efface les traces de sang, l’humour décapant de l’auteur nous offre un roman bluffant vraiment atypique.

Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une sœur serial killeuse qui trucide la gente masculine. Il est clair que ça fait tâche dans le décor et qu’on ne s’attend pas à une histoire aussi tordue et pourtant absolument captivante.

Mais ne vous fiez pas aux apparences, derrière cette histoire grinçante, on découvre également le portrait de la société nigérienne, habitée de flics corrompus et de machos en tout genre. Pas étonnant que deux nanas soient complices pour en faire disparaître quelques-uns.

Unies à jamais par les liens du sang, les sœurs Nigérienne réussissent à nous toucher en plein cœur. Le voile se lève peu à peu sur leur drame familial qui pourrait bien être le centre de ce problème.

Un premier roman absolument réussi autant par son style nerveux , sa narration brillante que pour son histoire ultra-noire, explosive, déjantée et vraiment mordante.

Impossible de ne pas succomber à leurs charmes, elles ont tous les atouts pour vous plaire.

Une nouvelle voix dans le paysage littéraire à découvrir absolument.

Pour info :

OYINKAN BRAITHWAITE vit à Lagos, au Nigeria. En 2016, elle a été finaliste du Commonwealth Short Story Prize.

Vendus dans de nombreux pays, les droits de son premier roman Ma sœur, serial killeuse ont été optionnés pour une adaptation au cinéma par Working Title.

Je remercie les éditions Delcourt pour cette histoire sanglante et très brillante.

6 réflexions sur ““ Ma sœur, serial killeuse ”

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