L’éternité n’est pas pour nous de Patrick Delperdange aux Éditions Équinox
” – Pourquoi tu tiens tellement à aller jusqu’à cette baraque ? dit Danny derrière lui.
– Vaut mieux passer la nuit là-bas que dehors, non ?
– Et s’ils veulent pas de nous, ces gens ?
– Je les déciderai, d’une manière ou d’une autre », fit Sam. “
Sam et Danny, deux vagabonds cherchent un refuge en pleine campagne. Ils ont fui le foyer d’hébergements où résidait Danny, après les problèmes rencontrés par ce dernier avec un gars qui l’importunait.
” Il était toujours question de violence dans ce que devinait Danny. Il était comme un chien qui sent l’orage et dont le poil se hérisse lors d’une soirée tranquille, mis en alerte par Dieu sait quels signes. “
Pas loin, Lila une prostituée, attends le client assise sur sa chaise en plastique, au bord de la chaussée. Quand elle voit débarquer Julien et sa bande, elle sait déjà que ça va mal finir. Mais elle était loin d’imaginer la tournure qu’allait prendre cette fin de soirée pour elle et sa fille.
(…) « C’est terrible, reprit le docteur d’une voix blanche. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer depuis hier, mais je croirais bien que le diable vient de jeter son dévolu sur notre chère petite ville. »
Cet endroit serait-il maudit ?
Les loups sortent du bois et guettent leurs proies.
Une tornade de violence s’abat sur la ville. Durant quelques heures, ces personnages armés de courage pour certains et de lâcheté pour d’autres vont nous entraîner dans une terrifiante aventure.
Ce que j’en dis :
J’ai découvert la plume noire et lyrique de Patrick Delperdange avec son précédent roman : Si tous les Dieux nous abandonnent , du rural noir pur et dur tel que j’apprécie. Avec ce nouveau récit, l’auteur monte en puissance et atteint un pic d’émotions et de frayeurs plutôt impressionnantes pour une histoire qui se passe sur deux jours.
Situé un endroit paumé, ce huis clos mets en scène des marginaux, des désœuvrés, des pauvres qui subissent l’arrogance des riches, des gens de peu, des personnages d’une volonté incroyable qu’ils soient du bon ou du mauvais côté de la frontière du mal.
À travers une écriture sans concessions, un style sordide et violent, souvent trash où pointent des doses d’humour, de quoi détendre un peu l’atmosphère oppressante tout en gardant une part d’humanité et d’espoir, l’auteur nous offre un roman poignant qui ne manque pas de piquant ni de poésie.
Un bon shot de whisky aux effets enivrants et dévastateurs qui t’emmène au plus profond de l’âme humaine, au cœur de la forêt, là où sommeille le mal qui n’attend, qu’une étincelle pour qu’une vague de violence incendiaire détruise tout sur son passage, épargnant parfois les quelques arbres robustes qui arrivent à rester debout.
Si les Dieux nous abandonnent et que L’éternité n’est pas pour nous, profitez dès à présent pour découvrir sa plume avant qu’il ne soit trop tard …
Il n’est pourtant pas américain, ni même français et pourtant ce barbu belge a réussi en deux romans à me bluffer et à combler mon appétit livresque du noir.
Un petit noir bien serré à déguster sans modération.
Vivement le prochain.
Pour info:
Patrick Delperdange, écrivain belge, vit et travaille à Bruxelles. Prix Simenon pour son roman « Monk », Prix du Jeune Théâtre pour la pièce « Nuit d’amour » (éditions Actes Sud/Papiers), il a ensuite publié bon nombre d’ouvrages en littérature jeunesse, dont une trilogie fantastique chez Nathan, « L’œil du Milieu ». Parallèlement à cela, il est également le scénariste de plusieurs bandes dessinées.
Patrick Delperdange est également l’auteur de Chants des gorges, paru aux éditions Sabine Wespieser et réédité chez Espace Nord en 2014. Ce roman a été couronné par le prix littéraire le plus prestigieux de Belgique francophone, le prix Rossel, ainsi que par le prix Rossel des jeunes, doublé historique puisque ces deux prix n’avaient jamais encore été attribués au même ouvrage.
Après : Si tous les Dieux nous abandonnent publié chez Gallimard à la Série Noire, il signe un nouveau roman : L’éternité n’est pas pour nous aux Éditions Equinox (dirigé par Aurélien Masson), qui vous étreint le cœur, dans la lignée des œuvres de Larry Brown et de Daniel Woodrell, des grands maîtres américains.
Je remercie les éditions Équinox pour ce roman rural noir belge qui m’a transporté à la frontière de l’Amérique.
Si tu le dis, je note, on ne sait jamais que je trouverais enfin du temps pour lire tout ce que je veux lire 😆
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Merci pour cette découverte! Je ne connaissais pas mais tu en écris si bien que… ben que… comme d’hab, je pourrais tout acheter ^^ 😘
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