Deux sœurs d‘Elizabeth Harrover aux Éditions Rivages
» Sur le quai ensoleillé et venteux, à côté du gros navire camouflé, tout juste mariée et faisant ses adieux à sa mère, Laura se sentit chavirer. Quai, navire, guerre, mariage, adieux- elle n’avait rien planifié de tout cela. Qui l’avait donc contrainte ? Elle avait l’impression d’être réduite à l’état d’objet. «
Clare et sa sœur Laura s’apprête à vivre loin de leur mère. Une mère qui n’a jamais tenu son rôle et qui se prépare pour un départ apparemment définitif. À la mort de leur père, elles étaient déjà quasiment orphelines, livrées à elles-mêmes.
» Misérable, Clare considérait d’un air mauvais les larmes qui, jaillies de quelques part dans sa poitrine, ruisselaient de ses yeux. Elles avaient été dupées. Laura et elle n’avaient jamais été aimées, en tout cas pas par cette femme. Pas une seule fois, pendant toutes ces années. Clare n’avait senti la moindre affection de sa part. Mais n’accorder aucune importance à la séparation ! S’en moquer ! Son cœur saignait à la pensée de tout ce dont elles avaient été privées. «
Mais cette fois les sœurs Vaisey vont se retrouver sous le toit de Félix.
Félix qui est désormais le mari de Laura, l’aînée, pour le meilleur ou peut-être pour le pire…
« Il était à la fois, sérieux, taquin, réprobateur, tolérant, vantard, vindicatif et amusé. »
De face, tout pour plaire, de dos, tout pour déplaire. Derrière ce prétendu bienfaiteur ce cache un être narcissique des plus épouvantable.
Décidément la vie des sœurs Vaisey était prédestinée à un dur labeur sans amour.
À travers ce récit, qui pose un regard sans concession sur la condition des femmes dans les années 40, Elizabeth Harrover nous offre un roman psychologique tortueux. Une terrible colère m’envahissait au fur et à mesure du récit, étant célibattante, ce genre d’histoire à tendance à me mettre en rogne. Les pervers narcissiques m’insupportent. Et je n’avais qu’une envie : réveiller ces deux écervelées endormies par l’argent, le paraître, mais à quel prix ?
Un roman machiavélique, publié 1966, traduit pour la première fois en Français, Deux sœurs est un classique dans la lignée de Rebecca de Daphné du Maurier.
Traduit de l’anglais ( Australie) par Paule Guivarch.
Une lecture agréable, intéressante pour le côté découverte de l’écriture de l’auteure plutôt réussie mais pas assez passionnante pour ma part pour le côté femme soumise qui a tendance à m’énerver.

Née en 1928 en Australie, Elizabeth Harrover a connu un succès fulgurant dans sa jeunesse avant de tomber dans l’oubli. En 2016, la France découvre enfin cette fabuleuse romancière, avec Un autre monde, plébiscité par la critique et les libraires.
Je remercie Thierry des Éditions Rivages pour cette découverte Australienne qui m’a fait sortir de mes gonds une paire de fois.