Comment tu parles de ton père de Joan Sfar aux Éditions Albin Michel
« C’est ça qui se produit à la mort du père. On n’a plus personne à épater. »
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé…
À travers ce récit , Joann nous livre une confession assez intime , comme un monologue presque entiérement adressé à son père. Des fragments de sa vie, ses souvenirs, mis bout à bout sans chronologie particulière, en vrac mais pas sans émotion.
En vrac,il l’est et l’écriture l’aidera à faire son deuil. L’écriture comme échappatoire à la douleur. L’écriture pour tenter de comprendre ce qui n’a pas été dit.
« Il ne faut pas, sciemment mentir à son gosse. Sinon il passe sa vie à raconter des histoires. »
Joann écrit et nous confie ses frayeurs, ses colères, ses doutes, ses manques, ses frustrations et s’en délivre pour adoucir sa peine, libérer son chagrin.
« Toute la vie on me coupe. Au prétexte que le lecteur va s’ennuyer, ou qu’un film ne doit pas dépasser deux heures. On m’impose cette réalité frustrante : tout doit finir. Même les livres. Alors je mets « à suivre » et ne termine jamais, en signe de révolte. On me coupe sans cesse. Je ne veux plus. »
Joann Sfar écrit, dessine ça l’aide, moi je lis , à chacun son addiction pour guérir ses maux.
« Comment tu parles de ton père » n’est pas un roman, mais un livre à cœur ouvert, une chasse aux souvenirs pour ne pas les oublier et partager encore un moment avec son père. Une prose entre rire et larmes bouleversantes.
» Il paraît que c’est ça, devenir adulte: le père meurt, on n’a plus d’autre ennemi que soi-même. «
Joann Sfar a grandi dans la culture juive, ashkénaze et séfarade à la fois. Après une maîtrise de philosophie à l’université de Nice, il entre aux Beaux-Arts de Paris. Il est aujourd’hui dessinateur, scénariste de bande dessinée et réalisateur de cinéma. En 2011 « Gainsbourg vie héroïque » obtient trois Césars.
Il s’impose auprès du grand public avec « Le chat du Rabbin » qui s’est vendu à ce jour à plusieurs millions d’exemplaires. En 2012, son adaptation remporte le César du meilleur film d’animation.
Il realise en 2015 « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil « adapté du roman du même nom de Sébastien Japrisot.
En 2013, il publie aux éditions Albin Michel son premier roman, « L’éternel » puis « Le plus grand philosophe de France en 2014.
Je remercie les Éditions Albin Michel pour ce récit poignant.